Etude de la reproduction
Le volume des œufs en fonction de la taille de ponte (l’investissement des reproducteurs porte-t-il essentiellement sur la taille de la ponte, et donc de la nichée, ou plutôt sur la taille des œufs ou bien n’y a t-il pas de compromis entre la taille de ponte et la taille des oeufs ?). selon les conditions environnementales propres à chaque année ? les reproducteurs optent-ils certaines années pour une taille de ponte réduite, avec de gros oeufs, ou bien la taille de ponte est-elle plus grande avec ou non une incidence sur la taille des œufs ? En 2005, nous avons réalisé une série de mesures (longueur, largeur et poids) portant sur 238 œufs appartenant à 89 nids, dans différents patchs de la colonie et à de différentes périodes en relevant la date de ponte et la grandeur de ponte de chaque nid. Nous avons tenu compte de la position du nid au niveau des patchs ainsi que la distance qui le sépare de la rive du lac. Pour les mensurations des œufs, nous avons utilisé, un pied à coulisse et un peson de 30g. Les mesures ont été prises entre le premier et le cinquième jour de la ponte et nous avons disposé des données des mesures de 70 œufs réalisées en 1996, pour avoir les différences inter- annuelles. Le volume est calculé à partir des volumes moyens, pour chacune des pontes en utilisant longueur et B représente la largeur de l’œuf et la constante K (Hoyt 1979). Cette dernière a été estimée pour la guifette à 0,0004866. Les données ont été analysées à l’aide de différents modèles de l’analyse de variance (ANOVA) et de corrélations, effectuées avec l’application des logiciels : R 2.6.0 et Minitab et pour certains graphes nous avons utilisé Excel.
Paramètres de la reproduction
Les regroupements sociaux des animaux peuvent se concevoir comme des stratégies, adoptées par les individus afin de remplir au mieux « l’objectif » biologique de la reproduction et dont les avantages sont multiples, la stimulation sociale, la vigilance collective, la détection précoce et la défense collective contre les prédateurs. Les meilleurs producteurs occupent en général, les meilleurs emplacements pour leurs nids et pondent les premiers, et ont un succès de la reproduction plus élevés que chez les retardataires. La régression saisonnière, semble être universelle chez les oiseaux des régions tempérées, arctiques et antarctiques (Steeger 1989). La guifette moustac, fait partie des espèces coloniales, sa philopatrie est confirmée au niveau du lac Tonga, par son occupation du site, connue de mémoire d’homme et ce malgré son erratisme et son instabilité en Europe (Trotignon et al. 1994 ; Cézilly et Hafner 1995). Hormis les avantages sus-cités de la colonialité pour les populations aviaires, la fidélité au site, permet aux oiseaux de démarrer rapidement leur reproduction en évitant la perte de temps liée à la sélection du site de reproduction et donc maximiser le rendement de reproduction. Balkiz (2006) évoque l’effet ‘mémoire’ chez les oiseaux.
Le suivi de cette espèce a été entrepris en 2005 où nous avons réalisé le suivi de 302 nids et nous avons disposé des données de 1996 et 1997. L’analyse a été réalisée, sur 686 nids contenant 1770 œufs (Tab.2) et le suivi a nécessité des incursions dans le lac moyennant une barque à fond plat actionnée par des perches. Ces incursions sont effectuées toutes les 48 heures et duraient en moyenne, cinq heures, ce qui nous a permis de suivre les unités de reproduction, durant toutes les phases de la saison. En effet, l’observation à partir des berges à l’aide d’un télescope, nous a permis de déceler le début de la nidification, indiquée par le transport des matériaux de construction. Le suivi de la colonie pendant la reproduction n’est pas une affaire aisée vu, la difficulté d’accès à la zone de reproduction, résultant d’une part, de la densité de la végétation, notamment les grandes plages de nénuphar et d’autre part, de la proximité des nids les uns des autres et donc le risque de destruction des nids par la barque.
Nous avons noté pour chaque nid, la date de ponte, la taille de ponte, la durée d’incubation qui commence chez cette espèce à partir de la ponte du premier œuf (obs. pers.), jusqu’à l’éclosion. Nous avons calculé le succès moyen à l’éclosion qui représente le nombre d’œufs éclos sur le nombre d’œufs pondus, les nids contenant 1 œuf, ont été pris en compte, puisque certains ont éclos. Les analyses statistiques nous permettront de mettre en évidence, l’existence de relations entre : les paramètres sus-cités et l’emplacement des nids dans la colonie, la distance par rapport à la berge et les différences inter-annuelles pour chacun des paramètres. Pour toutes les analyses, nous avons utilisé le logiciel R .2.6.0 et Excel pour réaliser certains graphes.