Généralités sur le Babouin de Guinée
Le milieu physique
Le relief
Le Parc National du Niokolo Koba présente une partie basse située dans le bassin sédimentaire du Tertiaire et une portion d’altitude plus élevée localisée dans le domaine des terrains plus anciens et plissés du Birrimien et du Primaire. Cette configuration du relief détermine le sens général de l’écoulement des cours d’eau qui s’effectue du sud-est vers le nord-ouest. Le fleuve Gambie et ses affluents présentent de nombreux méandres en particulier dans la partie basse du parc à cause de la faiblesse de la pente.
Climat
Le Sénégal oriental présente un climat bien particulier. Le saison des pluies est longue et va du mois de mai au mois d’octobre avec des cumuls annuels variables selon les régions. Les températures sont relativement élevées avec des maxima de 30 à 45°C et des minima de 16 à 29°C (voir tableau I).
Hydrologie
Les cours d’eau du Parc National du Niokolo Koba appartiennent au bassin versant du fleuve Gambie dont les principaux affluents sont : le Niokolo Koba, le Koulountou et le Niériko. Le parc est traversé par le fleuve Gambie du sud-est vers le nord-ouest (PNNK, 2000). Le régime des cours d’eau est lié au climat et se marque par une période de saison des pluies de mai à octobre puis une longue période de saison sèche de novembre à juin.
Dans certaines parties basses des cuvettes argileuses subsistent des mares généralement temporaires. Elles sont le plus souvent disposées le long des cours d’eau. Ces mares permettent le développement d’une flore herbacée et ligneuse diversifiée, hygrophile, en partie temporaire. Les mares assurent l’approvisionnement en eau et en herbe de la faune pendant une partie de l’année et constituent des lieux de concentration des animaux pendant la saison sèche.
Dans le site minier il existe deux plans d’eau artificielle qui sont des barrages et une zone de déversement des résidus minier appelée TSF.
Ressources biologiques
Le Parc National du Niokolo Koba renfermerait au moins 1500 espèces de plantes à fleurs (Ba et Noba, 2001), soit 62 % des espèces de plantes à fleurs du Sénégal sur moins de 5 % du territoire national. Ce chiffre ne prend pas en compte les bactéries, les algues, les champignons, les lichens et les mousses. Il faut à ce titre noter que le PNNK est une zone à haute densité de biodiversité. Les études et recherches qui ont été effectuées dans ce sanctuaire ont dénombré : 330 espèces d’oiseaux, 80 espèces de mammifères, 60 espèces de poissons, 36 espèces de reptiles, 20 espèces d’amphibiens et une entomofaune riche et variée (Sénégal/PNNK, 2010).
Généralités sur le Babouin de Guinée
Taxonomie
Nous allons très rapidement placer le genre Papio dans une des classifications les plus simples de l’ordre des primates que nous propose GRAVES (1972) en précisant leurs caractéristiques fondamentales (Twagiramungu, 1984).
Organisation sociale
Les babouins présentent une structure sociale à multiple niveaux imbriqués. On y distingue des unités, similaires à la famille chez l’homme, constitués d’un male primaire avec un à six femelles et leur progéniture. En plus du mâle primaire il arrive d’observer dans l’unité un mâle secondaire affilié avec lequel les femelles ne s’accouplent jamais (Goffe et al, 2016).
L’étape supérieure est la partie qui est constituée de 3 à 4 unités qui vagabondent ensemble.
Et enfin les gangs qui peuvent être constitué de 2 à 3 parties (Patzelt , 2013). Tous les gangs qui partagent le même territoire forment une communauté de babouins (voir la figure 4 cidessous).
Les mâles sont philopatriques (restent en général dans le gang ou ils sont nés) et les femelles se dispersent. Le passage des femelles d’un mâle primaire à un autre se fait sans agression apparente et les femelles sont libres de se déplacer entre les unités et les parties contrairement aux femelles des babouins hamadryas. Contrairement à leur confrère les populations de babouins de Guinée ne présentent pas une hiérarchie apparente. Avec leur organisation à multiples niveaux, les liens stables entre mâles et femelles, ainsi qu’un haut degré de coopération et de tolérance entre les mâles, les babouins de Guinée constituent une espèce de primate assez particulière.
Ecologie alimentaire
Seule une étude avait été menée jusqu’à une date récente sur l’écologie alimentaire des babouins de Guinée. Martin Sharman a étudié l’écologie alimentaire de deux « troupes » de babouins de Guinée près du Mont Assirik dans le Parc National du Niokolo Koba (PNNK) au Sénégal durant une période de 19 mois en 1977 et 1978. Il a trouvé que la saison avait un effet significatif sur les modes d’activité : les babouins passaient plus de temps en mouvement et en recherche de nourriture pendant la saison sèche par rapport à la saison des pluies quand ils socialisaient plus. Les domaines vitaux de ses deux troupes étudiées ont été estimés d’être 45- 50 km2 et 18-20 km2, respectivement. L’emplacement du site dortoir a fortement influencé les modèles de mouvement, puisque les troupes ont passées une quantité de temps disproportionné près des arbres dortoirs, qui se trouvaient près de points d’eau permanents.
Les babouins se nourrissent d’une grande variété de fruits et de grains, mais aussi des invertébrés et vertébrés (Sharman, 1982).
MATERIEL ET METHODES
Matériel
Population d’étude
Au cours de leur développement les babouins passent par plusieurs stades présentés dans le tableau II ci-dessous. Cependant pour cette étude nous allons considérer 4 catégories enfant, juvénile, femelle adulte et male adulte pour faciliter l’identification des individus et éviter les confusions. En effet certaines catégories ne sont pas identifiables à distance et cette restriction permet de travailler avec certitude. Toute fois les individus dont la catégorie d’âges n’est pas identifiable avec précision seront notés NA pour dire catégorie non identifié. Tableau II. Catégories d’âge chez les babouins de Guinée (CRP, 2018 document non publier).
Logistiques
Les déplacements dans les deux sites se sont faites au bords des voitures du CRP, pour la mission d’octobre 2019, de Sylvatrop consulting et SGO pour la mission de novembre 2019. Ces voitures ont permis de faire des prospections dans des zones éloignées des campements et aussi de rejoindre les villages lors des enquêtes auprès des villages périphériques de SGO. Les voitures de SGO ont été utilisées seulement dans le site minier par respect au réglement interieur de ce site.
Matériel d’observation et de collecte
Le matériel d’observation était constitué par
1. Une caméra équipée de longue vue
2. Cinq caméras-trappe
3. Une paire de jumelle
4. Un GPS de marque etrex
5. Des fiches d’observation
6. Un bloc note et des crayons noires.
Méthodes
Enquêtes
Les enquêtes ont été menées dans des villages avoisinants le site minier de SGO du 25 au 29 novembre sous la présence d’un agent de SGO suivant un questionnaire préétabli. L’agent de la SGO jouait le rôle d’interprète lors des interviews. Les questions étaient orientées sur les activités économiques des populations et de leurs relations avec les animaux sauvages. S’ils précisaient d’avoir des relations avec les babouins alors les questions se poursuivaient avec des questions spécifiques sur les babouins. Pour des questions d’ordre éthique l’identité des interviewés n’étaient pas relevées.
Prospections et observation à points fixes
Dans le site d’étude du CRP des mâles des groupes suivis sont équipés de radio émetteur.
Ceci permet de localiser les groupes dans leurs dortoirs et de les suivre. Chaque matin un groupe était ciblé et localisé. Si le signal était fort cela signifiait que le dortoir était proche du campement. A l’opposé nous prenions la voiture pour suivre le signal. Une fois le groupe localisé dans son dortoir, un formulaire embarqué dans un téléphone androïde nous permettait de prendre des notes. Le suivi commençait dès que trois individus identifiés d’un groupe touchaient le sol. Les individus étaient bien habitués à la présence des chercheurs ce qui permettait de les approcher de très près et de les étudier. Pour l’étude du comportement alimentaire, l’activité et les cordonnées GPS de l’individu suivi sont prélevées tous les cinq minutes. Les suivis se déroulaient de 6h 30 minute à 13 h.
Lors du deuxième passage au PNNK nous avons ciblé des groupes non habitués pour mesurer leur distance de fuite (la limite en deçà de laquelle un animal s’échappe lorsqu’un individu d’une autre espèce s’approche de lui) et de prélever la structure de leur population. Pour cela nous nous déplacions à la recherche d’un groupe puis nous nous rapprochions pas à pas jusqu’à ce que la distance ne fût plus acceptée par les animaux. Ces distances étaient notées et les animaux filmés pour voir par la suite la structure des populations car ceci n’était pas possible sur le terrain à cause de la densité de la végétation. Cette mission a été réalisée avec Sylvatrop consulting.
Piégeage photographique
Les caméras trappes ont été utilisées pour explorer des zones qui n’ont pas, jusque-là, fait l’objet d’étude pour voir si elles sont fréquentées par les babouins et par d’autres espèces de mammifères. Elles ont aussi été utilisées pour étudier le comportement des babouins dans l’ancienne décharge. En effet, cette méthode permet d’observer des comportements rares sur des individus sauvages aussi bien le jour que la nuit sans perturber les activités des animaux. Pour cela les appareils ont été fixés sur des troncs d’arbre dans des endroits stratégiques, comme les couloirs de passage, l’intérieur des galeries forestières, la déchèterie qui constituent les biotopes de prédilections de nombreux animaux de la zone d’étude. Ainsi, un total de 5 pièges photographiques à infrarouge a été déployé à travers la zone d’étude pendant 11 jours au cours desquels chaque caméra a été posée sur deux sites. Ceci permet de couvrir 10 zones avec les 5 caméras que nous disposions.
Les appareils sont munis de capteurs sensibles aux mouvements d’animaux qui traversent leurs objectifs dans un champ de 20 à 25 mètres (plage de détection). Ils sont paramétrés afin de prendre une photo en couleur toutes les 10 secondes (intervalle/retard) et sur chacune d’elles apparaît : la date, l’heure, et la température du milieu ambiant au moment de la prise. Les appareils fonctionnaient 24 heures sur 24 et des LED (light-emitting diode) infrarouge fournissaient l’éclairage pour une bonne et nette prise d’images pendant la nuit ou en condition d’obscurité.
Traitement des données
Les données sont saisies sous tableur Excel de Microsoft office version 2013 puis traitées avec le logiciel R. Pour les Caméras-trappes nous avons utilisés un fichier préétabli par Sylvatrop pour éplucher les images. Les activités des babouins sont classées en quatre catégories : les mouvements (M), le repos (R), le social (S) et l’alimentation (A). Sur la base de ces activités nous avons construit des éthogrammes des individus au PNNK et à Sabodala avec le logiciel R. Les données géoréférenciées sont stockées, analysées puis cartographiées avec le logiciel ArcGIS version 10.3.
Résultats
Etats des lieux sur l’écologie des babouins
Occupation du territoire
A Simenti
Les suivis menés dans le Parc National du Niokolo Koba ont permis de constater une répartition de la plupart des dortoirs le long des plans d’eau et des postes de garde. Cependant les babouins n’utilisaient pas tous les jours les mêmes dortoirs. Par contre les dortoirs étaient presque tout le temps utilisaient par des groupes différents. La journée les babouins scionnaient les habitats les plus variés à la recherche de nourriture et d’aire de repos. Les groupes n’empruntaient pas tous les jours la même direction. Chaque groupe à un domaine très large qu’il est sensé partagé avec d’autres groupes.