Madagascar, « île continent », occupe la troisième place parmi les grandes îles du monde en matière de superficie. Son littoral concerne plus de 51% du territoire et abrite près de 65% de la population totale. Mais la plus importante parmi les activités génératrices de revenus est indiscutablement la pêche et l’aquaculture. La grande île dispose aussi d’une importance ressource halieutique, biologique, écologique et économique bien reconnue et considérable appelée la mangrove. Elle occupe une superficie non négligeable de 300.000 ha d’après KIENER (1963) soit 3000 km² environ.
La mangrove abrite également des espèces à fort intérêt halieutique, dont le crabe de palétuviers Scylla serrata Forskal, 1755 ; et c’est une espèce typiquement tropicale. Elle est la seule espèce dont l’importance (quantitative et qualitative) est d’intérêt commercial. Le crabe de palétuviers Scylla serrata est exploité de façon traditionnelle dans un habitat circonscrit aux forêts de mangroves.
Une variation importante de la capture de crabes est due à la concurrence avec les autres activités, aux paramètres du milieu comme les facteurs climatiques et lunaires et le cycle biologique des crabes. La connaissance de la saisonnalité des crabes permet-elle de contribuer à la gestion durable de la pêcherie et pour le développement d’une industrie économiquement viable et socialement acceptable?
De plus, les stocks de crabes de palétuviers subissent en effet depuis plusieurs années un effort de pêche intense par la haute valeur commerciale du produit. Souvent le crabe est vendu uniquement vivant et par la demande croissante du consommateur local. Mais, le fait de savoir les potentialités réelles du stock de Scylla serrata et l’état actuel des ressources permettent-ils d’aboutir à une meilleure valorisation du produit exploité ? Puisque la chair de crabe préparée à Madagascar est encore insuffisamment acceptée par le consommateur européen. C’est la raison pour laquelle, l’exploitation des crabes vivants est encore limitée par les normes internationales.
Présentation du site d’étude
Région Boeny
Située sur la partie Nord-Ouest de Madagascar, la Région Boeny s’étend sur une superficie de 32 386 km² et comporte une longue façade maritime (environ 686 km) bordée par le Canal de Mozambique. Cette région est délimitée à l’Est par la Région de Sofia, au Sud par la Région de Betsiboka et à l’Ouest par la Région de Melaky.
Elle est composée de six districts dont Mahajanga I comme Chef lieu de Région, Mahajanga II au Nord, Soalala à l’extrème Sud-Ouest, Mitsinjo au Sud, Marovoay au centreSud et Ambato Boeny à l’Est (MPRH, 2006 ; cité par RAKOTOARIMANANA, 2011).
La région est soumise à un climat de type tropical chaud avec deux saisons marquées: l’une chaude et pluvieuse de 3 à 5 mois de novembre à mars, et l’autre sèche de 7 à 9 mois d’avril à octobre.
La pluviosité moyenne annuelle est d’environ 119,43 mm et les températures moyennes annuelles sont comprises entre 22° à 29° C. Cette région est balayée par deux vents dominants, la mousson (« talio ») venant du Nord-Ouest d’Octobre à Mars et l’alizé (« alizay ») du Sud-Est pour le reste de l’année. A ces vents s’ajoutent trois autres d’importance moindre quant à leur durée et/ou force : le « kosy » précédant la saison sèche qui peut parfois devenir violent et qui souffle du Sud-ouest, l’ « avaraka » soufflant du Nord en Janvier à février, et le « mantasaly » durant la saison humide toujours accompagné de pluies torrentielles. (BAUTIL et ARDILL, 1991) .
Société assistante : PECHEXPORT
La société PECHEXPORT SARL transformée en Société anonyme actuellement a été créée en 1983 par Monsieur Claude PAGES. Les principales activités de l’usine sont basées sur toutes opérations relatives à l’exportation des produits halieutiques de Madagascar, en particulier les crevettes, les crabes et les poissons. La quasi-totalité de la production est destinée à l’exportation par l’intermédiaire de FRESHPACK.
La société est détenteur de 4 licences de pêche industrielle, 4 agréments sanitaires CEE PECHEXPORT et affrète 4 bateaux industriels pour la pêche aux crevettes dont l’activité est axée sur le traitement des crevettes entières, étêtées et poissons d’accompagnement. Concernant la filière crabes, elle dispose également de 4 bateaux de pêche artisanale et 3 vedettes de collecte, mais actuellement ces embarcations ne sont plus utilisées et ce depuis 2009. Ainsi, l’approvisionnement en crabes de la société est assuré par les divers collecteurs contractants avec la société et par les collecteurs privés et quelques pêcheurs.
Mangroves
Les racines aériennes des mangroves forment une toile complexe, qui abrite une multitude d’espèces animales (poissons, mollusques, crustacés). Et, elles servent de zones d’accouplement, de refuges et de pépinières pour un nombre impressionnant d’autres espèces.
De plus, les mangroves constituent un habitat important pour les invertébrés. Plusieurs espèces de Crustacés utilisent l’écosystème de mangroves comme nourricerie jusqu’au stade subadulte, en particulier les crevettes (Fenneropenaeus indicus, Penaeus monodon, Alpheus crassimanus, Alpheus edwardsii, RAZAFINDRAINIBE, 2012), ou comme habitat. L’espèce la plus commune est certainement le crabe des palétuviers, Scylla serrata, dont le potentiel était évalué à 7 500 tonnes pour la totalité des mangroves de Madagascar, (RAZAFINDRAINIBE, 2012). Parmi les autres crustacés de valeur commerciale élevée figurent les crevettes pénéides qui y séjournent aux stades postlarves et juvéniles.
Les mangroves jouent aussi un rôle important dans la protection et l’équilibre écologique du milieu marin et côtier de la région, d’une part. Et, d’autre part, elles constituent des zones de haute productivité et d’habitats d’une faune abondante. Ces mangroves constituent des zones de nourriceries et d’habitats pour une faune abondante mais souvent relativement pauvres en nombre d’espèces par rapport à d’autres écosystèmes en raison des conditions particulières du milieu. Plusieurs d’entre eux y résident en permanence, certains temporairement (cas des oiseaux migrateurs) et d’autres y vivent seulement au stade juvénile, (ANDRIAMALALA, 2007).
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