Eléments de contextualisation
Notre objectif ne consiste pas à détailler avec précision les périodes historiques qui ont marqué l’évolution du paysage linguistique de la Chine ni à expliquer longuement le fonctionnement du système éducatif chinois, mais d’abord à identifier succinctement les répertoires langagiers des étudiants que nous avons soumis à l’enquête et les éléments qui influencent la formation de la compétence d’écriture en français de ces étudiants pour justifier le choix des données que nous allons présenter dans la partie pratique de notre travail. Les questions de départ qui se posent sont les suivantes : est-ce que tous les Chinois partagent une même L1 ? Si oui, s’agit-il de la langue officielle du pays, le putonghua ? Si non, quelles sont les langues maternelles des Chinois ? Quelle est la position du français dans le classement des langues étrangères enseignées ? Comment Les questions de départ qui se posent sont les suivantes : est-ce que tous les Chinois partagent une même L1 ? Si oui, s’agit-il de la langue officielle du pays, le putonghua ? Si non, quelles sont les langues maternelles des Chinois ? Quelle est la position du français dans le classement des langues étrangères enseignées ? Comment La première section de notre travail concerne la situation linguistique de la Chine, une situation complexe et spécifique.
Situation linguistique de la Chine
Quelles sont les langues chinoises ? Est-ce que ce sont les langues parlées par les Chinois ? Pas uniquement puisque certaines langues sont répandues aussi à Singapour, en Malaisie et dans beaucoup d’autres pays du Sud-Est asiatique, ainsi que dans les communautés chinoises dispersées dans le monde entier. Est-ce que ce sont les langues parlées par les Chinois de Chine ? Pas toujours car la minorité ethnique russe parle le russe et celle des Coréens parle le coréen. Les Hans représentent environ 92% de la population de la Chine, mais leurs parlers sont eux-mêmes linguistiquement divisés en de nombreuses variantes régionales. On peut observer que la différence entre certains dialectes ou langues des Hans est plus importante que la différence entre certaines langues européennes. La mosaïque linguistique chinoise comprend le putonghua (littéralement « langue commune » ou « langue répandue »), les langues et dialectes des Hans et les langues et dialectes des minorités ethniques de Chine. Ainsi, la question de la L1 des Chinois est complexe. La variété des ethnies est liée à la diversité des langues. Parmi les 55 minorités ethniques, 53 pratiquent une langue encore largement en usage14 ; certaines de ces langues – dont le tibétain – disposent de plusieurs dialectes. Selon une étude du Ministère chinois de l’éducation, il existe au moins 80 langues ou dialectes minoritaires15. En réalité, Les langues de la Chine, l’ouvrage le plus important et le plus récent dans le domaine de l’étude des langues minoritaires, a identifié et décrit 129 langues de minorités parmi lesquelles 40 ont été nouvellement reconnues (Sun et al. 2007).
La diversité des langues est aussi liée à la situation géographique de la Chine. Les Hans, qui sont eux-mêmes géographiquement répartis sur une large partie du territoire national, ont pour parlers des variantes régionales issues de la langue chinoise archaïque et de la langue chinoise médiévale. C’est la raison pour laquelle les spécialistes de linguistique historique ont pu reconstruire la phonologie de ces deux états de langue à partir des dialectes actuels. En Chine, il existe traditionnellement sept principaux dialectes qui, selon l’appellation officielle, sont : le dialecte du Nord, le wu, le hakka, le min, le yue (cantonais), le xiang et le gan, auxquels s’ajoutent de nombreux variantes dialectales et des parlers non-classifiés16. Le recueil des cartes linguistiques de Chine co-édité par l’Académie sociale de Chine et l’Académie des sciences humaines d’Australie distingue dix zones dialectales, y compris celles du hui, du pinghua et du jin (carte 1. 1).