La Rougeole
C’est une maladie virale éruptive aiguë extrêmement contagieuse causée par un Morbillivirus de la famille des paramyxovirus (Caseris et al., 2015).
L’agent étiologique, le virus de la rougeole (Measles virus, MV), a été isolé en 1954 par Enders et Peebles à partir du sang d’un patient atteint de rougeole (Huraux et al., 2003a).
Agent pathogène : C’est un virus à ARN monocaténaire (15,9 kb) de polarité négative, non segmenté, enveloppé, avec une capside hélicoïdale. Sa taille varie entre 120 et 250 nm. Le génome code pour 6 gènes (Huraux et al., 2003a).
Pathogénie : Se multipliant dans l’épithélium du rhino- et de l’oropharynx, le MV pénètre dans l’organisme par les voies respiratoires (Moss et Griffin, 2006). Il atteint les ganglions lymphatiques locaux, grâce aux macrophages ou d’autres cellules infectées, puis le sang. C’est la virémie primaire (infection des leucocytes). Une deuxième virémie est produite lorsqu’il y a réplication virale dans les tissus lymphoïdes avec une possibilité d’une infection généralisée (Huraux et al., 2003a). Pour une personne non immunisée, l’incubation dure de 10 à 12 jours. Cette période peut être plus courte chez le nourrisson ou en cas de contamination massive, ou même plus longue (3 semaines) chez l’adulte ou le sujet porteur d’anticorps (Forthal et al., 1992; OMS, 2004). Les individus ayant contracté la rougeole sont contagieux 2-4 jours avant, et jusqu’à 4 jours après le début de l’éruption (OMS, 2004).
Dans un tiers des cas, la rougeole est suivie de complications, occasionnées par les lésions épithéliales et l’immunodépression. Ces complications peuvent être une pneumonie, des infections de l’oreille et des sinus, une diarrhée persistante une obstruction des voies respiratoires supérieures par le croup (laryngo-trachéo-bronchite), ou des ulcères de la bouche.
Des complications moins fréquentes concernent la sécheresse cornéenne qui peut progresser vers l’ulcération (kératomalacie) et la cécité, la malnutrition protéino-énergétique, les convulsions et les lésions du cerveau (OMS, 2004). Dans une minorité de cas, le virus peut persister dans le cerveau (cycle latent) et devenir actif des années plus tard pour provoquer une réinfection et des lésions au cerveau. Cela provoque une affection nommée panencéphalite sclérosante subaiguë (PESS), qui est souvent fatale. Elle est très rare et survient dans environ 14 cas de rougeole sur un million. Les femmes enceintes qui attrapent la rougeole présentent un plus grand risque de fausse couche ou de malformations congénitales (Huraux et al., 2003a).
La Rubéole
La rubéole, est une infection virale aiguë contagieuse. Généralement bénigne chez l’enfant, la rubéole peut avoir de graves conséquences chez la femme enceinte, pouvant même entrainer la mort du fœtus ou des malformations congénitales : on parle alors de syndrome de rubéole congénitale (OMS, 2012). L’agent responsable, un virus, a été isolé en 1962 par deux équipes scientifiques américaines (Maurin, 1985b). Agent pathogène : Le virus de la rubéole, de taille variant entre 60 à 70 nm, appartient au genre Rubivirus et à la famille des Togaviridae. Son génome d’environ 10 kb, est constitué par un brin d’ARN monocaténaire de polarité positive (Maurin, 1985b). Il possède une capside icosaédrique et une membrane avec 2 types de glycoprotéines E1 et E2 dont le rôle est d’attacher le virus aux globules rouges (Huraux et al., 2003b).
Pathogénie : La durée d’incubation du virus est de 14 à 21 jours (OMS, 2012; Maurin, 1985b). La contagion débute une semaine avant l’éruption et persiste une semaine après. Elle se manifeste par une éruption accompagnée d’une légère fièvre avec céphalées, pharyngite, adénopathie cervicale, des nausées et une conjonctivite modérée (OMS, 2012 et Dia, 2015).
Après inhalation, le virus de la rubéole se multiplie dans la muqueuse respiratoire, puis les ganglions cervicaux d’où il gagne la circulation générale. Il est présent dans le pharynx environ une semaine avant et une semaine après le début de l’éruption et également dans le sang la semaine qui précède l’éruption (virémie).
La phase d’invasion dure 48 heures. L’éruption, discrète, quand elle existe, succède à une incubation de 13 à 20 jours (Huraux et al., 2003b).
L’Herpès Simplex Virus
Le genre Simplexvirus (VHS-1 et –2) sont compris dans la sous-famille des Alphaherpesvirinae. Ils sont à l’origine d’une maladie extrêmement contagieuse et grave lorsqu’elle touche des individus fragilisés (nouveau-né, immunodéprimé, nourrisson eczémateux). De façon typique, le VHS-1 entraîne des infections orolabiales, alors que le VHS-2 infecte les muqueuses génitales. Il existe une immunité croisée mais partielle entre HSV-1 et HSV-2. Ainsi, une primo-infection orale et même des réinfections endogènes avec l’HSV1, n’empêchent pas de s’infecter ultérieurement avec l’HSV-2 au niveau génital (Huraux et al., 2003d).
Ce sont des virus dermo-neurotropes donnant après la primo-infection une infection latente dans le ganglion sensitif du territoire de la primo-infection. Ce sont le ganglion de Gasser après primo-infection orale par HSV-1, et les ganglions sacrés après primo-infection génitale par HSV-2. Cela assure la persistance du virus dans la population. A partir de ces sites d’infection latente peuvent survenir des réactivations conduisant à des poussées d’herpès récurrent (ou récidivant) ou à des excrétions asymptomatiques de virus dans la salive ou les sécrétions génitales .
Les herpes simplex virus se transmettent par contact. Le virus est excrété dans la salive, les larmes, les sécrétions génitales et par tous les liquides biologiques : lésions de maternage, la transfusion de produits sanguins et la greffe d’organes ou de tissus .
La prévalence des anticorps spécifiques, et donc de l’infection latente dans les populations, varie beaucoup selon l’âge, les mœurs, les pays et le type d’HSV.
Par rapport au diagnostic les prélèvements varient selon la localisation de l’infection. Les liquides biologiques utiles au diagnostic sont : les urines, les sécrétions respiratoires et de l’oro-pharynx, le liquide céphalo-rachidien (LCR), le liquide amniotique. La virémie à HSV est fugace mais le sang est utile au diagnostic chez les immunodéprimés.
L’isolement du virus sur cellules en culture in vitro est la technique de référence (les fibroblastes embryonnaires humains, les cellules BHK21 de hamster, les cellules RK13 de lapin, …). Cependant la détection de l’ADN viral par PCR est plus sensible, mais positive, elle ne signifie pas que le prélèvement contient des virus infectieux (Huraux et al., 2003d). La sérologie par méthode ELISA est également utilisée.
Des antiviraux anti-HSV sont connus : l’aciclovir (ACV), Le pencivor (PCV), etc. Il n’existe pas de vaccins contre les HSV.
Le virus de la Varicelle et du Zona (VZV)
Le VZV est la cause de la varicelle et peut également réactiver la latence pour provoquer le zona (Chanasit S et al., 2008). C’est un membre du genre Varicellovirus appartenant également à la sous famille des Alphaherpesvirinae. Le VZV a une grande spécificité d’espèce et, in vitro, reste étroitement associé aux cellules (les cellules embryonnaires de poumon humain, MCR-5 et les cellules de Mewo du mélanome humain). La microscopie électronique révèle une morphologie comparable à celle des autres herpesvirus (Huraux et al., 2003e).
Le VZV est constitué d’une nucléocapside icosaédrique de diamètre comprise entre 100 et 110 nm (162 capsomères). Le tégument entourant la nucléocapside est une structure amorphe et fibreuse faite des protéines codées par les gènes 10, 4, 62 et 63, les trois derniers étant également des protéines régulatrices. L’enveloppe est composée d’une bicouche lipidique où sont ancrées des glycoprotéines jouant un rôle primordial dans l’interaction avec des récepteurs cellulaires pour la pénétration du virus. (Huraux et al., 2003e).
Le génome est constitué d’ADN double brin d’environ 125 kb et code pour 73 gènes (Huraux et al., 2003e; Zell et al., 2011).
Une infection primaire par le VZV entraîne la varicelle, un état caractérisé par de la fièvre et un exanthème avec de petites vésicules.
L’absorption du virus se produit par l’intermédiaire de la membrane des muqueuses des voies respiratoires, et une réplication primaire dans les ganglions lymphatiques régionaux. Au cours d’une courte phase de virémie associée aux cellules primaires, le virus infecte des cellules mononuclées du sang périphérique. Dans une virémie secondaire, le virus se propage aux cellules épithéliales cutanées, où il induit une éruption cutanée. Habituellement, le virus se propage par élimination des particules virales en aérosol dans les voies respiratoires et fluide hautement infectieux des vésicules. (Zell et al., 2011).
L’implantation dans les muqueuses respiratoires est suivie par la multiplication du virus et sa dissémination hématologique vers d’autres organes (Maurin, 1985c).
Chez l’enfant immunocompétent, la varicelle est une maladie bénigne. En revanche, chez les enfants immunodéprimés et parfois chez les adultes, la maladie peut présenter des complications alarmantes (Aubry, 2014; Maurin, 1985c ; Nichols et al., 2011). L’incubation dure en moyenne 14 jours (10 à 21) (Huraux et al., 2003e). L’éruption est précédée pendant 1 à 2 jours de fièvre, d’anorexie, de céphalées (Aubry, 2014; Huraux et al., 2003e).
Les lésions débutent sur le tronc par des macules érythémateuses diffuses rapidement surmontées de vésicules à liquide clair (en « goutte de rosée ») puis de papules et de vésicules pour former une croûte en 24 à 48 heures (Aubry, 2014; Huraux et al., 2003e). Cette éruption cutanée (exanthème) peut être doublée d’atteinte des muqueuses (énanthème) buccales, conjonctivales ou génitales évoluant vers des micro-ulcérations douloureuses transitoires (medecine.ups-tlse.fr). Elle est généralisée et maximale au niveau du tronc et des extrémités (Huraux et al., 2003e). Une fois l’infection soignée, le virus ne disparaît pas pour autant. A la suite d’un stress, d’une fatigue ou encore quand les défenses immunitaires sont affaiblies, le virus peut se réactiver. Il sort alors du ganglion. Mais au lieu de rejoindre la circulation sanguine où il serait neutralisé par les anticorps anti-varicelle, le virus peut circuler le long des voies nerveuses pour réinfecter le corps (Huraux et al., 2003e) : on parle alors de Zona, une atteinte plus virulente. Chez les personnes immunodéprimées, le zona peut se généraliser donnant lieu à des brûlures très importantes. Il peut aussi devenir chronique.
Le Virus Epstein-Barr
Il a été découvert en 1964 par l’analyse d’une biopsie d’un spécimen de tumeur en microscopie électronique. Des enquêtes sérologiques systématiques, puis une observation clinique ont conduit à lui attribuer un rôle déterminant dans l’étiologie de la mononucléose infectieuse (Maurin, 1985). Epstein-Barr Virus est associé à deux maladies malignes : le lymphome de Burkitt et le carcinome du nasopharynx (Huraux et al., 2003g).
EBV est un virus à enveloppe avec une capside icosaédrique d’environ 100 nm de diamètre et un génome d’environ 172 Kb qui code approximativement 100 gènes dont 10 exprimés lors de la phase de latence du virus (Traore, 2012). La primo-infection est asymptomatique ou se manifeste par la mononucléose infectieuse.
L’infection, surtout la réactivation du virus chez l’immunodéprimé, peut conduire, par l’activation des gènes cellulaires et viraux, à des syndromes lymphoprolifératifs à type de lymphome (Traore, 2012).
L’EBV a un tropisme pour les lymphocytes B, où il établit différents programmes de latence. L’EBV est un virus ubiquitaire qui infecte 95% de la population mondiale. C’est un virus fragile, et la transmission d’individu à individu s’effectue essentiellement par la salive (maladie du baiser). Epstein-Barr Virus peut également se transmettre par la transfusion sanguine et les greffes d’organes ou de tissu. Par rapport au diagnostic, la méthode ELISA détectant les IgG et IgM anti-VCA précoces et la détection par PCR quantitative sont souvent utilisés . Cependant il n’existe pas de vaccins ni de traitement pour les EBV.
Table des matières
Introduction
Chapitre I: Revue Bibliographique
I La Rougeole
1. Agent pathogène
2. Pathogénie
3. Epidémiologie
4. Diagnostic et traitement
II La Rubéole
1. Agent pathogène
2. Pathogénie
3. Epidémiologie
4. Diagnostic et traitement
III Les Herpesviridae
1. L’Herpès Simplex Virus
2. Le virus de la Varicelle et du Zona (VZV)
3. Le Cytomégalovirus (CMV)
4. Le Virus Epstein-Barr
5. La Roséole infantile
Chapitre II: Matériels et Méthodes
I Matériels
1. La définition du cas clinique
2. Le matériel biologique
II Méthode
1. Les tests ELISA
2. La mise en évidence des herpes virus humains
2.1 L’extraction d’ADN viral
2.2 La détection des virus herpétiques
3. L’analyse des données
Chapitre III: Résultats et discussion
I Résultats
1. Les caractéristiques démographiques et cliniques
2. La détection des virus
2.1 Les tests ELISA
2.2 Détection par PCR en temps réel des virus herpétiques
3. Distribution temporelle des virus identifiés
4. Etudes descriptives des cas infectés par le VZV
4.1 La répartition du VZV en fonction de l’âge
4.2 La répartition des cas de VZV selon le sexe
4.3 La dynamique spatiotemporelle des infections à VZV
II Discussion
Conclusion et perspectives
Références bibliographiques
Bibliographie
Webographie