HEMATOCRITE
Définition
L’hématocrite est le pourcentage de globules rouges dans le sang. Autrement dit le rapport : volume des globules rouges sur le volume total de sang.
L’hématocrite s’obtient par lecture directe sur une plaque de lecture après micro-centrifugation. La mesure de l’hématocrite reflète avec les protéines totales l’état du volume sanguin. Ceci permet de distinguer deux sortes de troubles :
– hématocrite faible : anémie
– hématocrite élevé : état de choc
L’hématocrite représente une mesure simple et fiable de l’anémie car il y a une bonne corrélation entre l’hématocrite et le taux d’hémoglobine en ce sens que l’hémoglobine est dissoute à saturation dans le globule rouge [2, 3, 42, 48].
Il est alors intéressant de connaître la définition des globules rouges de même que leur forme et leur rôle chez les bovins.
Les globules rouges
Définition
Les globules rouges ou hématies ou érythrocytes sont des cellules sanguines qui, à l’état normal, sont dépourvues de noyau et des organites caractéristiques des cellules vivantes. Leur cytoplasme est entouré d’une membrane et renferme de l’hémoglobine capable de s’unir de façon réversible à l’oxygène (O2) et au gaz carbonique (CO2) dont il assure le transport entre les cellules et les poumons [3].
Chez les bovins les globules rouges se présentent sous différentes formes.
Forme
Chez les espèces bovines, le globule rouge présente la forme caractéristique d’un disque biconcave. Au microscope, la pâleur centrale observée chez le mouton, le chat ou le chien, est faible ou nulle chez les zébus et les taurins. Le globule rouge a ici un aspect parfaitement homogène.
Chez les zébus et les taurins du Togo et du Sénégal le disque mesure en moyenne 5,62 microns de diamètre (5,62 µm) et un peu plus grand que celui des taurins des régions tempérées (5,5 µm).
D’une façon générale le diamètre du globule rouge varie de 4,5 à 6,5µm.
En cas de pathologie, les globules rouges des zébus et des taurins changent de forme. C’est ainsi que la plupart des modifications pathologiques de la morphologie des érythrocytes des zébus et des taurins doivent être rapportées à l’anémie qui se traduit par des modifications de la taille, de la forme, et de la coloration [3, 49 ].
Rôle
Les globules rouges jouent un rôle important dans les échanges gazeux respiratoires grâce à l’hémoglobine qui est dissoute à saturation dans le cytocytoplasme [3, 42, 49]. Ils assurent le transport de l’oxygène vers les tissus et accessoirement le transport du gaz carbonique vers les poumons. C’est ainsi qu’une anémie importante provoque une asphyxie métabolique d’où la polypnée.
Les globules rouges interviennent également dans le stockage et le transport des ions et des acides aminés.
Mesure de l’hématocrite
L’hématocrite peut être évalué par deux méthodes qui sont la méthode de Wintrobe et celle du micro-hématocrite.
La méthode de Wintrobe, plus ancienne, est plus utilisée chez l’homme.
Cette méthode utilise des tubes spéciaux appelés tubes de Wintrobe qui permettent de lire rapidement le pourcentage de globules rouges et de globules blancs. Mais cette technique s’applique mal au sang des bovins car les globules de cette espèce sédimentent très mal à cause de leur très faible pouvoir d’agglutination.
La méthode du micro-hématocrite convient mieux au sang des bovins. On remplit les tubes avec du sang qui monte par capillarité. Ces tubes capillaires sont longs de 75 mm et ont un diamètre de 1,45 mm. Le tube est rempli complètement jusqu’au trait de jauge puis l’une des extrémités est bouchée avec du latex (mastic). Les tubes sont ensuite centrifugés à environ 1200 tours pendant 5 mn. Les résultats sont lus sur une plaque lectrice graduée en conséquence et ils sont plus précis que ceux obtenus avec la méthode de Wintrobe en raison de la réduction extrême du volume du plasma interglobulaire [3].
L’appareil utilisé est la micro-centrifugeuse à hématocrite. La réaction est indépendante de la température et il n’est pas nécessaire de traiter l’échantillon immédiatement comme dans le cas de la glycémie et, à une moindre mesure, comme pour l’urémie [49].
On remarquerait que l’hématocrite est supérieur pour la saignée que pour le sang ponctionné au niveau des vaisseaux sanguins de l’animal [3].
La mesure de l’hématocrite permet de connaître les valeurs physiologiques des bovins de même que leurs variations. Elle permet également l’établissement des valeurs usuelles de l’hématocrite.
Influence de la saison
L’hématocrite des bovins conduits sur pâturage au Sénégal est plus élevé pendant la saison des pluies que pendant la saison sèche compte-tenu du fait que pendant la saison des pluies les animaux disposent d’un fourrage frais donc d’une alimentation plus riche que pendant la saison sèche [3, 32].
Influence du sexe
Contrairement à la saison, la différence de l’hématocrite entre sexe chez les bovins n’est pas significative. Par contre elle est significative entre le mâle castré et le mâle non castré. Ainsi la valeur de l’hématocrite est généralement plus élevée chez le mâle non castré car celui-ci dispose entièrement de son appareil génital qui participe, en grande partie, à la sécrétion des hormones sexuelles [16].
Influence de l’âge et de l’espèce
Comme pour le sexe, la variation de l’hématocrite en fonction de l’âge n’est pas significative. Par contre, la valeur de l’hématocrite des bovins varie considérablement en fonction de l’espèce. C’est ainsi que l’hématocrite des zébus gobra est souvent supérieur à celui des taurins N’dama. Cependant on remarquerait que l’influence raciale est très difficile à apprécier [3, 32].
Influence de la conduite du troupeau
L’hématocrite des bovins connaît des variations selon que les animaux sont sous pâture libre ou sous enclôt ou encore en semi-intensif. Comme chez les ovins, il est plus élevé en pâture libre qu’en élevage intensif ou semi – intensif en saison des pluies [37].
Influence de la nutrition
Chez les bovins adultes ou jeunes, la supplémentation des aliments modifie les valeurs physiologiques de l’hématocrite. Ainsi la valeur de l’hématocrite est plus grande chez les animaux recevant une supplémentation que chez les animaux nourris sur pâture sahélien [35, 36].
Variations pathologiques de l’hématocrite
Plusieurs facteurs sont responsables de variations anormales (basse ou élevée) de l’hématocrite des bovins. C’est le cas notamment des situations d’hypovolumie du sang qui augmente l’hématocrite, des carences nutritionnelles et des pathologies qui sont les principales causes de l’anémie.
Hypovolémie
L’hypovolémie est la diminution du volume sanguin par perte de sa partie liquide. Elle se traduit par une augmentation de la proportion de globules dans le sang et donc de l’hématocrite. Elle engendre l’état de choc. Elle est causée essentiellement par des maladies telles que l’entérotoxémie ou les diarrhées [49].
Les carences nutritionnelles
Toutes les carences nutritionnelles engendrent une baisse plus ou moins importante de l’hématocrite en dessous de la valeur physiologique inférieure, causant ainsi l’anémie. C’est le cas par exemple de toutes les carences liées à la protéosynthèse telles que la carence en azote dégradable et le déficit en certains acides aminés tels que la lysine contenue en quantité importante dans la farine de poisson.
Le déficit énergétique provoque également une anémie. En effet, le maintien du fer de l’hémoglobine à l’état fe2+ (réduit ) nécessite du glucose ; en cas de déficit énergétique, le fer Fe 2+ (ferreux) est oxydé en Fe 3+ (ferrique) qui diminue la durée de vie du globule rouge.
Détermination des index de WINTROBE
La connaissance de l’hématocrite nous permet, à partir des formules suivantes de déterminer le taux d’hémoglobine sanguin chez les bovins de même que celui des globules blancs ou leucocytes.
L’hématocrite permet également de déterminer les index érythrocytaires de Wintrobe tels que le Volume Globulaire Moyen (VGM), la teneur globulaire en hémoglobine (Hb), la Concentration Corpusculaire Moyenne en Hémoglobine (CCMH) qui renseignent sur l’état hydrique des animaux [31, 48].
LES TRYPANOSOMOSES ANIMALES
Définition
Les trypanosomoses sont des affections parasitaires provoquées par des protozoaires appartenant au genre Trypanosoma et à la famille des Trypanosomatidae, qui se multiplient dans le plasma sanguin, la lymphe et divers tissus dont le muscle cardiaque et le système nerveux central des mammifères [47].
Ce sont des maladies virulentes, inoculables, non contagieuses à l’exception de la dourine ou trypanosomose vénérienne des équidés. Les trypanosomoses sont fréquemment rencontrées dans de nombreuses régions du globe.
Seules certaines espèces de trypanosomes parasitent cependant les mammifères, notamment les animaux mais également l’homme (maladie du sommeil). Ces espèces sont transmises par divers insectes hématophages dont les plus importants sont les glossines ou mouches tsé-tsé qui constituent l’hôte intermédiaire véritable de ces parasites.
Les trypanosomoses ont une grande importance sur le plan médical mais surtout sur le plan économique car elles engendrent des pertes considérables au niveau des élevages africains [16, 23, 43, 45].
Etiologie
Les trypanosomoses sont des affections parasitaires provoquées par des trypanosomes qui sont des êtres unicellulaires, microscopiques, de forme allongée, dont la locomotion est assurée par un seul flagelle dirigé vers l’avant et à la base duquel se trouve une structure particulière appelée kinétoplaste. Ce sont des parasites obligatoires ayant le plus souvent deux hôtes :
– un hôte vertébré, chez qui ils se multiplient dans les liquides physiologiques,
– un hôte intermédiaire, souvent un insecte piqueur où ils vivent généralement dans le tractus digestif [16, 23, 41, 47].
Les trypanosomes sont classés en deux sections selon leur degré pathogéniques qui sont :
– la section des Stercoraria qui est la moins pathogène.
– et la section des Salivaria la plus pathogène [41,47].