Épistémologie de la pratique écrite dans la discipline «langue maternelle» 

Épistémologie de la pratique écrite dans la discipline «langue maternelle»

Dans le milieu scolaire l’écrit occupe depuis toujours une place très importante. L’objet de notre étude s’intéresse à la compétence de communication écrite dans ce milieu. Ainsi, la première partie du présent travail est composée de deux sections. Dans la première section, nous allons aborder une analyse de la langue selon l’épistémologie de la «langue maternelle».
La deuxième section comportera l’épistémologie de la discipline langue afin de définir la place de la communication ainsi que la pratique écrite dans la discipline en question. Ces différents éléments vont nous permettre d’avoir une idée plus précise de la place et de l’importance de la pratique écrite dans la discipline «langue maternelle».

Analyse épistémologique de la langue

La dichotomie orale–écrit a intéressé beaucoup de chercheurs dans le cadre de la communication. Cela est dû au fait que, d’une manière générale, elles sont basées sur les différents aspects de la langue. Ainsi, ces deux types de communication utilisent la langue à leur manière. Or, certains d’entre eux affirment que l’écrit n’est qu’une retranscription de la parole. En conséquence, nous nous posons la question de savoir : qu’est-ce que la langue, le langage et la parole ? Quelle est la différence entre ces trois éléments constitutifs de la communication humaine ? Alors pour trouver la place de l’écrit dans la communication, nous jugeons à priori, nécessaire de faire la distinction entre langue-langage-parole tout en identifiant leur fonction dans la construction de l’individu.

Distinction entre langage, langue et parole

Commençons à faire la distinction entre les trois éléments qui constituent l’unité centrale de la communication humaine et qui servent à exprimer ses idées, à savoir le langage, la langue et la parole.

Le langage

Dans ce passage, notre analyse part des perspectives différentes mais complémentaires pour arriver à comprendre son rôle dans la construction de l’individu, à savoir une analyse du point de vue linguistique et une autre analyse selon la psychologie cognitive.

Apport de la linguistique

Pour commencer, il faut noter que F. de Saussure est le premier à faire la distinction entre ces trois éléments que sont le langage, la langue et la parole. Par rapport à l’analyse linguistique, le langage est indissociable de l’apprentissage à cause des quelques points suivants :
Le langage : une conception individuelle et sociale du langage humain Saussure analyse le langage en parallèle avec la langue et la parole. Le langage est une faculté humaine, ainsi il affirme que « l’exercice du langage repose sur une faculté humaine que nous tenons de la nature » (Saussure, 1995, p.25). Il insiste aussi sur le fait que mise à part la définition du langage comme la faculté innée de parler, le langage désigne surtout le résultat de la mise en œuvre de cette faculté pour arriver à la langue ainsi qu’à la parole. Ce n’est pas le langage parlé qui est naturel à l’homme, mais la faculté de constituer une langue [ …] (Saussure, 1995, p. 26), c’est pourquoi il fait remarquer que le langage a un côté individuel et un côté social et l’on ne peut concevoir l’un sans l’autre (Saussure, 1995, p. 24). Ces propos de Saussure nous renvoient à l’idée que le langage est en quelque sorte la base de la communication humaine et il se manifeste à travers des voix sous deux aspects : l’individuel et le social.
L’intérêt de prendre en compte cette analyse nous permet de comprendre que le langage parlé n’est pas inné à l’homme. Autrement dit, il y a toujours apprentissage. Cette idée de Saussure se renforce quand on parle de l’écrit qui est une autre manifestation du langage dans la société.
Langage : institution humaine et support de la pensée humaine
Plus tard, Martinet parle du langage articulé. Il insiste sur la place du langage, comme Saussure ; il le met dans un domaine qui dépasse la dimension individuelle. Martinet met le langage parmi les institutions humaines, […] les institutions humaines résultent de la vie en société ; c’est bien le cas du langage qui se conçoit essentiellement comme instrument de communication (Martinet, 1980, p. 9). En outre, il parle de la relation entre le langage et la pensée et affirme que le langage assume le rôle de la communication dans une société donnée. Et de plus « …le langage sert, pour ainsi dire, de support à la pensée […] » (Martinet, 1980, p .9).
Langage : instrument de communication et socialisation Suite à l’analyse de ces deux linguistes qui désignent le langage comme instrument de communication, Mendenhall explique l’importance de cet instrument dans la vie en société. Plus précisément, il a mis en relief l’usage même de cet instrument par rapport à chaque individu. Selon lui, le langage est comme un instrument qui nous permet d’agir et de nous mettre en relation dans la société.

La langue

Langue comme manifestation du langage dans une société donnée

La définition générale du Dictionnaire de linguistique de Dubois et alii affirme qu’au sens le plus courant, une langue est un instrument de communication, un système de signes vocaux spécifiques aux membres d’une même communauté (Dubois, 2002). Cette définition qui met en évidence la fonction de la langue dans la communication renvoie à celle que Saussure a affirmée par rapport à la définition du langage qui désigne la faculté humaine pour la langue. Ainsi la langue est définie comme manifestation de cette faculté dans une communauté linguistique donnée. Selon Saussure « la langue est un produit social de la faculté du langage et un ensemble de conventions nécessaires adaptées par le corps social pour permettre l’exercice de cette faculté chez les individus » (Saussure, 1995, p.25). D’après cette définition, il insiste sur la caractéristique sociale de la langue, elle n’existe que dans la collectivité et est régie par un ensemble de règles ainsi que de conventions. En outre, « la langue est le produit que l’individu enregistre passivement » (Saussure, 1995, p. 30).
Par conséquent, la langue désigne d’une part, l’aspect social de la communication humaine à travers la faculté du langage et d’autre part, elle s’utilise dans le respect des règles et des conventions de la société en question. Ainsi, nous pouvons la définir également comme un fait social et comme culture. Elle permet en outre, à l’humain, d’agir dans la communication interhumaine, pour se développer, pour aiguiser la pensée.

Langue et pensée

Selon Descartes « je pense donc je suis ». Descartes affirme ici que l’être humain pense, il fait un travail à l’intérieur de son être, c’est indubitable. Et « penser » fait partie de la condition humaine.
Cette pensée n’est possible que par la langue. De ce fait, langue et pensée humaine sont indissociables car la langue façonne et aiguise la pensée ; qui plus est, elles se nourrissent mutuellement. Humboldt souligne que « l’homme pense, vit uniquement par la langue » (Humboldt, 2000, p. 57). Donc prendre la parole (à l’oral ou bien à l’écrit), qui est l’aspect individuel de la langue, est l’essence même de l’être humain. Cela constitue un besoin fondamental tant dans la vie individuelle que collective. Parler, c’est faire connaître son existence, son être. Pouvoir parler, c’est avoir l’occasion de s’exprimer et de verbaliser sa pensée. De plus, c’est un moyen d’agir sur les autres et sur l’environnement. Agir à la place de subir en permanence. Dans la société, ceux qui ne s’expriment pas de vive voix s’excluent automatiquement et nient leur existence. Et pour arriver à se développer, il faut perfectionner cet outil qu’est la langue. Car la parole, c’est l’homme.

Langue et culture

Martinet développe l’idée de Saussure sur l’existence de la langue dans la communauté avec ses règles et ses lois, en plus des conventions en fonction des cultures de ses membres. Ainsi, la langue sert d’instrument de communication dans une communauté linguistique spécifique. Mise à part cette fonction de communication, la langue témoigne également de l’intelligence conceptuelle et le comportement social et culturel de l’être humain. Ce sont l’expérience de chaque communauté et sa vision du monde qui déterminent la structure de chaque langue et qui construit à son tour la culture. C’est pourquoi, une langue est différente d’une communauté à l’autre. En conséquence, il apparait donc que la vie communautaire se reflète à travers la langue. Langue et culture de la communauté vont de pair. Martinet affirme ceci : « une langue est un instrument de communication selon lequel l’expérience humaine s’analyse, différemment dans chaque communauté en unité douée d’un contenu sémantique et d’une expression phonique : les monèmes ; cette expression phonique s’articule à son tour en unité distinctive et successive, les phonèmes en nombre déterminé dans chaque langue, dans la nature et les rapports mutuels différent eux aussi d’une langue à une autre » (Martinet, 1960, p. 20, 21).
Ce qui nous semble important dans ces analyses concernant la langue, est le fait de savoir qu’une langue contient et véhicule une culture. Nous pouvons en déduire alors que l’on ne partage pas uniquement ses idées ou bien ses pensées à travers la communication mais, on communique surtout sa culture et sa vision du monde. Ainsi, il apparaît que la langue change d’une communauté à l’autre car elle relève des conventions de ses membres. De ce fait elle a une dimension sociale et culturelle en permettant l’individu d’intégrer la société et d’en faire partie. Par le moyen de la langue, l’individu a l’occasion d’interagir avec les autres et de développer ses capacités intellectuelles, son intelligence sociale. À l’écrit, la culture fonctionne comme un filtre dans la production écrite puisqu’ elle cadre le choix du niveau de langue utilisé, le type de discours produit.

La parole

La parole : l’aspect individuel de la langue

D’après le Dictionnaire de linguistique, de Dubois et alii, « la parole a été longtemps confondue avec le langage […]. La parole est alors considérée comme ʺ la faculté naturelle de parler ʺ ». Ici, Dubois met en évidence le problème rencontré lors de la définition de ces deux termes et dit qu’elles sont en confusion. En outre, Cuq a emprunté le point de vue de Saussure quand il a défini la parole. Ainsi, « la parole est le concept saussurien qui s’oppose à la langue comme l’utilisation s’oppose à ce système. En tant que manifestation individuelle, occasionnelle, et se matérialisant sous des formes de taille et de nature très diverses […]» (Cuq, 2003). Elle est alors l’aspect individuel du langage, comme le dit Saussure « la parole est […] un acte individuel de volonté et d’intelligence […] » (Saussure, 1995, p. 30). La parole se manifeste aussi bien à l’oral qu’à l’écrit.

La parole : affirmation de soi

La parole est le moyen individuel pour se mettre en relation avec le monde, pour s’expliquer le monde autour de soi. C’est pourquoi, elle se réalise dans et par la communication orale et écrite. Dans ce sens, elle représente la façon individuelle d’utiliser le langage. En effet, elle est propre à chaque être humain mais son utilisation se fait dans le respect des règles et des lois qui régissent la communauté, tant sur le plan linguistique que culturel.
À l’écrit, la parole se fait en suivant les règles de l’écrit (grammaticales, syntaxiques, etc.).Elle sert pour l’affirmation de soi et prend forme à l’oral ou bien à l’écrit. De plus, la personnalité ainsi que la pensée de l’individu sont reflétées à travers sa parole car elle constitue un moyen par lequel il s’affirme, par ses idées et que l’on dit son opinion, ses sentiments ; que l’on montre son caractère, son être même. En somme, la parole montre que l’individu se construit en tant qu’être humain.

Apprentissage de la parole

Chacun a sa propre façon de parler. Même si la parole est née d’un apprentissage naturel chez l’espèce humaine et de la compétence de chacun, il faut apprendre à « parler» et surtout il faut apprendre à lire et à écrire. Lire et écrire constituent un pair d’objectifs pédagogiques parmi tant d’autres que la société choisit pour l’enfant dans le début de sa scolarisation et cela se fait progressivement. La société moderne a besoin que ses membres soient des lettrés pour perfectionner la manière de communiquer. C’est pourquoi, l’E/A d’une langue prend en compte la  compétence de la communication orale, tout particulièrement l’écrite. Cette action aide les jeunes à  surmonter les différents obstacles de la vie quotidienne. En résumé, dans cette analyse, nous avons essayé de mettre en lien le langage, la langue et la parole avec leur spécificité respective. D’un côté, la langue est une actualisation individuelle du langage par l’usager. De ce fait, la langue devient un support pour la verbalisation de la pensée, autrement dit, à travers le langage articulé. À ce sujet, Bourguignon affirme que « ce qui va faire de la langue un objet mental qui détient le sens, en plus de signifier un état de choses extérieur ou intérieur, c’est son actualisation dans l’acte de parole. Ainsi, nous pouvons dire que la langue permet au sujet de dire le monde et de se dire à l’autre sans lequel la communication n’aurait pas lieu d’être. La langue est donc un vecteur entre le sujet, l’autre et l’objet monde » (Bourguignon, 2010, p.5).
D’un autre côté, la parole évoque l’utilisation individuelle de la langue en vue de formuler sa pensée et de la partager à un interlocuteur. Nous pouvons déduire que langage, langue et pensée constituent un élément principal et dans la construction de l’individu en tant qu’être humain et dans sa construction en tant qu’être social. Nous pouvons résumer ces réflexions par le tableau suivant.

Épistémologie de la discipline «langue maternelle»

Selon Develay, « l’épistémologie est un discours sur la science. C’est plus précisément une réflexion critique sur les principes, les méthodes et les résultats d’une science – d’un savoir produit par des hommes » (Develay, 1993, p. 35). De ce fait, nous allons réfléchir sur la manière dont la langue, plus précisément la «langue maternelle» est devenue une discipline scolaire. Pourquoi la «langue maternelle» est-elle devenue l’une des disciplines enseignées à l’école ? Sur quels principes, elle s’est basée, avec quelles méthodes et pour quel(s) résultat(s) ? Notre but ici est de définir la place de la communication écrite dans la discipline « langue maternelle ».

La discipline scolaire dans le cadre général

D’une manière générale, la discipline scolaire c’est l’ensemble de tous les procédés qui vise à assurer l’éducation dans le cadre scolaire. Nous allons donc réfléchir selon les deux points d’ancrages en qui elle s’accroche, école et discipline.

L’école

Pour commencer, il est d’abord préférable de passer par la définition de l’école où la discipline a été instituée. C’est une institution créée par la société et cette dernière se fonde sur une base d’option idéologique. Les instances supérieures de la société ont fait le choix d’institutionnaliser l’éducation pour répondre à la question : quelle société va être construite avec tel ou tel individu ? Par conséquent, c’est l’institution qui est à l’origine des choix du vecteur de l’éducation à travers les instances. Nous savons empiriquement que l’école est en rapport avec la vie tout en étant la préparation à la vie. C’est une communauté avec un intérêt commun, autrement dit un lieu pour apprendre à devenir un bon être social et un bon citoyen.

Les différents types de savoir à partir de la transposition didactique

La notion de transposition didactique était consacrée aux savoirs dits « savants » au début. Autrement dit, aux savoirs qui proviennent des sciences comme les mathématiques, les sciences naturelles et les sciences humaines et sociales. Perrenoud a retracé le parcours de ce terme dans son ouvrage, (Perrenoud, 1998, p. 487). Chevallard a beaucoup travaillé sur ce sujet et Perrenoud  a confirmé qu’ « il (le travail de Chevallard) a fortement contribué à associer la notion de transposition aux savoirs dits ʺ savantsʺ ceux dont se réclament les disciplines scolaires comme les mathématiques, les sciences naturelles (biologie, chimie, géologie et physique) et les sciences humaines et sociales (histoire, géographie, philosophie notamment) » (Perrenoud, 1998, p. 487). De ce fait, la transposition didactique est un processus indispensable dans l’enseignement, par rapport au fait que « Il (le savoir savant) n’est pas transférable tel quel, mais il est transposable » (Paun, 2006, p. 5).
Plus tard, il y avait un élargissement de cette théorie aux savoirs dits « experts ». Les savoirs dits « experts » concernent les origines des savoirs plus techniques parce que pour arriver à confectionner des outils informatiques, par exemple, il y avait des savoirs savants qui étaient mobilisés. Perrenoud (1998, p. 487) s’est référé à ce que Joshua a effectué par rapport à cette catégorie de savoir car « il a proposé d’étendre la théorie de la transposition aux savoirs experts » Joshua (1996). « Il l’avait (le savoir « expert ») proposé à propos de la technologie et de l’informatique, mais elle convient aussi aux disciplines linguistiques ou artistiques, aux travaux manuels, à l’éducation physique et aux formations professionnelles » (Perrenoud, 1998, p. 488). Ainsi, savoirs savants et savoirs experts ont le même statut épistémologique, ils découlent des sciences. Pourtant, tous les savoirs scolaires ne découlent pas des sciences. Il y a d’autres sources. Sur ce point, Clerc, Minder, et Roduit, affirment que : « les savoirs savants ne constituent en définitive qu’une ressource, parmi d’autres possibles, pour l’élaboration des contenus. Il y a des enseignements dans lesquels le savoir de référence n’est pas le seul savoir savant, soit parce que ce savoir n’existe tout simplement pas (c’est le cas de l’éducation physique par exemple), soit parce que la finalité d’un enseignement le porte à privilégier une autre référence. Il existe une grande variété de pratiques sociales qui mettent en œuvre diversement une même notion scientifique » (Clerc, Minder et Roduit, 2006, p. 3).

La discipline «langue maternelle»

D’après notre analyse précédente, le savoir-faire et les connaissances se trouvent au cœur de la discipline. Et la discipline «langue maternelle» se place dans la catégorie des Pratiques Sociales de Références en réponse au besoin de la société. Nous pouvons en déduire alors que, la discipline langue devrait contenir au moins deux volets dans son contenu, à savoir, celui qui concerne la communication (car la langue est fait pour la communication et la relation avec ses semblables) et celui qui se rattache à la culture et aux valeurs sociales (la langue va de pair avec la culture).
Pour celui qui correspond à la communication, l’idée est de faire acquérir aux élèves la compétence de communication, entre autres, l’oral ou l’écrit dans une perspective de perfectionner l’outil de communication car la langue vit et évolue dans et avec la société. S’agissant du deuxième volet concernant la culture, l’harmonisation et la socialisation doivent être au cœur de l’enseignement et c’est à travers la culture que cela peut être concrétisé en développant la personnalité, l’identité culturelle individuelle et collective de l’apprenant (construire l’identité nationale pour atteindre l’ancrage identitaire afin d’arriver à s’ouvrir et aller vers les autres).

Les composantes de la discipline «langue maternelle»

Dans son ouvrage, Puren (1988, p. 127) a élaboré « une matrice disciplinaire » de la didactique scolaire consacrée à l’enseignement/apprentissage des langues vivantes ; puis Sachot l’a reprise et a apporté une modification pour que cela puisse être transposé dans l’enseignement de n’importe quelle discipline langue. Nous avons ainsi repris ce schéma pour nous référer dans une perspective de réorienter l’enseignement/apprentissage de la «langue maternelle» dans le sens de la communication écrite. Nous pouvons le représenter comme suit :

Caractéristiques d’une discipline

Une discipline se définit d’abord par la nature des questions qu’elle pose sur le monde (Develay, 1993, p. 39). C’est pourquoi, il existe différentes sortes de discipline, à l’école. Si nous parlons de la discipline langue, quelles questions sur le monde répond-elle pour justifier son existence ? Cette question va encore se complexifier quand nous nous penchons sur la discipline «langue maternelle». D’après l’analyse que nous avons avancée jusqu’ici, concernant la langue, le plus important se rapporte à son utilité dans la communication humaine, le développement individuel et la culture car l’être humain évolue dans et par la communication.

Image d’une société

L’éducation est le reflet de la société. Cela renforce l’idée que la société intervient dans l’éducation de ses membres et elle prend la décision en fonction de ce qu’elle veut construire. Ainsi, la discipline scolaire peut refléter l’image même d’une société car elle expose les besoins de l’être humain ; de plus la société elle-même peut générer des disciplines à travers l’école à partir des pratiques sociales de référence. Cela montre la dimension sociale de l’éducation et de la discipline. Par ailleurs, l’existence d’une discipline scolaire change en fonction de ce que la société désire pour ses membres. Il y a donc des disciplines qui apparaissent et d’autres qui disparaissent au fil du temps. Couturier précise, dans l’œuvre de Tasra (2017), qu’une discipline scolaire est avant tout une forme (construction) historique et sociale. Elle n’existe pas par elle-même, elle est affiliée à des pratiques et des savoirs de référence qui eux ne sont pas scolaire et existe en dehors de l’école (Couturier cité par Tasra, 2017, p. 7). Même si les disciplines scolaires, se différent l’une de l’autre par leur statut épistémologique, elles existent en raison des besoins de la société.

Exigence scientifique

Selon Develay, une discipline scolaire devrait se caractériser à partir de ces quelques éléments de base qui correspondent à l’exigence et être en fonction des besoins de la société. «Ainsi montrerons-nous la présence de cinq éléments comme caractéristiques d’une discipline : des objets, des tâches, des connaissances déclaratives, des connaissances procédurales, le tout permettant d’identifier une matrice » (Develay, 1993, p.38). De cette manière, une discipline devrait comporter des objets bien définis avec des savoirs à acquérir.
Par conséquent, pour sa scientificité, c’est-à-dire, que son existence ne se place pas dans la catégorie du désir, les chercheurs ont mis au point le concept de matrice. Une matrice n’est pas un programme tout tracé mais plutôt un guide pour la création d’une discipline. À ce propos, pour Develay, « la matrice disciplinaire correspond au principe d’intelligibilité de la discipline » […] La matrice de l’enseignement des langues vivantes se caractérise aujourd’hui par une grande importance accordée à la communication et à la compréhension de la civilisation, alors que précédemment la maitrise des contenus sémantiques et grammaticaux était la seule valorisée » (Develay, 1993, p. 39). La discipline langue doit, en effet, comporter des finalités relatives à la communication et à l’interculturalité. Et les objectifs qui en découlent devraient tenir compte des compétences de communication. Dans ce cas, la communication peut être considérée comme sous-discipline de la discipline langue.

Table des matières

0. INTRODUCTION GÉNÉRALE
0.1 État des lieux
0.2 Contexte historique et social du plurilinguisme à Madagascar
0.3 Objectifs de la recherche
0.4 Problématique de la recherche 
0.5 Annonce du plan 
PARTIE I : Épistémologie de la pratique écrite dans la discipline «langue maternelle» 
1.1 Analyse épistémologique de la langue
1.2 Épistémologie de la discipline «langue maternelle»
Conclusion de la première partie
PARTIE II : La compétence scripturale en «langue maternelle» dans un contexte plurilingue : vers une formation continue des enseignants 
2.1 La communication écrite
2.2 Plurilinguisme et production écrite en langue maternelle
2. 3 La formation continue des enseignants en «langue maternelle» dans la mondialisation
Conclusion de la deuxième partie
Partie III : Méthodologie de recherche
3.1 Contexte, objectif du cadrage méthodologique
3.2 Élucidation des terminologies et justification du choix
3. 3 Le protocole d’enquête pour collectes des données
3.4 Dépouillement de données
Conclusion de la troisième partie
CONCLUSION GÉNÉRALE
Discussion et perspectives
Bibliographie 
Liste des schémas et des tableaux

projet fin d'etude

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