Effets de l’incorporation de la farine des graines de Citrullus vulgaris dans l’aliment
SYSTEMES ET CARACTERISTIQUES DE L’AVICULTURE AU SENEGAL ET EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE
L’aviculture au Sénégal est partagée entre deux systèmes d’élevage : le système traditionnel et le système moderne.
Système traditionnel
Définition de l’aviculture traditionnelle L’aviculture villageoise dite encore de basse-cour est un élevage de type familial regroupant de petites exploitations de 5 à 20 poules en moyenne abandonnées à ellesmêmes (Bonfoh et al., 1997 ; Sonaiya et Swan, 2004). L’élevage de la poule locale est le plus répandu même si les élevages mixtes de plusieurs espèces d’âges différents sont souvent rencontrés (Traoré, 2006). L’aviculture villageoise correspond au secteur 4 de la FAO et utilise principalement la race locale Gallus gallus domesticus. Elle se caractérise essentiellement, selon Diop (1982), par une reproduction naturelle non contrôlée, des techniques et matériels d’élevage rudimentaires, une alimentation très sommaire, une vulnérabilité aux épizooties avec une production qui est quasi autoconsommée. Ce type d’aviculture joue un rôle très important dans la vie de la population rurale à travers le revenu financier, la cohésion sociale (dons, cérémonie etc.) et la bonne source de protéines qu’il fournit.
Importance de l’aviculture traditionnelle
Le poulet occupe une place importante dans les sociétés africaines. Pratiquée surtout en milieu rural, l’aviculture traditionnelle assure la cohésion socioculturelle des populations. Les poulets de race locale de même que leurs œufs à coquille blanche sont utilisés lors des cérémonies traditionnelles et en ethnopharmacologie (Guezodje, 2009). Ils permettent de resserrer les liens entre individus (vivants ou morts) et les communautés à travers des dons, des cérémonies et autres. Dans chacun des cas, le plumage jouera un rôle important (Sonaiya et Swan, 2004). Souvent destinée à l’autoconsommation (viande) ou à la reproduction (Traore, 2006), la viande de volaille et ses œufs restent une alternative de réduction du déficit protéino-calorique (Buldgen et al., 1992). Ces protéines représentent un élément capital pour l’équilibre alimentaire surtout pour les enfants et les femmes enceintes. L’aviculture traditionnelle peut donc jouer un rôle déterminant dans le renforcement de la sécurité alimentaire. Le poulet villageois sert aussi de caisse de “petite trésorerie” pour les ménages principalement les femmes et les enfants et constitue une forme de thésaurisation (Bonfoh, 1997). La volaille peut donc rapporter entre 204 et 512 $ US/an/ménage au Burkina, au Cameroun et au Nigéria (Hein et al., 2005). Le revenu issu de la vente de volailles sert souvent aux soins médicaux, à l’achat d’habits et au paiement des frais scolaires des enfants.
Caractéristiques et production de la volaille traditionnelle
Les volailles locales sénégalaises sont des animaux de petit format. Leur vitesse de croissance est faible. Le poids vif du poulet à l’âge adulte (1 an et plus) varie entre 1,7 et 1,8 kg pour les mâles et de 1,15 à 1,35 kg pour les femelles (Buldgen et al., 1992 ; Missohou et al., 1998). Les rendements d’abattage obtenus à l’âge de 25 semaines sont cependant élevés : 79% pour les coqs et 67% pour les poules (Buldgen et al., 1992). Notons que l’âge à la première ponte des volailles locales est tardif. En effet, en milieu rural la ponte du premier œuf se produit à la 25ème semaine d’âge et chaque reproductrice pond 40-50 œufs par an (Buldgen et al., 1992). Les bonnes qualités maternelles de la volaille locale ainsi que sa forte capacité de résistance à des conditions difficiles d’élevage (pénuries périodiques d’aliments, abri rudimentaire, pression des prédateurs et des maladies, etc.) lui sont d’un grand atout (Buldgen et al., 1992 et Gueye, 1998).
Contraintes de l’aviculture traditionnelle
En aviculture traditionnelle, les abris ou poulaillers, les soins vétérinaires et les apports alimentaires sont presque quasi inexistants. Outre les maladies parasitaires et bactériennes présentes en permanence, les maladies virales (notamment la maladie de Newcastle) menacent dangereusement tous les maillons de la filière et entraînent des pertes financières énormes (Gueye, 1998). La maladie de Newcastle sévit sous forme épizootique et peut décimer jusqu’à 80 % du cheptel (Bonfoh et al., 1997). Les poulets locaux (à indice de consommation élevé du fait de sa faible vitesse de croissance) souffrent de déficits alimentaires et aucun système d’alimentation rationnelle ne leur est appliqué (sonaiya et Gueye, 1998). Les apports de compléments alimentaires sont réalisés dans le but de faciliter une éventuelle capture (Dahouda, 2009). Les réserves accumulées en période de vache grasse (saison pluvieuse, période après les récoltes) sont entièrement perdues durant les périodes de vache maigre.
Système d’élevage avicole moderne On distingue deux types d’élevage dans le système moderne : l’élevage semiindustriel ou amélioré et l’élevage industriel. L’élevage moderne pratiqué au Sénégal reste en grande partie du type semi-industriel (Gueye, 1999). Il est concentré dans la zone agro-écologique des Niayes, Thiès et Saint-Louis (Traoré, 2006). Le développement que connait ce secteur ces dernières années est dû à la mesure d’embargo prise en 2005 sur les importations de produits et matériels avicoles par l’Etat pour se protéger de l’épizootie de la grippe aviaire. Ainsi des milliers de ménages sénégalais vivent de nos jours de cette activité.
Importance de l’élevage avicole moderne La filière avicole sénégalaise moderne est un secteur économique dynamique dont le taux de croissance est l’un des meilleurs du secteur primaire au niveau national. Selon Sénégal (2011), l’effectif de poulet de chair a doublé entre 2006 (7 056 632 sujets) et 2010 (15 478 649 sujets). Il occupe un nombre important d’acteurs qui sont complémentaires et interdépendants de la filière (Traoré, 2006). 5 L’aviculture sénégalaise génère plus de 30 000 emplois directs et indirects (FAFA, 2002). Le chiffre d’affaires généré par l’aviculture moderne de façon générale et le nombre d’emplois directs ou indirects créés démontrent l’importance de cette activité. Par ailleurs, la viande de poulet de chair est la moins chère depuis 2001 au Sénégal et donc la plus accessible financièrement (Tableau I). Elle a coûté en moyenne 1 611 FCFA/kg en 2010 contre 2 117 et 2 432 FCFA/kg respectivement pour la viande de bœuf et de mouton. Tableau I: Prix moyens annuels au kg de différentes viandes de 2006 à 2010 (ANSD, 2011)
Production avicole semi-industrielle
La mesure d’embargo instaurée sur les importations de produits avicoles du 04 novembre 2005, a permis à la filière avicole de prendre un nouvel essor. Ainsi, les effectifs des poulets de chair sont passés d’environ 12,3 millions de têtes à 15 millions entre 2009 et 2010. Contrairement à la volaille traditionnelle, on note un accroissement annuel moyen rapide entre 2006 et 2010 de 17% contre 1,3% pour l’aviculture traditionnelle (ANSD, 2011).
Caractéristiques de l’aviculture semi-industrielle
Dans ce type d’élevage avicole, la vie de l’oiseau est réglée dans les moindres détails par l’aviculteur. Celui-ci utilise des souches sélectionnées qui reçoivent un aliment complet en quantité bien définie. De même, il bénéficie d’un suivi sanitaire et médical et est logé dans des conditions régulièrement plus ou moins contrôlées. Les souches exotiques les plus fréquentes au Sénégal pour la filière chair sont les Cobb500, Hubbard, Ross208 et Jupiter. L’aviculture semi-industrielle est surtout concentrée dans la zone agro-écologique ou géo-écologique dite des Niayes. Cette dernière présente durant certaines périodes de l’année des conditions climatiques favorables à l’élevage des souches exploitées. Les performances obtenues chez certains éleveurs sont comparables à celles obtenues dans les pays développés à climat tempéré: un poids moyen de 1,5 à 2 kg en 45 jours d’élevage pour les poulets de chair (RIDAF, 2006).
PERFORMANCES DE CROISSANCE DES POULETS DE CHAIR
Poids vif et vitesse de croissance
Les poulets de chair ont une croissance très rapide ; de 38 g à 1 jour d’âge ils peuvent passer à 2 kg de poids vif voire plus à 7 semaines d’âge (Smith, 1990). Le poids vif moyen à l’éclosion est de 42-43g chez les poussins chair, mais il varie de 38 à 50 g 6 (Missohou et al., 1996 ; Andela, 2008). Cette grande variation est généralement liée à l’âge des lots de reproductrices ayant donné les œufs à couver. Les poids vifs obtenus dans diverses conditions et pays d’Afrique sont consignés dans le tableau II. Ces poids varient entre 353 et 905 g, 705,08 et 1312 g, 1200 et 1700 g et 991 et 2210 g, respectivement à 3, 4, 5 et 6 semaines d’âge. Les grandes variations du poids vif observées entre les résultats des divers auteurs seraient liées au type d’aliment, au mode d’alimentation, aux paramètres d’ambiance et aux souches élevées. C’est ainsi que Smith (1990) a prouvé qu’à partir de 8 semaines, les mâles sont un peu (200 g) plus lourds que les femelles. Parallèlement, les résultats des travaux effectués par Giordani et al. (1993) ont montré des différences significatives de poids vifs à 8 semaines d’âge avec différentes souches commerciales (Cobb500, Ross208, Ross308) de poulets. Ces derniers ont obtenu chez les mâles des poids vifs de 3,23 kg, de 3,36 kg et 3,45 kg alors que chez les femelles ils ont été de 2,60 kg, de 2,80 kg et de 2,92 kg, respectivement, pour Cobb500, Ross208 et Ross308.
Consommation et efficacité alimentaire
La consommation alimentaire obtenue par divers auteurs chez les poulets de chair de 3 à 6 semaines d’âge varie de 82,51 à 158,4 g/j (tableau II). Le mode d’alimentation, la nature et l’appétibilité de l’aliment et les paramètres d’ambiance peuvent en partie expliquer les écarts entre ces divers résultats. Les indices de consommations obtenus pour la même période varient entre 2,01 et 2,7 Ces indices de consommations indiquent que la croissance de la poule est proportionnelle à la quantité et à la qualité d’aliment consommé. Au Sénégal comme au Soudan des indices de consommations de 1,8 à 2 ont été enregistré à 6 semaines d’âge (Mukhtar, 2007 ; Andela, 2008). L’indice de consommation (IC) des poulets de chair est compris entre 1 et 2 au démarrage (avant 3 semaines d’âge) et peut dépasser 3 en fin de croissance (IEMVT, 1991). Cette détérioration de l’indice de consommation est due, entre autres, à l’augmentation de la part relative du gras dans le croît (Leclercq, 1989) et explique les abattages précoces (6-8 semaines d’âge) dans les élevages de poulets de chair.
Caractéristiques de la carcasse et des organes
Le tableau II présente les rendements carcasses obtenus par divers auteurs chez les poulets de chair. Au Sénégal, Andela, (2008), Ayssiwèdé et al. (2009) et Ayessou et al. (2009) ont obtenu respectivement des rendements carcasse de 87%, 84,5% et 88,7%. Contrairement à ces résultats, Missohou et al. (1996) ont obtenu un rendement carcasse nettement inférieur de l’ordre de 78,4% chez ces mêmes oiseaux avec des poids de gésier, du foie du cœur et du gras qui sont de 62,9 g ; 49,9 g ; 12,1 g et de 53,2g représentant respectivement 4%, 2,72%, 0,8% et 3,1% du poids vif des poulets. Ces résultats sont contraires à ceux obtenus par Mukhtar (2007) au Soudan où le foie, le gras abdominal et le pancréas correspondaient respectivement à 2,22%, 1,21% et 0,16% du poids vif des poulets.
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