Etude de la salinité des sols de bouno

Synthèse bibliographique sur la salinisation des sols

Définition

Un sol est salin lorsque la végétation normale du lieu est remplacée dans un premier stade par une végétation halophile qui disparaît quand la salure augmente. Parallèlement, le rendement des cultures diminue et il arrive un moment où la culture devient impossible [22].
La salinisation est l’ensemble des mécanismes suivant lesquels le sol s’enrichit en sels solubles et acquiert, à un degré plus ou moins fort, le caractère salé. La salinisation se réalise principalement dans les régions semi-arides et dans les zones côtières ou déprimées dans lesquelles la teneur en argile est assez élevée et la perméabilité faible, ce qui réduit le lessivage.
Les sulfates et les chlores sont les sels dominants alors que les nitrates et les borates sont beaucoup plus rares [23].
La salinisation est un processus d’enrichissement d’un sol en sels solubles qui aboutit à la formation d’un sol salin [2].
La salinisation est un processus d’enrichissement d’un sol en sels solubles, aboutissant à la formation d’un sol salin. Le phénomène est surtout actif dans des sols où le lessivage est faible ou nul et l’évaporation parfois intense (région aride), ou sur les parties basses des zones côtières dans des sols peu perméables [24].

Etude de la salinité des sols

Les facteurs de la salinité

La salinisation est contrôlée par un ensemble de facteurs liés aux conditions environnementales (climat, hydrologie et la topologie) et aux pratiques culturales.
Du point de vue climatique, La dynamique de la superficie des terres salées dépend principalement de la variabilité climatique. Le changement climatique a durement touché toute l’Afrique de l’Ouest, même si c’est au Sahel que le phénomène a été le plus médiatisé. La pluviométrie a baissé de 20% pendant plus de 25 ans. Par conséquent, le lessivage des eaux salées n’est plus assuré. Même s’il arrive qu’on ait une pluviométrie importante, les risques d’une reprise de la sécheresse sont tels que le sel ne peut être totalement évacué [19].
Sur le plan hydrologique, les nappes superficielles de bas fond sont directement soumises à l’influence des eaux salées de la Casamance [19]. La présence d’une nappe phréatique salée et peu profonde entraîne le transport des sels à la surface du sol par remontée capillaire. En effet, dans la nappe phréatique peu profonde et salée, les sels solubles sont rapidement remis en mouvement dans l’ensemble du profil du sol par remontée de la nappe ou par phénomènes de capillarité favorisés par l’évaporation directe [25]. La salinisation peut être aussi provoquée par une invasion marine. Dans ces conditions, la solution du sol présente une composition proche de celle de l’eau de mer, donc riche en NaCl et peut provoquer par des phénomènes d’échange cationique un enrichissement du complexe d’échange en sodium [26].
Du point de vue bathymétrique, la Casamance est peu profonde.

La pluviométrie

Le climat est de type sub-guinéen présentant des précipitations qui tourne autour de 1.000 mm par an. L’année climatique est divisée en deux saisons basées sur le critère de la pluviométrie :
 une saison sèche qui s’étale de novembre à mai matérialisée par la circulation de l’alizé issue de l’anticyclone des Açores.
 une saison pluvieuse qui s’étale de juin à octobre avec une pluviométrie supérieur à 800 mm matérialisée par la circulation de la mousson issue de l’Anticyclone de Sainte-Héléne.
 La température
Les températures moyennes mensuelles les plus basses sont enregistrées entre décembre et janvier et varient entre 25 à 30°C, les plus élevées sont notées entre mars et septembre avec des variations de 30 à 40°C.

Le relief

Le relief s’articule autour de trois grandes unités topographiques qui s’imbriquent les unes aux autres : les plateaux, les versants et les bas-fonds. Dont l’altitude maximale est d’environ 53,5m. Les plateaux sont morcelés (entrecoupés) par un réseau hydrographique bien fourni constitué de cours d’eau, bas fond, de rivières, du fleuve Casamance et de ses bolongs.
Ils sont le plus souvent morcelés par un réseau hydrographique bien développé (Ministre de l’Énergie et du Développement des Énergies Renouvelables. Mai 2016).

Le sol

Les types de sols rencontrés dans la commune de Bambali sont les suivants :
 Les sols ferrugineux, tropicaux et/ou ferralitiques avec des variantes suivant les conditions bioclimatiques. Ils sont communément appelés sols « Deck » et couvrent la majeure partie de la zone d’étude. Ces sols sont localisés au Nord et au centre et un peu dans la partie Sud précisément dans les villages Bakaji, Frankounda, Kanico, Madiana Bourama Mane, … . Ils sont aptes à la culture des céréales et de l’arachide.
 Les sols peu évolués d’apport hydromorphes se situent au Nord-Ouest et un peu au Nord–Est au niveau des villages Sorance, Boudjimar-Samine et Badjimor. Ces sols sont aptes à la riziculture.

Cadre humain et les activités socio-économiques

L’économie régionale de Sédhiou est pour l’essentiel une économie à vocation agricole.
D’après le RGPHAE, plus de 4/5 des ménages pratiquent l’agriculture. Les spéculations dominantes restent l’arachide, le maïs, le mil et le riz à Bouno. En effet, La riziculture de basfond, en moyenne Casamance, demeure une activité traditionnelle liée à la subsistance alimentaire du ménage. Bien que dans les dernières décennies des investissements importants pour l’aménagement des vallées et la modernisation du système de production aient été réalisés, cette activité agricole reste toujours vulnérable aux risques climatiques (baisse de la pluviométrie, acidification et salinisation des sols) et elle ne couvre pas le besoin alimentaire des ménages. Elle est une activité agricole liée uniquement à une organisation familiale et à des pratiques traditionnelles avec lesquelles les agriculteurs, notamment les femmes, ont cherché de réduire le risque plutôt qu’intensifier la production. Il s’agit d’une activité orientée uniquement à l’autoconsommation qui ne permet pas d’obtenir le bénéfice monétaire nécessaire à soutenir des investissements d’amélioration du système de production. A la fois, elle assume aussi, au niveau du ménage et de la communauté, une valeur traditionnelle et culturale très importante, dont les femmes sont détentrices et porteuses. Pour intégrer leurs revenues, les femmes pratiquent souvent d’autres activités agricoles : l’horticulture en contresaison, les petits commerces du sel et du bois, la récolte des anacardes et l’extraction de l’huile de palme. Les hommes se dédient plus aux activités agricoles orientées au marché et aux céréales de plateau.
L’exploitation forestière et l’arboriculture, notamment, fruitière constituent aussi un secteur d’espoir pour les populations, notamment l’anacarde et la mangue. La propriété foncière et la gestion de la terre est une question sensible comme dans la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest. Il n’existe pas une propriété foncière, donc la terre est détenue par l’Etat qui la donne en concession. Le ménage a le droit d’usage et le transfert de génération en génération. En fait, dans la vallée l’acquisition des terres se fait principalement à travers des mécanismes d’héritage ou de donation dans le cas qu’un ménage ne dispose pas.

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MATERIEL ET METHODES

Pour réaliser cette étude, les échantillons de sols prélevés dans la zone d’étude ont été analysés au laboratoire de l’INP. Dans cette partie il s’agira de faire description de la méthodologie utilisée, des techniques analytiques et des différentes méthodes de traitement des données.

Les matériels

Les matériaux essentiellement nécessaires pour cette étude sont ceux utilisés dans le cadre de la réalisation des travaux de terrain et des analyses au laboratoire.

Les matériels de terrain

Pour le prélèvement des échantillons nous avons utilisé une tarière manuelle pour réaliser des prélèvements d’échantillons superficiels ; des sachets en plastique pour la collecte et la conservation des échantillons ; un GPS (Système de Positionnement Géographique) pour délimiter le site, localiser les sondages, et les points d’observations ; des étiquettes et des fiches de collecte de données ;

Les matériels de laboratoire

Pour les analyses au laboratoire, plusieurs appareils ont été utilisés: une tamiseuse Fritsch vibromagnétique, une balance de précision, une centrifugeuse, un agitateur mécanique, un pH-mètre, un conductimètre, un bain-marie, un spectrophotomètre, un photomètre à flamme, une hotte, une pipette de Robinson, etc. Concernant la verrerie nous avons utilisés des béchers, des fioles jaugés, des tubes cylindriques, des éprouvettes, des pipettes, des burettes, des entonnoirs, des erlenmeyer etc.

Méthodes

L’objectif de l’étude est de caractériser la salinité du sol, plusieurs méthodes ont été utilisées.

Méthodes d’étude sur le terrain

En résumé, la méthodologie comprend entre autres la phase prospection, l’échantillonnage.

Prospection

Elle a consisté à faire des descentes sur le milieu d’étude en vue de cerner les limites, de créer le Shape file du site, d’identifier les points de sondages et d’estimer le nombre de jours des travaux de terrain. Pour optimiser le réseau d’échantillonnage, plusieurs critères ont été retenus dans le choix des points de sondage tels que la répartition spatiale des principaux types de sol, les zones à problèmes de salinité, la représentativité spatiale, etc.

L’échantillonnage

Une stratégie d’échantillonnage suivant un maillage systématique à des pas de 100m a permis de collecter 48 échantillons de sol à l’aide d’une tarière pédologique. Les échantillons prélevés sont mis dans des sachets plastiques étiquetés. Les profondeurs 0-20 cm et 20-40 cm sont prélevés donnant un positionnement de 24 points de sondage dans la zone.

Méthodes d’analyses au laboratoire

Les analyses des échantillons ont été effectuées au laboratoire de l’INP par des méthodes physiques et chimiques à savoir la granulométrie, le pH, la conductivité électrique, le phosphore, le carbone, l’azote et les bases échangeables. Les opérations d’analyses se déroulent en deux phases principales. La première phase consiste à la préparation des échantillons et la deuxième phase concerne les analyses physico-chimiques.

Préparation des échantillons du sol

La préparation des échantillons de sol est obligatoire. Elle comprend le séchage, le broyage et le tamisage à 2mm.
– Le séchage : L’ensemble des échantillons de sol prélevés est séché à l’air libre. Le séchage esteffectué dans un magasin à l’abri de la lumière directe du soleil et de la poussière. Nousfavorisons le séchage en remuant régulièrement les échantillons de sols. Le temps de séchageest fonction de la nature de l’échantillon du sol et de l’humidité atmosphérique.
– Le broyage : Après le séchage, les échantillons de sol sont broyés manuellement avec un mortier etun pilon pour favoriser l’émiettement des mottes de terre et la réduction des agrégats.
– Le tamisage : Après le broyage, tous les échantillons de sol sont tamisés avec un tamis de2mm jusqu’à ce qu’il ne reste plus dans le tamis que des roches de diamètre supérieur à 2mmet débris végétaux. La terre fine inférieure à 2 mm recueillie par le tamisage est conservée dansdes sachets en plastique sur lesquels sont reportées les références des échantillons. Cette terre fine sert à l’analyse du pH, de la Conductivité électrique, du phosphore, la matière organique, des bases échangeables et de la granulométrie.

Les analyses physico-chimiques

Les paramètres physico-chimiques étudiés sont décrits par Mathieu et Pieltain ( Mathieu,C., et Pieltain, 2003) ; Rokhaya Daba FalL et Bocoum (FalL, RD., et Bocoum, M., 2004).

Méthode d’analyses du pH

Le pH est un paramètre important de la dynamique du sol, c’est un paramètre clé en agronomie car leur degré d’acidité, de neutralité ou de basicité joue un rôle très important surl’assimilation des éléments nutritifs par la plante.
Le pH se mesure avec un pH-mètre muni d’une électrode. 20 g de sol sont tamisés avec un tamis de 2 mm et pesés dans un Becher de 100 ml selon le rapport de l’extrait 1/2,5. 50 ml d’eau distillée y sontajoutés. La suspension est agitée pendant 30min à l’aide d’un agitateur électrique().Après étalonnage du pH-mètre, l’électrode déjà essuyée avec du papier absorbant, est introduite avec précaution dans la suspension. Nous laissons la lecture se stabilise durant quelques minutes. Après la stabilisation, le pH se lit.

Méthode d’analyses de la conductivité électrique

La conductivité électrique d’une solution du sol est un indice des teneurs en sels solubles dans ce sol. Elle exprime approximativement la concentration des solutés ionisables présents dans l’échantillon c’est-à-dire son degré de salinité (Mathieu C. et Pieltain F., 2009).
La mesure de la conductivité électrique se fait avec un conductimètre muni d’une électrode. 20 g de sol tamisés avec un tamis de 2 mm, sont pesés dans un Becher de 100 ml selon le rapport de l’extrait 1/10. 200 ml d’eau distillée y sont ajoutés. La suspension est agitée pendant 30min.
Après étalonnage du Conductimètre (photo), l’électrode déjà essuyée avec du papier absorbant, est introduite avec précaution, dans la suspension et le CE se lit après la stabilisation de l’appareil durant quelques minutes.

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