Le paludisme constitue de nos joursun problème majeur de santé publique dans les pays tropicaux, spécifiquement ceux situés en Afrique sub-saharienne. Il demeure de loin la maladie parasitaire la plus rependue dans le monde intertropical.Environ 3,2 milliards de personnes, soit près de la moitié de la population mondiale, sont exposées au risque palustre. Selon le rapport de l’OMS en 2015, il y aurait eu environ 214 millions de nouveaux cas de paludisme ayant engendrés 438 000 décès dans le monde. Quinze pays, principalement en Afrique sub-saharienne, représentent 80% des cas de paludisme et 78% des décès dans le monde. On enregistre chez les enfants de moins de cinq ans plus des deux tiers du total des décès liés au paludisme [1]. La dernière décennie a vu le développement et la mise en place de plusieursstratégies de lutte contre le paludisme. Ceci a eu comme conséquences uneréductionconsidérable entre 2000 et 2014 du taux de mortalité des moins de 5 ans soit de 65% (environ5, 9 millions de vies d’enfants épargnées. [1] Au Mali, la mortalité et la morbiditéliées au paludisme ont été estimé respectivement à 13 et 15,6% dans la population générale, sans oublié que la maladie a une forte répercussion socioéconomiquesur les ménages [2].Sur le plan national, il a été enregistré en 2015 dans les établissements de santé 2242739cas cliniques (44% des motifs de consultation) dont 1544 décès soit un taux de létalité de 0,09% [3]. La politique nationale de lutte contre le paludisme au Mali repose actuellement sur :
i) La prévention par l’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée (MILD) et la pulvérisation intra-domiciliaire(PID);
ii) L’utilisation de tests de diagnostic et le traitement par des médicaments antipaludiques de qualité garantie;
iii) Le traitement préventif chez les nourrissons, les enfants (Chimio-prévention du paludisme saisonnier – CPS)et chez les femmes enceintes(SP)
iv) Le suivi de chaque cas de paludisme dans le cadre d’un système de surveillance dans les zones d’étude .
v) L’intensification de la lutte contre la résistance aux médicaments et aux insecticides qui est en train de se développer. Le village de KoïlaBamanan (Dioro) dans la quatrièmerégion administrative du Mali (Ségou) a été un des sites du Millenium Challenge Corporation (MCC). Grace à ce programme, les communautés bénéficiaient d’actions intenses contre le paludisme comme la couverture universelle en moustiquairesimprégnés d’insecticide, la recherche active des cas et leurs prises en charge gratuite, l’information la communication et la sensibilisation continue sur la maladie. Il faut retenir que sous ce programme la prévalence du paludisme dans toute la zone MCC de Dioro a montré des baisses significatives d’autant plus que la prévention aussi bien que la prise en charge des cas étaient maintenue à un niveau optimal. Cependant en 2012, six mois après les évènements malheureux survenus au mois de Mars (coup d’état), un arrêt brutal du programme a forcé un retour aux seules stratégies prises en compte par la politique nationale .
Le paludisme est une maladie parasitaire, une érythrocytopathie fébrile et hémolysante due au développement et à la multiplication chez l’Homme d’un hématozoaire du genre Plasmodium. Ces parasites sont inoculés à l’homme par la piqûre infestante d’un moustique, l’anophèle femelle .
Epidémiologie
L’épidémiologie du paludisme comporte l’étude de quatre éléments dont la réunion simultanée est indispensable au développement de la maladie :
➤ La présence des hommes porteurs des gamétocytes du plasmodium dans leur sang périphérique,
➤ L’existence d’une population d’anophèles vecteurs,
➤ La présence d’hommes réceptifs au plasmodium,
➤ Des conditions écologiques favorables au développement du moustique[4].
Répartition géographique
Le paludisme est endémique dans le monde intertropical.
L’Afrique compte 05 faciès épidémiologiques [4].
➤ Strate équatoriale : constituée par les zones de forêts et de savanes humides postforestières, elle est caractérisée par une bonne répartition des précipitations permettant une transmission pérenne de la maladie.
➤ Strate tropicale : intéresse les savanes humides et semi humides ou les précipitations vont de 800 à 1500 mm (et plus) et reparties en une seule saison de 4 à 8 mois pendant laquelle se produit l’essentiel de la transmission.
➤ Strate désertique et semi désertique encore appelée strate Saharienne ou Sahélienne ou Sahélo-Saharienne : La pluviométrie est inférieure ou égale à 700mm d’eau par année. Il s’agit du Nord-Africain et du désert de Kalahari (Niger, Nord Malien,…..).
➤ Strate montagnarde : intéresse surtout l’Afrique de l’Ouest, c’est la zone des vallées et des hautes terres.
➤ Strate australe : avec les plateaux d’altitude au sud du bloc forestier centrafricain, c’est la strate lagunaire (la Centrafrique).
-Les îles de Comores et de Madagascar réunissent sur leur territoire la plupart des différents faciès africains. Au Mali, on a cinq faciès épidémiologiques décrits par DOUMBO et coll. en 1989 [5] :
➤ Zone de transmission saisonnière longue (> six mois : Mai –Novembre Avec 1500 mm d’eau /an ; un portage parasitaire chez les enfants de moins de 5 ans avec un indice plasmodique à 80 – 85% et une prémunition. Ici l’anémie chez la femme enceinte peut atteindre 41,2%. C’est la zone Soudano Guinéenne, le paludisme y est holoendémique).
➤ Zone de transmission saisonnière courte (3 mois : Sahel avec 200-800 mm d’eau /en atteignant surtout les enfants de 6 mois-9 ans). Le paludisme y est hyper endémique avec un indice plasmodique variant entre 50 et 75%.
➤ Zone de transmission sporadique : (zone saharienne) : avec moins de 200 mm d’eau /an ; lepaludisme est hypo endémique et peut se manifester de façon épidémique. L’indice plasmodique est inférieur à 5%.
➤ Zone urbaine (population des gites ; médicalisation, etc.…….) : hypo endémique, indice plasmodique inférieur à 10%.
➤ Zone de transmission bimodale ou plurimodale : en début de pluie, c’est le delta inferieur du fleuve Niger et les zones de retenues d’eau et de riziculture (barrage) ; l’indice plasmodique est inférieur à 40%. Le paludisme y est méso endémique .
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