EFFETS DE L’ETUVAGE SUR LES PROPRIETES
PHYSIQUES ET BIOCHIMIQUES
Botanique
Le fonio (Digitaria exilis) est une monocotylédone glumacée de la famille des graminées (ou poacées) du genre Digitaria (Photo 1). Les Digitaires qui regroupent plus de 300 espèces (Protères, 1955). Photo 1 : Grains de fonio mal décortiqués Aujourd’hui, seul Digitaria exilis, revêt une certaine importance en Afrique de l’ouest. Le fonio est une petite plante herbacée annuelle de 30 à 80 cm de hauteur. L’épillet comprend une fleur stérile et une fleur fertile qui donnera le grain de fonio (Badiane, 2006). Sa graine mesure 1 mm de longueur et ne dépasse pas 0,7 mm de large ; le poids de 1000 graines ne dépasse pas 0,6 g (Fofana et al., 2003). Ses racines puisent l’eau et les nutriments du sol jusqu’à 3 cm de profondeur (Badiane, 2006).
Aspect et techniques culturaux
Le fonio (Digitaria exillis) peut se cultiver sur des sols considérés comme pauvres, peu profonds et dans des zones à faible pluviométrie. Il s’agit d’une plante qui présente une bonne résistance aux conditions de sécheresse par rapport aux autres céréales. Poussant initialement à l’état sauvage dans les zones semi-arides, le fonio est une plante très flexible et peu exigeante sur les conditions du sol et du climat. Le cycle végétatif varie de 70 à 120 jours selon les sols et les variétés cultivées. Les graines de la plante sont surtout caractérisées par une très petite taille (Fofana et al., 2003). Le fonio est généralement cultivé, hors assolement, sur des terres légères (terrains sableux à caillouteux). Des terres plus riches sont également utilisées pour les variétés hâtives. Le fonio peut aussi être cultivé en rotation et il intervient alors souvent après le riz, le mil, le sorgho ou l’arachide. (Cruz et al., 2011).La culture du fonio est encore aujourd’hui essentiellement manuelle. Aux premières pluies, le semis est fait « à la volée » sur un sol superficiellement ameubli à une densité de 10 à 30 kg/ha (Vodouhe et al., 2006). Certains pratiquent un semis relativement dense (de 30 à 50 kg/ha) pour diminuer la pression des adventices à la levée. Les graines sont enfouies à faible profondeur par un hersage ou un recouvrement à la daba. La germination est rapide et l’entretien de la culture se limite à un ou deux sarclages. (Cruz et al., 2011) Habituellement différents types de variétés sont distingués (Fofana et al., 2003) : – Les variétés extra-précoces : cycle végétatif de 70 à 85 jours. – Les variétés hâtives : cycle végétatif de 85 à 100 jours. – Les variétés semi-tardives : cycle végétatif de 100 à 120 jours. – Les variétés tardives à 150 jours de végétation. Aujourd’hui, deux à trois variétés (extra-précoces, variétés hâtives et semi-tardives) restent les plus cultivées. Le fonio extra-précoce appelé « momo » est essentiellement cultivé pour faire face à la soudure. Le « momo » est une variété stratégique chez les producteurs. Elle mûrît très tôt, en général en fin août (au cœur de la soudure). Cette période correspond au moment où les greniers sont vides où les paysans sont confrontés à la fois à une forte intensité de travail et une extrême fragilité due aux épidémies de paludisme qui sévissent pendant cette période de l’hivernage (Fofana et al., 2003). Quant aux variétés hâtives « mora » et semi-tardives « blanc », elles sont cultivées essentiellement pour l’autoconsommation des ménages en alternance aux autres céréales (maïs, mil, riz) pendant le reste de l’année. Les populations reconnaissent à chaque variété de fonio des qualités particulières en matière de production, de goût, de couleur et de comportement à la cuisson (Fofana et al., 2003). De manière générale, la variété tardive « noir » n’est plus cultivée. Elle tend même à disparaître dans certaines zones. Cela résulte principalement de la concurrence qu’exercent les autres cultures à cycle long mais surtout du choix porté sur les variétés mieux adaptées pour la soudure (Fofana et al., 2003).
Volume de production
La culture annuelle du fonio est effectuée sur près de 380 000 ha et la production, voisine de 250 000 t (rendements moyens de 660 kg/ha) assure l’alimentation de plusieurs millions d’êtres humains durant les mois les plus difficiles au point de vue des ressources alimentaires. L’évolution de la production sur les 40 dernières années, montre une forte diminution (de 180 000 t à 130 000 t) au cours des décennies 60 et 70 puis une reprise régulière à partir de 1980 8 (FAOSTAT)
INTRODUCTION |