EMULSIONS DE PICKERING DE TYPE H/E STABILISEES PAR DES PARTICULES DE CARBONATE DE MAGNESIUM
Rappels sur la voie orale
L’administration orale d’un médicament est l’une des modalités les plus anciennes. Cette voie est qualifiée de « physiologique » et de « naturelle » parce que le rôle naturel du tube digestif est l’absorption des éléments nécessaires à la vie. Elle présente beaucoup d’avantages et peu d’inconvénients. Tout cela explique le fait que 80 % des médicaments soient pris par cette voie.
Structure et fonctions de l’appareil digestif
La bouche Elle constitue la zone d’ingestion des aliments. Elle est tapissée d’une muqueuse et comprend les dents, les glandes salivaires et la langue. Elle a principalement deux rôles : – une action mécanique : mastication et humidification pour obtenir le bol alimentaire, – une action chimique : liée à la production de salive qui contient de l’amylase salivaire pour la dégradation des glucides. I.1.2 Le pharynx C’est le « carrefour aéro-digestif ». Il est tapissé d’une muqueuse et équipé de muscles constricteurs qui propulsent le bol alimentaire dans l’œsophage. Il s’agit de la déglutition, phénomène déclenché par le contact des aliments dans l’arrière-gorge. I.1.3 L’œsophage C’est un tube musculeux qui assure le transport des aliments depuis le pharynx en passant par le médiastin thoracique, le diaphragme et débouche dans l’estomac au niveau du cardia (sphincter).
L’estomac
C’est une poche musculaire en forme de « J » située dans la partie supérieure et postérieure de l’abdomen, entre l’œsophage et le duodénum au niveau de l’hypochondre gauche et de l’épigastre. Le fundus et le corps sont les zones excrétrices d’acide chlorhydrique, de pepsine et de mucus respectivement par les cellules pariétales, principales et à mucus. L’antre contient des cellules G secrétant la gastrine (hormone peptidique). L’estomac absorbe l’eau et l’alcool et transforme les aliments à l’état de chyme grâce aux mouvements péristaltiques modérés qui se propagent le long de l’estomac. Ces mouvements permettent de macérer le contenu gastrique avec les secrétions des glandes gastriques. De plus, ces mouvements conduisent le chyme en le poussant vers le pylore pour le déverser ensuite dans l’intestin grêle
L’intestin grêle
C’est le segment qui fait suite à l’estomac et constitue le principal organe de la digestion et le lieu d’absorption des nutriments dans le sang. Il termine le processus de la digestion des protides, glucides et lipides débuté dans la bouche et l’estomac, à l’aide des sécrétions intestinales, pancréatiques et hépatiques. Il comprend le duodénum, le jéjunum et l’iléon. La surface de l’intestin grêle est considérablement agrandie grâce à 3 niveaux de replis : • Les valvules conniventes. • Les villosités : replis de la muqueuse des valvules conniventes. • Les microvillosités : bordure en brosse des villosités. Ce sont des cellules absorbantes. L’intestin grêle joue un rôle moteur grâce à deux types de mouvements : segmentaires et péristaltiques [9]. 7 Les mouvements segmentaires permettent le mélange et facilitent l’absorption alors que les mouvements péristaltiques permettent la progression du chyme gastrique. Ces mouvements sont involontaires. Il constitue également le site de sécrétion du suc intestinal et reçoit par ailleurs les sécrétions du foie notamment la bile et celles du pancréas (suc pancréatique) au niveau du sphincter d’Oddi [5-8]. I.1.6. Le gros intestin Le gros intestin est le dernier segment du tube digestif. Il fait suite à l’intestin grêle et comprend trois parties : le caecum, le colon et le rectum. Il permet l’absorption et la réabsorption de l’eau et des électrolytes contenus dans l’effluent iléal et de stocker les résidus de la digestion au niveau du caecum.
Absorption d’une molécule active au niveau du tractus gastrointestinal (TGI)
La phase d’absorption est un processus qui consiste au passage d’une molécule dans les liquides circulants (circulation générale) à partir de son site d’administration. En effet, pour qu’une molécule active puisse avoir un potentiel thérapeutique par voie orale, cette dernière doit être absorbée efficacement à partir du tractus gastro-intestinal (TGI) et pour ensuite passer en quantité suffisante dans la circulation systémique. Par conséquent, cette molécule active doit être stable dans le gradient de pH croissant des milieux physiologiques du TGI, notamment dans l’environnement acide de l’estomac et également être stable par rapport à l’action des nombreuses enzymes présentes tout au long du TGI [10]. La figure 1 représente les différents sites d’absorption d’un médicament après son administration par voie orale. 8 Figure 1: Différents sites d’absorption d’un médicament après son administration par voie orale
Absorption stomacale
En raison de l’acide chlorhydrique sécrété par l’estomac, le pH du liquide gastrique est acide : l’absorption y est limitée aux médicaments acides. En effet, l’anatomie de l’estomac révélant un épithélium épais, une muqueuse mal vascularisée, une surface limitée (environ 1m2 ), et un pH très acide (1,2 à 1,5), les conditions ne seront pas très favorables à une bonne absorption. Ainsi, le pH gastrique implique que les acides faibles y seront peu ionisés donc peu dissociés ; ceux-ci traverseront donc facilement les membranes par diffusion passive et y seront ainsi relativement bien absorbés. Outre le pH, d’autres facteurs influencent l’absorption au niveau gastrique comme : ✓ la liposolubilité de la fraction non ionisée ; ✓ l’état de vacuité de l’estomac sous la dépendance des prises alimentaires; ✓ le temps de contact (temps de vidange gastrique) ; ✓ le flux sanguin gastrique [12]. 9 I.2.2 Absorption intestinale [10, 11] En règle générale, l’absorption per os sera supérieure à l’étage intestinal du fait de conditions plus favorables comme : ✓ une plus grande surface d’échanges au niveau de l’épithélium grâce aux nombreuses villosités et microvillosités (environ 200 m2 soit l’équivalent d’un terrain de tennis) ; ✓ une importante vascularisation de la muqueuse (nécessaire à l’absorption des nutriments apportés par l’alimentation) ; ✓ un pH plus proche de la neutralité (5 au niveau des villosités et entre 6 et 7 dans l’espace luminale). L’absorption orale est généralement majoritaire au niveau du pylore et de l’intestin grêle qui, lui-même, contient des sites spécifiques pour le transport actif. Là encore, l’absorption pourra être influencée par différents facteurs tels que : ✓ l’état de vacuité intestinale ; ✓ le péristaltisme intestinal conditionnant le temps de transit et donc de contact entre le principe actif et la muqueuse intestinale ; ✓ le flux sanguin intestinal ; ✓ les interactions médicamenteuses ou alimentaires pouvant par exemple générer des chélations, empêchant toute absorption. A ce niveau nous avons principalement deux types de transport à travers la membrane : une diffusion passive et un transport actif. ✓ Diffusion passive Le transport passif est le mode de passage le plus fréquemment rencontré dans le cas des molécules actives. Il ne nécessite pas d’apport d’énergie de la part de la cellule épithéliale. Cette dernière contribue à la formation d’un gradient de concentration de part et d’autre de la membrane épithéliale (figure 2(a)). Le transport passif est régi par des lois physico-chimiques selon la loi de Fick
INTRODUCTION |