ETUDE DE LA DYNAMIQUE ET DU COMPORTEMENT ALIMENTAIRE DES GAZELLES
Présentation de la réserve
Localisation géographique
Située à 12 Km au sud de la ville de Saint-Louis, sur le long de la côte atlantique dans l’extrême Nord du Sénégal, la Réserve Spéciale de Faune de Guembeul (RSFG) (15°59 Nord et 16°28 Ouest) est à ch eval entre les Communautés Rurales de Ndièbène Gandiole et de Gandon (RSFG 2010-2014). En effet, elle est limitée : • Au Nord par les villages de Guembeul et de Ndiakhère ; • Au Sud par les villages de Toug-wolof et Toug-peulh ; • A l’Est par le village de Rao ; • A l’Ouest par la route du Gandiole. Carte 1 : Carte de la Réserve avec la cuvette (PG RSFG, 2010) I.2 Historique Créée le 30 mai 1983 par décret n° 83-550, la RSFG couvre une superficie de 720 hectares (ha) et s’étend sur un périmètre de 12 K m entièrement clôturés par un grillage galvanisé depuis sa création. Trois unités biogéographiques la caractérisent à savoir une cuvette d’eau 3 saumâtre s’étendant sur 8 K m de long et 800 m de large et deux bandes forestières quasi parallèles (Ba, 2006), de part et d’autre de la cuvette. En septembre 1986, elle a été classée site RAMSAR, zone humide d’importance internationale et de puis j uin 2005, e lle fait partie des 5 a ires centrales de la Réserve de Biosphère Transfrontalière du Delta du fleuve Sénégal. Les objectifs ayant motivé la création de cette réserve sont les suivants : • La protection de la cuvette de Gueumbeul ; • La protection de la végétation de type sahélien; • La restauration de la faune sahélo-saharienne disparue ou menacée de disparition. C’est un important site d’alimentation et de nidification des limicoles, des flamants roses et d’autres oiseaux migrateurs du paléarctique occidental. Il accueille l’une des plus grandes concentrations au monde d’avocettes (Anonyme, 2011).
Aspects socio-économiques
La zone périphérique de la RSFG est prédominée par trois groupes ethniques : Wolof, Peulh (Pulaar) et Maure, sans spécialisation socioprofessionnelle particulière selon l’appartenance. Les activités économiques pratiquées sont dominées par le maraîchage, l ’agriculture sous pluie, la pêche, l’extraction du sel, l’élevage, dans la moindre mesure le commerce et l’extraction du sable. Dans le souci et l’intérêt de conservation et de gestion de ce biotope, la RSFG dispose d’un programme de sensibilisation et d’éducation avec pour cibles les écoles et les GIE constitués en majorité par les femmes des villages périphériques. La finalité étant de faire connaitre les pressions et les menaces qui pèsent sur la réserve, de susciter et de développer une conscience environnementale chez les différentes classes d’âges mais aussi de contribuer à la valorisation socio-économique de la localité.
Description du milieu abiotique
Climat La RSFG est dans un climat de type sahélo- soudanien avec une pluviométrie dépassant rarement les 300 mm par an. En effet, la Réserve appartient au grand domaine sahélien caractérisé par deux saisons contrastées d’inégale durée : une saison pluvieuse très courte (juillet-septembre), avec un pic de pluviosité au mois d’août. C’est la période au cours de laquelle la faune bénéficie d’un tapis herbacé bien fourni et d’une production post hivernale de gousses d’acacias. La saison sèche (octobre-juin) est entrecoupée d’une contre saison sèche-fraiche (octobrefévrier) et d’une contre saison chaude-sèche (mars-juin). Ces deux contre-saisons correspondent aux périodes de migration des oiseaux du pa léarctique et de nidification de certaines espèces d’oiseaux (Anonyme, 2011). Les températures moyennes les plus basses enregistrées au niveau de la réserve se situent entre 20 et 22° C durant les cinq premiers mois de l’année et les plus hautes à 29°C en août et septembre.
Relief
La géomorphologie de la RSFG est celle de l’écosystème des Niayes qui s’étend sur près de 180 Km, avec une largeur de 30 à 35 Km, entre Dakar et Saint-Louis. Elle est caractérisée par la succession de deux principales unités que sont les dunes et les dépressions inter dunaires situées sur une nappe affleurante ou subalternation selon les saisons (Fall, 2011). Au niveau de la RSFG, le modèle dunaire se caractérise par une chaine de collines sableuses constituées sous l’effet de vents violents et l’absence du couvert végétal. Les dunes les plus élevées (50 à 70 m) sont localisées dans la partie orientale de la réserve. En ce qui concerne le système dépressionnaire, il est dominé par une dépression peu profonde (cuvette), résultat de l’érosion du substrat sableux. Elle est supplantée à l’Est et à l’Ouest par des dunes sableuses. La dépression couvre plus du 1/3 de l’aire protégée et constitue le principal point d’eau.
Description du milieu biotique
Flore La diversité du sol et les facteurs climatiques ont fortement joué dans la détermination du type végétal qui colonise cet espace naturel. C’est une végétation de type sahélien constituée de deux strates, herbacées et arbustives, qui s’étalent sur deux bandes forestières. La strate arbustive très diversifiée est constituée d’une part, d’un type végétal résistant au milieu salé (Salicornia europea, Balanites aegyptiaca et Tamarix senegalensis) et d’autre part, d’un couvert végétal épineux reflétant un manque d’humidité, dominé par la famille des acacias (A. raddiana, A. nilotica, A. senegalensis, A. seyal, A. albida) (Samedy, 2004) et quelques baobabs. Quant à la strate herbacée elle est composée de quelques graminées pérennes et saisonnières, (Cenchrus biflorus, Sporobulus festivus, Eragrotis tenella, Dactyloctenium aegyptium, Michrochloa indica, Pennisetum pedicellatum, Digitaria ciliaris…) (Fall, 2011). On note aussi la présence d’une espèce envahissante, le cactus (Opuntia tuna).
Faune
Le site présente une faune riche et variée, composée d’espèces autochtones et d’espèces réintroduites.
Faune autochtone
C’est une faune très diversifiée. Elle compte entre autres des phacochères (Phacochoerus aethiopicus), des singes rouges (Erythrocebus patas), des mangoustes, des lièvres à oreilles de lapin (Lepus crawshayis), des renards pales (Vulpes palida), des écureuils (Xerus erythropus), des genettes, des chacals, des reptiles notamment les tortues terrestres (Geochelone sulcata), les varans du Nil (Varanus niloticus). Parmi ces esp èces, les singes rouges constituent l’effectif le plus important. La cuvette abrite une importante avifaune et environ cinquantedeux (52) espèces d’oiseaux fréquentant ou nichant dans la Réserve sont dénombrées par mois par les agents (PGRSFG, 2010). Toutes ces espèces retrouvent en ce site une relative quiétude et sécurité (cf. annexe 1, planche 1).
Faune réintroduite
Outre la gazelle, Gazella dama mhorr qui fait l’objet de notre étude, la faune réintroduite est essentiellement composée des espèces d’antilopes sauvages qui avaient disparues ou qui sont menacées de disparition dans cette partie du Sahel, une de leurs aires de distribution historiques.
Oryx algazelles
Grandes et robustes antilopes, avaient disparu dans la zone depuis 1950 (PGRSFG, 2010). Elles sont en élevage dans la réserve depuis 1999. Actuellement elles sont en semi- liberté et on ne note pas moins de cinquante (50) têtes (cf. annexe 1, planche 2). Cette réintroduction représente une seconde après celle des Gazella dama mohrr. La population initiale était de sept individus (3 mâles et 4 femelles) et provenait de la réserve de Haï Bar en Israël. Les Oryx se sont multipliés grâce à une bonne adaptation dans le milieu. En effet, selon Wacher (1988) sur les cinq isolats évolutifs du genre Oryx, l’Oryx dammah est celui qui est adapté à des habitats semi-désertiques ou subdésertiques (Beudels-Jamar et al., 2006).
Les Addax
Antilopes de taille moyenne, ont été introduites dans la réserve le 17 décembre 2006 e n provenance de MountainViewFarms au Canada, avec un effectif de six (6) dont trois (3) mâles et trois (3) femelles. Aujourd’hui il n’est dénombré que trois individus (cf. annexe 1, planche 2). I.5.2.2.3 Gazelle dorcas Elle a l e statut d’espèce vulnérable (Vulnérable A2cd ver 3.1 IUCN 2007). Depuis leur arrivée en 2007 au nombre de dix (2 mâles et 8 femelles), elles sont maintenues en captivité et les populations se reproduisent normalement. Il faut dire que la Gazella dorcas est relativement facile à reproduire en captivité donc un ob jectif de repeuplement serait plus facile à atteindre probablement qu’avec les autres espèces de gazelles (Abaigar et al. 1990). Elles sont au nombre de vingt et un dont huit mâles et treize femelles actuellement (cf. annexe 1, planche 2).
Gazelle dama mhorr
Position systématique
La première description de la G. dama sous sa variété mhorr, pour le monde occidental fut faite par Bennet (1833) dans “ Characters of a new species of Antilope (Antilope Mhorr)’’, échantillons à l’appui et il l’attribua le nom “Antilope Mhorr’’. Cependant, Adanson (1757) avait déjà signalé dès le XVIIIe siècle, la présence de la G. dama au Sénégal où elle était connue sous le nom de “Nanguer’’ et dont la preuve fut fournie par Bouffon (1764) (Jebali, 2004) (cf. Illustration annexe 2). Classification : Règne : Animal Embranchement : Vertébrés Classe : Mammifères Sous-classe : Euthériens Super-ordre : Ongulés Ordre : Artiodactyles Sous-ordre : Ruminants Famille : Bovidés Sous-famille : Antilopinés Genre : Gazella .
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