Effets lipotropes des molécules antioxydantes du thé (Camellia sinensis)
SYNDROME MÉTABOLIQUE ET NAFLD
Syndrome métabolique
Le syndrome métabolique, encore appelé syndrome X ou syndrome d’insulino-résistance, désigne un état pour lequel sont présents différents facteurs de risque pouvant conduire au diabète de type II, aux maladies cardiovasculaires de façon générale, et à un accident vasculaire cérébral de façon plus spécifique (Alberti et al., 2006). Ce syndrome est en constante progression du fait de l’augmentation de la prévalence de l’obésité. Parmi les nombreux critères d’évaluation permettant de définir une personne atteinte du syndrome métabolique, deux classifications prévalent : celle de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) (Alberti and Zimmet, 1998) et celle du National Cholesterol Education Program Adult Treatment Panel III (NCEP ATP III) (Expert Panel on Detection, Evaluation, and Treatment of High Blood Cholesterol in Adults, 2001) (Tableau 1). Tableau 1. Critères d’évaluation du syndrome métabolique Critères d’évaluation chez l’adulte selon l’OMS (1999) Critères d’évaluation chez l’adulte selon le NCEPATP III (2001) Anomalies de la régulation du glucose et/ou Insulino-résistance associée à au moins 2 des facteurs de risque suivants Au moins 3 des facteurs de risque suivants Glycémie Hyperglycémie à jeûn > 110 mg/dL, intolérance au glucose ou Diabète de type II Hyperglycémie à jeûn > 110 mg/dL, intolérance au glucose ou Diabète de type II Obésité Indice de masse corporelle > 30 kg/m2 et/ou Rapport taille/hanche > 0,9 (Homme), > 0,85 (Femme) Tour de taille > 102 cm (Homme), > 88 cm (Femme) Hypertension ≥ 140/90 mmHg ou traitement antihypertenseur ≥ 130/85 mmHg ou traitement antihypertenseur Dyslipidémie Triglycérides ≥ 1,5 g/L et/ou HDL cholestérol < 0,35 g/L (Homme), < 0,39 g/L (Femme) Triglycérides ≥ 1,5 g/L et/ou HDL cholestérol < 0,4 g/L (Homme), < 0,5 g/L (Femme) Albuminurie ≥ 20 µg/min ou Rapport albumine/créatine ≥ 30 mg/g Non incluse Facteurs de risque Critères Revue de littérature Page 10 Parmi ces critères, quatre principaux facteurs de risque prédominent pour diagnostiquer le statut de syndrome métabolique : une obésité abdominale, une hypertension, une hyperglycémie chronique conduisant à une insulino-résistance, et une dyslipidémie (Figure 1). Un état pro-inflammatoire est aussi généralement présent chez les personnes atteintes de syndrome métabolique et est identifié par des niveaux élevés de la protéine C-réactive (CRP), de l’inhibiteur de l’activateur du plasminogène 1 (PAI-1), du Facteur de nécrose tumorale α (TNF-α) et de cytokines pro-inflammatoires telles que les interleukines IL-1 et IL-6 (Dandona et al., 2005) (Figure 1). L’association de l’ensemble de ces facteurs entraîne une augmentation du risque de survenue de maladies cardiovasculaires. En effet, les personnes atteintes du syndrome métabolique sont exposées à un risque trois fois plus élevé de subir un infarctus du myocarde, un accident vasculaire cérébral et d’autres pathologies cardiaques, et ont un risque deux fois plus élevé d’en mourir, par rapport à des personnes non atteintes du syndrome métabolique (Grundy et al., 2005). Hypertension >130/85 mmHg Hyperglycémie Insulinorésistance Glycémie à jeun >1,1 g/l Maladies cardiovasculaires Insuffisance cardiaque, arythmie, infarctus, Accidents vasculaires cérébral, maladies périphériques artérielles Dyslipidémie TG >1,5 g/l HDL < 0,5 g/l Syndrome métabolique Etat proinflammatoire CRP, PAI-1, TNF-α, IL-1, IL-6 Obésité abdominale Tour de taille 102 cm (Homme), 88 cm (Femme), IMC 30 kg/m2 Figure 1. Syndrome métabolique et maladies cardiovasculaires CRP: protéine C-réactive; CT: Cholestérol total; HDL: Lipoprotéine de haute densité; IL6, IL1: Interleukine 6, 1; IMC : Indice de masse corporelle; LDL: Lipoprotéine de faible densité; PAI-1: inhibiteur de l’activateur du plasminogène 1; TG: Triglycérides; TNFα: Facteur de nécrose tumorale α.
Prévalence
La prévalence du syndrome métabolique est difficile à évaluer du fait de la nonharmonisation des critères d’évaluation clinique, des populations ethniques concernées, de l’âge et de l’année de l’étude. Aux Etats-Unis, une étude basée sur les critères du NCEP ATP III montre une prévalence de 30 % de la population, avec une incidence de 7 % pour les 20-29 ans qui augmente jusqu’à 44 % pour les 60-69 ans (Ford et al., 2002). Parmi les adolescents américains (entre 12 et 19 ans), la prévalence du syndrome métabolique est estimée à 10% et augmente à 30% chez les adolescents en surpoids ou obèses (Ferranti et al., 2004). En France, l’étude DESIR (Data Epidemiological Study on the Insulin Resistance syndrome) publiée en 2003 et également basée sur les critères du NCEP ATP III, estime une prévalence du syndrome métabolique à 16 % chez les hommes et 11 % chez les femmes (Balkau et al., 2003). L’obésité et le diabète de type II sont les deux principaux acteurs du développement du syndrome métabolique. Selon les données de l’OMS, la prévalence de l’obésité a doublé depuis 1980. En 2014, plus de 1,9 milliard d’adultes (18 ans et plus) étaient en surpoids. Sur ce total, plus de 600 millions étaient obèses. Le surpoids et l’obésité concernaient près de 42 millions d’enfants de moins de 5 ans en 2013. En 2014, la prévalence mondiale du diabète, dont 90% de diabète de type 2, était estimée à 9% chez les adultes âgés de 18 ans et plus. Ainsi, l’augmentation de la prévalence de ces deux facteurs explique l’augmentation de la prévalence du syndrome métabolique.
NAFLD : manifestation hépatique du syndrome métabolique
Le foie : généralités
Le foie est un organe annexe du système digestif qui assure trois fonctions principales : stockage/redistribution, synthèse et épuration. A l’issue du processus de digestion/absorption, le foie reçoit différents nutriments provenant de l’alimentation directement de l’intestin grêle via la veine porte (acides aminés, glucose, vitamines hydrosolubles) ou via la circulation générale en période postprandiale (lipides et vitamines liposolubles), et est capable de les stocker et/ou de les redistribuer sous forme de molécules modifiées ou plus complexes, si nécessaire, aux autres organes. Il participe ainsi activement aux métabolismes des protéines, des glucides, des lipides, et de certaines vitamines. Le foie est également un organe de détoxification et assure la biotransformation de nombreux xénobiotiques en vue de leur élimination (par voie urinaire ou biliaire). Enfin, le foie synthétise la bile qui est déversée dans les canalicules biliaires et stockée dans la vésicule biliaire, et qui sera ensuite libérée dans l’intestin grêle et participera à la digestion/absorption des lipides (Desvergne et al., 2006). Le foie est l’organe abdominal le plus imposant du corps humain et pèse en moyenne 1,5 kg, ce qui représente environ 2% de la masse corporelle. Cet organe est très vascularisé, principalement par l’artère hépatique (apport d’oxygène) et par la veine porte (apport de nutriments issus de l’absorption intestinale) (Figure 2). Le retour veineux est assuré par les veines hépatiques. Le foie est constitué à 80 % d’hépatocytes et 20% d’autres types cellulaires (cellules des canaux biliaires, cellules endothéliales, cellules de Küpffer, cellules immunitaires). Les cellules hépatiques sont regroupées en lobules hépatiques, eux-mêmes assemblés grâce à du tissu conjonctif. Au centre de chaque lobule se trouve une veine centrolobulaire et sa limite hexagonale est définie par des espaces portes rassemblant les branches de l’artère biliaire, de la veine porte et du canal biliaire. Enfin, des sinusoïdes naissent à la périphérie du lobule, cheminent entre les hépatocytes et convergent vers la veine centrolobulaire (Figure 2).
Définition et critères d’évaluation de la NAFLD
La stéatose hépatique non-alcoolique ou NAFLD (non-alcoholic fatty liver disease) regroupe un large spectre de maladies du foie allant de la simple stéatose (accumulation de lipides dans les hépatocytes de 5 à 66% du poids total du foie) en progressant vers la stéatohépatite nonalcoolique ou NASH (non-alcoholic steatohepatitis), la fibrose hépatique pouvant entraîner une cirrhose, et finalement l’hépatocarcinome (Willebrords et al., 2015). Le terme « non-alcoolique » vient du fait que les lésions hépatiques, comparables à celles observées lors d’intoxications alcooliques chroniques (> 20 à 30 g/j chez l’homme, > 20g/j chez la femme), apparaissent en absence de prise significative d’alcool ou d’association à d’autres maladies hépatiques chroniques (virales, toxiques). A l’heure actuelle, la NAFLD représente les maladies chroniques du foie les plus émergentes (Vernon et al., 2011). De nombreuses études ayant mis en évidence son association avec les facteurs de risque du syndrome métabolique (obésité, insulino-résistance, hypertension, dyslipidémies), la NAFLD est désormais considérée comme la « manifestation hépatique du syndrome métabolique » (Vernon et al., 2011). Cependant, le diagnostic de la NAFLD n’est pas aisé car, chez la plupart des patients, elle reste asymptomatique jusqu’au développement d’une cirrhose hépatique lorsque les patients souffrent de fatigue ou d’hépatalgie. De plus, les outils de diagnostic de cette pathologie restent très limités. On soupçonne habituellement une NAFLD chez les patients présentant une hypertrophie hépatique à la palpation et présentant des bilans plasmatiques reflétant une souffrance hépatique (rapport alanine transaminase (ALT) / aspartate transaminase (AST) > 1). Néanmoins, le bilan ALT/AST peut être normal chez des patients ayant une stéatohépatite ou encore une cirrhose. Des techniques d’imagerie (IRM, échographie) peuvent également être utilisées pour diagnostiquer la NAFLD sans pour autant pouvoir définir précisément le stade de développement de la pathologie. Pour l’instant, la biopsie du foie reste la méthode de diagnostic la plus précise pour diagnostiquer et préciser l’état d’avancement d’une NAFLD (Ahmed, 2015). Afin de déterminer au mieux le stade de progression de la NAFLD, le Comité de pathologie du réseau de recherche clinique sur les NASH a établi un système de notation permettant d’évaluer un large spectre d’atteintes hépatiques de la NAFLD dont le degré de stéatose (pourcentage d’hépatocytes affectés, légère 5-33%, modéré 33-66% et sévère >66%), de fibrose (F2 légère, F3 sévère, F4 répandue dans tout le foie ou stade de cirrhose), d’inflammation et de lésions hépatiques (Kleiner et al., 2005) (Tableau 2).
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