Essai d’etudes scientometriques des departements universitaires dans le cadre du developpement durable

Dans le monde entier, les recherches scientifiques sont considérées comme moteur du développement et les innovations comme levier de performance. Elles devraient répondre aux exigences socio-économiques de notre société actuelle notamment dans la lutte contre la pauvreté et la politique de développement Durable. AMadagascar, les enseignants chercheurs comptent actuellement 1226 dont 151 travaillent à l’Ecole Supérieure Polytechnique d’Antananarivo (ESPA). Ils ont, entre autre, comme attribution professionnelle de produire des nouvelles connaissances qui se matérialisent par des publications nationales et internationales.

A 40ans d’existence, le niveau de performance en matière de recherche de l’ESPA reste à déterminer. Seule, l’évaluation scientifique des 12 Départements qui constituent cette Grande Ecole permet de le savoir. En général, les enseignants chercheurs malagasy ne font et ne produisent pas assez de recherches. Ces dernières sont insuffisantes et moins pertinentes par rapport aux besoins du pays en innovation et résolution de ses problèmes. Plus précisément, il a été constaté que notre productivité scientifique est faible.

Analyses statistiques

D’après ces résultats, l’ESPA n’est pas suffisamment armée de publications internationales. Sa production moyenne est de 20,36 publications par an de 2002 à 2012.En moyenne, la production par département est de l’ordre de 18,66publications. La moyenne de citation par publication est de 26. En se référant à ces chiffres, la productivité en matière de recherche de cet Etablissement est encore très faible et que son rythme de production est assez lent.

Plus particulièrement, le Département de Génie Chimique arrive à publier beaucoup plus que les autres étant donné qu’il est parmi les anciennes disciplines héritant des relations des Professeurs pionniers et disposant d’un laboratoire relativement équipé. Ce Département est constitué actuellement par des élites de gabarit international tels que le Professeur Rasoanaivo Philipe qui est au 9e rang sur les 10 chercheurs plus prolifiques à Madagascar au cours de la période de 2003 à 2007 avec 16 publications Internationalesi . En tant que grand chercheur auprès de l’IMRA ou Institut Malgache de Recherches Appliquées, il bénéficie de la notoriété nationale et internationale acquise pendant plus de 50 ans de ce dernier, de ses infrastructures plus équipées et de ses collègues de chercheurs dynamiques et laborieux.

Le Département de Génie Mécanique et Productique dispose d’un centre opérationnel que les enseignants peuvent utiliser pour approfondir leur recherche. Certains chercheurs ne s’étalent pas trop sur les domaines purement mécaniques. Ils s’orientent plutôt vers l’organisation de la mécanique(Ingénierie) ou sur des problèmes techniques de la mécanique de grande importance telle que l’Energies Renouvelables. Ce sont des thèmes porteurs et des sujets en vogue en cette nouvelle ère de 21e siècle.

Ces genres de recherche impliquent la curiosité d’autres chercheurs et expliquent leurs grands impacts qui sont justifiés sur leur nombre de citations très élevé (2938 citations). C’est pour ces raisons que les deux Départements dominent largement et détiennent les 54,91% de la totalité de la publication et 51,63% de citation.

La déficience des autres Départements s’explique en grande partie par les effets du cercle vicieux des problématiques de la recherche à Madagascar. Selon l’étude entreprise par Jacques Gaillard et Anne Marie Gaillard dans le document Développement et renforcement des capacités de recherches scientifiques à Madagascar, une évaluation de l’impact des activités de la Fondation Internationale pour la Science(IFS) à Madagascar 1974 à 2009 , rédigé par Jacques Gaillard et Anne Marie Gaillard en décembre 2009, page 81, les facteurs communs de limitation de recherche à Madagascar par ordre d’importance sont :

– L’insuffisance des infrastructures (laboratoire, centre de recherche, centre de documentation…) et la carence en équipements, matériels ou consommables constituent les principaux problèmes.
– Absence ou modicité de financement alloué à la recherche
– Difficile accès à la documentation
– La défaillance en capacité académique, capacité linguistique (surtout l’anglais qui devient actuellement une langue de communication principale au niveau des universités), des capacités en technologie de l’Information et de communication avancée (qui est un outil indispensable à la réalisation et diffusion des recherches). Face aux obligations et occupations des enseignants dans leur métier, ils n’ont plus le temps de se former ou de renforcer leur capacité. Le poids de l’âge pèse également sur la majorité de ces enseignants.

Outre les facteurs spécifiques à chaque Département on peut considérer également les A cela s’ajoute la propre conviction de certains enseignants non publiants qui refusent de s’impliquer à la recherche malgré leur statut d’enseignant chercheur et les difficultés des jeunes chercheurs à s’identifier.

Le premier cas peut s’expliquer par le fait que certains enseignants se consacrent majoritairement leur temps à l’enseignement entre 40% à 70% plutôt qu’aux activités de recherche entre 20 et 40% de leur temps .Cela peut s’expliquer par deux raisons :

– Défaut de leurs capacités académiques qui leur obligent de s’impliquer davantage à leur profession d’enseignant. Au niveau national, 36% des enseignants n’a pas de doctorat ou de diplôme équivalent
– Priorité attribuées aux activités extra professionnelles (politique, consultance…) qui sont plus rentables et lucratives par rapport au temps et à leurs investissements intellectuels.

Le deuxième cas s’explique par le fait que contrairement aux grands chercheurs qui ont de forte notoriété aussi bien au niveau national qu’international, ces jeunes chercheurs manquent de moyens adéquats pour effectuer leurs travaux de recherche. Nos laboratoires sont assez limités en matériels et équipements modernes. Ils sont, aussi, parfois mal encadrés. Dans les conditions actuelles, il est quasiment difficile à ces jeunes chercheurs d’aller à l’extérieur pour renforcer et développer leur compétence à travers des séminaires, des ateliers ou des simples voyages pour des échanges d’ expériences entres les chercheurs ou des découvertes. A cela s’ajoute à la mal répartition des enseignants titulaires de Doctorat et Professorat au sein des 12 départements. Ce sont en effet les piliers de la recherche qui pourraient redynamiser ce domaine. C’est le cas par exemple du département Génie Electrique récemment mis en place en tant que Département indépendant et qui n’a qu’un seul Professeur. Il ne produit en effet que peu de publication.

Enfin, le problème de la relève suite au gel de recrutement des enseignants chercheurs ordonné par les bailleurs de fonds internationaux et l’insuffisance des postes budgétaires constitue un obstacle majeur du développement de recherche au niveau de tous les Universités de Madagascar. La plupart des enseignants chercheurs à l’âge de retraite préfèrent garder leur poste pour préserver leurs avantages (les différentes indemnités) étant donnés qu’ils risquent de les perdre en partant à la retraites.

Par rapport au temps, la période de 2002 à 2008 est une période sombre à l’ESPA. En termes de productivité, la recherche est très faible. Même les départements de Génie Chimique et Génie Mécanique et Productique connaissent une maigre production (une totale de 73 publications soit 32,89%).

Pendant cette période, l’insuffisance des enseignants suite au zèle de fonctionnaire limite les activités de recherche au profit de l’enseignement dans les établissements universitaires y compris l’ESPA. Cette situation est alors commune à Madagascar.

Table des matières

INTRODUCTION
1. MATÉRIELS ET MÉTHODES
1.1 Matériels
1.2 Méthodes
2. RÉSULTATS
2.1 Une modeste production scientifique très dispersée
2.2 Analyse des auteurs
2.3 Type de collaboration
2.4 Les types de supports de publications
2.5 Analyse des mots clés
3. DISCUSSION
3.1 Analyses statistiques
3.2 Pertinence et originalité des publications internationales
3.3 Propositions de solutions
CONCLUSION
RÉFÉRENCES
LISTE DES ANNEXES

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