Télécharger le fichier original (Mémoire de fin d’études)
DENTS, DÉFENSES, ROSTRES, HISTOIRE D’Y VOIR
L’ivoire est une matière organique issue de l’animal. Historiquement il est associé à l’éléphant. Par extension il faut ajouter les défenses de mammouth, les dents de morse, de cachalot, de phacochère, d’hippopotame, de sanglier. Ces animaux disposent de dents suffisamment importantes pour être sculptées. Pour l’ivoire en tant que matière cette liste est encore trop restrictive.
Structure et composition
Os, dent, défenses ? Qu’est-ce que l’ivoire ?
La nature a doté les mammifères d’outils complexes et puissants pour mastiquer les aliments. Par sélection naturelle, les espèces s’adaptent à leur environnement.
Les défenses sont des dents, incisives ou canines projetées hors de la bouche. Les dents et les défenses sont composées entre autres, de pulpe, dentine et émail. C’est un édifice de dentine revêtu d’émail sur la couronne et de cément sur la racine. La pulpe dans la cavité de la dent, par des cellules dites odontoblastiques, va produire les tissus durs (dentine, ciment, émail). La dentine est une matière calcifiée blanchâtre ou jaune qui résulte de la minéralisation du produit des cellules odontoblastiques7. L’émail se distingue par son aspect brillant, translucide et par sa plus grande dureté. Nous parlons d’ivoire pour ce que l’anatomiste appellerait dentine et cément8. Le cément est une sorte de matière osseuse qui se distingue mal de la dentine, ils se trouvent souvent réunis sur la même pièce (Annexe 1 p.3).
Ce qui distingue l’os de l’ivoire c’est leur vascularisation. L’os est irrigué par le sang alors que les tissus dentaires ne le sont pas. Par exemple les bois du cervidé sont irrigués à travers l’os qui se prolonge hors de la peau du crâne, alors que seule dans la pulpe d’une défense circule le sang. C’est cette absence de réseau vasculaire qui rend l’ivoire si compact. De plus la forme creuse de l’os limite le travail en trois dimensions.
Déjà teinté de façon inégale, l’ivoire s’enrichit de légers reflets rosés ou orangés selon comment la lumière frappe les veines. D’autre part l’ivoire change de couleur avec l’âge. Le plus fréquemment il jaunit. Cette teinte est souvent visible sur des objets exposés inégalement à la lumière. Par exemple ce phénomène s’observe couramment sur le dos d’un christ sur la croix. L’ivoire peut prendre une patine d’un brun roux. Il peut aussi blanchir et prendre un ton laiteux comme c’est le cas pour certaines espèces provenant de Guinée. Cette transformation peut prendre quelques années ou beaucoup plus de temps. Dans l’Egypte ancienne et durant l’Antiquité l’ivoire était souvent plongé dans un colorant en ébullition et en ressortait revêtu d’un ton uni.
L’ivoire se compose de fibres de collagène (CF) à 30 % massique et de particules d’hydroxyapatite carbonatées et enrichies en magnésium à 70 % massique (Mg-carb-HAP)9. Sa composition varie d’un animal à l’autre, d’une espèce à l’autre10. Chaque espèce et chaque individu en fonction de son environnement possède une composition particulière.
Les plus grands mammifères sont ceux qui ont fournis les plus importantes sources d’ivoire pour la sculpture. L’ivoire d’éléphant est le plus exploité en particulier celui d’Afrique dont les défenses sont plus larges que celles son cousin d’Asie. La toute première source pour l’homme fut certainement le mammouth Il est encore exploité aujourd’hui notamment en Sibérie. Vient ensuite les cétacés : le cachalot et l’orque (épaulard), le morse, le narval (dont le rostre était attribué à la légendaire licorne). Il faut aussi citer l’hippopotame, et les phacochères. Les dents sont appelées défenses pour l’éléphant, le phacochère ou le morse car elles font saillie hors des lèvres. Pour l’éléphant il s’agit des incisives supérieures. Pour le narval, l’incisive supérieure est appelée rostre. L’ivoire d’hippopotame est issu des incisives ou de canines supérieures ou inférieures11 (Annexe 3 et 5 p.5).
Par certains aspects la structure de l’ivoire se rapproche de celle du bois (Annexe 6 p.5). Matière organique comme celui-ci, il se rétracte (l’ivoire vert) en séchant et peut gonfler avec l’humidité. C’est le long des fibres que l’ivoire, une fois sec peut se briser, ce qui en fait une matière fragile. La dentine contient des structures microscopiques, les canalicules ; ce sont des micro-canaux qui rayonnent de la pulpe vers la paroi extérieure. Ces canaux, appelés aussi tubules dentinales, présentent différentes configurations selon les ivoires, et leur diamètre va de 0,8 à 2,2 microns. Leur longueur dépend du rayon de la dent (défense). La configuration tridimensionnelle des canalicules de dentine est déterminée génétiquement12, par leur analyse il peut être déduit certaines informations sur l’animal et son environnement. Tout comme les veines du bois qui forment les cercles d’un tronc, et permettent de voir sa formation et les années de croissance d’un arbre (étude faisant partie de la dendrochronologie), il est possible de dater un ivoire. Les fibres de dentine forment des cercles concentriques, dont la calcification progressive, permet de lire les étapes de formation de la défense et d’en déduire l’âge de l’animal qui l’a produit. Cette structure en couches concentriques est aussi mise à profit dans le travail de l’ivoire (Annexe 2 p.3).
Etudier la structure de l’ivoire c’est observer un matériau biologique avec d’incroyables propriétés structurales. Des études morphologiques, chimiques, structurales et des analyses ADN ont été mises en place pour lutter contre le braconnage13 que nous étudierons dans une seconde partie. Ce sont ces mêmes propriétés qui sont observées et recherchées pour fabriquer des substituts à l’ivoire.
Les substituts
Il y a deux catégories de substituts de l’ivoire : naturels et manufacturés (Annexe 4 p.4).
Substituts naturels à l’ivoire
Bien que ce ne soit pas à proprement parler un substitut, certains artistes utilisent en remplacement de l’ivoire d’éléphant moderne, l’ivoire fossile de mammouths trouvé en Sibérie (Annexe 6 p.5). Il est exploité depuis de nombreuses années14.
Les substituts naturels sont d’origine animale ou végétale de nature différente. Parmi les espèces animales sont utilisés : l’os, les coquillages, le bec de calao. Ainsi l’os compact est le substitut le plus souvent utilisé. Les coquillages peuvent être polis pour obtenir une surface dure très lisse. L’ivoire de Calao est en fait une partie du casque de l’oiseau. Le Calao de Malaisie est une espèce menacée de Bornéo, une protubérance creuse fixée sur la partie supérieure de son bec peut être sculptée et polie. D’une teinte rouge vif à la périphérie, il est aussi appelé « ho-ting » ou « jade doré 15».
L’ivoire végétal provient essentiellement de l’endosperme des graines contenues dans les fruits d’un palmier, le tagua ou arbre à ivoire (Phytelephas macrocarpa) ; d’autres palmiers de la même sous-famille produisent également des noix d’ivoire. L’arbre à ivoire pousse principalement dans les régions tropicales humides du Nord de l’Amérique du Sud. La graine mûre, qui peut atteindre la taille d’une pomme, a un albumen cellulosique très blanc, extrêmement dur, qui se travaille comme l’ivoire, il est aussi connu sous le nom de corozo. Peut être aussi citée dans cette catégorie la résine de copal fossile16.
Substituts manufacturés à l’ivoire
A côté des matières naturelles, animales ou végétales, il y a des ivoires manufacturés.
Ils sont de trois catégories :
1) ceux composés d’une résine organique et d’un matériau inorganique,
2) ceux composés de caséine et d’une résine,
3) les composés de poudre d’ivoire avec un liant ou une résine. Dans le commerce ces compositions portent différents noms tel que celluloïd, ivorite, alabrite, galolith etc … Les substituts de l’ivoire se distinguent facilement de l’ivoire véritable par leur réactivité à la lumière ultraviolette ainsi a leurs caractéristiques physiques.
Les ivoires manufacturés sont ceux qui sont venus remplacer dans notre quotidien de nombreux objets qui au XVIIIe siècle étaient en ivoire. En effet, la demande augmentant durant la période de la révolution industrielle, il était donc intéressant de trouver d’autres matières moins couteuses. Par exemple le celluloïd inventé par John Wesley Hyatt en 1869 aux Etats-Unis17. Il reprend la formule chimique de l’anglais Alexander Park qui appelle en 1856 cette matière la Parkestine. Daniel Spill améliore cette formule pour créer la Xylonite et fabrique, par exemple, des pièces d’échec18. Cependant c’est le celluloïd qui, créé à l’origine pour remplacer l’ivoire des boules de billards, connaitra le plus grand succès commercial. Ces matières sont obtenues par l’assemblage à forte pression de plaques de cellulose (nitrocellulose) et de camphre. L’entreprise de Hyatte produisait des objets de toutes formes dont des articles de toilette, des touches de piano ou des armatures de lunettes. Il s’agissait d’une matière pratique, à faible coût qui pouvait se substituer à l’ivoire, la corne ou l’écaille de tortue. Dilué avec de l’acétone il a été ensuite utilisé pour faire des bobines de film pour le cinéma ainsi que des tissus pour remplacer de lin. Les objets en ivoire manufacturé ne sont en général pas sculptés mais moulés, séchés puis patinés. Un siècle et demi plus tard, et comme souvent avec les nouvelles découvertes, force est de constater qu’aucune de ces matières n’a remplacé l’ivoire. Peut-être est-ce dû à la dimension psychologique qui s’y rattache.
L’IVOIRE : SYMBOLIQUE ET PROJECTIONS
La fascination que provoque l’ivoire ne tient pas qu’à la rareté de la matière ou à sa structure unique, mais aussi à une dimension psychologique difficile à cerner. Ce côté psychologique n’est pas anodin, il donne une dimension supplémentaire à l’objet qui se reflète dans les prix du marché. Il est aussi certainement un frein considérable pour les législateurs et les défenseurs des causes animales. Nous ne pouvons qu’aborder ce domaine pour tenter de comprendre les projections qu’a construit l’homme sur l’ivoire.
En regard de la littérature à travers le temps, le terme d’ivoire est employé comme une métaphore de la bêtise ou de l’irresponsabilité, puis de pureté, ou encore d’une beauté exceptionnelle. Il a été aussi utilisé pour désigner une personne retirée des préoccupations communes.
Rabelais reprend un passage de l’Odyssee :
« Par adventure est ce que escrivent Homere et Virgile des deux portes de songes, es quelles vous estes recommandé. L’une est d’ivoire, par laquelle entrent les songes confus, fallaces et incertains ; comme, à travers l’ivoire, tant soit déliée que voudrez, possible n’est rien voir, sa deusité et opacité empesche la peuetration des esprits visifz et reception des especes visibles. L’autre est de corne par laquelle entrent les songes certains, vrais et infaillibles19 ».
L’ivoire suggère la naïveté et la folie. Cette idée de beauté et de folie est illustrée par le mythe de de Galatée. Le sculpteur Pygmalion tombe amoureux de sa statue en ivoire Galatée à laquelle Aphrodite donne vie. Le rapprochement entre la couleur de l’ivoire et celle de la peau s’exprime fréquemment dans les arts.
C’est le cas dans l’ancien testament, plus précisément dans le Cantique des Cantiques, Salomon l’emploie pour louer les charmes de son aimée « Ton cou : une tour d’ivoire. Tes yeux : les vasques de Heshbone à la porte de Bath-Rabbim, et ton nez, comme la Tour du Liban, sentinelle tournée vers Damas20 ».
Au XXe siècle les auteurs utilisent encore l’ivoire comme image pour parler de la beauté parfaite d’une peau blanche ou de dents blanches : « Le peu qu’on voit de son cou est blanc comme l’ivoire ; et ses bras ! Ils en sont aussi, de cet ivoire, et ils sont faits au tour !21 »
La tradition judéo-chrétienne utilise le terme de « tour d’ivoire » comme symbole de noble pureté, comme épithète pour représenter Marie et cette image se retrouve dans l’art pictural religieux.
La Fontaine utilise l’image de l’ivoire pour décrire la pureté de l’âme lavée de tous péchés :
« Tu te verras citoyen du haut monde
Dans mille ans d’hui, complets et bien comptés ;
Auparavant il faut d’aucuns péchés
Te nettoyer en ce saint purgatoire :
Ton âme au jour plus blanche que l’ivoire
En sortira.22»
Cependant le terme de « tour d’ivoire » a pris un sens différent avec le temps. Charles-Augustin Sainte-Beuve dans un poème de 1837 Pensés d’Août parle de deux autres poètes, Victor Hugo et Alfred de Vigny :
[…] Hugo, dur partisan,
Combattit sous l’armure. Et tint haut sa bannière au milieu du murmure :
Il la maintient encore ; et Vigny, plus secret.
Comme en sa tour d’ivoire, avant midi, rentrait »
Une note ajoute « Cette tour d’ivoire est devenue comme inséparable du nom de M. de Vigny ;
le mot a couru, et il est resté23. »
Le terme décrit un rêveur ingénu, ce qui se rapproche de la signification courante aujourd’hui. Une personne dans une tour d’ivoire, par choix ou accident, est protégée des réalités de l’existence, hors d’atteinte du monde réel. L’ivoire fait alors peut être référence à l’innocence, éloignée des préoccupations communes. Il peut aussi être le symbole de force, incassable et incorruptible. Le terme s’emploie plus négativement pour désigner une élite, intellectuelle ou littéraire qui cultive l’exclusivité de son savoir.
De la sensualité captivante, à la pureté de l’âme en passant par la folie et l’élitisme démesuré l’ivoire véhicule plus de sens qu’une simple matière animale. Quelle est la place de l’ivoire dans l’histoire de l’art ? L’ivoire n’a pas fasciné que les écrivains. Observons les ivoires, non pas fruits de la pensée des poètes, mais celui des mains de sculpteurs.
Les ivoires : la sculpture précieuse à travers l’Histoire de l’Art
Avec l’ivoire, il s’agit d’abord de matière. Puis une fois qu’il est ouvré, que des objets en sont tirés, il s’agit de formes, ce sont alors des ivoires. Autrement dit le passage du singulier au pluriel correspond au passage de la matière aux formes. L’ivoirerie est le produit du travail de l’ivoirier celui qui façonne l’ivoire. Il est aussi question plus tard de tabletterie c’est-à-dire est la fabrication à l’origine de tablette à écrire puis de petits objets par découpage, assemblage, incrustation, marqueterie etc …
ORIGINE, DESTINATION GÉNÉRALE DE L’IVOIRE
Les ivoires sont, dans certains ouvrages, classés comme « art mineur » car ne faisant pas partie des catégories académiques (peinture, sculpture, architecture). A ce terme à consonance péjorative, il est préférable de parler d’art décoratif, ces objets étant destinés à décorer les intérieurs et les vitrines des amateurs et collectionneurs. Ce sont des sculptures dans un matériau dur et précieux au même titre que la sculpture de jade. L’ivoirerie se rapproche parfois de sculpture monumentale et parfois des techniques de fabrication de la sculpture sur bois.
LES IVOIRES AUTOUR DU MONDE
Pour qu’il y est un art d’ivoirerie, faut-il encore la présence d’ivoire et donc celle des animaux qui le produisent ou des moyens de le transporter. Les grands mammifères mentionnés précédemment, n’étant pas présents sur tous les continents certains peuples ont ignoré cette pratique pendant des milliers d’années.
Sur tous les continents, dès que l’homme a chassé l’animal, il en a extrait des matériaux qu’il a transformés en objets. Cet apport de matière première, certains historiens le font coïncider avec l’éveil du sentiment religieux. Dès le début du paléolithique supérieur l’homme a, certes, taillé des pointes de flèches, des harpons, des grattoirs, mais aussi ses premières idoles, des objets rituels ou magiques ceci dans de l’os, des dents ou des bois de cervidés. Dans les régions polaires, les os et les dents des mammifères marins ont constitué, jusqu’à la récente introduction du fer, le seul matériau disponible. Par contre, en Amérique au sud du Canada, l’absence de cervidés, d’éléphants, d’hippopotames, de rhinocéros, ainsi que l’ignorance de la chasse à la baleine ont réduit presque à néant le rôle de l’ivoirerie en comparaison des travaux de la pierre, des étoffes et des métaux précieux.
« Le génie de chaque peuple éclate dans les ivoires, quand ses artisans laissent libre cours à leur spontanéité. Les plaques et les coffrets de Ceylan confirment le faste de l’imagination attribue aux Nababs. Les Kwan Yin chinoises de la période Ming ne le cèdent pas en élégance à leurs aînées, les fameuses Dames de la Cour en céramique. Les riches scènes de chasse et de cour islamiques paraissent illustrer une luxueuse édition des Milles et Une Nuits. Par le dépouillement et la stylisation des traits, les artistes africains frôlent la caricature, sans pour autant prêter à rire. Les ivoiriers japonais, peut-être les meilleurs animaliers du monde, obtiennent l’effet apparemment inverse en reproduisant la nature dans ses moindres détails.
Les Esquimaux nous font part de leur ténacité face à des conditions naturelles défavorables. Sur leurs scrimshaws24, les chasseurs nord-américains y ajoutent la marque de leur génie organisateur, industriel, et hélas destructeur. 25»
Bien sûr la répartition sur la planète des ivoires est inégale. Les peuples d’Arabie sont ceux qui ont, les premiers, commercé, avec les pays d’Afrique, et l’ont travaillé, alors que l’Asie a suivi une évolution différente. Nous ne pouvons que mentionner certaines de ces productions artistiques internationales remarquables. Par exemple dans les collections françaises est conservé un témoignage rarissime d’un ivoire arabo-africain. Il s’agit d’un contrepoids, d’un pommeau et d’un olifant monumental26. Il est supposé que cet instrument de musique orné de motifs géométriques ajourés typiques de l’art arabe faisait partie de la collection des sultans de Malindi27 ou de Pale. Il daterait probablement de plus de trois siècles en arrière. Le navigateur portugais Vasco de Gama, qui débarque à Malindi en 1498 au cours de son voyage vers les Indes, signala la présence de « deux trompes en ivoire, richement sculptées, de la dimension d’un homme, jouées par un trou latéral 28. Instrument dont on a perdu la trace29.
Les ivoires voyagent, ils reflètent les échanges internationaux. De l’Egypte à la Crète, en Asie centrale sont retrouvés des ivoires aux motifs indous, l’art islamique selon les périodes a tantôt exalté la richesse de la vie avec des motifs mongols parfois créé des décors abstraits comme pendant les périodes mamelouk et turque. Mais c’est la Grèce et l’Orient classique qui ont certainement eu le plus d’influence, d’abord en marquant les productions étrusques, puis celles du Centre de l’Asie (Cachemire) et de l’Asie du Sud-Est (Ceylan et Insulinde). Même si les ivoires ne constituent qu’un domaine modeste de l’histoire de l’art, à l’échelle internationale cela représente un échantillon colossal de toutes les époques et de nombreuses cultures qui se sont influencées mutuellement. Nous observerons celle qui nous est le plus proche celle de l’Europe et de la Méditerranée. La plupart des œuvres sont conservées dans les collections nationales.
LES IVOIRES EN OCCIDENT
La question de l’articulation des différentes catégories s’est rapidement posée lors de la rédaction de cette partie. Avoir une vision globale tout en trouvant des catégories pour argumenter la place de l’ivoirerie dans notre patrimoine s’est révélée une tâche complexe. Les ivoires auraient pu être divisés en fonction de leurs usages ou selon le type de fabrication, par exemple, entre ivoires sacrés, ivoires usuels, ivoires luxueux ou non, objet de tabletterie ou de ronde-bosse, etc… Il est intéressant de s’interroger sur la place des ivoires dans les sociétés. Cependant ces caractéristiques se recoupent ou existent à travers le temps. C’est pourquoi le choix d’un axe chronologique a été fait. Ce dernier permet d’exposer l’évolution de l’ivoirerie en fonction des progrès de la technique.
L’utilisation de l’ivoire a changé lorsqu’il a été possible de l’importer en grande quantité. Cette transition correspond aux progrès de la navigation. Notre première partie correspond au commerce de l’ivoire par les terres et la seconde au développement du commerce par la mer. Nous observerons quelques exemples les plus emblématiques au fil de l’histoire. Un tableau chronologique en annexe illustre les objets évoqués avec leurs caractéristiques principales tels que ; l’époque, les dimensions, la technique, l’usage … et permet ainsi un deuxième recoupement.
Table des matières
1 Introduction
2 Partie : L’ivoire et les Ivoires : de la matière aux objets
2.1 Chapitre : L’ivoire matière organique animale, commune et exceptionnelle
2.1.1 Dents, défenses, rostres, histoire d’y voir
2. 1.1.1 Structure et composition
2.1.1.2 Les substituts
2.1.2 L’ivoire : symbolique et projections
2.2 Les ivoires la sculpture précieuse à travers l’Histoire de l’Art
2.2.1 Origine, destination généraLe de l’ivoire
2.2.2 Les ivoires autour du monde
2.2.3 Les ivoires en occident
2.2.4 Les caractéri stiques communes
2.3 Les premiers temps de l’ivoire : une matière rare
2.3.1 La préhistoire : l’ivoire et l’éveil de la sp iritualité
2.3.2 L’antiquité : avénement de l’ivoire pouvoir
2.3.3 Le Moyen Âge d’or et d’IvoirE
2.3.3.1 D’une croyance à l’autre
2.3.3.2 ivoire merveilleux
2.3.3.3 Ivoire gothi que
2.4 Des caravanes aux caravelles et les grandes découvertes
2.4.1 Les Portugais en Afrique
2.4.2 Les ivoiriers Flamands et italiens
2.4.3 Le cas de la ville de Dieppe
2 Partie : Entre nécessaire protection des éléphants et sauvegarde du marché de l’ivoire
2.1 Chapitre : La protection d’une espèce en danger : un défi mondial
2.1.1 Le contexte économique et social autour de l’exploitation de l’ivoire
2.2 Les pays sources d’ivoire
2.2.1 Le trafic : une activité très lucrative
2.2.2 Des éléphants et des hommes
2.2.3 L’appel des gouve rnements d’Afrique
2.3 Le paysage international de la lutte contre le trafic d’ivoire
2.3.1 CITES : l’outil de référence i nternational en matière de protection des espèces
2.3.2 La Chine et les Etats Unis les plus grands consommateurs
2.3.3 L’E urope une plaque tournante du trafic d’ivoire
2.3.3.1 Le cadre législatif européen
2.3.4 Organismes internationaux
2.3.4.1 La force des médias et sensibilisation
2.3.4.2 Destructions de stocks
2.4 Chapitre La position de la France dans la lutte contre le trafic d’ivoire
2.4.1 Paysage législatif français
2.4.1.1 Contradiction entre les organes étatiques
2.4.2 Le débat de 2016
2.4.3 Troisième épisode législatif
2.4.4 La place de l’ivoire sur le marché des enchères
2.4.5 Déduction
Bibliographie