ENQUÊTE SUR LA VENTE DES PESTICIDES DANS LE SECTEUR INFORMEL
Toxicité
Lorsqu’un individu est exposé à un produit chimique, des effets néfastes pour sa santé peuvent apparaître. Ces effets vont dépendre de la durée de l’exposition, de la dose nécessaire à l’apparition des effets et de la voie d’absorption [1].
Différentes formes de toxicité
Classiquement, il existe deux formes de toxicité la toxicité aiguë et la toxicité à long terme. 21 La toxicité aiguë résulte d’une seule exposition massive au toxique ou à des expositions répétées dans une période très courte. Elle est exprimée par la DL50 , dose qui est capable de tuer, dans des conditions bien déterminées, la moitié des animaux d’une expérience. Elle est exprimée en mg/kg de poids corporel. La toxicité à long terme résulte, quant à elle, de l’absorption longtemps répétée de très faibles doses du toxique.
Mode d’exposition de l’homme aux pesticides
Les pesticides sont utilisés, non seulement dans l’agriculture, mais aussi par divers autres acteurs (industries, collectivités territoriales) ainsi qu’en usage domestique et vétérinaire. Des problèmes de résidus dans les légumes, les fruits, les vins, etc., sont aussi mis en évidence. L’exposition aux pesticides se caractérise donc par une multiplicité des voies d’exposition, ces substances pouvant pénétrer dans l’organisme par contact cutané, par ingestion et par inhalation. La grande variété de produits rend difficile l’évaluation des expositions des populations, qu’il s’agisse de la population exposée professionnellement (agriculteurs ou manipulateurs), ou de la population générale.
Expositions professionnelles
L’exposition professionnelle concerne essentiellement les personnes manipulant les produits, au moment de la préparation, de l’application et du nettoyage des appareils de traitement. Les agriculteurs constituent une population particulièrement exposée qui forme un groupe sentinelle pour l’observation d’éventuels effets des pesticides. Cependant, les données des bilans de surveillance systématique (par les mutuelles agricoles par exemple) ne portent souvent que sur des manifestations toxiques aiguës ou subaiguës [6 ; 13]. De plus, l’exposition professionnelle aux pesticides des agriculteurs est très variable et complexe selon les exploitations agricoles. Elle est le plus souvent saisonnière et correspond à une succession de journées d’utilisation de produits chimiquement différents au cours de la saison et souvent également au cours d’une même journée. La reconstitution de l’exposition est également compliquée par l’évolution des pratiques agricoles au cours du temps. En général, l’exposition est essentiellement cutanée, à moindre mesure aérienne et secondairement orale. L’absorption des pesticides par la peau est révélée comme la voie d’exposition la plus significative en milieu agricole. Par ailleurs, bien que les équipements de protection individuelle (gants, masques, combinaisons) constituent les principales mesures de prévention mises en œuvre afin de réduire l’exposition des professionnels, une étude menée en France, a mis en évidence une insuffisance de l’efficacité de ces équipements. L’étude nommée » PESTEXPO » visant à caractériser l’exposition et la contamination réelle des viticulteurs par des produits phytosanitaires, a montré que le port d’une combinaison de protection n’évitait pas totalement la contamination cutanée des opérateurs .
Expositions non professionnelles
L’ensemble de la population peut être exposé aux pesticides lors des usages domestiques ou d’entretien des jardins mais surtout à des résidus de ces pesticides au travers de son environnement (eau, air, particules en suspension, poussières) et de son alimentation. Les chiffres de l’OMS indiquent que la contamination des aliments par les pesticides est la voie d’exposition de loin la plus importante. Les évaluations de risque attribuent 90% de l’exposition à l’alimentation contre 10% à l’eau. Le dernier rapport de la commission des communautés européennes concernant le suivi des résidus des pesticides dans les produits végétaux donne un aperçu de l’état de contamination par ces produits dans les 25 Etats membres [13]. Les principaux résultats montrent la présence de résidus détectables avec des niveaux inférieurs aux LMR dans 43% et supérieurs à ces limites dans 5% des 57334 échantillons de fruits, légumes et céréales analysés. Les échantillons testés provenaient en majorité de produits de l’Union Européenne (76%) mais également de produits importés (21%), le reste étant d’origine inconnue (2,7%) [20]. En France, le programme de surveillance des résidus de pesticides dans les produits d’origine végétale effectué par la DGCCRF en 2003 a conduit à l’analyse de 3375 échantillons de fruits, légumes, céréales et produits transformés. Les résultats montrent que les Limites Maximales des Résidus (LMR) ont été dépassées dans 6,5% des fruits et légumes et 20% dans les salades et les plantes racines tropicales. D’une manière plus précise, les échantillons « non-conformes » concernaient 7% des légumes et 5,5% des fruits. Cependant, les céréales et les produits céréaliers n’ont pas présenté de résidus en quantité supérieure à la réglementation en vigueur (100% de conformité). Sur l’ensemble des échantillons, les molécules le plus souvent trouvées sont des insecticides et des fongicides. Une enquête plus récente effectuée entre Décembre 2006 et Février 2007 sur les résidus de pesticides dans 24 la salade d’hiver (223 échantillons d’origine française ou étrangère) fait apparaître ce produit comme l’un des végétaux où le pourcentage de nonconformité est particulièrement élevé avec 19,82% de prélèvements « nonconformes .
Expositions de l’enfant
L’exposition de l’enfant aux pesticides peut avoir lieu très tôt, in utero via le placenta suite à l’exposition de la mère mais également après la naissance, soit directement par exposition aux contaminations domestiques comme les pesticides utilisés dans la maison ou le jardin ou habiter dans une zone agricole ou via le lait maternel, soit indirectement pour les enfants de parents professionnellement exposés . Il est à noter que l’alimentation a été montrée comme une source d’exposition majeure des enfants aux pesticides organophosphorés . Quant aux pesticides organochlorés, ils seront essentiellement transmis via le lait maternel [13]. En effet, selon une étude réalisée en Allemagne, les concentrations de composés organochlorés (dont le DDT) sont très significativement supérieurs (p<0,0001) dans les sérums de nouveau-nés allaités par rapport à ceux recevant du lait commercial (par exemple, 1,05µg/L versus 0,18µg/L pour le DDT).
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