Etat de lieu de charbon de bois « Makala » en R.D.Congo et dans la ville de Kisangani
En Afrique centrale, le bois représente l’essentiel de l’énergie domestique (85 % en République démocratique du Congo). Kinshasa par exemple consomme 5 millions de tonnes de bois par an, qui proviendraient de l’exploitation d’environ 60 000 hectares de forêts naturelles périurbaines. Avec l’augmentation rapide de la population urbaine (celle de Kinshasa a doublé en une génération), la pression sur les forêts naturelles s’accroît, entraînant des impacts négatifs économiques, sociaux et écologiques (BADIBANGA, 2010).Le bois énergie constitue une source importante de production d’énergie en RD Congo en général et dans la ville de Kisangani en particulier et très peu d’alternatives existent à l’heure actuelle pour les populations aussi bien urbaines que périurbaines. Du fait de la capacité de nuisance de cette activité sur les ressources forestières et de la pauvreté des populations, il est nécessaire de penser aux alternatives qui peuvent aider à satisfaire aussi bien les besoins des populations que la préservation de la nature. De nombreux Paiement pour services environnementaux commencent à voir le jour et sont de nature à aider à pallier ce type de problèmes dans ce genre de circonstance. Dans la perspective de réduire les émissions du CO2 dans l’atmosphère, les aspects d’atténuation liés au bois énergie sont donc des plus opportuns dans ce contexte. Dans notre pays, le secteur du bois énergie est essentiellement informel et, par conséquent, les documents officiels ne reflètent pas les données réelles sur l’exploitation. Ce caractère informel constitue un obstacle à une gestion durable de l’exploitation du bois énergie et des questions connexes telles que la pauvreté. S’agissant de nos forêts, telles que le bassin du Congo dans la région de l’Afrique centrale, pendant longtemps, on a pensé que le bois énergie est une ressource abondante et simplement une partie du produit de l’exploitation du bois. La fourniture de bois de feu et de charbon de bois est devenue associée à des problèmes écologiques tels que la déforestation, provoquant ainsi l’érosion des sols et les changements climatiques (Brown, Cabarle et al. 1997; White, Cannell et al. 1999). Les instruments de planification devraient examiner la répartition spatiale de l’offre et de la demande du bois énergie (Drigo, Masera et al. 2002).
Contexte
Cette étude se concentre en République démocratique du Congo en général et à Kisangani en particulier. Ce pays couvre 60% (environ 130 millions d’hectares) de l’ensemble des forêts du bassin du Congo (Partenariat pour les Forêts du Bassin du Congo, 2006). Selon les estimations, le bois énergie couvre 91,5% de la consommation d’énergie du pays (Ministère de l’Energie, 2009), soit une consommation annuelle de 45 millions de mètres cubes de bois comme source d’énergie domestique (Mbala, 2007). Les principales raisons de la forte dépendance du Congo à l’égard du bois énergie sont le manque d’énergies alternatives et le mauvais état des services d’électricité et des infrastructures électriques du pays, le faible développement du secteur industriel du pays et le manque de moyens de transport (Gerkens, 1988; Ministère de l’énergie, 2009). L’exploitation et la production du bois énergie se font en grande partie de manière artisanale et se concentrent dans les zones périurbaines, provoquant ainsi la déforestation et la dégradation des forêts autour des grandes villes. Les problèmes liés à l’exploitation du bois énergie et à l’absence de sources d’énergie alternative pour la population urbaine en RDC ont certes été décrits dans plusieurs études, mais des informations détaillées sur la filière bois énergie font défaut (Binzangi, 2000a).