ÉTUDE DE L’ACTIVITÉ CICATRISANTE
DE L’EXTRAIT AT-92 CHEZ LE RAT
INTRODUCTION
La peau est un tissu souple et résistant qui recouvre le corps. Grâce à sa continuité et la résistance des cellules de la couche cornée à l’abrasion, elle constitue une barrière physique ou mécanique. Les glycolipides imperméabilisent l’épiderme et bloquent la diffusion de l’eau et des substances hydrosolubles à travers la peau, aussi bien de l’extérieur vers l’intérieur que l’inverse. Tandis que la continuité de la peau et le film hydrolipidique acide qui la recouvre ainsi que les macrophages, qu’elle referme, protègent l’organisme contre les invasions bactériennes au niveau de la peau. La mélanine sécrétée par les mélanocytes protège l’organisme contre les effets néfastes des rayons UV. Le derme est parcouru par des vaisseaux sanguins, ce qui lui permet de jouer un rôle important dans la régulation de la température et de réservoir sanguin. Grâce à son pouvoir métabolique, elle est capable de transformer le cholestérol dans la peau en vitamine D, en présence de rayons UV. Enfin, grâce à la graisse dans les adipocytes, l’hypoderme constitue une réserve d’énergie pour l’organisme (MARIEB E. N., 2010). Vu ces différents rôles joués par la peau, son intégrité est primordiale. Or en cas de blessure, sa continuité est rompue avec une perte de substances. Cependant, cette rupture est réparée spontanément pour reconstituer la peau, c’est la cicatrisation. Elle commence juste après le traumatisme et se termine en quelques jours ou semaines selon la surface et la profondeur de la plaie (DRENO B., 2009). Elle se déroule en 5 étapes: la phase vasculaire, la phase inflammatoire, la phase de granulation, de l’épithélialisation et enfin la phase de remodelage. Lorsque la blessure touche un vaisseau, le sang coule, et pour éviter une hémorragie le vaisseau se contracte, ainsi la vitesse d’écoulement de sang diminue pour faciliter la formation du caillot qui va obstruer la brèche au niveau du vaisseau lésé. Cette vasoconstriction locale est due à la sérotonine libérée par les plaquettes activées lors de la blessure. En outre, cette lésion vasculaire, met à nu l’endothéluim qui entre en contact avec la plaquette entrainant l’agrégation plaquettaire, bouchant momentanément la brèche au niveau du vaisseau. Ensuite un cascade de réactions a lieu et aboutit à la formation de clou plaquettaire qui arrête temporairement le saignement (GACHET C., 2013). L’arrêt définitif du saignement est assuré par le caillot formé lors de la coagulation. La thrombine transforme le fibrinogène en fibrine et les fibrines renforcent le clou plaquettaire et vont ensuite se cristalliser pour former le caillot sanguin (GACHET C., 2013). Les plaquettes activées lors de l’hémostase libèrent de l’histamine et constituent une source essentielle de cytokines, qui sont des médiateurs pro-inflammatoires assurant le recrutement 2 des cellules inflammatoires au niveau de la lésion. La phase inflammatoire a pour objectif de nettoyer la plaie en éliminant les bactéries et les débris provenant des tissus lésés par phagocytose. Elle est caractérisée par la rougeur et l’œdème au niveau de la berge de plaie et l’exsudat au niveau de sa surface. L’histamine provoque une vasodilatation, qui augmente la perméabilité vasculaire et favorise l’exsudation extra vasculaire qui se manifeste extérieurement par l’œdème au niveau de la berge de la plaie et l’exsudat au niveau de sa surface (CRICKX B., 2005). L’exsudat contient des protéines, il assure la dilution des substances toxiques, l’apport en oxygène et en nutriments nécessaires à la réparation tissulaire et enfin le transport des agents inflammatoires par les monocytes vers la lésion, grâce à leur capacité de phagocytose, nettoient la plaie. Lorsque la plaie est nettoyée, un réseau vasculaire indifférencié se forme. Ce réseau se présente sous forme de bourgeons, au niveau de la surface de la plaie, ce qui donne le nom de phase de bourgeonnement à cette phase. Le tissu de granulation est riche en cellules endothéliales, les macrophages, lymphocytes, et les fibroblastes. Ces cellules migrent vers la lésion et forme la matrice extracellulaire. Et cette migration est assurée par les cytokines libérés par la plaquette comme “l’insulin growth factor 1” (IGF1), le “transforming growth factor β” (TGFβ), le “tumor necrosis factor α” (TNFα) et le “platelet-derivated growth factor” (PDGF). Ces substances stimulent la prolifération des fibroblastes, la production de collagène et plus généralement la formation du tissu de granulation. Des autres cytokines comme le FGF et le VEGF stimulent aussi la migration, la prolifération des fibroblastes et la synthèse d’une nouvelle matrice extracellulaire (MEC). D’autre part, les fibroblastes des parties non lésées migrent vers cette matrice et forme aussi le tissu de granulation. Les cellules endothéliales favorisent la prolifération des fibroblastes. Et les fibroblastes produisent des mucopollysaccharides qui servent à l’élaboration de fibres de collagène de la nouvelle matrice (ERTZSCHEID M.D. et coll., 2012). Cette matrice de collagène sert de trame au capillaire et aux cellules qui vont former le tissu de granulation (DIANES S. C., 2012). Ensuite un tissu épithélial se forme à la surface de la plaie à partir des cellules basales intactes qui se trouvent au niveau de la berge des plaies ou autour des annexes cutanées intactes. Lorsque la plaie est recouverte par ce tissu, la croûte tombe. Et enfin, durant la phase de remodelage et la maturation de cicatrice, le collagène type III synthétisé lors de la phase proliférative devient du collagène de type I, sous l’action de l’enzyme collagénase. Ce collagène solidifie les cellules épidermiques et assurent leur maturation (JULIE V., 2006). 3 Plusieurs facteurs ou de substances peuvent inhiber ce processus de cicatrisation et entrainent le retard de la régénération du tissu lésé. Comme le tabagisme qui provoque une vasoconstriction grâce à la nicotine, il diminue le flux sanguin et l’apport en oxygène nécessaire à la réparation des tissus lésés (SILVERSTEIN P., 2002). La malnutrition peut perturber aussi le processus de cicatrisation. Comme la carence en vitamine C, entraine une diminution de la production de collagène par les fibroblastes et perturbent l’angiogenèse (AGBESSI H. D. et DAMON M., 1987). Et la carence en arginine, entraine une diminution de dépôt de collagène au niveau de la plaie (MASANOVIC M., 2009). Les médicaments immunosuppresseurs inhibent la prolifération des lymphocytes et atténuent la réaction immunitaire, prolongeant ainsi la phase inflammatoire et empêche l’installation de la phase proliférative (MSEDDI M., 2006). Quoique la plaie se reconstitue spontanément la peau, un cicatrisant accélère la cicatrisation et la fermeture de la plaie. Par exemple, la Néo-cuti génol©, pommade désinfectant, agit dans la phase de détersion en inhibant la croissance bactérienne (BECHAUX S. et coll., 2006). Des pansements peuvent aussi être utilisés pour traiter la plaie (BUSTAMANTE K., 2007). D’autres types de cicatrisant comme les hydro colloïdes agissent dans la phase de bourgeonnement et épithéalisation en formant un gel au contact de la plaie pour faciliter le renouvellement des tissus lésés ainsi que la formation de tissu de granulation (FOIT M. 2013). Parmi ces pansements hydro-colloïdes, on peut citer les Duoderm©, Tegasorb©, Cutinova© et Comfeel©. Une autre approche des produits cicatrisants est de stopper le saignement rapidement. Les alginates de calcium font partie de cette catégorie de médicament. Ils forment un gel au niveau de l’exsudat pour arrêter le saignement (JULIE V., 2006). Enfin, les hydro-cellulaires, sous forme de mousse agissent sur la détersion des plaies en jouant un rôle antibactérien (JULIE V., 2006). En plus de ces cicatrisants élaborés par l’industrie pharmaceutique, les plantes médicinales continuent à être utilisées pour soigner les plaies .
Préparation de l’extrait
Les feuilles de la plante utilisées dans ce travail ont été récoltées à Miadanandriana, district de Manjakandriana, le mois de novembre 2016. Les feuilles ont été séchées à l’ombre dans une salle aérée, à la température ambiante, pendant 6 semaines. Deux cent grammes de feuilles sèches ont été broyées à l’aide d’un broyeur à marteau (BROOK CROMPTON© série 2000) au Laboratoire de Pharmacologie Générale, de Pharmacocinétique et de Cosmétologie, à la Faculté des Sciences, Université d’Antananarivo. La poudre obtenue a été macérée dans un mélange éthanol-eau (60:40), à la température ambiante, pendant 3 jours en agitant tous les jours. Le macérât a été filtré sur du coton hydrophile et le filtrat a été évaporé à l’aide d’un distillateur à la température de 80 °C puis dans un bain-marie à la température de 100 °C jusqu’à l’obtention d’un extrait sec. L’extrait obtenu a été codé AT-92, puis pesé et le rendement a été calculé selon la formule: Rendement (%) = Masse de l′extrait Masse de la poudre macérée × 100
Criblage phytochimique
Un criblage phytochimique a été effectué sur l’extrait AT-92 pour déterminer les différentes familles chimiques présentes dans l’extrait. Des réactifs spécifiques ont été utilisés, ces réactifs réagissent avec les familles chimiques correspondantes et donnent un précipité ou provoquent un changement de coloration (FONG H. H. S. et coll., 1997) (Tableau I). Les signes suivants ont été utilisés pour représenter la teneur de la famille chimique contenue dans l’extrait: +++ : Présence en forte quantité ++ : Présence en moyenne quantité + : Présence en faible quantité ± : Présence en très faible quantité .
LISTE DES TABLEAUX |