Essai variétal multilocal de riz irrigué en milieu paysan sous systèmes SRI & SRA

Madagascar a beaucoup de difficulté à atteindre ses objectifs dans l’autosuffisance alimentaire. Atteindre une production rizicole de 7 millions de tonnes en 2012, avec un rendement moyen de 3 à 5 tonnes à l’hectare, tel a été l’objectif fixé dans le cadre de la Révolution verte (MAP, 2006).

Afin de satisfaire les besoins nationaux, l’Etat malagasy a toujours importé du riz. De plus le rendement moyen en riz reste inchangé aux environs de 2,1 t/ha (FOFIFA, 1995) malgré les efforts menés par les gouvernements qui se sont succédés. L’extension des superficies cultivées et l’intensification du système rizicole sont les moyens les plus étudiés pour parvenir à ces fins. La pratique du riz pluvial sur tanety reste limitée dans des zones plus ou moins avancées. De plus, l’attachement à tout prix aux rizières irriguées est profondément ancré dans les stratégies paysannes des hautes terres malgaches.

Pour la Région Haute Matsiatra, la filière riz figure parmi celle prioritaire et la plus pratiquée. Elle fait l’objet de développement depuis longtemps par l’intervention de nombreux projets ayant chacun ses propres stratégies d’action. L’intensification a été l’initiative la plus courante, les principes qui devraient être promu et acquis sont l’utilisation de semences améliorées et le repiquage de plants jeunes.

Projet AROPA

Description et objectif

Le projet d’Appui au Renforcement des Organisations Professionnelles et aux services Agricoles (AROPA) se rattache à l’engagement « Développement rural » du Madagascar Action Plan (MAP), au Programme Sectoriel Agricole (PSA) et au Sous-programme multibailleurs « Services d’appui aux agriculteurs ». Au travers de ce nouveau projet, le FIDA en accord avec le Gouvernement entend aider et professionnaliser les organisations paysannes (OP) et leurs organisations professionnelles (OPA) et faîtières (OPF).

L’objectif général est de renforcer les organisations professionnelles agricoles pour améliorer les revenus et réduire la vulnérabilité des petits producteurs, en facilitant leur accès à une offre de services et à des équipements adaptés à leurs besoins.

Les interventions d’AROPA ont commencé en janvier 2009 et se focalisent sur les axes suivant : (i) renforcer et professionnaliser les organisations de producteurs de façon à améliorer leurs compétences en vue de la valorisation durable des systèmes d’exploitation et à faciliter leur intégration dans l’environnement économique : (ii) faciliter l’accès des producteurs à une offre de services agricoles adaptée à leurs besoins avec la mise en place de mécanismes d’intermédiation facilitant la rencontre de la demande et de l’offre de services y compris l’appui aux CSA (centre de service agricole) ; et (iii) améliorer le niveau de production et de commercialisation des produits dans le cadre de filières prioritaires par la mise en place de mécanismes financiers permettant aux producteurs d’accéder à des ressources pour le financement des services agricoles et des activités productives.

Le projet cible prioritairement les organisations d’agriculteurs et prévoit de travailler à cet effet avec trois catégories d’acteurs : les exploitations agricoles familiales (EAF), leurs organisations (OP, OPA, OPF) ainsi que certains prestataires de services.

Stratégies d’intervention

La stratégie d’intervention du projet se définit en composantes qui comporte 2 volets d’intervention: un volet régional et au niveau du district de réalisation des activités (Composantes 1,2 et 3) ; et un volet national d’appui à la politique de services aux agriculteurs (Composante 4).

AROPA est composé de 4 composantes dont :

– Appui à la structuration des OP et à la professionnalisation des producteurs : renforcement des EAF et appui à la structuration professionnelle locale (OP); structuration de la demande paysanne de services ; renforcement des capacités et appui à la maîtrise d’ouvrage des OP ; appui à la structuration professionnelle régionale (TT et OPF).
– Développement de l’intermédiation et des marchés de services: diagnostics et stratégies de développement des services aux producteurs ; développement de l’offre de services aux producteurs; développement de mécanismes d’intermédiation et CSA; accès à l’information/communication et à l’innovation.
– Appui au financement du développement de la production et des services agricoles: structuration des FDA/FRDA autour de 5 guichets de financement: services et appuiconseil ; aide au démarrage des OP; infrastructures productives collectives; prestataires de services; extension de réseaux IMF.
– Appui à la politique nationale de services aux agriculteurs (renforcement des OPF et TT nationales; renforcement des capacités de la DVAAOP et des SRVAAOP; accompagnement de la politique et du programme national d’accès aux services (PSA), renforcement des liens avec les mouvements internationaux d’agriculteurs, appui à la mise en place de système de Suivi-Evaluation, d’information et d’échanges et appui institutionnel au FDA.

Et à travers ces 4 composantes, AROPA a choisi la filière riz comme une des filières prioritaire que le Projet appuie. Le présent essai variétal appartient à la sous composante recherche&développement du projet dans le cadre des recherches appliquées à l’Agriculture, de la théorie au champ des paysans.

La filière riz dans la Région Haute Matsiatra

Avec 23,9% des producteurs rizicoles nationaux, la région approvisionne 9% de la valeur ajoutée de la filière nationale. En terme d’analyse économique, la Région représente un poids non négligeable (19%) de la richesse générée par le secteur riz au niveau national (MinAgri/UPDR, 2002) .

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La riziculture reste la spéculation prioritaire dans la Région avec deux saisons de culture :
– la campagne Vary aloha de juillet à décembre pour satisfaire les besoins dans la campagne suivante correspondant à la période de soudure.
– la campagne grande saison de décembre à mai durant la saison pluvieuse.

La campagne de vary aloha est limitée par les températures moyennes fraiches durant les mois de juillet à septembre (moins de 15°C).

Importance du riz par rapport aux autres cultures

Le riz est la principale culture en termes d’occupation de la superficie cultivée, et la principale source de revenu de la plupart des ménages ruraux. Les surfaces totales cultivées dans la Région Haute Matsiatra couvrent environ 182 438 ha, qui se décomposent en 96 101 ha pour le riz (53%), et 72 945 ha pour les autres cultures vivrières (40%), 13 392 ha pour les cultures industrielles (7%) (PRDR, 2006).

Besoin local en consommation du riz 

Le riz est l’aliment de base pour une consommation moyenne, en milieu rural, de 408 g/tête/jour, suivi par le manioc pour 195 g/tête/jour en moyenne, et le maïs avec 50 g/tête/jour (MinAgri/UPDR, 2002). Une étude récente réalisée par la DRDR Haute Matsiatra (DRDR/SE, 2011) sur la relance du système SRI a montré la nécessité d’augmenter la production à partir du rendement actuel de 3,27 t/ha à un rendement moyen de 6,42 tonne à l’hectare pour couvrir les besoins en consommation de paddy de la Région. La DRDR a enregistré un déficit de l’ordre de 216 726 Tonnes contre 442 659 Tonnes de besoins en paddy, soit environ 48,9% de production déficitaire (DRDR Fianarantsoa, 2006) .

Les variétés de riz cultivées

La potentialité que représentent les variétés améliorées dans l’augmentation du rendement ne doit pas être négligée. A Madagascar, les travaux d’amélioration des variétés sont effectués par le biais des sélections massales, des introductions et plus récemment la création variétale. Les prétendues meilleures sont ensuite diffusées auprès des riziculteurs. Tout récemment, des efforts ont été déployés par la recherche agronomique afin de mettre à la disposition des paysans des variétés à caractères agronomiques améliorés.

Plusieurs variétés de riz sont disponibles dans la Région, allant des variétés traditionnelles aux variétés améliorées et/ou hybrides. Le FOFIFA a recensé quelques variétés les plus utilisées par les riziculteurs dans les communes de la Région Haute Matsiatra. Ce sont, par ordre décroissante d’adoption : Angika, X265, Laniera, Japonais, Chine, Lahy, Mena, Zatoandro, Lava, Tsipala, Bory ou Vory, Piritika, Ambalalava, Kerikesy, 1632 (Recensement des communes, 2001).

Actuellement, les recherches effectuées par Haona Soa (analyse filière riz, 2010) ont montré que les variétés X265 et Fofifa 160 commencent à avoir de la place au niveau des exploitations, viennent ensuite les variétés X243 et le japonica 1632 diffusées comme riz de contre saison par leur tolérance au froid. Le X265 peut donner un rendement de repousses de 30% de la première récolte après 2 mois environ, ce qui lui confère son avantage dans la riziculture de la Région.

Table des matières

Introduction
I. Cadre général de l’étude
I.1. Projet AROPA
I.1.1. Description et objectif
I.1.2. Stratégies d’intervention
I.1.3. Couverture géographique du projet
I.2. Caractéristiques agro écologiques de la Région
I.2.1. Climat
I.2.2. Géologie
I.2.3. Relief et paysage
I.2.4. Zonage agro écologique de la région Haute Matsiatra
I.3. La filière riz dans la Région Haute Matsiatra
I.3.1. Importance du riz par rapport aux autres cultures
I.3.2. Besoin local en consommation du riz
I.3.3. Les variétés de riz cultivées
I.3.4. Critères de choix des variétés
I.3.5. Les conditions de la riziculture
II. Essai variétal en milieu paysan
II.1. Contexte et problématique
II.2. Implication des paysans dans l’amélioration de la production
II.2.1. Le champ école paysan (Farmer Field School)
II.2.2. Rôle des réseaux d’essais multilocaux
II.2.3. Campagne précédente d’essai variétal
II.3. Matériels et méthodes
II.3.1. Matériels
II.3.1.1. Matériel végétal
II.3.1.2. Sites d’expérimentation
II.3.2. Méthodologie
II.3.1.1. Dispositif d’expérimentation
II.3.1.2. Conduite de l’expérimentation
II.3.1.3. Observation et collectes de données
II.3.1.4. Traitement des données
II.3.3. Limites du travail
III. Résultats, Analyse et discussion
III.1. Résultat sur le rendement
III.1.1. Relation du rendement avec ses composantes
III.1.2. Variation des composantes
III.1.3. Interaction entre les composantes
III.2. Analyse de variance des composantes
III.2.1. Capacité de tallage
III.2.2. Nombre de panicule par surface unitaire
III.2.3. Nombre de grains par panicule
III.2.4. Pourcentage des grains pleins
III.3. Evaluation des comportements des variétés
III.3.1. Résultat synthétique des deux campagnes (2009/2010 et 2010/2011)
III.3.2. Cycle végétatif des variétés
III.3.3. Autres caractéristiques observées
III.3.4. Evaluation participative
IV. Aspects économiques
IV.1. Coût de production par système de culture
IV.1.1. Mains d’œuvres nécessaires
IV.1.2. Coût des intrants
IV.2. Comparaison de la performance de chaque système
IV.2.1. Marge brute de chaque système (Ariary/Ha)
IV.2.2. Valorisation de la journée de travail
IV.2.3. Retour sur l’investissement et ratio d’intensification
V. Recommandations
Conclusion générale
Bibliographies
Annexes

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