Eléments sur les dé-connectivités sportives rurales

Eléments sur les dé-connectivités sportives rurales

Au cours de notre troisième partie de thèse, nous esquissons une véritable plongée analytique au cœur du quotidien de la vie sociale des clubs sportifs afin de progresser dans la compréhension des connectivités / dé-connectivités. Il s’agit d’analyser leur construction dans leurs rapports respectifs avec les processus d’intégration et d’exclusion. Les premiers chapitres de cette partie nous ont permis d’analyser les premières phases de l’itinéraire des sportifs ruraux au sein de leur association et notamment les modalités d’élaboration des connectivités sportives rurales différenciées. Nous avons vu comment les clubs sportifs ruraux les structuraient et quelles étaient les étapes de ces processus permettant d’intégrer les groupes. La réalité sociale montre des conduites effectives contradictoires en matière sportive. En effet, une personne interrogée nous explique qu’au sein des clubs, « on voit l’évolution. On voit les gens qui ont démarré avec le club…, on en voit qui partent, mais comme dans tous les clubs, il y a des vagues. Oui, on voit la progression, le changement de personnes, de toute façon, il y en a qui poursuivant notre itinéraire au sein des ces sociétés flottantes ou « liquides », pour reprendre l’expression de Zygmunt Bauman1531, nous observons également des situations d’exclusion.

Dans ce neuvième chapitre, à la manière de Serge Paugam1532 ou de Robert Castel1533 qui insistent sur les étapes qui mènent à la perte de situations professionnelles et de liens sociaux, nous tenterons de montrer les différentes étapes de ces déconnexions conduisant à l’exclusion des groupes sportifs. Ainsi, lors d’un entretien, lorsque nous questionnons un interlocuteur si certains de ses liens se sont rompus ou délités, il répond : « Rompus ? Oui je pense. Ceux qui ont arrêté…qui sont partis et qu’on n’a pas revu, oui, on a coupé. Enfin, on a coupé…on ne s’est pas revus. Mais oui ! Les joueurs qui ont quitté le club après…, on ne se voit plus parce que le club est quand même une source qui permet de se retrouver régulièrement ; plus tu te vois, plus t’apprécies de te voir. Mais dans l’autre sens, c’est pareil ; moins tu te vois et tu t’habitues à te voir de moins en moins.1534 » Il s’agit alors de remonter aux sources des trajectoires des sportifs ruraux, au sein des connectivités sportives les plus anodines, pour déceler des conduites excluantes dans des situations quotidiennes et parfois ritualisées des clubs ruraux. Cette optique rejoint davantage celle de Norbert Elias lors de son analyse des logiques de l’exclusion au sein d’un quartier londonien dont les marginaux sont stigmatisés par les établis1535. Des processus relèguent certains et certaines en marge des groupes et des clubs.

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Dans cette perspective, nous montrerons, tout d’abord, que ces situations excluantes apparaissent dès le départ lorsque le processus d’intégration sportive ne fonctionne pas. Par la suite, nous nous focaliserons sur les situations concernant des sportifs intégrés. Nous analyserons alors l’émergence de dé-connectivités entre les membres. Puis, à un degré supérieur, nous nous centrerons sur l’apparition de tensions. A partir de là, nous nous centrerons sur le rôle des femmes dans ces dé-connectivités. Ensuite, nous montrerons que ces situations excluantes peuvent correspondre à une mise à l’écart (temporaire) des connectivités sportives. Nous verrons ultérieurement que l’exclusion peut être le fruit d’une décision institutionnelle du club. Enfin, nous nous intéresserons, à postériori, sur ce qu’il reste des connectivités, une fois le club quitté.

En règle générale, l’adhésion à une association sportive rurale engendre des pratiques sociales relationnelles. De ce point de vue, le club est à la fois le foyer de création de liens sociaux et le lieu d’entretien de « connexités » préexistantes. De plus, les clubs sportifs en milieu rural brossent le portrait d’institutions propices à l’intégration de leurs membres. Nous avons vu quelles étaient les conditions de construction des connectivités en lien avec cette intégration. Or, ce processus n’est pas systématique. En effet, il arrive qu’au sein de la configuration, certaines situations ne remplissent pas les conditions nécessaires. L’engagement associatif se traduit alors par une intégration manquée, ce qui représente une première étape de marginalisation dans les clubs. Autrement-dit, certains sportifs adhèrent à un club dans lequel ils ne s’implantent pas complètement et qu’ils quitteront ultérieurement.

 

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