Identification de la ruralité
Actuellement, on n’appréhende plus la ruralité par opposition à l’espace urbain. Le développement des recherches en géographie a mis en exergue le concept de «villes rurales» ainsi que de «rurbanisation» en parlant du monde rural en mutation urbaine.
Cependant, on peut encore retenir l’effet de la ville notamment le nombre élevé d’habitants, la densité de peuplement et la continuité de l’habitat (Schmitt et Goffette-Nagot, 2000). Mais ce qui nous intéresse ici, c’est surtout les tentatives de définitions du rural, inspirées des différents « succès » de la ville, qui appréhendent la ruralité à partir de ces problèmes économiques, en décrivant les milieux ruraux comme des « espaces à faible densité de population et relativement pauvres, spécialisées et économiquement conservatrices ».
Retenons tout de même les trois grands sujets sur lesquels repose la discussion sur la définition de la ruralité depuis de nombreuses années :
Densité de population et importance des établissements humains Les zones rurales se distinguent d’abord par de faible densité de population. Le Programme de développement rural de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) utilise une série d’indicateurs à base pragmatique : « au niveau local, le critère retenu est une densité de 150 habitants au kilomètre carré, mais « au niveau régional, les unités géographiques sont groupées selon la proportion de la population qui est rurale, en trois catégories : essentiellement rurale (plus de 50 pour cent), sensiblement rurale (15 à 50 pour cent) et essentiellement urbanisée (moins de 15 pour cent) ».
Dans cette étude, on a ressorti également que les établissements humains ruraux peuvent être d’une dimension variable mais petite et leur population est toujours inférieure à 10 000 habitants. Ils se situent presque toujours dans des zones de densité de population relativement faible.
Utilisation des sols et domination de l’agriculture : Les restes de surface couverte par les constructions et les établissements humains sont en effet dominés par des activités économiques à base agraire et forestière.
L’agriculture et l’élevage constituent les principales activités des sociétés rurales, ce qui leurs fait une économie traditionnellement non urbaine et non industrielle, mais dépendante du marché des produits agricoles et forestiers. A part l’élevage, l’emploi dans les zones rurales est fortement lié à l’utilisation des sols c’est-à-dire la pratique de l’agriculture et l’exploitation de la forêt ou la sylviculture.
Structures sociales « traditionnelles » : La tradition qui englobe les anciens modes de vie et de pensée reste de plus en plus dominante au niveau des sociétés rurales. Ces traits du passé conservés dans les structures sociales forment souvent l’identité communautaire de la population et constituent un véritable patrimoine qui attire les gens de l’extérieur notamment les habitants de la ville et les voyageurs. Les sociétés rurales peuvent alors varier d’un pays à l’autre, voire à l’intérieur même d’un pays, en fonction des traditions diverses, mais elles possèdent néanmoins des caractéristiques communes qui les diffèrent des sociétés urbaines.
La quête de « succès » rural
Comme nous l’avons retenu auparavant, on a mis en exergue à travers un grand nombre d’études les problèmes économiques des milieux ruraux en les définissant comme des «espaces relativement pauvres». La question de recherche en développement rural n’est plus relativement nouvelle en particulier au niveau de nombreux pays les moins avancés où « la majorité de la population rurale vit en dessous du seuil de pauvreté ».
Au niveau de ces pays, la contribution du secteur rural à la croissance économique du pays est prépondérante. Ce secteur constitue même la principale source d’emplois et de revenus pour la majorité de la population. Les principes directeurs de la stratégie de développement rural s’expriment alors sur des multiples facettes sur lesquelles on avait toujours tendance à investir et exploiter le potentiel rural défini par ses activités principales à savoir l’agriculture et l’élevage, auxquels s’ajoutent les autres sources de revenus comme l’exploitation forestière, la pêche, l’artisanat et le petit commerce … L’action est surtout centrée sur la restructuration du secteur agricole pour faire face l’insécurité alimentaire qui fait partie du quotidien de la population.
Cela date depuis longtemps, mais les problèmes au niveau monde rural persistent encore malgré les efforts déjà faits sur la « quête » de succès rural. Jusqu’à maintenant, on ne peut pas affirmer le développement des milieux ruraux en termes d’« ensemble de changements observables dans le système économique et social. (On cherche encore des stratégies adéquates qui pourront impliquer à) des changements dans les structures démographiques, sociales et mentales favorisant et accompagnant la croissance économique, qui se traduit par une amélioration du bien-être de toute la population ».
C’est dans ce contexte que s’impose la nécessite de conscientisation et de mobilisation des acteurs ruraux d’opter pour des nouvelles méthodes et stratégies qui permettront de valoriser et d’exploiter les potentiels et ressources locaux en fonction des tendances économiques et sociales en vigueur.
Enjeux du développement touristique
Avant tout, l’intégration du secteur touristique peut constituer une force motrice de développement des sociétés rurales à travers les intérêts socio-économique qu’il présente, notamment sur : L’amélioration de la qualité de vie ; L’élargissement des perspectives économiques par la création d’emploi ; L’augmentation des revenus ; La création des activités et la stimulation des créativités locales.
Toutefois, en prenant compte des valeurs et des spécificités du monde rural, la pratique du tourisme doit aussi permettre à :
Sauvegarder les ressources naturelles et la biodiversité ainsi que préserver les processus écologiques, éléments indispensables à la mise en valeur touristique ; d’où le développement de bonnes pratiques environnementales;
Respecter les spécificités culturels et les valeurs traditionnelles des communautés d’accueil ce qui va contribuer à l’entente interculturelle ; Offrir à tous les acteurs locaux des avantages socio-économiques sur le long terme : répartition des bénéfices, création d’emplois stables et de services sociaux afin de participer à la réduction de la pauvreté.
Le monde rural requiert ainsi une forme de tourisme qui « reconnait la contribution des hommes, des coutumes et des modes de vie à l’expérience touristique, qui accepte que les populations locales profitent équitablement des bénéfices économiques du tourisme, et qui est guidé par les souhaits des populations et des communautés locales des destination».
Problèmes liés au tourisme rural
Les problèmes liés à la pratique du tourisme au niveau du monde rural apparaissent sous deux formes : d’un côté, il y a les difficultés sur le développement de l’industrie touristique sur le milieu, regroupant les problèmes d’infrastructures et l’absence ou l’insuffisance de formation des acteurs ; et de l’autre côté, les problèmes s’installent à travers les menaces que pourraient subir les milieux touristiques ruraux à savoir la menace pour l’environnement ainsi que les investisseurs venus de l’extérieur.
Problèmes d’infrastructures : Le produit touristique en milieu rural « résulte de la combinaison de patrimoines géographiques et naturels, humains et culturels d’un pays ou d’une région auxquels s’ajoutent des infrastructures permettant d’y avoir accès et tous les services publics ou privés mis en œuvre pour accueillir, servir et satisfaire les visiteurs ». Ceci dit que l’environnement naturel et culturel avec la population ainsi que leurs activités ne sont pas suffisants pour remplir la condition d’attractivité touristique du milieu rural. Le non performance voire l’absence d’infrastructure demeure un obstacle majeur pour le développement touristique étant donné que le cadre de vie en milieu rural, souvent caractérisé par une structure traditionnelle, ne permet pas de remplir les conditions d’accueil nécessaires et convenables à tous types de visiteurs. Cela englobe non seulement le transport et l’hébergement des touristes mais touche également plusieurs domaines en matière des banques, les agences et boutiques, les cybers café, les centres médicaux, les stationnements, …
Absence ou insuffisance de formation : La formation en matière de développement touristique est fondamentale pour les acteurs locaux étant donné que l’insuffisance de moyens et de compétences nécessaires perçue au niveau des milieux ruraux empêche la mise en marche du secteur touristique. Le besoin de formation tient place non seulement pour garantir la qualité des séjours dans toutes ses composantes mais surtout pour acquérir des expériences ainsi que des moyens de gestion et de prévision nécessaires pour plus de professionnalisme. D’autant plus que «la puissance financière de l’entrepreneur venu de l’extérieur et le pouvoir des professionnels venus eux aussi de l’extérieur tels que les voyagistes et les responsables. Le tourisme et la récréation en milieu rural : table ronde et communications, ministère des Affaires municipales et administratives locales, Liège, Chaire de géographie humaine, 1985.
d’offices du tourisme empêchent généralement les collectivités locales d’avoir la haute main sur les opérations » touristiques.
Menace pour l’environnement : Les flux touristiques au niveau des zones rurales pourra menacer «l’ensemble des éléments qui conditionnent et déterminent l’activité humaine et notamment, L’entourage biologique : l’homme, la flore, le faune ; L’entourage physique : air, eau, sol, climat, ressources naturelles non renouvelables ; L’entourage socio-culturel : le patrimoine matériel ou culturel engendré par la nature ou créé par l’homme, l’organisation sociale ; L’interaction de ces différents éléments ».
Le concept de « mise en tourisme » dans le monde rural
Face à ces problèmes liés au tourisme rural évoqués ci-dessus, il nous faut donc une approche de plus en plus rigoureuse qui pourra s’adapter à l’intégration de ce concept touristique dans le système local. C’est-à-dire une méthode qui permet aux acteurs locaux non seulement de ménager des efforts pour réunir les conditions nécessaires pour la mise en marche du tourisme mais aussi d’éviter les menaces pour la survie touristique du milieu une fois intégré dans le système.
Dans cette perspective, on doit avant tout veiller à ce que la pratique du tourisme dans le monde rural soit:
Fonctionnellement rural ; c’est-à-dire fondé sur les caractéristiques particulières du monde rural à savoir, la petite entreprise, les grands espaces, le contact avec la nature, le patrimoine, les sociétés et les pratiques « traditionnelles » ;
A l’échelle rurale, du point de vue aussi bien du bâti que des unités de peuplement, et par conséquent se pratiquer en général à petite échelle ;
Traditionnel de nature, de croissance lente et lié aux familles locales. Il doit être en général essentiellement placé sous le contrôle des collectivités locales et développé de façon à répondre à l’intérêt à long terme de la région ;
Viable, en ce sens que son développement doit aider à maintenir le caractère rural particulier de la région et faire un usage des ressources locales qui soit viable à long terme. Le tourisme rural doit être considéré comme un outil potentiel de préservation et de durabilité et non comme un outil d’urbanisation et de développement ;
De nombreux types différents, correspondant à la diversité de l’environnement, de l’économie et de l’histoire de l’espace rural ; comme l’appuie l’étude de l’OCDE.
Tourisme et représentations sociales
Afin de pouvoir reconnaître et cerner l’industrie touristique, l’Organisation Mondiale du Tourisme, en 1993, définit le tourisme comme « l’ensemble d’activités déployées par les personnes au cours de leur voyage ou de leur déplacement et de leur séjour dans des lieux situés en dehors de leur environnement habituel pour une période consécutive de plus de vingt-quatre heures et ne dépassant pas trois mois à des fins de loisirs, pour affaires et autres motifs non liés à l’exercice d’une activité rémunérée dans les lieux visités ».
De cette définition, il en découle qu’il y a du tourisme là où il y des personnes qui voyagent ou déplacent dans des lieux situés en dehors de leur environnement habituel et qui y font des activités à des fins de loisirs, pour affaires et autres motifs (…) pourtant selon notre théorie de représentations sociales, « un objet n’existe pas en lui-même, il existe pour un individu ou un groupe et par rapport à eux. C’est donc la relation sujet/objet qui détermine l’objet lui-même ». En effet, le tourisme existe donc ici pour et par rapport à ces voyageurs ou ces touristes venant des lieux situés en dehors de l’environnement local.
Le tourisme existe pour eux sachant que « l’ensemble d’activités déployées à des fins de loisirs, pour affaires et autres motifs » sont pour eux ; et aussi par rapport à eux vu que toute action est représentée par rapport à eux en parlant « de leur voyage ou de leur déplacement et de leur séjour dans des lieux situés en dehors de leur environnement habituel ».
Table des matières
INTRODUCTION
Partie 1 : L’ACTIVITE TOURISTIQUE EN FAVEUR DU DEVELOPPEMENT RURAL
Chapitre 1 : Le monde rural et le concept de mise en tourisme
Section 1 : Notion du « monde rural »
1. Identification de la ruralité
1.1. Densité de population et importance des établissements humains
1.2. Utilisation des sols et domination de l’agriculture
1.3. Structures sociales « traditionnelles »
2. La quête de « succès » rural
Section 2 : Tourisme et développement
1. Enjeux du développement touristique
2. Problèmes liés au tourisme rural
2.1. Problèmes d’infrastructures
2.2. Absence ou insuffisance de formation
2.3. Menace pour l’environnement
2.4. Investisseurs venus de l’extérieur
3. Le concept de « mise en tourisme » dans le monde rural
Chapitre 2 : Place et rôle de la représentation sociale dans la mise en tourisme
Section 1 : Concept de représentations sociales
1. Définition et caractéristiques
2. Structure de la représentation sociale
2.1. Noyau central
2.2. Les éléments périphériques
3. Les fonctions des représentations sociales
Section 2 : L’information touristique et la formation de ses représentations sociales
1. Tourisme et représentations sociales
2. Emergence de la représentation du tourisme
3. Approche de la communication
3.1. Disponibilité de l’information touristique
3.2. Communication sociale
3.3. Dynamique sociale
Partie 2 : LA COMMUNE RURALE D’ANKADINANDRIANA A L’ENCONTRE DE
L’INDUSTRIE TOURISTIQUE
Chapitre 1 : Présentation de la destination
Section 1 : Identification du milieu
1. Historique
2. Situation géographique et administrative
2.1. Localisation
2.2. Délimitation administrative
2.3. Le milieu naturel
3. Situation démographique
4. Activités économiques
4.1. Agriculture
4.2. Elevage
4.3. Artisanats
5. Education
6. Sports et loisirs
Section 2 : Etat des lieux du tourisme à Ankadinandriana
1. Potentialités touristiques
1.1. Environnement, les paysages et la nature
1.2. Curiosité historique
1.3. Attraits culturelles
1.4. Spécificités locales
2. Analyse des atouts et faiblesses du tourisme à Ankadinandriana
2.1. Image
2.2. Infrastructure et accès
2.3. Produits
2.4. Accueil
2.5. Communication, investissements et organisations
2.6. Education et formation
Chapitre 2 : Facteurs de développement du tourisme a ankadinandriana
Section 1 : Analyse de la représentation touristique locale
1. Carte des acteurs
2. Situation et représentation du tourisme
2.1. Représentations sociales de la pratique du tourisme
2.2. Niveaux d’acteurs
Section 2 : Approche de la théorie des représentations sociales
1. Intégration de l’information touristique
2. Communication sociale
Partie 3 : PERSPECTIVE DE MISE EN PLACE D’UN SYSTEME D’INFORMATION
TOURISTIQUE ADAPTABLE A TOUS NIVEAUX D’ACTEURS
Chapitre 1 : L’importance du systeme d’information touristique pour le site d’ankadinandriana
Section 1 : Choix du système d’information touristique
1. Contexte et justification
2. Analyse des besoins
Section 2 : Le système d’information touristique, facteur clé du lancement de la destination
1. Système d’information touristique
2. Zone et champ d’intervention
Chapitre 2 : Mise en œuvre, pérennité et durabilité du développement touristique locale
Section 1 : Processus d’élaboration de la stratégie touristique locale
1. Fonctionnement du système touristique local
2. Stratégie touristique locale
Section 2 : Aspects de la durabilité, conditions nécessaires à la survie touristique du site
1. Pratique touristique favorisant le respect de l’environnement Ecologie
2. Prestations touristiques viables économiquement
3. Système touristique impliquant les acteurs locaux et contribuant à l’épanouissement social
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
WEBOGRAPHIE
ANNEXES :
annexe 1 : Types d’établissements touristiques adaptables aux zones rurales
Annexe 2 : Questionnaires semi-directifs utilisés auprès de la population locale d’Ankadinandriana
Annexe 3 : Résultats de l’enquête : idées des gens sur le tourisme
Annexe 4 : Quelques infrastructures essentielles