Etude comparative de l’efficacité de deux engrais azotés (sulfate d’ammonium et urée) en riziculture pluviale

Le riz est l’aliment de base d’une grande partie de la population mondiale, notamment en Asie et en Afrique (FAOSTAT, 2005). C’est la première céréale mondiale, la deuxième après le maïs pour le tonnage récolté (608 000t en 2004) et après le blé en terme de surface cultivée (153 000ha en 2004) (Courtois, 2007).

Pour Madagascar, le riz occupe une place fondamentale au sein des activités agricoles. Il s’agit d’un produit de première nécessité, à la fois stratégique, social et politique (Emeline, 2007). Sa place dans l’économie (43% du PIB agricole) ainsi que dans la vie sociale revêt une importance capitale car 73% des ménages ruraux sont des riziculteurs (INSTAT, 2011). Malgré cette situation socio-économique favorable, la filière est caractérisée par une offre nationale insuffisante, des rendements faibles et une activité de subsistance (Revue Internationale d’information, 2004). La riziculture malgache souffre d’un manque de plaines agricoles cultivables et de bas-fonds pour la riziculture irriguée (Fanjaniaina, 2009). Actuellement, les paysans exploitent d’autres terroirs tels que les zones de «tanety» pour élargir la surface agricole exploitée. Les sols de « tanety » représentent environ 65 % des sols de la surface agricole utile de Madagascar (Rabeharisoa, 2004). Les sols ferrallitiques occupent les majeures parties de ces tanety (Rabezandrina, 2005), qui sont des sols fortement altérés et sont opposés à des contraintes majeures dues aux dégradations à la fois physique à cause de l’érosion, biologique suite à leur mauvaise utilisation et chimique par leur sur exploitation (Rabeharisoa, 2004). De plus, plusieurs études confirment le fait que l’utilisation d’intrants est encore ‘‘marginale’’ à Madagascar. L’utilisation de l’engrais minéral sur le riz a été estimée à seulement 3 kg.ha-1 (Randrianarisoa et Minten, 2003). Les sols s’appauvrissent donc au fil du temps, tandis que la demande en nourriture augmente compte tenu de l’accroissement de la population. Cependant, le rendement du riz pluvial en milieu paysans sur ces tanety reste relativement faible de 1 à 2,5t.ha-1 du fait d’une fertilisation insuffisante (Raboin et al., 2013).

L’amélioration de la fertilisation est donc l’un des moyens les plus efficaces pour accroître la production rizicole. Sans cette amélioration les cultures ne présentent guère leur plein potentiel ni arrivent à produire abondamment. Les engrais sont apportés pour fournir les quantités suffisantes des éléments nutritifs essentiels au développement des plantes (Moughli, 2000). En système pluvial, les besoins azotés restent le principal facteur limitant de la croissance et de la production. L’azote est un des éléments qui donne la meilleure réponse en riziculture. Son action se manifeste très rapidement par le verdissement et la croissance de la végétation (Dobelman, 1980).

Influence des types de fertilisations sur les paramètres de croissance du riz

Effets de l’utilisation des deux engrais sources d’azote sur le développement du riz

En comparant l’effet des deux engrais sources d’azote, c’est-à-dire l’urée et le sulfate d’ammonium appliqués à une même dose sur les différents paramètres de croissance du riz (hauteur des plants, nombre de talles par touffe, nombre de grains par panicule), aucune différence significative n’a été constatée. Au niveau de la couleur foliaire, le traitement T4 présente une valeur de PCF la plus élevée. Et sachant que l’azote fait partie des éléments responsables de la coloration des feuilles. L’azote joue un rôle crucial dans l’émission des talles et ainsi la formation de talles fertiles (Raminoarison, 2015), sur l’élongation de la plante et il est responsable de la coloration verte des feuilles (Raharinivo, 2010).En effet selon Alam et al. (2005), il y a proportionnalité entre la couleur verte des feuilles et la teneur en azote dans le plant du riz. Par ailleurs, le soufre intervient également pour la synthèse des protéines, des amines « méthionines » indispensables, la formation des tissus, la chlorophylle selon Goujard (2007). C’est pour cette raison que la valeur de PCF la plus élevée est obtenue sur T4, traitement sur lequel on a appliqué le sulfate d’ammonium comme engrais de couverture.

Au niveau du rendement en grains, le traitement avec urée comme engrais de couverture fournit le rendement le plus élevé. Néanmoins, ce rendement n’est pas significativement différent de celui obtenu sur la parcelle avec sulfate d’ammonium. Pourtant, il diffère significativement des autres parcelles qui n’en ont reçu que de la fumure organique. Cette différence de rendement est due considérablement au nombre élevé de nombre de grains par panicule des parcelles avec fertilisation organo-minérale. Ces constatations nous ont conduit à avancer que la première hypothèse disant que l’application du sulfate d’ammonium permet d’obtenir un bon rendement que l’urée est rejetée.

Importance de la fertilisation en riziculture pluviale

Importance de la fertilisation organique

En comparant le rendement obtenu du traitement témoin T1 avec celui du T2, le résultat ne présentait pas de différence significative. Le gain de rendement avec utilisation de la fumure est seulement de 250 kg.ha⁻¹ . Cet écart de rendement montre l’importance de la matière organique pour la production rizicole. Son apport est donc indispensable à la « vie du sol » car elle stimule indirectement l’activité biologique des sols, elle favorise la fabrication d’Humus stable après une double transformation par les êtres vivants présents dans le sol (phase de décomposition dite de « minéralisation », suivi d’une phase de transformation appelée « humification »). Ainsi, Elvire (2012) évoque que les matières organiques ont des effets favorables sur les propriétés du sol en général. Elles améliorent la structure du sol, augmentent sa capacité de rétention en eau (diminution de l’érosion), augmentent sa capacité d’échange cationique, améliorent le taux d’infiltration de l’eau, apportent des éléments nutritifs aux plantes.

Cependant, la fumure organique seule ne suffit pas; souvent elle n’est pas disponible en grande quantité pour assurer le niveau de production agricole escompté par l’agriculteur. Elle doit être complétée par l’application d’engrais minéraux selon Koulibaly et al (2015). Rabat (2003) stipulait aussi que sa combinaison avec l’engrais organiques crée donc les meilleures conditions de production pour les cultures : les engrais organiques améliorent les propriétés du sol alors que les engrais minéraux apportent aux plantes les éléments nutritifs qui leur sont nécessaires.

Importance de la fertilisation organo-minérale

Les traitements avec engrais minéraux avec ou sans apport de dolomie ont induit des hauteurs de plants, une production de nombre de talles, un nombre de grains par panicule et un rendement élevé par rapport aux traitements avec fertilisation organique seule. Une différence de 1 340kg a été constatée entre le rendement obtenu sur les parcelles avec fertilisation organo-minérale (T6) et celui sur les parcelles avec fertilisation organique seule (T5). L’apport supplémentaire d’engrais contribue donc à augmenter de façon significative le rendement en paddy car le rendement obtenu avec une fertilisation organo-minérale est le double de celui avec une fertilisation organique seule. L’étude menée par Rasoamanana (2015) a affirmé que les engrais chimiques offrent presque 100% d’excédent par rapport aux traitements avec fumier uniquement. Dans cette étude, l’augmentation du rendement est intéressante car selon Minten et al (2006), un apport de 1 kg d’engrais permet d’obtenir un gain de 7,6kg de paddy en milieu irrigué contre 4,74kg de paddy pour 1kg d’engrais dans notre étude.

De ce fait, les engrais minéraux possèdent une valeur fertilisante intéressante pour la croissance et le développement de la plante grâce à la disponibilité immédiate des éléments nutritifs qu’ils contiennent. En effet, Rajaonarison (1999) évoque que les mélanges d’engrais minéraux et de la fumure organique empêchent les maladies carentielles, maintiennent ou améliorent la fertilité du sol et se complètent mutuellement.

Table des matières

1. INTRODUCTION
2. MATERIELS ET METHODES
2.1. Présentation de la zone d’études
2.2. Matériels
2.3. Méthodologie
3. RESULTATS
3.1. Analyses agronomiques
3.2. Analyse du pH du sol
3.3. Analyse économique
4. DISCUSSIONS
4.1. Influence des types de fertilisations sur les paramètres de croissance du riz
4.2. Rentabilité économique engendrée par l’utilisation des divers types de fertilisations
5. CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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