Le « réchauffement climatique » est un sujet très actuel. Tous, ou presque, ressentent ces changements qui se sont initiés dans notre quotidien. L’augmentation de la concentration de Gaz à Effet de Serre (GES) est le responsable de ce phénomène (GIEC, 2007). A l’état naturel, le GES est indispensable pour le maintien de la température de la terre. Il devient un facteur de déséquilibre lorsque sa concentration dans l’atmosphère augmente. Ce déséquilibre est principalement causé par l’homme. Les GES concernés regroupent le gaz carbonique (CO2), le méthane (CH4), ainsi que l’oxyde nitreux (N2O). Le GIEC ou Groupe d’Expert Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat(2007) a montré que la concentration atmosphérique du dioxyde de carbone (CO2), principal GES, est passée de 280 ppm durant l’ère préindustrielle à 379 ppm en 2005. Le CO2 provient en majorité des combustibles fossiles (56,6%) mais aussi du déboisement et de la décomposition de la biomasse (17,3%). L’agriculture est le premier émetteur de GES autre que le CO2, ce sont les CH4 et le N2O. Ces derniers contribuent respectivement à 14,3% et 7,9% des émissions (GIEC, 2007).
Réduire ce déséquilibre est devenu vital. Conscient de cet enjeu, des mesures à l’échelle internationale ont été mises en place. En 1992, les Nations Unies, alertées par les communautés scientifiques, ont adopté la Convention sur les changements climatiques (CCNUCC). Cette convention vise à stabiliser les concentrations de GES à un niveau qui empêche toute perturbation dangereuse du système climatique. La troisième rencontre de cette convention (en 1997) a donné naissance au protocole de Kyoto. Ce protocole propose des mécanismes de flexibilité pour réduire les émissions de GES. Parmi ces mécanismes, il y acelui du Développement Propre (MDP) qui a été conçu pour les pays en développement. Il leur donne la possibilité de bénéficier de crédits d’émissions correspondant aux réductions de GES.
Problématique
Au niveau mondial, les deux secteurs les plus émetteurs de GES sont l’approvisionnement énergétique et l’agriculture. En général, les pratiques agricoles de monoculture industrielle, et la production de bétail industrielle sont les principales sources d’émission de GES du secteur agricole (FAO, 2011). Ces activités étant presque exclusivement associées aux pays développés, ce sont donc eux qui tiennent la majorité de la part de responsabilité dans l’émission de GES. De nombreuses études affirmant cette thèse, ont été effectuées dans ces pays en matière de bilan de GES. Le bilan au niveau de l’agriculture paysanne est pourtant rare. Toutefois, des travaux pionniers sur cette thématique ont été effectués par Rakotovao et Razakaratrimo en 2011.
L’évaluation des émissions de GES au niveau d’une exploitation paysanne constitue une suite et un moyen pour agir sur l’ensemble des composantes de l’exploitation. Pour quantifier le GES, un bilan des flux de GES est nécessaire, ce qui conduit à la mise en œuvre de l’approche « empreinte carbone ». En effet, l’empreinte carbone mesure la contribution au changement climatique en terme d’émissions de GES par une activité, elle est exprimée en équivalent dioxyde de carbone (Kenny et Gray, 2008). Pour une exploitation agricole, elle traduit donc la somme en équivalent CO2 des émissions de GES causées par l’ensemble des activités agricoles au sein de l’exploitation en soustrayant la quantité de GES absorbée par les puits de carbone.
Caractéristiques des exploitations agricoles étudiées
Localisation des exploitations étudiées
L’étude a été menée sur 7 Fokontany de la commune rurale d’Analavory, à savoir :
– Ankonabe regroupant six (06) hameaux :Ankonabe, Ampitanomby, Ambodimanga, Anjiro, Morarano et, Ambatomenaloha ;
– Andranomavo regroupant cinq (05) hameaux : Ambatokely, Ambihifotsy, Ambohibola, Amparihivato et, Betenina ;
– Amparaky comprenant trois (03) hameaux : Fenomanana, Bemahatazana et Tsinjovary ;
– Analavory, hameaux : Imazy ;
– Ngilomby, hameaux : Andasibe ;
– Ankorondrano, hameaux : Ankorondrano ;
– Amparihy, hameaux: Ambodiamontana .
Typologie des exploitations agricoles
Les exploitations agricoles ont été sélectionnées à partir d’une base de données des exploitations agricoles de la Région, suite à des enquêtes effectuées par Agrisud en 2012. Une typologie a été obtenue après l’analyse de cette base de données. Cette typologie classe les exploitations agricoles suivant les critères « taille de l’exploitation» et « le niveau d’adoption des pratiques agroécologiques ».
Le premier critère se base essentiellement sur l’importance de la taille de l’exploitation. Il divise les exploitations en trois (03) classes : classe 1, classe 2 et classe 3. La classe 1 est de « grande »taille, la classe 3 est de taille « moyenne », et la classe 2 est de « petite »taille.
➤ Description des exploitations selon la classe.
Les classes des exploitations agricoles ont été obtenues après avoir traitées les données sur les caractéristiques des chefs de ménages, la possession en terre des paysans dans les différents terroirs, les principales activités agricoles et d’élevage, les activités para agricoles et les critères d’adoption des pratiques agro écologiques (Agrisud, 2013) .
Classe 1 : représente 58% des exploitations étudiées. Ces exploitations effectuent presque toutes les activités agricoles telles la culture vivrière et maraichère, la riziculture et l’élevage (bovin, porcin et avicole). Elles possèdent en moyenne 4,24 ha de superficie cultivée et 05 têtes de bœufs. Les exploitations de cette classe utilisent la traction animale pour le travail du sol et les fumiers de bovin pour la fertilisation. L’élevage de bovin tient donc une place importante.
Classe 2 : représente 20% des exploitations étudiées. Elle est caractérisée par une superficie relativement petite, avoisinant les 0,88ha. Leur activité d’agriculture se concentre plutôt sur les parcelles vivrière et maraichère. Les exploitants ont rarement de parcelles inondées et plus rarement encore, de parcelles en foresterie. Pour diversifier leur revenu financier, elles effectuent des activités para agricoles, comme la vente de PPN (Produit de Premier Nécessité) et de fruits (avocats).
Classe 3 : représente 22% des exploitations. Elle a une caractéristique intermédiaire entre la classe1 et la classe2 que ce soit au niveau des activités agricoles ou de l’élevage. Les exploitants actifs de cette classe effectuent également des activités para agricoles.
➤ Description des exploitations suivant le critère : « niveau d’adoption des pratiques agroécologiques ».
Le projet MAHAVOTRA a pour objectif de diffuser des pratiques productives et respectueuses de l’environnement. Les paysans bénéficiaires de ce projet se distinguent par l’adoption des pratiques agroécologiques à savoir le SRI, l’utilisation de compost et la plantation des espèces ligneuses. Ce sont généralement les Paysans Adoptants (PA) et les Maitres Exploitants (MEX). Ceux qui n’utilisent pas ces pratiques sont dits Paysans Non Adoptants (PNA).
Maitre EXploitant ou MEX regroupe les paysans qui sont en relation directe avec le projet et qui mettent en œuvre toutes les pratiques agroécologiques que le projet leur a appris. Ces paysans disposent d’un certain nombre de privilèges du fait de leur proximité avec le projet.
Paysans Adoptants ou PA sont ceux qui ont bénéficié de la formation en agroécologie donnée par le projet. Ils appliquent donc les techniques agroécologiques dans leurs exploitations.
Paysans Non Adoptants ou PNA sont ceux qui n’ont pas eu la formation en agroécologie et ceux qui n’adoptent pas les pratiques agroécologiques vulgarisées par le projet.
I. INTRODUCTION |