Reboisement compensatoire
Pour compenser le déclassement de 35 hectares pour l’implantation de l’autoroute, des activités de reboisement sur près de 10 sites de la FCM ont été inscrites dans la mise en œuvre du plan d’aménagement. Ledit plan a servi de réceptacle au Plan de gestion environnementale et sociale proposé à l’issue de l’EIES consécutif au passage de l’autoroute à travers la FCM. Les réalisations ont porté sur une superficie de 93 ha de plantations massives avec un taux de survie d’au moins 95%. Les plantations ont concerné la mise en terre de 16 espèces forestières : Peltophorum ferrigineum, Delonix regia, Khaya senegalensis, Gmelina arborea, Cordia cordifolia, Acacia senegal, Acacia mellifera, Melaleuca leucadendron, Prosopis juliflora, Moringa oleifera, Manguifera indica, Anona muricata, Citrus paradisi, Eucalyptus camadulensis et Anacardium occidentale (Gueye et al., 2008).
Une transformation progressive des peuplements a été faite par la substitution d’essences par plantation. Elle sera partielle et se fera en priorité dans les trouées existantes.
Intensification des productions agricoles et pastorales
Les maraîchers et agriculteurs déplacés ainsi que ceux intervenant traditionnellement dans la FC ont fait l’objet d’un appui et d’un renforcement de capacité afin de promouvoir des itinéraires techniques compatibles avec la conservation des ressources. Ils ont bénéficié aussi d’un aménagement dans leur site avec la mise en place d’un réseau d’irrigation. Cet aménagement est poursuivi par une intensification agroforestière avec érection de haie vive, la fourniture de semences de qualité, le développement maitrisé de l’eau, l’appui organisationnel, la formation des acteurs etc.
L’intensification de la production animale a été renforcée par la mise en œuvre de cultures fourragères dans la zone. Ce fourrage permet ainsi de soutenir l’embouche locale et la production laitière.
De même, l’embouche bovine permet aux éleveurs locaux de passer progressivement à une intensification de l’élevage bovin compte tenu du fait que le parcours du bétail est fortement réduit par le passage de l’autoroute et l’installation des projets socio-récréatifs est incompatible avec l’élevage extensif.
L’élevage local permet une production laitière vendue par les femmes. Pour mieux compenser la perte de production due à la réduction des parcours, la stabulation pour la production de lait a été introduite localement (Gueye et al., 2008).
Opérations sylvicoles
Dans le cadre de la gestion des plantations, trois types d’opérations sylvicoles ont été menés : les élagages, les éclaircies et les coupes sanitaires. Les élagages ont été menés dans les peuplements d’anacardiers qui sont bas branchus afin d’aérer la forêt compte tenu de l’objectif de récréation. Les éclaircies et les coupes sanitaires ont concerné essentiellement les plantations d’eucalyptus. Une partie du bois issue des élagages a été transformé en charbon de bois.
Aménagement du marigot
La particularité du marigot est qu’il a une bonne partie qui se trouve hors du périmètre de la forêt. Son aménagement ne peut pas faire abstraction de la partie externe. C’est pourquoi un groupe de travail (membres) a été mis en place sous l’égide du gouverneur pour réfléchir sur les modalités d’aménagement du marigot. Cette étude a servi de base pour recruter un consultant pour faire l’étude d’aménagement hydraulique et paysager du marigot de Mbao et le dimensionnement d’un ouvrage hydraulique pour le PAFCM.
L’essentiel des activités menées se situent encore au stade d’études et de diagnostic pour l’aménagement paysager. Des actions ponctuelles de reboisement et de nettoiement du marigot sont toutefois entreprises par l’Unité de Gestion du PAFCM, en collaboration avec des partenaires tels que la brigade d’hygiène de Mbao.
L’implantation d’un arboretum
Les objectifs de cet arboretum, concordent à la fois avec l’objectif classiquement assigné à un arboretum, notamment la conception d’un jardin botanique paysager, et avec les objectifs des activités préconisées dans la variante 1 du PAFCM. Il s’agit alors de :
– conserver et améliorer la biodiversité ;
– valoriser le site sur le plan technique, scientifique et pédagogique ;
– satisfaire le besoin de détente et de découverte des populations.
Afin d’atteindre ces objectifs, l’approche préconisée pour l’implantation de l’arboretum est celle basée sur la répartition du Sénégal en six (6) zones éco-géographiques (ZEG) que sont la zone forestière sud, le bassin arachidier, la zone sylvo-pastorale du Ferlo, la zone des Niayes, le Sénégal oriental et la vallée du fleuve Sénégal (planche 7). Elle permet de représenter « le Sénégal en miniature » du point de vue de la répartition des espèces forestières dans le pays. En plus, une septième zone abritant des espèces exotiques (ZEE) venant du reste de l’Afrique et des autres continents est intégrée dans l’arboretum pour donner une ouverture vers l’international.
Il s’étend sur 5 ha et représente une collection d’individus d’espèces forestières caractéristiques de chaque zone écogéographique.
Planche 7 : arboretum
Enrichissement de la forêt sur 100 ha
L’objectif général de cet enrichissement est de contribuer à l’amélioration de la biodiversité avec des espèces locales de hautes valeurs, et de renforcer les biens et services qu’offre la FCM. De manière plus spécifique, il s’agissait d’effectuer un reboisement de 100 ha avec un taux de survie d’au moins 95%, d’introduire au moins 10 espèces locales de hautes tiges et des espèces animales, de cartographier les zones reboisées, de protéger/surveiller les réalisations.
Des reboisements sur près de 15 sites de la FCM ont été réalisés à base de hautes tiges de Eucalyptus camadulensis, de Anacardium occidentale, de Moringa oleifera, de Citrus, de Ficus benjamina. de Ziziphus mucronata, de Peltophorum ferrugineum, Faidherbia albida (Kad), Parinari macrophylla (Neew), Adansonia digitata (Baobab), Maytenus senegalensis, Ximenia americana, Eleais guineensis (Palmier à huile).
D’autres espèces adaptées à la zone ont été introduites : Lannea acida, Boscia senegalensis, Balanites aegyptiaca, Acacia ataxacantha, Grewia bicolor, Trachylobium sp, Piliostigma reticulatum, Bauhinia rufescens, Aphania senegalensis dans des espaces vides repérés.
Un site d’acclimatation et d’adaptation a été installé dans l’arboretum où un lâcher d’oiseaux tels que les pintades, canards et cailles a été fait.
En outre il a été réalisé des ouvertures de pare feu, des campagnes de sensibilisation pour les éleveurs et maraîchers dans le cadre de la protection de ces zones.
Verger à graines
Il présente la particularité d’être une zone de haute concentration de diversité biologique. Il occupe une superficie de 10 ha, zone aménagée destinée à poursuivre les essais de provenance conduits par le PRONASEF. Les peuplements et espèces ciblés comprennent un certain nombre d’essences locales dont on cherchera la réhabilitation de certaines espèces telles que le caïlcédrat (Khaya senegalensis), le gommier (Acacia senegal), le sourour (Acacia seyal), le fromager (Ceiba pentandra), le madd (Saba senegalensis), le bër (Sclerocarrya birrea) et des essences exotiques comme l’eucalyptus (Eucalyptus camadulensis), le filao (Casuarina equisetifolia), le cordia (cordia sp) et l’anacardier (Anacardium occidentale). L’objectif visé est la conservation de ces peuplements à partir de plantations ex-situ qui seront transformées à cet effet ; en vue d’inscrire la fourniture de semences dans la durabilité (mise à disposition de semences de qualité au profit des divers programmes de reboisement). Son aménagement n’a pas encore démarré.
La création d’un parc animalier
Le Parc animalier sera une réserve vaste de 30 ha ouverte au public qui aura le loisir d’y regarder, en semi captivité, les espèces de faune sauvage du pays et celles importées. Dans cet environnement qui se rapprochera le plus que possible de leur milieu naturel, les animaux ne seront pas de simples objets d’exposition, comme c’est le cas dans les parcs zoologiques. Dans ce site, la rose des vents sera favorable à la tranquillité des animaux et à une exposition moindre aux gaz d’échappement générés par le trafic autoroutier.
Pour l’installation du parc animalier, un protocole d’accord a été signé entre le groupement ENDA-Kinkéliba et la DEFCCS dans le cadre d’un partenariat public-privé.
Renforcement de capacités des acteurs
La réussite de la mise en œuvre du plan d’aménagement passe par la conception et la mise en œuvre d’un volet Formation et Renforcement des capacités sur l’intensification de la production animale locale, la conservation des ressources et la valorisation des fruits. Ces formations concernent les éleveurs, les agriculteurs, les maraîchers, les récolteurs de fruits forestiers, le comité de surveillance, les associations et groupements.
Suivi environnemental des espèces animales sensibles
La coupure de la forêt en deux parties séparées quasi-totalement par l’autoroute a fortement limité l’intégrité de la forêt. De ce fait l’écosystème forêt (milieu et interaction entre les individus) va être fortement perturbé dans les migrations et déplacements des animaux sauvages pouvant entraîner des ruptures dans l’aire d’évolution. Ainsi certaines espèces sensibles (chacal, varan, etc.) doivent faire l’objet d’un suivi particulier comprenant des inventaires et observations ponctuelles pendant au moins quatre ans. Dans les normes la reconstitution d’habitat ou de niches devait être envisagée pour mieux prendre en charge les impacts négatifs manifestés. Malheureusement lors des négociations concernant la deuxième tranche de l’autoroute à péage, l’Etat du Sénégal a renoncé aux fonds alloués à cette activité.