Élaboration de livrets de protocole d’alimentation pour limiter et remédier aux troubles de l’oralité chez les enfants
Embryologie et développement de la face
Dès la troisième semaine d’aménorrhée, le massif facial commence à se développer ; le stomodeum (ou cavité bucconasale) se met en place (Thibault, 2017). Durant la quatrième semaine d’aménorrhée, les tissus du cerveau et de la face issus de la plaque et de la crête neurale céphaliques se différencient (Thibault, 2017). Une division cellulaire active fait alors apparaître cinq bourgeons faciaux : le bourgeon frontal, les deux bourgeons maxillaires et les deux bourgeons mandibulaires. Ceux-ci encadrent la bouche primitive. La tête de l’embryon s’individualise alors (Thibault, 2017). Au début de la cinquième semaine d’aménorrhée, de nouveaux bourgeons apparaissent : les bourgeons nasaux internes et les bourgeons nasaux externes, formés à partir des extrémités du bourgeon frontal (Thibault, 2017). Figure 1 : Visage fœtal au début de la 5ème semaine d’aménorrhée Source : CCMR SPRATON de Marseille Dès lors, une série de fusions a lieu : d’abord, les bourgeons mandibulaires fusionnent sur la ligne médiane, donnant naissance au menton, à la lèvre inférieure et à une partie des joues. Il y a également un processus de fusion qui se fait entre les bourgeons mandibulaires et les bourgeons maxillaires correspondants. Les bourgeons nasaux internes s’accolent et fusionnent l’un vers l’autre, formant ainsi le massif médian ; ils sont à l’origine « du nez, de la lèvre supérieure, de l’arcade dentaire supérieure et du palais primaire » (Thibault, 2017). Il y 11 a également un développement des bourgeons maxillaires vers la ligne médiane. Les bourgeons maxillaires se soudent avec les bourgeons nasaux externes, constituant ainsi le massif latéral de la face. Enfin, les massifs médian et latéral fusionnent ensemble. Tous ces processus aboutissent à la création de la cavité bucconasale (Thibault, 2017). Figure 2 : Schéma de formation de la face embryonnaire Source : Thibault, C., 2017. Orthophonie et oralité : La sphère oro-faciale de l’enfant Figure 3 : Visage fœtal à la 7ème semaine d’aménorrhée Source : CCMR SPRATON de Marseille
L’oralité et ses troubles
Définition de l’oralité
L’oralité correspond à l’ensemble des activités orales et comporte deux facettes : l’oralité alimentaire et l’oralité verbale (Delfosse et al., 2008). Au-delà des aspects alimentaire et verbal, l’oralité désigne également tout ce qu’un être vivant fait avec sa bouche soit embrasser, sucer, manger, communiquer (Thibault, 2017). La bouche est le lieu des premières découvertes, des premières interactions et des premiers attachements (Delfosse et al., 2008). 2.2. Développement de l’oralité Il existe deux oralités qui se co-construisent : l’oralité alimentaire et l’oralité verbale. On distingue deux temps dans ces oralités : l’oralité primaire scindée en deux parties (fœtale et néonatale) et l’oralité secondaire (Thibault, 2017).
Oralité primaire fœtale
L’oralité primaire débute lors du passage du stade embryonnaire au stade fœtal, durant le 3 ème mois de vie intra-utérine, avec la mise en place du réflexe de Hooker. Celui-ci permet l’ouverture buccale et la sortie de la langue lorsque la main du fœtus touche ses lèvres. Ce réflexe représente le début de la mise en place de la succion (Thibault, 2017). L’oralité primaire se poursuit au niveau alimentaire avec la mise en place de la succiondéglutition réflexe. Lors de la 10ème semaine de vie intra-utérine, les premiers mouvements antéro-postérieurs de la langue apparaissent. Entre 12 et 15 semaines, des déglutitions succèdent à ces mouvements antéro-postérieurs. La maturation de ce réflexe se poursuit durant toute la vie fœtale, avec la succion des doigts et des orteils et la déglutition du liquide amniotique (Thibault, 2017). L’un des deux rôles de ce réflexe est de développer la cavité buccale et le massif crânio-facial du fœtus en stimulant la croissance de la mandibule, la descente et l’horizontalisation de la langue, et la formation du palais (Abadie, 1999). Son deuxième rôle est de préparer l’enfant à s’alimenter par voie orale dès sa naissance. Afin que tout cela puisse se faire, une intégrité des noyaux moteurs du tronc cérébral est nécessaire (Thibault, 2017).
Oralité primaire post-natale
La succion-déglutition néonatale est une fonction réflexe initiée par les réflexes de fouissement et des points cardinaux. Elle se déroule en plusieurs étapes : d’abord la langue sort et les lèvres s’avancent vers le mamelon ou la tétine, puis la langue rentre pendant que les lèvres se referment autour de la tétine ou du mamelon. La langue se creuse et ses bords latéraux se relèvent, puis elle réalise des mouvements antéro-postérieurs synchrones aux mouvements mandibulaires. Deux ou trois mouvements de succion sont réalisés avant une déglutition réflexe. Ensuite, l’enfant respire par le nez (Thibault, 2017). L’interruption de la respiration se fait de façon très archaïque durant les premiers jours, puis le nouveau-né parvient à mieux organiser la coordination de ces différentes actions (Abadie, 1999).
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