Enjeux éthiques de la chirurgie bariatrique
Madame CO âgée de 28 ans consulte pour une prise en charge chirurgicale de l’obésité. Sa taille est de 182 cm et son poids est de 185 kg, soit un IMC à 55,9 kg / m2. Elle a toujours été en surpoids, aussi longtemps qu’elle se souvienne, et le poids n’a cessé d’augmenter jusqu’à présent. Il n’y a pas chez elle de comorbidités liées à l’obésité, à l’exception d’une douleur de sa hanche gauche depuis deux ans, et depuis six mois, de sa hanche droite. Après une prise en charge par l’équipe multidisciplinaire d’obésité, la patiente a été opérée d’un by-pass gastro-jéjunal (BPGJ) par laparoscopie. L’opération ainsi que le post-opératoire immédiate ont été simples. Elle quitte l’hôpital le deuxième jour post-opératoire. A deux ans de suivi, la patiente a perdu 75 % de l’excès de poids et est très satisfaite de cette évolution. Cependant, elle se plaint de fatigue et paresthésies dans les mains et les pieds. Elle dort plus de dix heures par jour et n’a pas été en mesure de travailler plus de 50 % du temps au cours du dernier mois. Les analyses biologiques montrent une anémie macrocytaire. Le statut en fer ainsi que des tests de la fonction hépatique sont normaux.
il faut ajouter le fait que les stratégies pharmacologiques5 proposées aujourd’hui échouent. La pratique de la chirurgie bariatrique apparaît de plus en plus comme le traitement de choix en France et dans le monde. Les diverses techniques de chirurgie bariatrique ont évolué et cherchent à minimiser les risques, les complications et les échecs à court et à long terme. Cependant, ces derniers restent aujourd’hui d’une ampleur considérable. Le cas de Madame CO nous permet d’identifier deux problèmes. En premier lieu, nous allons questionner la place de la diététique dans le cadre de la prise en charge d’une maladie chronique telle que l’obésité. Les enjeux éthiques liés aux intérêts commerciaux de ces pratiques méritent d’être examinés. Deuxièmement nous soulignons les enjeux éthiques des techniques de chirurgie bariatrique.L’obésité constitue en France un problème de santé publique majeur. Une des conséquences de cette problématique est la pratique de nombreux régimes amaigrissants et le recours à de compléments alimentaires « amincissants », souvent utilisés sans fondement scientifique et sans justification ni suivi médical.répondait à un « système raisonné des habitudes alimentaires » encadré par des préoccupations sociales et morales, mais il faisait aussi partie des actions qui ont pour but de conserver la santé (l’hygiène) et des remèdes qui cherchent à guérir des maladies comme l’obésité. Aujourd’hui, les régimes diététiques à visée amaigrissante occupent une place prépondérante dans la société. D’après l’« Etude individuelle Nationale sur les Consommations Alimentaires 2006-2007 », près de 50 % des femmes de corpulence normale ont suivi un régime amaigrissant pendant l’enquête ou l’année précédente.
Le cas de l’obésité est particulier, non seulement par l’ampleur de cette pathologie, mais aussi parce qu’elle permet de réfléchir aux enjeux existants lorsqu’une personne malade « est au régime ». Dans le cas de Madame CO, il est fort probable qu’à vingt- huit ans elle ait déjà suivi plusieurs régimes amaigrissants, et cela depuis l’enfance. Le fait d’être au régime est souvent associé aux privations alimentaires particulières. Les régimes amaigrissants ont pour principe : On le distingue du régime alimentaire équilibré qui couvre les besoins qualitatifs et quantitatifs en nutriments d’un individu et conduit à une balance énergétique entre consommation et dépense énergétique et donc au maintien de poids. Si ces régimes ont comme point de départ le rôle avéré de l’alimentation dans le développement de certaines pathologies comme l’obésité, mais aussi dans les maladies cardio-vasculaires (devenues la première cause de mortalité en France) et les autres pathologies également importantes en terme de santé publique (comme les caries dentaires, les maladies digestives, etc.), la plupart des régimes amaigrissants se sont développés de manière empirique sans preuve scientifique avérées et les intérêts commerciaux sont prévalents. Le tableau 5 montre la liste de 15 régimes amaigrissants identifiés et caractérisés par l’Agence nationale de la sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) qui a permis de déterminer leurs impacts sur les apports nutritionnels. Ils ont été sélectionnés sur la base de leur popularité (citations fréquentes sur Internet ou ouvrages vendus dans le commerce ou par Internet). Ce travail réalisé en 2009 avait pour but d’établir une évaluation des risques liés à la pratique de régimes à visée amaigrissante sur la base d’une expertise scientifique collective. Son but n’était pas de réaliser « un travail de type bénéfice-risque en fonction de la situation propre à chaque individu, ni d’indiquer une prise de position sur l’opportunité de suivre un régime, sur les choix à opérer.