Etude de cas du Programme de lutte antiérosive (PLAE) Marovoay

Finances

Les moyens financiers pour la phase actuelle (PLAE II) sont de cinq millions d’Euros étalés sur cinq ans, mais en ce moment, une deuxième phase est en cours de préparation dans le cadre d’une rallonge budgétaire déjà accordée de quatre millions d’euros pour une période jusqu’en 2011.

Stratégies d’approche et contraintes

Stratégie et approche

L’Etat malgache développe une politique générale de décentralisation, caractérisée par le désengagement des institutions étatiques, la responsabilisation des acteurs sur le terrain, le développement du partenariat et la privatisation. Le programme se définit comme un appui à l’auto organisation des acteurs de la gestion des petits bassins versants. Le PLAE joue le rôle d’un bureau de conseil et d’accompagnement, il participe à une activité d’éducation réciproque au sens de conduire des actions ensemble vers un même but.
Le PLAE a développé des modifications dans l’attitude des populations intéressées. Le partenaire s’est transformé actuellement en acteur responsable de ses interventions et de son pouvoir dans la gestion des bassins versants. La prise en charge par les populations de la diffusion des acquis techniques est réelle.
L’autonomisation des structures villageoises et leur formalisation sont en cours pour qu’elles prennent entièrement en main les actions.
Les partenaires et l’équipe du programme utilisent de nombreuses idées provenant du développement participatif, de la recherche-action et autres méthodes, mais ils cherchent surtout à mettre en pratique les procédés et instruments répondant le mieux possible aux situations, aux conditions sociales ou techniques rencontrées dans leur environnement immédiat en veillant surtout que l’appropriation par les populations soit assurée pour le long terme.

Contraintes

L’harmonisation des approches et de l’accompagnement du monde rural dans une même zone d’action est indispensable, mais elle est difficile à obtenir si les intervenants sont multiples et dépendent de services différents. L’une des composantes qui est l’approche participative ne doit pas rester seulement verbale, mais doit comporter un partage des responsabilités et des aspects matériels, financiers.
L’un des principaux moteurs de l’investissement à long terme par les populations est la sécurisation foncière. Nous avons besoin de facilitation (matérielle) et accélération (administrative) pour répondre à une demande proches des besoins des populations.

Contribution et impacts

Groupes cibles et zones d’intervention

Le Programme s’adresse aux groupes cibles représentant l’ensemble des utilisateurs des sous bassins versants, les propriétaires des « tanety », les riziculteurs concernés, les éleveurs, les charbonniers et tous les groupes intéressés comme les écoles, mairies, associations diverses.
L’implantation des zones d’action est faite sur la base du principe de la tache d’huile en choisissant des points principaux répartis autour du périmètre irrigué en formant ainsi des zones d’intervention à partir desquelles se font les extensions en fonction des requêtes de la population.

Contributions du PLAE aux populations

Le programme apporte
– un soutien technique général et un transfert de savoir-faire complémentaire à leurs connaissances et reproductible dans les conditions locales ;
– un appui à l’auto organisation selon les choix de structuration faits par la population ;
– une assistance à la mise en place des méthodes et instruments de programmation et de suivi.

Contributions matérielles

Elles sont ponctuelles, limitées aux résolutions des problèmes qui risquent de bloquer les travaux et dont les solutions ne sont pas à la portée de la population comme le prêt de matériel de pépinière et la fourniture de semences, boutures et sachets pot. Ces aides sont apportées au moment du démarrage, par la suite, les populations doivent trouver progressivement elles mêmes les moyens matériels nécessaires. Il n’y a aucune contribution financière directe.

Les impacts

Les impacts attendus porteront sur :
– la diminution de l’érosion des bassins versants et l’ensablement des rizières ainsi que des terrains cultivables;
– l’amélioration de la couverture végétale;
– l’amélioration de la productivité et de la production agricole;
– la gestion rationnelle des ressources naturelles permettant la valorisation et l’exploitation durables sur « tanety »;
– la croissance de la production entraînera alors une augmentation des activités génératrices de revenus;
– l’évolution sociale conduit à un respect mutuel et à une meilleure cohésion sociale;
-l’aptitude de la population concernée à la planification de toutes activités (autocontrôle) est renforcée.

Situation géographique de Marovoay

La plaine de Marovoay, appelée aussi la plaine de la basse Betsiboka, est connue pour être le deuxième grenier à riz de Madagascar après le Lac Alaotra. Les rizières sont établies dans une plaine d’inondation du fleuve Betsiboka. Avant de se jeter dans la mer à Mahajanga, le fleuve, de direction Sud Nord, traverse la plaine rizicole d’axe Est Ouest qu’il inonde à chaque saison des pluies. La plaine est également inondée par les eaux du réseau hydrographique provenant des plateaux.
Une partie de ce dernier sert à réalimenter des lacs de retenues destinés à l’irrigation des rizières en saison sèche.

Le sol

La plaine rizicole est encaissée dans un relief de cuesta (les tanety) d’âge secondaire et tertiaire composé essentiellement de grès fortement altéré, donnantdes sols sableux. Les rizières sont donc situées en contrebas d’un « stock » de sable. Ce stock de sable est facilement mobilisable puisque la végétation se fait rare.

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Climat et pluviométrie

Le climat, à deux saisons contrastées, est très contraignant. Il est de type tropical sec, chaud pendant 7 mois, et 5 mois de saison pluvieuse. Il est rythmé par l’alternance d’une saison pluvieuse qui s’étale généralement d’octobre à avril avec une moyenne annuelle de 1000 à 1 500 mm de précipitation, et d’une saison sèche du mois d’avril au mois d’octobre. La température moyenne annuelle est de 27, 64°C.
Par ailleurs, la région est régulièrement visitée par les cyclones et c’est aussi la région de Madagascar où les pluies sont les plus violentes. Le reste de l’année est largement dominé par un temps ensoleillé et sec.

Les bassins versants

Définition

Bassin versant veut dire surface topographiquement délimitée par la ligne de crête et hydro graphiquement définie par un réseau plus ou moins hiérarchisé qui draine toute la surface depuis le bassin récepteur vers les bas-fonds suivant le talweg . L’approche spatiale des bassins versants prend en considération uniquement les bassins versants qui influencent les périmètres irrigués. Une nette priorité sera attribuée aux bassins versants de petite taille (<150ha) qui déversent directement dans le périmètre irrigué.

Problème de la population

Au départ, les aménagements ont été centrés sur la partie où l’on cultive du riz, sans préoccupation des bassins versants. Or avec la pression démographique et la faible intensification sur les périmètres rizicoles, un véritable front de colonisation de terres sèches se développe à l’amont des bassins versants des périmètres.
L’usage du feu principal responsable de la déforestation, traduit la prédominance des pratiques extensives. La déforestation provoque une érosion accélérée des bassins versants : les matériaux solides arrachés aux « tanety » lors des pluies et se dépose en aval, la où la pente est moins forte, c’est-à-dire dans la plaine, soit dans le lit des rivières (cas de Marovoay) soit dans les canaux d’irrigations des périmètres, soit directement dans les rizières lors des crues annuelles26.
Les « tanety » sont dénudés, le sol devient aride, les rizières sont couvertes de sable donc les superficies cultivables diminuent ce qui entraîne une baisse de la production, donc une baisse du revenu qui entraîne à son une détérioration du niveau de vie.

Contexte social

On rencontre dans la région de Marovoay, un contexte social qui ne favorise pas une gestion raisonnée de l’environnement. Les populations, souvent très peu fortunées, se préoccupent essentiellement de subvenir à leurs besoins alimentaires primaires et raisonnent donc à court terme. Les pratiques agropastorales (feux de brousse, cultures sur pentes, gestion des ressources boisées…) ne sont pas en adéquation avec une politique de préservation de l’environnement qui, elle se réalise sur le long terme.

Problème foncier

De nombreuses études ont montré le rôle central de la question foncière dans la politique de développement rural à Madagascar. Sans sécurisation foncière, les politiques d’aménagement, de protection de l’environnement ou d’intensification sont sans effet. Et le titre foncier ne peut être délivré et garantie que par le service officiel. Or à Madagascar actuellement les services chargés du foncier n’ont pas les moyens qui correspondent à leur besoins de fonctionnement. Donc cela constitue un handicap majeur au développement rural et plus particulièrement dans la région de Marovoay.
Un autre problème foncier de taille que l’on rencontre dans la région de Marovoay est celui du métayage. En principe les métayers n’existent pas puisque le métayage est interdit depuis 1975. Or cette pratique est très répandue, en particulier sur les périmètres irrigués. A Marovoay, le projet MADIO a montré que sur la zone de l’observatoire, plus du tiers des parcelles sont prises en location ou en métayage; 80% des parcelles louées ou mises en métayage sont possédées par des propriétaires qui ne résident pas dans le village.
Le coût de location du foncier pour le paysan est estimé à 1/3 du chiffre d’affaires. Cette situation foncière entrave l’intensification à la fois par l’ampleur des prélèvements sur les ménages producteurs, mais aussi et surtout à cause de l’instabilité des contrats du métayage. Les contrats sont oraux et les propriétaires changent de métayer selon leur bon vouloir, ce qui ne permet pas à ceux-ci d’engager des aménagements à moyen et long terme.

Contextes économiques

Pour l’ensemble de l’observatoire de Marovoay, le taux d’autoconsommation du riz est de 39%. Ce qui n’est pas gardé pour l’autoconsommation familiale est, pour partie, reversé au propriétaire dans le cas du métayage ou vendu. On voit, que faute d’intensification, la vocation de grenier à riz de ces grands périmètres risque de disparaître.
Les problèmes de l’agriculture sont donc: insuffisance d’équipements, difficulté d’accès aux crédits, maladies des plantes, métayage et location de rizières.
Pour celui de l’élevage : accès aux crédits et insécurité pour l’élevage bovin, santé des animaux pour l’aviculture, et accès aux crédits pour l’élevage porcin.

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