EFFETS DE L’AGE SUR LES PERFORMANCES DE REPRODUCTION DU MACHOIRON (CHRYSICHTHYS NIGRODIGITATUS)
Techniques et moyens de production
Globalement, les techniques de production (reproduction et élevage) sont maîtrisées pour certains poissons tels que le mâchoiron, le tilapia, le silure. La construction des structures de production (enclos lagunaires, cages flottantes, étangs) est maîtrisée. Toutefois, des progrès restent à accomplir. Par ailleurs, l’existence de sous-produits agricoles et agro-industriels (le son de riz et de maïs, le tourteau de coton et de coprah, et même le tourteau de soja) est un facteur favorable au développement de la pisciculture.
Contraintes de la filière aquacole
L’aquaculture ivoirienne est confrontée à plusieurs niveaux de sa production à d’énormes problèmes qui entravent son développement (Anonyme, 2000).
Problèmes fonciers Dans le domaine foncier, il existe un véritable problème d’accessibilité aux plans d’eau et bas-fonds exploitables pour les non riverains. Il est donc impératif de régulariser officiellement les situations foncières et les droits de propriété dans les bas-fonds et les plans d’eau.
Contraintes institutionnelles
Au plan institutionnel, les contraintes proviennent, d’une part, du trop grand cloisonnement des services du secteur des pêches et de l’aquaculture et d’autre part de la dispersion des principaux acteurs de l’encadrement entre plusieurs ministères et structures paraétatiques sans une véritable coordination. En effet en quarante ans, les activités relevant de la pêche en eaux continentales 16 ont changé de tutelle administrative au moins cinq fois à travers les Ministères. Ainsi l’on résume les contraintes institutionnelles par : – le manque de moyens administratifs ; – l’absence d’une législation fiable et adéquate avec la filière ; – les politiques de développement souvent adoptées pour la pisciculture sont peu adaptées au contexte ivoirien. V. 2. 3. Contraintes d’approvisionnement en intrants Les contraintes sont les suivantes : – l’évolution du marché, la disponibilité des déchets et des sous produits agro-industriels (farine de poisson, farine basse et son riz, tourteau de coton, etc.) restent encore défavorable aux modèles de pisciculture intensifs et semi-intensifs ; – la production des alevins de certains poissons notamment les silures et le mâchoiron nécessite des techniques de reproduction souvent perfectionnées qui sont à l’origine de coûts finaux élevés. La reproduction de ces poissons exige parfois l’utilisation d’hormones de synthèse pour stimuler la maturation des ovocytes et induire la ponte.
Contraintes économiques et financières
L’absence de financement adapté handicape fortement tous les types de production aquacole, en particulier l’aquaculture lagunaire. Ceci a pour conséquence, un sous-investissement très préjudiciable, ce secteur d’activité nécessitant des capitaux importants pour son développement. En plus des problèmes de financement, la filière aquacole fait face à d’autres difficultés telles que l’inexistence de marchés stables disposant d’une bonne législation.
Contraintes de gestion technique et financière
En ce qui concerne la production aquacole, l’un des problèmes majeurs est l’absence de gestion rigoureuse au niveau des techniques habilitées à cette tâche. En plus de cette contrainte technique, il existe d’autres liées à la gestion dont : – l’absence de rigueur dans la gestion technique et financière caractérisée par l’inexistence de documents comptables et de suivi technique ; – le manque de gestionnaires qualifiés entrainant parfois des reports des tâches et l’emploi de n’importe quel ouvrier ; – la fragilité de la trésorerie, en effet, les fermes ont du mal à reconstituer les fonds de roulement après un incident majeur ou une grosse dépense (achat de filets, difficultés de la commercialisation, etc.) ; – l’absence de recours officiel en cas de conflit foncier car les garanties du titre foncier restent jusque-là précaires même avec la présence du projet BAD-Ouest qui prévoit dans ses articles une sécurisation par un acte de cession de la terre garanti, par l’administration territoriale le droit d’exploitation du fermier pisciculteur ; – l’instabilité chronique des gestionnaires et des directeurs techniques des exploitations piscicoles de type commercial et industriel ne permet pas une capitalisation des connaissances techniques.
Contraintes de commercialisation des produits aquacoles
Dans le passé, la commercialisation des produits aquacoles a posé d’énormes problèmes du fait de l’insuffisance de la prospection des marchés. Mais aujourd’hui, grâce aux circuits mis en place (poissons vendus frais, morts ou vivants), des quantités non négligeables mises sur le marché sont écoulées. Cependant, avec le développement du secteur, ces circuits pourraient s’avérer inadaptés et insuffisants. Par ailleurs, les produits de l’aquaculture 18 rencontrent souvent des difficultés de conservation liées à l’absence de structures de réfrigération, de congélation et d’autres méthodes de conservation à court ou à long terme.
Facteurs matériels et humains
Facteur humain Le mode d’encadrement du personnel du secteur aquacole mis en place, présente des défaillances surtout au niveau de la technicité. Il faut aussi noter que la pisciculture ivoirienne est confrontée à l’insuffisance numérique de spécialistes et à un désintéressement de la population au profit de l’agriculture.
Moyens matériels
Les moyens matériels indispensables sur une ferme (les véhicules, les mobylettes, les embarcations, les appareils topographiques et le matériel de pesée) sont relativement chers et ne sont donc pas à la portée de tous les pisciculteurs. Leur inexistence dans certains services d’appui, constitue un facteur limitant au développement de la filière piscicole. 19 CHAPITRE II : GENERALITES SUR LE MÂCHOIRON D’après Hem et al. (1994), l’appellation de « mâchoiron » regroupe l’ensemble de trois espèces du genre Chrysichthys rencontrées dans les lagunes ivoiriennes (C. maurus, C. auratus et C. nigrodigitatus).
SYSTEMATIQUE ET REPARTITION GEOGRAPHIQUE DU MÂCHOIRON
Position systématique Le genre Chrysichthys initialement considéré comme appartenant à la famille des Bagridae est actuellement classé dans la famille des Claroteidae.
Caractéristiques générales du genre Chrysichthys
Le genre Chrysichthys est caractérisé par la présence de quatre paires de barbillons dont ceux de la mâchoire inférieure sont non ramifiés et dépassent à peine l’épine humérale (Lévêque et al., 1992 ; Gourène et al., 1995). La nageoire dorsale est composée de six rayons mous précédés par une épine fortement développée et faiblement denticulée à son bord postérieur, tandis que l’adipeuse est de taille moyenne ou petite (la base étant moins grande que la largeur de la tête) et n’est jamais ossifiée. Le deuxième ou le troisième rayon branchu de la nageoire dorsale est le plus long chez les adultes. Ce poisson possède aussi une paire de nageoires pectorales composées de 8 à 11 rayons mous précédés par une épine forte, bien denticulée sur le bord postérieur, et une paire de nageoires ventrales au milieu du corps avec 1 à 5 rayons et une nageoire anale de taille moyenne comportant 6 à 12 rayons. La nageoire caudale, bien bifurquée, a son lobe supérieur beaucoup plus long que l’inférieur (Gourène et al., 1995). Le nombre de rayons branchus de cette nageoire et celui de branchiospines lisses et longues sur le premier arc branchial, sont sujets à des variations intra spécifiques. Les yeux à bord libre sont latéraux et grands. Le corps est moyennement allongé, 4 à 6 fois plus long que haut. La peau est dépourvue d’écailles. Le mâchoiron du genre Chrysichthys possède 2n = 70 chromosomes (Adépo, 1996). I. 3. Caractéristiques spécifiques de C. nigrodigitatus L’espèce C. nigrodigitatus présentée à la Figure 2 est un poisson-chat, reconnue par un museau pointu, une bouche plus ou moins large selon l’âge avec une bande de dents maxillaires faisant généralement un quart de la longueur de la tête. La bande de dents vomériennes est interrompue sur le vomer. La denture qui 21 se développe à partir de la taille de 70 mm de l’individu est carrée ou rectangulaire. Le deuxième ou le troisième rayon branchu de la nageoire dorsale est le plus long chez les adultes. Le nombre de rayons branchus de cette nageoire et celui de branchiospines lisses et longues sur le premier arc branchial sont sujets à des variations intra spécifiques. La nageoire caudale bien bifurquée a son lobe supérieur beaucoup plus long que l’inférieur (Gourène et al., 1995). Le mâchoiron C. nigrodigitatus se distingue aisément des deux autres espèces (C. maurus, et C. auratus) par sa plus grande taille, sa coloration grise argentée, alors que les deux autres sont jaunâtres et sa croissance rapide (Hem et al., 1994). La tête et le dos sont brun foncé ou gris, le ventre est blanc. L’adipeux est souvent noirâtre. I. 4. Répartition géographique de C. nigrodigitatus L’aire de répartition géographique du genre Chrysichthys est très vaste et couvre la quasi-totalité des grands bassins fluviaux de l’Afrique inter-tropicale (le Nil, le bassin Tchadien, le Niger, la Volta, le Sénégal, la Gambie, le Congo, le Zambèze, le lac Tanganyika) (Daget et Durand, 1981). Selon Risch (1986), l’espèce C. nigrodigitatus se trouve dans la plupart des bassins hydrographiques et des lagunes qui s’étendent du Sénégal jusqu’en Angola (Figure 3) avec des variations génétiques et morphologiques selon les régions. En Côte d’Ivoire, on la rencontre dans la plupart des bassins fluviaux ainsi que dans les lagunes (Levêque et al., 1992, Gourène et Agnèse, 1994).
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