Enrico Vottone et le Cinquième livre de madrigaux, les liens musicaux entre D’India et l’Angleterr
Premier (deuxième rééd.)2, Deuxième, Troisième, Quatrième et Cinquième livres, publiés entre 1610 et 1616), trois livres des Musiche sur cinq : les Deuxième, Quatrième et Cinquième livres, publiés entre 1615 et 1623, ainsi que le livre des Musiche e Balli de 1621, soit dix recueils et deux rééditions sur les dix-huit publications et trois rééditions connues. Notons aussi que plus de la moitié de ces livres (sept recueils), publiés tous à Venise chez Gardano – l’éditeur le plus important entre 1560 et 1620 en Europe3 –, Magni, Amadino ou Vincenti, sont la seule source musicale complète ou ne sont conservés qu’à Oxford. Ces ouvrages ont été acquis par cette bibliothèque en 1710. Selon Paolo Emilio Carapezza, D’India aurait pu se rendre à Londres en 16164. Dans la mesure où le musicologue associe systématiquement la date d’une dédicace à un éventuel déplacement du compositeur dans le pays du dédicataire, on peut penser que D’India serait allé en Angleterre pour offrir la dédicace de son cinquième livre de madrigaux5 à Enrico Vottone (Sir Henry Wotton, 1568-1639), ambassadeur d’Angleterre à Venise. Nous étudierons, dans une première partie, le contexte historique et culturel autour du livre de madrigaux que D’India a dédié à l’ambassadeur anglais auprès de la Sérénissime en nous attardant sur l’étude de quelques madrigaux de ce recueil. Nous essaierons également de démontrer que D’India et Wotton se seraient rencontrés à Turin et non pas à Londres. Puis, nous nous concentrerons dans une brève deuxième partie, sur la réception, la transmission et l’influence de la musique italienne en Angleterre au début du XVIIe siècle, pour enfin diriger notre recherche, dans un troisième temps, sur les enjeux historiques de cette étonnante navigation de sources qui a conduit la musique du « Palermitain » de la Cité des Doges jusqu’aux îles britanniques.
D’India dédie donc son Cinquième livre de madrigaux à l’ambassadeur Henry Wotton, « admirateur distingué de la musique du compositeur sicilien6 », si l’on en croit Giuseppe Collisani. Nous n’avons toutefois trouvé de référence à D’India dans aucune des trois biographies, très espacées dans le temps, publiées sur Henry Wotton (Izaak Walton, 1651, Logan Pearsall Smith, 1907 et Gerald Curzon, 2003)7, ni dans sa correspondance, publiée par le même Logan Smith en 1907. La monographie de Gerald Curzon de 2003, est la seule à se pencher sur les « innovations » culturelles comme les Vêpres de Monteverdi de 1610 à l’époque où Wotton a vécu à Venise sans pour autant faire allusion à ses rapports avec le et de 1621 à 1623 avant de retourner définitivement à Londres9. Il a dirigé des missions diplomatiques difficiles entre la cour de Savoie et celle de Vienne. Grand amateur des arts, des sciences et des lettres, il avait le projet d’écrire l’histoire de Venise en 1622. Il était aussi années de formation à Oxford, une pièce intitulée Tancredi dont le texte est aujourd’hui perdu11 ; d’autres de ses poèmes ont également été mis en musique par le compositeur anglais Michael East (1580 ?-1640 ?) en 162412.
Si aucun document, à part la dédicace du Cinquième livre, ne peut témoigner directement de ses rapports avec Sigismondo D’India, Wotton est sans aucun doute l’un des « premiers connaisseurs anglais de l’art italien15. » Il est donc à l’origine d’un engouement certain de l’Angleterre pour l’Italie au début du XVIIe siècle. Si l’on en croit Logan Pearsall « En dehors des membres de sa propre maison et des visiteurs anglais à Venise, les principaux associés de Wotton furent les autres ambassadeurs et les émissaires auprès de la République. Outre le nonce du pape (avec qui Wotton, un protestant, n’avait pas de relations), il y avait les résidents de l’Empereur, les ambassadeurs royaux de France et d’Espagne et les agents des six plus importants princes italiens, ceux instruments que Wotton avait et affectionnait : « Pour le susnommé, le Dr. Bargrave, doyen de Canterbury, je laisse tous mes livres italiens qui ne figurent pas dans ce testament. Je lui laisse également ma viole de gambe, qui fut deux fois avec moi en Italie, pays dans lequel j’ai noué avec lui une amitié indissoluble. Pour mon deuxième superviseur, Mr. Nicholas Pey, je laisse mon Coffre ou Cabinet d’instruments et machines de toutes sortes d’utilisation […]. À la bibliothèque du collège d’Eton, je laisse tous mes manuscrits ne figurant pas ci- dessus. » (« To the aboved-named Dr. Bargrave, Dean of Canterbury, I leave all my Italian books not disposed in this will. I leave to my likewise my Viol de Gamba, which hath been twice with me in Italy, in which country I first contracted with him an unremovable affection. To my other supervisor, Mr. Nicholas Pey, I leave may Chest, or Cabinet of Instruments and Engines of all kinds of uses […]. To the library at Eton College I leave all my Manuscripts not before disposed. ») (c’est nous qui soulignons).