Le mode de vie actuel est qualifié de sédentaire notamment en raison des progrès technologiques tels que les écrans et les transports. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 60 à 85% de la population mondiale a un mode de vie sédentaire qui est la cause d’incapacité dans le monde voire même de décès (OMS, 2003). A ce style de vie sédentaire se rajoute la déstructuration du comportement alimentaire (boissons sucrées, restauration de type « fast-food » par exemple). Ce mode de vie a un impact sur la santé, en effet, elle favorise une prise de poids et peut par conséquent, engendrer une obésité.
Aujourd’hui, les programmes et actions de prévention en France sont en plein essor et sont essentiels pour lutter et éviter la progression de l’obésité, maladie chronique considérée comme un problème de santé publique majeur . Le récent Programme National Nutrition Santé de 2019-2023 a pour objectif de réduire de 15% la prévalence de l’obésité chez les adultes. Une des mesures phares de ce programme est de développer la pratique d’Activités Physiques Adaptées (APA) pour les personnes atteintes de maladies chroniques et de mieux les prendre en charge .
La prise en charge pluridisciplinaire de l’obésité est donc primordiale. En effet, l’excès de poids augmente le risque de souffrir de maladies graves et plus celui-ci est élevé, plus l’espérance de vie tend à diminuer. Concernant la crise sanitaire que nous traversons depuis plus d’un an, l’obésité constitue d’ailleurs un risque très important d’infection Covid-19 sévère conduisant les patients à des hospitalisations prolongées en soins intensifs avec assistance respiratoire et pouvant amener jusqu’au décès (Scheen, 2020). L’obésité entraine des conséquences physiologiques et psychologiques engendrant un effet néfaste sur la santé (HAS, 2011), définie par l’OMS comme « un état complet de bien-être physique, mental et social ». Dans le cadre de cette recherche nous nous intéresserons à la dimension psychologique de l’obésité. D’après la Haute Autorité de Santé (HAS) en 2011, la qualité de vie des personnes en situation d’obésité est qualifiée de « médiocre ». C’est une pathologie entrainant souvent les mêmes troubles chez la majorité de ces sujets : de l’anxiété, de la dépression, une faible estime de soi, une apparence physique altérée. Ce travail se penchera plus particulièrement sur l’estime de soi physique et la perception de la qualité de vie.
L’activité physique fait partie intégrante de la prise en charge de l’obésité pour la perte de poids et son maintien ainsi que pour ses effets positifs au niveau psychologique. D’après Fox (1999), l’activité physique est un outil essentiel permettant d’agir positivement sur le bien-être de la population en général au niveau de l’état psychologique et de la perception de soi telle que l’estime de soi.
Rares sont les études qui s’intéressent à l’effet de l’activité physique sur ces concepts psychologiques dans le cas de l’obésité. C’est donc dans ce contexte que l’objectif de cette étude sera de mesurer l’effet d’un programme d’activités physiques adaptées sur l’évolution de l’estime de soi physique et la perception de la qualité de vie de patients en situation d’obésité sévère ou morbide ayant la possibilité de bénéficier d’une chirurgie bariatrique à l’issu du parcours de prise en charge.
Selon l’OMS, l’obésité est une « accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui peut nuire à la santé » et pouvant réduire l’espérance de vie. Reconnue comme la cinquième cause de mortalité par l’OMS, l’obésité concerne de nos jours la quasi-totalité de la planète et sa prévalence ne cesse d’accroître depuis les 30 dernières années (Matta et al., 2018). En France, 49% des adultes sont en surcharge pondérale : 32% sont en surpoids et 17% en situation d’obésité (Etude Esteban, Santé publique France, 2017). En 2012, la prévalence de l’obésité chez les adultes était de 15 %. Elle était de 14,5% en 2009, de 13,1% en 2006, de 11,9% en 2003, de 10,1% en 2000 et enfin de 8,5% en 1997. Nous constatons que depuis 1997, la prévalence de l’obésité a augmenté mais la faible élévation entre 2009 et 2012 correspond sûrement à un ralentissement de sa progression (Obépi-Roche, 2012). L’obésité résulte de multiples causes, notamment les facteurs environnementaux (sédentarité, déstructuration du comportement alimentaire, erreurs hygiéniques tel que la consommation d’alcool par exemple, la réduction de l’activité physique etc.) et les facteurs génétiques et antécédents familiaux d’obésité.
Diagnostic et mesures de l’obésité :
Le diagnostic de l’obésité se base sur le calcul de l’Indice de Masse Corporelle (IMC). Celuici correspond à la masse en kilogramme divisée par la taille en mètre au carré. D’après l’OMS, nous pouvons parler d’obésité quand l’IMC est supérieur ou égal à 30 kg/m². A partir de l’IMC, il est possible de classifier le surpoids et l’obésité. Celle-ci présente trois degrés . Plus l’IMC augmente, plus il y a des risques pour la santé et un impact sur les facteurs de risque de développer des maladies à long terme.
Bien que l’IMC soit le plus utilisé pour définir l’obésité d’un individu et facile à mesurer, il a une valeur prédictive individuelle faible. En effet, si nous prenons l’exemple d’un rugbyman de haut niveau, pour un même IMC qu’avec une personne obèse, la composition corporelle peut être différente (la répartition de la masse musculaire et masse grasse est différente).
Il est donc important de compléter l’examen clinique en effectuant une mesure de tour de taille. C’est un indicateur simple de l’excès de masse grasse viscérale (graisse profonde) permettant ainsi d’identifier les risques pour la santé. Il existe deux types d’obésité selon la localisation de la graisse. Nous parlons d’obésité androïde lorsque la graisse se situe au niveau abdominal et d’obésité gynoïde quand la masse grasse est répartie de façon périphérique. L’obésité androïde touche plutôt les hommes alors que l’obésité gynoïde concerne en majorité les femmes. Un tour de taille supérieur à 80 cm pour une femme et supérieur à 94 cm pour les hommes représente un risque modéré de complications métaboliques et cardiovasculaires. Le tour de taille montre une corrélation entre l’excès de graisse abdominale et le développement de ces complications. C’est pour cela que l’obésité androïde est qualifiée comme plus dangereuse que l’obésité gynoïde.
Il est possible d’utiliser d’autres méthodes pour diagnostiquer l’obésité mais celles-ci sont plus difficilement applicables en routine : mesure de la composition corporelle par DEXA, la mesure des plis cutanés, le rapport tour de taille/tour de hanche ou encore l’impédancemétrie.
Complications de l’obésité et conséquences associées
L’accumulation excessive et anormale de masse grasse engendre des conséquences néfastes sur la santé aux niveaux physiologiques et psychologiques. L’obésité entraine de nombreuses complications médicales et est donc associée à de multiples pathologies telles que les maladies cardiovasculaires, métaboliques et hormonales, les maladies pulmonaires, ostéo-articulaires, etc. ce qui tend à diminuer l’espérance de vie des personnes en situation d’obésité. Lorsque l’obésité engendre des pathologies secondaires, il s’agit de comorbidités.
Effets physiologiques des comorbidités
L’obésité engendre un risque important de développer des maladies cardiovasculaires. Plus l’IMC augmente, plus le risque relatif de mortalité coronarienne est élevé (Geronooz & Krzesinski, 2000). La dyslipidémie induite par l’obésité et l’hypertension artérielle sont des facteurs de risque accrus de maladies cardiovasculaires (SIGN, 2010). La majorité des personnes en situation d’obésité est atteinte du syndrome métabolique (Kim & Reaven, 2004).
L’obésité augmente la pression artérielle : elle est deux fois plus élevée chez les hommes et les femmes obèses que chez ceux de poids normal (Klein et al., 2002). Il faut savoir que 50% des hypertendus sont des personnes en situation d’obésité. Une prise de poids d’environ 10 kilogrammes par rapport à un poids « idéal » engendre une augmentation de la pression artérielle systolique de 3 mmHg et de 2 mmHg pour la pression artérielle diastolique. Cette relation entre obésité et hypertension est d’autant plus marquée lorsque l’excès de masse grasse se situe au niveau de l’abdomen, c’est-à-dire en cas d’obésité androïde (Geronooz & Krzesinski, 2000).
Les personnes en situation de surpoids ou d’obésité ont une probabilité plus grande de devenir diabétiques. En effet, l’IMC, la distribution de la graisse abdominale et la prise de poids (plus particulièrement à l’âge adulte) sont des facteurs de risque considérables pour le diabète de type 2 (Klein et al., 2002).
Il existe aussi une relation entre obésité et majoration du risque de cancer. En effet, le surpoids et l’obésité seraient la cause de 14% de décès par cancer chez l’homme (estomac le plus fréquent) et 20% chez la femme (sein et endomètre) (INSERM, 2006). A l’échelle mondiale, 25% des cas de cancers du sein sont liés à l’obésité (Schlienger, Luca, Vinzio, & Pradignac, 2009).
L’obésité est également associée à des anomalies de la fonction pulmonaire et amène à des problèmes respiratoires (Klein et al., 2002). La majorité des personnes souffrant d’obésité morbide se retrouvent face au syndrome d’apnée du sommeil et sont plus susceptibles de développer un asthme par rapport à une personne de poids considéré comme normal (SIGN, 2010).
D’autre part, l’obésité engendre des complications ostéoarticulaires. Les personnes ayant un IMC élevé ont plus de risque de développer notamment une arthrose de genou et/ou de hanche, pouvant aboutir plus tard, à la mise en place de prothèse articulaire (SIGN, 2010).
Il existe bien d’autres complications telles que les complications digestives, l’augmentation du risque de pathologie rénale, les complications cutanées, l’incontinence urinaire, etc. (HAS, 2011).
Ces comorbidités liées à l’obésité, notamment l’hypertension, le diabète et le syndrome de l’apnée du sommeil, ainsi que les problèmes respiratoires augmentent le risque de présenter une infection sévère et entrainent un risque plus élevé de complications liées à la COVID-19 (situation d’hypoxie sévère), amenant plus rapidement au besoin d’une ventilation mécanique. De plus, le dépôt de graisse ectopique contribue à une production abondante de cytokines proinflammatoires, altérant ainsi la fonction immunitaire et augmentant la susceptibilité aux infections (Almandoz et al, 2020 ; Dietz & Santos‐Burgoa, 2020 ; Scheen, 2020). Aujourd’hui, les raisons précises du « pourquoi l’obésité est un facteur aggravant des conséquences de la COVID-19 ? » ne sont toujours pas exactement connues et il reste des hypothèses à affiner (Coupaye, Ziegler & Laville, 2020).
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