Énergie et matières premières les grands émergents bousculent les marchés

Énergie et matières premières les grands émergents bousculent les marchés

Les marchés de matières premières et de l’énergie ont connu avant la crise des tensions dont la nature plus ou moins cyclique ou tendancielle fait débat. Le rôle des économies émergentes est apparu dans ce domaine comme un facteur structurant dont on ne mesure toujours pas bien les conséquences à moyen-terme : prix structurellement élevés des matières premières y compris alimentaires, « peak oil » précoce, apparition de nouveaux réseaux « sud-sud » concurrents des anciens réseaux « nord-sud » etc….Quel rôle ont joué et joueront exactement les grands émergents dans cette nouvelle donne ? Quelle est notamment la part respective des facteurs d’offre et de demande (croissance rapide des classes moyennes, ateliers du monde…) ? Quel impact ont et auront-ils enfin sur la structuration des grands marchés et de leur régulation ?Les marchés mondiaux des matières premières sont, à la date de cette séance, le 2 octobre2007, en pleine tourmente. Les prix ont été multipliés par quatre en dix ans et cette tendance est observée même si l’on met de côté le pétrole. Les taux de fret flambent et sont en augmentation quasi-constante depuis le début de l’année 2006, comme en témoigne l’indice BFI-BDI1. Celui-ci est très antici- pateur des tendances du marché ; le fret devient plus cher que la marchandise transportée. Après avoir diminué en 2004, l’augmentation a repris en 2006. Ceci illustre bien les tensions de la demande. Les besoins des pays émergents, et notamment de la Chine, qui importent énormément, expliquent cette ten- dance. Le cours du pétrole est également au plus haut, nous sommes au cœur d’un troisième choc pétrolier. Le brent est aujourd’hui au-dessus des 80 dollars US. Les tensions sont là encore très importantes ; ce qui est étonnant, c’est que l’économie mondiale ne semble pas s’en porter plus mal.

Les métaux suivent la même tendance : depuis 2001, l’indice moyen des six métaux non-ferreux cotés sur le London Metal Exchange a explosé, passant d’environ 60 à presque 300. Concernant le cuivre, il s’agit d’un problème de demande, la Chine étant le premier importateur mondial, pour ses besoins en électricité. Les perspectives de développement et de production sont de plus très limitées, sauf peut-être en Amérique latine. Le cuivre est aujourd’hui autour de 8000 dollars la tonne, alors que le prix de revient du plus mauvais producteur possible ne dépasse pas 2000 dollars. Le prix du nickel a suivi une tendance en- core plus délirante, passant de 8000 à plus de 53000 dollars la tonne. La bulle a aujourd’hui un peu éclaté (on était autour de 30000 dollars en septembre). Mais là encore, le prix de revient de ce métal ne dépasse jamais 10 à 12000 dollars la tonne. Le nickel sert à fabriquer de l’inox et n’est situé que dans des endroits assez difficiles d’accès, au Canada, en Nouvelle-Calédonie ou en Russie. Il y a cependant beaucoup de spéculation dans ces variations. Mais sur les marchés sans spéculation, les ferrailles par exemple, les tendances sont les mêmes. Pour l’acier également, malgré les exportations chinoises. Même le papier, qui n’a pas de marché dérivé, a vu son prix doubler depuis 2002. Le caoutchouc suit une tendance similaire, et est passé de 50 dollars pour 100 kg en 2001-2002 à plus de 200 dollars aujourd’hui. Il est utilisé pour la fabrication des pneus, et cette augmentation est donc largement liée à la croissance du parc automobile chinois.

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Le coton, en revanche, n’a pas connu de hausse de cours, en raison des subven- tions américaines et de la conjoncture moins bonne dans ce domaine. Ce n’est pas le cas du blé, qui est monté à 9 dollars en octobre 2007, alors qu’il était en 2005 autour de 3 dollars (le boisseau). Les prix mondiaux ont donc triplé. Si l’on ajoute la flambée des taux de fret, un pays importateur comme l’Algérie a dû voir ses coûts multipliés par quatre ou cinq. La première flambée des cours du blé fut la conséquence de l’annonce d’une sécheresse en Australie, qui a eu pour conséquence de diminuer de 10 millions de tonnes les prévisions de production dans ce pays (la production mondiale étant autour de 700 millions de tonnes). Les principaux importateurs sont les pays du Maghreb, le Maroc, la Tunisie, pour qui cette hausse va aussi certainement poser des problèmes. L’Inde est également un gros importateur. Un point nouveau est le prix en Union européenne. Jusqu’à il y a seulement deux ans, l’Europe était isolée du reste du monde, en raison de la Politique Agricole Commune (PAC). Cette politique a connu une rupture fondamentale, et les prix de l’UE sont aujourd’hui supérieurs aux prix mondiaux. Le maïs flambe également, essentiellement en raison des perspectives de consommation de cette céréale sous forme d’éthanol. Le prix est encore plus haut en Europe. Le soja en profite et voit son cours augmenter également, tout comme l’huile de palme. Les autres produits tropicaux (café, cacao) restent en revanche médiocres.

 

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