EFFICACITE DE LA FERMENTATION DES
FRUITS DE Balanites aegyptiaca (L.) Del.
(Balanitaceae)
Description botanique de Balanites aegyptiaca
Balanites aegyptiaca (L.) Délile (Balanitaceae, alt-Zygophyllaceae) appartient à l’embranchement des Spermaphytes (phanérogames, plante à fleurs et à graines), au sousembranchement des Angiospermes (ovule protégée par une enveloppe appelée carpelle), à la classe des dicotylédones (embryon à deux cotylédons), à la famille des Balanitacées parfois appelé Zygophyllacées (NDIAYE, 1997) et au genre Balanites. Même si Balanites (L.) Del est aujourd’hui le nom scientifique de l’espèce divers noms ont été antérieurement utilisés comme synonymes: Ximenia aegyptiaca L., Agialida senegalensis Van Tiegh., Agialida barteri Van Tiegh., Agialida tombouctensis Van Tiegh., Balanites zizyphoides Mildbr et Schelechter (NDIAYE, 1997). Il existe diverses dénominations de cette plante qui varient selon les régions et les langues parlées : golétéki, murtoki en Peul, lôl, model en Sérère; séguéne en Bambara; sump en Wolof ; dattier du désert, Myrobolan d’Egypte, dattier sauvage, savonnier en Français; thron tree et soap berry en Anglais (TUBIANA, 1993 ; BAUMER, 1995; NDIAYE, 1997 ; EKLU-NATEY, 2012). B. aegyptiaca est un arbre épineux à multi-branchés qui peut s’élever jusqu’à 10 m de hauteur et 30 à 35 cm de diamètre, formant une couronne arrondie très touffue caractéristique de la zone sahélienne avec de longs et gros rameaux très souples, légèrement retombants et munis de longues épines vertes permettant à l’arbre de se maintenir en vie même s’il est défolié. Son tronc a une écorce de couleur grise profondément fissurée longitudinalement. Ses feuilles petites de 2,5 à 3 cm environ, de couleur vert foncé sont composées et disposées en spirale sur les pousses. La floraison varie, il n’y a pas de temps précis pour la floraison dans le Sahel, bien que la floraison ait probablement lieu pendant la saison sèche. Les fleurs jaunes verdâtres sont peu apparentes (BEKA, 2011 ; BROUTIN ET SOKONA, 1992). La fructification s’observe pendant presque toute l’année. Elle est cependant plus importante entre Novembre et Juin. En moyenne un arbre peut donner 100 à 150 kg de fruits mûrs par an (soit 8.000 à 12.000 fruits) (BROUTIN ET SOKONA, 1992). Les fruits ont une forme de datte de 3 à 4 cm de longueur et de 1 à 2 cm de diamètre, légèrement angulaires, d’abord verdâtres et jaunes à maturité. Le fruit de B. aegyptiaca est une drupe comestible, légèrement laxatif, fibreux, huileux et contient de la gomme ; son goût est doux et amer. Mémoire de Master de Chimie et Biochimie des produits naturels écrit par Awa KA 4 Le fruit mûr se compose d’un épicarpe (peau) jaunâtre mince et dur qui a un arrière-goût amer et des propriétés purgatives. Il recouvre une pulpe comestible (mésocarpe), brun foncé et charnu. Un endocarpe très épais, sorte de noyau très dur qui contient une graine oléagineuse recouverte d’une fine enveloppe blanche. (BEKA, 2011). On note pour la consommation du fruit un bon apport glucidique, un apport intéressant et assez important en protéines avec 21,8% d’acide aminés essentiels et un apport faible en lipides (LENGO ET BAMPATSKOUV, 2015). Figure 1 a : Port de B. aegyptiaca (www.mauritanie-decouverte.net). Figure 1 b : branches épineuses (www.vokrugsveta.ru).
Ecologie
aegyptiaca dispose d’une large répartition écologique, c’est une espèce des zones sahéliennes et soudano-sahéliennes d’Afrique, d’Arabie et d’Inde. Cet arbre se retrouve dans tout le Sahel (du Sénégal, de la Mauritanie au Tchad), ainsi que dans la savane voisine au sud (Egypte, Soudan, Erythrée). Il est aussi présent au Cameroun septentrional, en Afrique oriental, au Pakistan et en Birmanie (BEKA, 2011 ; THIAM ,2015). B. aegyptiaca est très abondant dans toute la région sahélienne du Senegal : Ferlo, Djolof, vallée du Fleuve, Cayor et le Walo. Dans la zone soudanienne, l’espèce est moins répandue. Elle se rencontre, au Fouladou et en Basse-Casamance, sur le long des axes routiers. Elle est également présente dans la région de Kédougou (VON-MAYDELL, 1990). Mémoire de Master de Chimie et Biochimie des produits naturels écrit par Awa KA 5 L’arbre est très résistant à la sécheresse et pousse sur tout type de sol. Bien implanté avec un fort enracinement, il résiste aux vents très violents et à tous les dommages. Il est caractéristique des régions possédant une indice pluviométrique allant de 500 à 750 mm. Il est intolérant à l’ombre et préfère la savane pour la régénération naturelle qui se fait par propagation des graines par l’Homme ou les animaux (les fruits broutés par les chèvres) (NDIAYE, 1997; LENGO, 2015).
Utilisations
Dans la région soudano-sahélienne B. aegyptiaca occupe une place importante dans la vie quotidienne des populations. En effet, grâce à ses fruits, ses feuilles, son huile, et ses divers autres produits, il constitue un important appoint alimentaire. Il est aussi utilisé en médecine par les populations locales et pour l’alimentation du bétail. Les feuilles séchées et transformées en poudre sont utilisées dans la préparation de sauce (COOK, 1998 ; LOCKETT, 2000) dans de nombreuses localités en Afrique. Les feuilles sont aussi consommées par les animaux domestiques. Le jus des feuilles est utilisé contre les règles hémorragiques, les plaies récentes, la variole, les piqures de guêpes et les dermatoses diverses. Les feuilles sont aussi utilisées pour la prévention des caries dentaires et pour le traitement du goitre (BASSENE, 2015). Les écorces de cette plante guérissent les amygdalites, les bronchites et les diverses maladies du poumon et les nausées. Ses racines sont efficaces en cas de fièvre. Elles sont utilisées en cas de morsure de serpent, pour les soins du paludisme, de la variole, du ver de guinée, des dermatoses et des otites ainsi que les coliques des chevaux (NACOULMA, 1996 ; ARONNIER, 2002). Les racines sont aussi utilisées pour des douleurs abdominales et comme purgatif. Le fruit est apprécié pour sa richesse en glucides et en vitamines. Il est sucé comme un bonbon. La pulpe sucrée et mucilagineuse du fruit est comestible crue, fraiche ou séchée. Au Cameroun cette pulpe sert parfois à préparer un jus de fruit ou une boisson alcoolisée. Au Tchad, la graine grillée et réduite en farine sert à la fabrication du pain ou des soupes (THIAM, 2015). Le fruit est utilisé comme laxatif, vermifuge, émétique. Il est aussi utilisé dans le traitement des maux d’estomac. Le jus de fruits ou le décocté concentré frotté sur des parties enflammées calme la douleur. La pulpe est un bon traitement contre le coryza. L’infusé aqueux du fruit est conseillé chez la femme enceinte se plaignant de vertige Mémoire de Master de Chimie et Biochimie des produits naturels écrit par Awa KA 6 (THIAM, 2015). Les pratiques locales d’utilisation de B. aegyptiaca pour épaissir le lait permettent de penser que les fruits de cette plante peuvent intervenir dans la fabrication des fromages en coagulant le lait (MUNGALA, 2015). Les noix sont utilisées pour la fabrication d’une huile alimentaire dont l’aspect et la couleur la rapproche de l’huile d’arachide, sa saveur est très légèrement sucrée, désodorisée, elle constitue une huile alimentaire de première qualité (BASSENE, 2015). Cette plante présente un bon bois de chauffage, il produit une chaleur considérable très peu de fumée, ce qui le rend particulièrement adapté pour une utilisation en intérieur. Il produit du charbon de haute qualité, et il a été suggéré que ce charbon est approprié pour l’activité industrielle. Le bois donne de bons meubles et n’est pas attaqué par les termites (BASSENE, 2015).
Propriétés pharmacologiques
Activité hypocholestérolémiant
L’extrait de la pulpe des fruits de B. aegyptiaca testé sur des rats albinos adultes montre un effet hypocholestérolémiant (Abdel-Rahim, 1986). Actuellement ce fruit peut être utilisé pour corriger un taux élevé de cholestérol chez l’être humain. Activité antidiabétique La saponine pure extraite du mésocarpe du fruit est signalée comme agent hypoglycémiant lors des tests sur des rats albinos en dose de concentrations différentes. L’extrait aqueux du mésocarpe des fruits de Balanites aegyptiaca administré par voie orale à des souris rendus diabétiques par injection de streptozotocine présente un effet antidiabétique (Mansour, 2000). Activité antimicrobienne La saponine pure extraite du mésocarpe du fruit de Balanites aegyptiaca inhibe la croissance d’Escherixhia coli chez les rats (George, 2006). L’huile extraite de l’amande du noyau exerce une activité antimicrobienne chez les souches sélectionnées de bactéries à Gram positif et Gram négatif et aussi chez Candida (Al Ashaal, 2010). De même les saponines isolées de l’amande ont une activité antibactérienne (Zarroug, 1988 ; Bashir, 1984). Mémoire de Master de Chimie et Biochimie des produits naturels écrit par Awa KA 7 Activité anticancéreuse Un mélange de saponines stéroïdiennes : balanitin-6 (28%) et balanitin-7 (72%), isolé à partir du noyau de Balanites aegyptiaca a démontré des effets anti-cancéreux appréciables dans des lignées cellulaires cancéreuses humaines in vitro (Gnoula, 2008 ; Pettit, 1991). Activité larvicide Un extrait de saponines et un extrait aqueux du noyau du fruit de Balanites aegyptiaca ont été étudiés comme larvicide contre les moustiques. En effet, les deux extraits ont été testés sur le deuxième et le quatrième stade larvaire de trois espèces de moustiques à savoir Anaopheles arabiensis, Culex quinquefasciatus et Aedes aegypti. Les larves de deuxième stade étaient plus sensibles que les larves de quatrième stade dans tous les cas. Les larves Anaopheles arabiensis étaient plus sensibles que ceux de Culex quinquefasciatus et d’Aedes aegypti à ses effets larvicides. La saponine était plus active que l’extrait aqueux. (Zarroug, 1990). Activité anthelminthique Balanitin-7, saponine isolée de l’extrait aqueux des amandes du noyau de Balanites aegyptiaca, est signalé comme anthelminthique lorsqu’il est testé in vitro au moyen d’un dosage original de vermifuge, utilisant comme modèle biologique Caenorhabditis elegans (Gnoula, 2007). L’extrait méthanolique des fruits de Balanites aegyptiaca exerce une action vermifuge contre les différentes étapes de Trichinella Spiralis chez le rat comparable à l’albendazole, médicament vermifuge (Shalaby, 2010).
Composition biochimique du fruit de Balanites aegyptiaca
La graine de B. aegyptiaca a toujours été étudiée en tant que graine oléagineuse mais l’attention des chercheurs s’est aussi portée vers le fruit tout entier. Les métabolites sont les molécules issues du métabolisme des végétaux (ou d’animaux). On distingue deux classes de métabolites : métabolites primaires et métabolites secondaires. Mémoire de Master de Chimie et Biochimie des produits naturels écrit par Awa KA
Métabolites primaires L
es métabolites primaires sont caractérisés par leur caractère nécessaire et vital à la survie de la cellule ou de l’organisme. Les glucides : Une étude sur des échantillons de fruits de Balanites aegyptiaca provenant de la communauté rurale de Téssekéré dans le nord du Sénégal a montré que les sucres sont les constituants dominants du mésocarpe comestible, il y’a 42,57 ± 0,35 g de sucres totaux par 100 g de matière sèche (SAGNA, 2014). Les hydrates de carbone dans la pulpe du fruit sont essentiellement des sucres réducteurs (glucose, 17,7 ± 0,20 g par 100 de matière sèche; et le fructose, 17,3 ± 0,17 g par 100 g de matière sèche), qui représentent 82% de sucres totaux (SAGNA, 2014). Les protides : on retrouve très peu de protides dans la pulpe 4,9% alors que les graines en contiennent 27% (POUSSET, 2004). Les lipides : la graine est très riche en lipides. Elle fournit une huile de couleur jaune, de faible viscosité. Cette huile est constitué de 47 % d’acides gras saturés et de 60% d’acides gras insaturés (KERHARO, 1974 ; POUSSET, 2004). Les acides gras saturés sont l’acide palmitique et stéarique et les acides gras insaturés sont oléique et linoléique (BASSENE, 2015). Les vitamines : de nombreuses vitamines ont été retrouvées dans les fruits : vitamine C à 46%, niacine 1,7%, thiamine 0,27% et la riboflavine 0,07%. Les graines renferment un peu de thiamine, de niacine et de riboflavine mais ne contiennent pas de vitamine C (KHERHARO, 1974 ; POUSSET, 2004).
Métabolites secondaires
Les métabolites secondaires ne sont pas, par définition, nécessaires et vitaux pour la cellule ou l’organisme. Elles interviennent généralement dans les interactions entre l’organisme productrice et son environnement (les autres plantes, les insectes polinisateurs) d’une part et d’autre part, elles interviennent dans la protection de cet organisme contre les ravageurs (herbivores, champignons, nématodes…). Les flavonoïdes, ils sont retrouvés au niveau des fruits. Il s’agit de Quercetine-3-Oglucoside, Quercetine-3-O-rutinoside, Isorhamnetine-3-O-glucoside, Isorhamnetine-3,7- diglucoside, Isorhamnetine-3-O-rutinoside, Isorhamnetine-3-O-rhamnogalactoside et de isoramnétine-3-O-robinobioside. (THIAM, 2015). Mémoire de Master de Chimie et Biochimie des produits naturels écrit par Awa KA 9 Le mésocarpe des fruits de B. aegyptiaca contient des sapogénines stéroïdiques et des pregnanes glycosides. Par ailleurs des tri et trétraglycosides, D-glucose, L-rhamnose, et xylose liés à la yamogénine (aglycone) ont été isolés de ces extraits aqueux. Ces sapogénines sont décrites comme possédant un potentiel molluscicide. (BEKA, 2011) Les saponosides : KAMEL, (1998) a isolé des fruits de B. aegyptiaca deux furanostanols glycosidiques identifiés sous le nom de balanitésine : 26-O-β-Dglucopyranosyl-(25R)-furost-5-éne3,22,26-triol et 3-O-{[α-L-rhamnopyranosyl-(1 → 4)]-βD-xylopyranosyl-(1 → 2)]-β-D-xylopyranosyl-(1 → 2)} -β-D-xylopyranoside. Les travaux conduits par GNOULA, (2008), sur l’extrait aqueux de la pulpe de B. aegyptiaca ont permis d’isoler deux saponines identifiées sous les noms de Balanitin-6 et Balanitin-7.
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