Etude de filière ormeau dans la région du Cap- Vert au Sénégal Aspect socio-économique

Morphologie

La coquille de l’ormeau est fortement aplatie, bien que spiralée : Elle est globalement ovale, en forme d’oreille, d’où son nom vernaculaire : « oreille de mer ». Elle mesure entre 4 et 8cm, et son diamètre croit très vite. Sur la courbure se trouvent des trous dont seuls les derniers prés du bord restent ouverts.
Ces orifices servent à la respiration, à l’excrétion et à la reproduction. Ce système de filtration de l’eau très astucieux et original permet de séparer le flux entrant d’eau très riche du flux sortant d’eau appauvrie et souillée : Ce système n’a pas d’équivalent chez beaucoup d’autres coquillages. Deux tentacules céphaliques se situent à hauteur des yeux. L’extérieur de la coquille est de couleur brun verdâtre à rouge verdâtre et est recouvert de cirripèdes2 et d’algues qui permettent à l’animal de se confondre avec le substrat sur lequel il se trouve : c’est un camouflage, forme de protection contre les prédateurs (Fig.6). La face interne quant à elle est nacrée : elle est appelée l’hypostracum3 (Fig.7). La partie ventrale du muscle forme la sole pédieuse (le pied) très large et puissante permettant de se fixer fortement au substrat et de résister aux fortes houles (Fig. 8).
Elle est munie de nombreux tentacules épipodiaux verts à l’extrémité desquels sont situées des cellules sensorielles et se lubrifie de mucus lors des déplacements (Fig.9).

Données écologiques

Les oreilles de mer peuplent les eaux tempérées de la plupart des continents exceptés l’Amérique du Sud et la côte orientale des Etats Unis. Cette famille a une distribution mondiale. Quant à l’espèce Haliotis tuberculata, on la trouve le long des côtes ouest de la France, de l’Espagne et du Portugal. Au Sud, elle descend jusque dans les îles Canaries, en Mauritanie, et au Sénégal. On la rencontre également sur les côtes de la Méditerranée.
Craignant la lumière, les ormeaux se fixent sur des substrats durs et stables, rocheux, dans des eaux à forte salinité légèrement agitées, là où il y a des vagues ou du courant, jusqu’à une profondeur de12m. Vers les 13-14m ils deviennent rares. Ceci a été observé au niveau de l’Ile des Madeleines (Le petit Marc, 2006, rapport de stage de 2ème année, monographie sur Haliotis tuberculata, école vétérinaire de Maisons Alfort) mais aussi en Bretagne (Heleine, 1979). On ne les trouve qu’exceptionnellement sur du sable. Leur habitat préféré consiste en des failles et crevasses sur des roches plates, des saillies de blocs rocheux et les faces inférieures des rochers à forte granulométrie (décimétrique). Un tel habitat procure aux ormeaux une protection contre leurs prédateurs.
Les ormeaux ont comme prédateurs essentiels les étoiles de mer, certains autres coquillages comme le murex ou le pourpre, les pieuvres, les raies, et autres poissons amateurs de coquillages. Leur seule résistance réside dans la solidité de fixation de leur pied sur les rochers.
Mais le prédateur le plus redoutable est certainement l’homme.
Ils sont en compétition avec les oursins pour le choix de l’habitat. Cependant, la plus dure compétition est la compétition intraspécifique pour le choix de la meilleure place, dans le souci d’échapper aux prédateurs.
Les ormeaux sont des macrophages4 , herbivores5 brouteurs6 qui prélèvent une grande quantité d’algues, surtout des rhodophycées7 qu’ils repèrent grâce à leurs tentacules sensoriels. Ils apprécient également les entéromorphes. Les juvéniles mangent des microalgues, des diatomées, ainsi que le film bactérien se trouvant à la surface des rochers.
En règle générale, les oreilles de mer préfèrent prélever leur nourriture parmi les algues flottant dans les courants plutôt que de brouter. Cette méthode leur permet vraisemblablement d’accéder à une plus grande diversité de mets.
Ils effectuent tout ceci grâce à leur généreuse langue, leur radula9 constituée de nombreuses dents marginales, cinq latérales et une médiane (Fig. 10 et Fig.11).

Comportement reproductif

Les sexes sont bien différenciés et les cas d’hermaphrodisme sont rares. La gonade du mâle est claire (beige vert pâle) alors que celle de la femelle est sombre, brune ou verte. En Atlantique nord, la période de ponte va du mois de juin à septembre mais pas nécessairement chaque année. Toujours en Atlantique nord, les données d’observation indiquent que la gamétogenèse débute à partir d’une taille de quarante à cinquante millimètres vers l’âge de trois ans, ce qui explique les difficultés rencontrées en l’élevage.
Au moment de la reproduction, les mâles lâchent dans la mer plus d’un milliard de spermatozoïdes par individu. A leur tour chaque femelle pond plusieurs millions d’ovules (10 000 à 11 millions d’œufs). La fécondation a lieu dans la colonne d’eau, au hasard de la rencontre avec un spermatozoïde. La probabilité de rencontre des gamètes tend à augmenter grâce à l’adoption d’un comportement d’agrégation des adultes reproducteurs à ces moments là pour assurer la fécondation. Les œufs fécondés éclosent en un jour et deviennent des larves nageantes.
Les larves, d’abord trochophores10 puis veligères11ont une vie planctonique relativement courte (5 à 6 jours) donc la dispersion n’est pas très étendue. Ensuite, les larves descendent vers le fond à la recherche d’un abri littorale (anses ouvertes à plages de sables, écueils à l’entrée des baies). Au Sud, le littoral est sablonneux.
Le plateau est caractérisé par l’existence d’îles au large de Dakar (îles des Madeleines, île de Gorée, île de Yoff et île de Ngor) (Fig.12) et ainsi que par la prédominance des faciès rocheux et durs caractérisés par plusieurs bancs et hauts fonds rocheux à l’exception de la baie de Hann qui bénéficie de fonds sableux ou sablo vaseux.
La configuration géologique rocheuse de la presqu’île du Cap Vert fait d’elle un lieu exceptionnel pouvant accueillir une grande diversité d’espèces marines susceptibles d’être menacées par l’importante pollution des eaux côtières et aussi par l’action de l’homme.

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La faune et la flore

Les côtes de la presqu’île du Cap Vert sont très riches en patelles (Patella spp), moules (Mytilus perma), ormeaux (Haliotis sp) et échinodermes (Echinometra lucenter). Les biotopes infratidaux sableux des baies et des plages présentent une riche faune en mollusques fouisseurs (Mactra spp, Arca sp, Donax spp). On y rencontre aussi de nombreuses espèces de poisson, et de crustacés notamment langoustes vertes et cigales de mer.
A côté de cette riche faune se niche une importante flore algale. Les espèces rencontrées sont : Ulva lactuca, Codium sp, Anatheca sp, Cladophora s p, Enteromorpha sp, Hypnea musciforme, Hypnea cervicormis. Ces richesses ont suscité une exploitation artisanale ancienne et industrielle plus récente et font de la presqu’île du Cap-Vert une zone de pêche très réputée (CRODT, rapport final Février 2005, étude de base de la pêche pour une gestion intégrée des ressources marines et côtières, sites prioritaires et stratégies d’intervention).

Acteurs et Système de production

Les plus grands centres de débarquement sont : Hann, Soumbédioune, et dans une moindre mesure Yoff. Cette zone est caractérisée par la prédominance des Lébous. Les pratiques de pêche sont diversifiées et nombreuses : la pêche à la ligne (par la majorité des pêcheurs de Yoff à Hann), la pêche au filet (au Sud : Thiaroye, Sendou et Yenne). On peut noter que des méthodes de pêche illégales sont toujours pratiquées telle que la pêche sous marine en scaphandre autonome avec fusil ou encore la pêche à la dynamite.
Les débarquements moyens annuels de la zone du Cap Vert représentent 15 à 20% du total national de la pêche artisanale (CRODT, Février 2006).

Matériel

L’espèce ciblée

L’espèce concernée par cette étude est l’Ormeau (Haliotis tuberculata) ou abalone en anglais, une espèce de l’embranchement des Mollusques, classe Gastéropode, ordre Diotocardes, famille Haliotidés et du genre Haliotis. Elle fait le régal des gourmets à travers le monde et qui du fait de sa raréfaction à l’échelle mondiale se négocie désormais à un prix d’or.

Zonage et échantillonnage

La zone d’étude est la région de Dakar. En tout état de cause, ce choix se justifie du fait que des onze régions du Sénégal, Dakar constitue l’unique région où se fait les débarquements des ormeaux (résultats généraux de la Direction des Pêches Maritimes (DPM), mises à terre par région). La taille relativement réduite de cette région nous permet d’envisager une étude exhaustive, sans recourir à des méthodes de sondage.
Ainsi nous avons effectué des visites de terrain au niveau de certains sites de débarquements de l’ormeau que sont : Yoff, Almadies, Soumbédioune, Ngor et Ouakam.

Population ciblée

La population cible est formée des plongeurs, mareyeurs qui peuvent être à la fois des collecteurs (qui négocient directement avec l’entreprise) ou sous collecteurs (qui négocient avec les collecteurs et non directement avec l’entreprise) et de responsables d’entreprises ou transformateurs traitant des ormeaux collectés autour de la zone du Cap Vert (de Yoff en limite nord à Rufisque en limite sud).
L’enquête devait au départ couvrir la majorité de l’échantillon au moment de sa réalisation mais les conditions matérielles, la durée de l’enquête et la disponibilité des enquêtés ont donné des réponses limitées : en fin de compte seuls 39 plongeurs (sur 150 à 200 environ) ont été interrogés. A ces plongeurs s’ajoutent 9 mareyeurs et 4 transformateurs/expéditeurs.

Méthodes

Cette étude a été réalisée sur la base de questionnaires à choix fermé unique ou fermé multiple dans la majorité des cas et élaborés par le logiciel de Sphinx. Un questionnaire a été saisi pour chaque tranche de cette population cible.
Toutefois, il est recommandé d’être prudent dans l’interprétation des résultats obtenus du fait que l’enquête n’a été conduite qu’une seule fois, bien que les précautions normales aient été observées dans sa réalisation et donc les résultats ne peuvent fournir qu’une image virtuelle de la réalité.

Organisation de l’enquête

Tout au long de l’enquête, l’étudiante a été accompagnée par les écogardes qui travaillent en collaboration avec le PNIM. Ces écogardes sont eux mêmes d’anciens pêcheurs et plongeurs. Grâce aux relations de confiance qui existent entre ces écogardes et les plongeurs et, à la disponibilité des uns et des autres, la collecte des données s’est passée dans de bonnes conditions.

La collecte de l’information

Les données sur lesquelles repose ce travail proviennent de trois sources : données bibliographiques, données issues de l’enquête et les données issues de la base de données du BCPH.

L’information bibliographique

Une quantité appréciable de données a été collectée :
• Sur Internet à la bibliothèque centrale,
• Au niveau de certaines structures administratives ou de recherches comme la DPM, le BCPH, le CRODT, l’ITA, le GIRmac etc.),
• Auprès de personnes ressources comme les agents du ministère de la Pêche. Grâce à cette revue documentaire nous avons pu avoir une connaissance plus large de la filière. Cependant la collecte de l’information a été difficile du fait de la réserve manifestée par les sources qui protégent leurs données. Ces dernières ont été complétées et réactualisées par des informations issues de l’enquête que nous avons réalisée.

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