Critères de jugement
Critère de jugement principal
Indice de plaque
L’indice de plaque de Silness et Löe (31) modifié par Williams (32)(33) divise la surfacevestibulaire de la dent en 4 parties autour de la plaquette : incisale, gingivale, distale et mésiale (Figure 1).
Données téléchargées depuis l’application (groupe Test uniquement)
Les données présentes dans l’application Oral-B ont été recueillies par deux opérateurs (à Liège et à Marseille) au temps : T2, T3, T4. Dans l’onglet activité, le mode « Semaine » a été appliqué.
Compléments
Photographies intrabuccales
Des photographies intrabuccales (frontales, latérales et occlusales) ont été réalisées à T1 et à T4.
Un révélateur de plaque a été appliqué avant la prise de photographies à T1 et T4.
Méthodes statistiques
Pour les variables quantitatives [Indice de Plaque (IP), Indice Gingival (IG) et White Spot (WS)], les données sont résumées sous forme de moyenne et écart-type (SD), de médiane et d’intervalle interquartile (IQR), ainsi que des valeurs extrêmes. Elles sont présentées sous forme de tables de fréquences (nombres et pourcents) pour les variables catégorisées.
Les variables quantitatives ont été comparées par analyse de la variance (ANOVA) à un critère, le test Chi-carré a été utilisé pour les variables catégorisées.
L’évolution dans le temps des scores dentaires a été analysée à l’aide du test de Student pour échantillons appariés. Des modèles de régression linéaire simple ont été utilisés pour étudier l’impact du taux d’utilisation de l’application sur l’évolution des scores.
Les résultats sont considérés comme significatifs au niveau d’incertitude de 5% (p<0.05). Les analyses statistiques ont été réalisées à l’aide des logiciels SAS (version 9.4) et R (version 3.5.2).
Résultats
Description de l’échantillon et comparaison des groupes
Au départ, 44 patients ont été inclus dans l‘étude. Cependant, 4 patients ont refusé de participer à l’étude et 2 patients du groupe test (sujet n°15 de Liège et sujet n° 31 de Marseille) ont été exclus de l’étude suite à un problème technique (casse du téléphone/défaillance du Bluetooth de la brosse à dent).
Les analyses portent donc sur 38 patients, 20 sujets du groupe Contrôle et 18 sujets du groupe test. Ils sont décrits dans le Tableau 6 et 7.
Variables d’hygiène bucco-dentaire
Indice de plaque
Il s’agit du critère de jugement principal de l’étude. Il a été calculé au niveau de 4 faces (mésiale, distale, incisale et gingivale) sur 8 dents (16,12,23,24,32,36,43,44) pour chaque sujet aux différents temps : T1,T2,T3 et T4.
Il a été analysé à trois niveaux :
– Indice de Plaque moyen (IPm) ;
– Indice de Plaque de chaque dent (IP/d) ;
– Indice de Plaque de chaque face (IP/f).
L’indice de plaque moyen (IPm) ne diffère pas entre les deux groupes à l’inclusion dans l’étude (p=0,25).
Il diminue de manière significative dans les deux groupes après 6 semaines (T2) (p<0,0001 dans le groupe Contrôle et p=0,0098 dans le groupe Test), mais il n’y a pas de différence significative entre les deux groupes pour l’évolution de l’indice de plaque entre T1 et T2 (p=0,11) (Tableau 8 et Figure 11).
Dans le groupe Contrôle, l’indice de plaque n’évolue plus de manière significative après les 6 premières semaines (T2). Dans le groupe Test, il continue à diminuer entre T2 et T3 (p=0,0029).
Après 18 semaines (T4), la diminution de l’indice de plaque entre l’inclusion et la fin de l’étude (∆ T4-T1) est significative dans chaque groupe (p<0,0001 et p=0,0003 dans les groupes Contrôle et Test respectivement) mais ne diffère pas de manière significative entre les deux groupes (p=0,61).
Le taux (%) d’utilisation de l’application n’a pas d’influence sur l’évolution de l’indice de plaque du sujet. En effet, si l’on fixe à 0% ce taux pour les sujets du groupe Contrôle et que l’on régresse (régression linéaire simple) pour l’ensemble des patients l’impact du taux d’utilisation sur l’évolution de l’indice de plaque pendant la durée de l’étude (∆ T4-T1), la pvaleur est de p=0,92 (coefficient ± SE : 0,0003 ± 0,0025) (Figure 12).
Indice Gingival
L’indice Gingival a été calculé en trois zones sur les 8 dents précédemment citées : Mésiovestibulaire (MV) ; Vestibulaire (V) ; Disto-vestibulaire (DV).
L’indice gingival moyen (IGm) ne diffère pas entre les deux groupes à l’inclusion dans l’étude (p=0,92). Il diminue de manière significative dans les deux groupes après 6 semaines (T2) (p=0,010 dans le groupe Contrôle et p=0,0001 dans le groupe Test), mais il n’y a pas de différence significative entre les deux groupes pour l’évolution de l’indice gingival entre T1 et T2 (p=0,45) (Tableau 13 et Figure 15).
L’indice gingival n’évolue plus de manière significative après les 6 premières semaines, que ce soit dans le groupe Contrôle ou dans le groupe Test.
Entre le début et la fin de l’étude (∆ T4-T1) : on voit que l’Indice Gingival moyen a diminué pour chaque groupe (p=0,0028 pour le groupe Contrôle et p=0,0008 pour le groupe Test, mais aucune différence significative n’a été retenue entre les groupes (p=0,63)).
Si l’on fixe à 0% le taux d’utilisation de l’application Smartphone pour les sujets du groupe Contrôle et que l’on régresse (régression linéaire simple) pour l’ensemble des patients l’impact du taux d’utilisation sur l’évolution de l’indice gingival moyen pendant la durée de l’étude (∆ T4-T1), la p-valeur est de p=0,052 (coefficient ± SE : -0,0027 ± 0,0014) (Figure 16).
La tendance est donc à une diminution plus forte de l’indice gingival moyen lorsque l’application est plus utilisée, ceci n’est pas statistiquement significatif mais la p-valeur est à la limite du seuil de significativité.
White Spots
Le score White Spot a été évalué sur la face vestibulaire de 10 dents maxillaires de chaque patients : 11-12-13-14-15-21-22-23-24-25.
Au début de l’étude (en T1 et T2), le score WS moyen est significativement plus élevé dans le groupe Contrôle que dans le groupe Test. Il diminue légèrement entre T2 et T3 dans le groupe Contrôle.
Nous ne mettons pas en évidence de différence d’évolution du score WS entre le début et la fin de l’étude entre les deux groupes (p=0,066 pour le groupe Contrôle et p= 0,73 pour le groupe Test) (Tableau 14 et Figure 17).
Variables de l’application Smartphone Oral-B
Rappelons que l’un des objectifs de l’étude étaient d’évaluer l’impact de l’application d’aide au brossage Oral-B sur l’hygiène bucco-dentaire.
Les patients du groupe Test devaient utiliser l’application au quotidien en se connectant avec leur smartphone pour que les différentes données puissent être récoltées, analysées et comparées aux données du groupe Contrôle.
Ces résultats (Tableau 15) sont l’analyse des données du Tableau 4.
Les patients ont été suivis pendant 18 semaines ce qui correspond à 126 jours d’inclusion.
En moyenne, les patients ont participé à l’étude pendant 133 jours ± 23, et utilisé l’application 67 jours ± 42, donc environ 1 jour sur 2 ce qui correspond à 50,1 % ± 30,9.
Le nombre de brossage moyen par jour est de 1,7 ± 0,60, avec une durée moyenne de 2,2 ± 0,63. Le détecteur de position a été utilisé en moyenne 4,5 fois par semaine ± 3,5.
Le score moyen du détecteur de position (%) était de 63,8 ± 38,2. Peu de pression excessive au niveau de la gencive a été relevée ( 0,34 minutes ± 0,74).
Questionnaire satisfaction relatif à l’application Smartphone
Tous les patients du groupe Test (11 à 20 pour Liège, et 31 à 40 pour Marseille) ont répondu à un questionnaire de Satisfaction de l’application Smartphone Oral-B au temps T4 (annexe 7), et devaient donner une note entre 0 et 10 sur 10 sur une échelle analogue visuelle. Les résultats de ce questionnaire sont donnés au Tableau 23. On constate que les scores moyens des questions oscillent entre 6,7 et 8,1 sur 10.
Discussion
L’objectif de notre étude était d’évaluer l’impact de l’application smartphone sur l’hygiène bucco-dentaire des adolescents porteurs d’appareillages fixes orthodontiques. Aucune différence significative (excepté l’indice white spot) n’a été relevée entre les groupes : ils sont donc homogènes et parfaitement comparables.
Une étude similaire à la nôtre a également été publiée récemment (avril 2019) (35).
Elle comparait l’efficacité d’une brosse à dents électrique connectée à l’application Oral-B (groupe test) versus brosse à dents manuelle (groupe contrôle). Les objectifs étaient similaires aux nôtres.
Indice de plaque (critère principal)
Entre les groupes
Indice de plaque moyen
L’indice de Plaque IPm ne diffère pas de manière significative entre les deux groupes entre T1 et T4 ce qui pourrait rejeter l’hypothèse alternative postulant que l’application a un impact sur l’hygiène bucco-dentaire. Mais si on observe les courbes, on voit que les patients du groupe Test atteignent plus rapidement un indice de plaque faible et de manière plus régulière. L’application a donc quand même un impact au début de l’utilisation. On voit, en effet, entre T2 et T3 une différence significative entre les groupes, l’IPm du groupe Test continuant à diminuer contrairement à celui du groupe Contrôle qui augmente.
Par contre, on peut noter une certaine lassitude à la fin puisque, dans le groupe Test, l’IPm remonte (mais dans le questionnaire de satisfaction de l’application, les patients sont satisfaits et recommanderaient l’application à leurs proches (moyenne de 8,1/10 ± 1,4), c’est plutôt positif) donc la lassitude est peut-être liée à la lassitude générale du traitement (certaines études montrent que plus le traitement dure, plus la compliance diminue). Toutefois, l’IPm du groupe Test reste plus faible que le groupe Contrôle.