Etude de la transmission horizontale de Metarhizium anisopliae (Metchnikoff) dans la population de Bactrocera dorsalis Hendel
La mouche orientale des fruits : Bactrocera dorsalis
Répartition géographique et systématique
De nombreuses invasions par des Tephritidae polyphages ont été observées dans différentes parties du monde malgré les procédures de quarantaines (Duyck et al., 2004). Les plus importantes espèces de mouches des fruits qui attaquent les mangues sont Ceratitis cosyra (Walker), C. fasciiventris Bezzi, C. rosa Karsh, C. anonea Graham, C. capitata (Weidman) et Bactrocera dorsalis, Hendel (Drew et al., 2005). Originaire d’Asie, B. dorsalis (figure 1) a été identifiée pour la première fois en Afrique au Kenya en 2003 (Lux et al., 2003) et a très rapidement envahi l’Afrique sub-saharienne de 2004 à 2005 (Drew et al., 2005). En 2004, sa présence a été également signalée en Afrique de l’Ouest au Sénégal et au Bénin (Vayssières et al., 2005). Cette espèce très polyphage a des hôtes multiples, aussi bien de plantes sauvages que cultivées (Goergen et al., 2011). La position systématique de Bactrocera dorsalis Hendel est actuellement : Embranchement : Arthropoda Classe : Insecta Ordre : Diptera Famille : Tephritidae Sous-famille : Dacinae Genre : Bactrocera Espèce : Bactrocera dorsalis 4 Figure 1 : Espèce B. dorsalis : femelle (A) et mâle (B) (Photo : R. Camara).
Biologie
Les stades pré-imaginaux des mouches des fruits sont les œufs, trois stades larvaires et un stade nymphal (CTA, 2007). Les œufs sont pondus sous la peau des fruits à l’aide de l’ovipositeur des femelles. Ces œufs sont généralement lisses, allongés, légèrement incurvés et de couleur blanc crème. Ils mesurent en moyenne 1 mm de longueur et 0,2 mm de diamètre (Gomina, 2015). Les larves issues de l’éclosion de ces œufs, sont des asticots typiques de diptères qui vivent et se nourrissent dans les fruits en suivant trois stades de développement larvaire. La larve de premier stade est la plus difficile à observer dans le fruit ; elle mesure en moyenne 2 mm. Le deuxième stade larvaire mesure 3 mm ; c’est aussi le plus furtif et le troisième stade larvaire appelé aussi « larve pré-pupale », mesure 8mm. (Gomina, 2015). La larve pré-pupale continue de se nourrir jusqu’à sa sortie du fruit par des sauts caractéristiques avant sa pupaison dans le sol. Il s’enfonce à faible profondeur pour se nymphoser. La nymphe est un petit tonnelet marron (la pupe), duquel émergera l’adulte (Gomina, 2015).
Accouplement
La plante-hôte est considérée comme un site de rendez-vous pour les deux sexes (Prokopy et al., 1996). Gomina, (2015) a monté que B dorsalis ne montre aucune activité d’accouplement au cours de la journée en présence de lumière. Les accouplements ont généralement lieu au crépuscule sous une faible intensité lumineuse. La durée d’accouplement est variable et peut être comprise entre 2 et 12 heures chez B. dorsalis (Christenson et Foote, 1960). Les ailes sont très utilisées, notamment pour créer des signaux acoustiques réalisés par les frottements des ailes sur les pectens chez les mâles, mais également pour faciliter la diffusion des phéromones émises dans le même temps (Mille, 2010).
Cycle de développement
Les femelles gravides grâce à leur long ovipositeur extensible, pondent en général dans les fruits charnus des plantes-hôtes, rendus attractifs en arrivant à maturité (Gomina, 2015). Les œufs éclosent au bout de 1 à 2 jours (Baldy, 2014). Les larves ou asticots se développent dans la pulpe du fruit en creusant des galeries. Selon (Salum et al., 2014), les durées d’embryogenèse, de développement larvaire et de nymphose à 25°C chez B. dorsalis sont respectivement d’environ 2, 13 et 15 jours. Le stade nymphal dure environ une semaine avant l’émergence de l’adulte (Baldy, 2014). Ils passent une période de maturation sexuelle, avant de s’accoupler et de pondre (Gomina, 2015) (Figure 2). Figure 2 : Cycle de développement de B. dorsalis (R. Camara).
Dégâts et importance économique
Les pertes de rendements des différentes variétés de mangues imputables à B. dorsalis varient entre 17 et 73% au Benin (Vayssières et al., 2009) et sont d’environ 52% au Ghana Stade de pré-pupaison Accouplement Ponte Œufs Pré-pupaison Stades larvaires Pupes Adultes 6 (Abdullahi et al., 2011). Au Sénégal, cette mouche est responsable des pertes de production d’environ 30 à 50% dans la région des Niayes et 60% en zone de Casamance (Ternoy et al., 2006 ; Ndiaye et al., 2012). Bactrocera. dorsalis est par conséquent la mouche des fruits la plus importante économiquement en Afrique de l’Ouest (Vayssières et al., 2014). Chaque année, à cause de ces insectes de quarantaine, des containers entiers en provenance d’Afrique sont interceptés, saisis et détruits par incinération dans les ports et aéroports européens, causant un grave préjudice économique à de nombreux exportateurs et donc à la filière mangue (Vayssières et al., 2014).
Les méthodes de lutte
La lutte chimique : Le contrôle des mouches des fruits repose encore trop souvent sur l’utilisation des pesticides en pulvérisation (Roessler, 1989). Les organochlorés, organophosphorés, carbamates, pyréthrinoïdes sont les différentes classes d’insecticides utilisées (Skouras et al., 2007 ; Kakani et Mathiopoulos, 2008). Lutte biologique : La lutte biologique est l’utilisation d’organismes vivants pour prévenir ou réduire les dégâts causés par des ravageurs. Elle peut se faire par l’utilisation de parasitoïdes ; de prédateurs ou d’agents pathogènes. La lutte biologique, précisément par utilisation de micro-organismes entomopathogènes constituerait une alternative pour assurer une protection phytosanitaire performante. Les entomopathogènes présentent de nombreux avantages de par l’ubiquité naturelle des agents microbiologiques dans les écosystèmes, leur grande variété, leur dissémination facile, leur spécificité d’action et aussi leur faible persistance dans l’environnement (de Kouassi, 2011). L’un des plus intéressants contre B. dorsalis appartient à la classe des Ascomycètes : il s’agit d’un pathogène d’insectes connu sous le nom de Metarhizium anisopliae (Veen, 1968) Autres méthodes de lutte : D’autres moyens de lutte peuvent être associés à ceux décrits précédemment. La lutte par suppression des mâles (MAT) permet de les piéger et de les tuer grâce à un mélange attractif sexuel et insecticide. La lutte autocide (SIT) est basée sur la stérilisation des mâles par radiations ionisantes ou chimiostérilisation pour les relâcher ensuite en masse dans le milieu naturel (compétition pour la reproduction). 7 Une méthode de prophylaxie consiste à collecter et détruire les fruits infestés et les plantes réservoirs. L’assainissement du verger et la récolte précoce (Ekesi et al., 2007) sont également utilisés
Le champignon entomopathogène : M. anisopliae
Les entomopathogènes sont des organismes vivant pouvant engendrer des maladies chez les insectes. Plus de 700 espèces de microchampignons sont entomopathogènes (Starnes et al., 1993) et jouent un rôle important dans la régulation naturelle des populations (Ferron, 1978). Metarhizium anisopliae était le premier pathogène utilisé délibérément pour le contrôle des insectes ravageurs par le Russe Eli Metchinicoff dans les années 80. Sorokin, (1883) attribua ce champignon à la muscardine verte au genre Metarhizium.
Description et systématique
Les caractéristiques taxonomiques dominantes sont les traits morphologiques des structures de sporulation. Le genre Metarhizium est défini par l’agencement des chaines porteuses de phialides, des colonies de conidies cylindriques ou légèrement ovotides, sèches et généralement de couleur verte. Les colonies sont formées d’une agrégation de ces chaines conidiennes (Zimmermann, 2007). Metarhizium anisopliae apparait blanc lorsqu’il est jeune et il devient vert foncé après la maturation des spores. Les conidies mesurent 5 à 8 μm de longueur (Bischoff et al., 2009).
Dédicace |