Les causes d’infertilité féminine
Chez la femme, les principales causes d’ infertilité sont les troubles de l’ ovulation et les anomalies anatomiques. Des cycles menstruels de plus de 35 Jours (oligoménorrhée) ou l’ arrêt des menstruations (aménorrhée) témoignent d’une dysfonction ovulatoire. Les problèmes ovulatoires sont habituellement d’ origine hormonale et résultent d’un problème de communication entre l’ hypothalamus et l’hypophyse. La libération des hormones sexuelles est altérée ce qui empêche le développement normal des follicules ovariens et leur maturation. Le syndrome hormonal le plus fréquent est le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ; il affecte 8 à 10% des femmes en âge de procréer (Thomton, Von Wald, et Hansen, 2015)
. L’ insuffisance ovarienne, qui se définit par une perte de la capacité des ovaires à produire de l’oestrogène, une dysfonction de la glande thyroïde et une hyperprolactinémie (sécrétion excessive de la prolactine), peuvent aussi avoir des répercussions sur la fonction ovulatoire (Managing anovulatory infertility, 2004). Également, les maladies transmises sexuellement, l’endométriose et une ménopause précoce sont susceptibles d’avoir un impact sur la capacité de concevoir (Lindsay et Vitrikas, 2015). Sur le plan anatomique, des problèmes au niveau des trompes de Fallope, qu ‘ elles soient entièrement bouchées ou absentes, de la cavité pelvienne ou de l’utérus peuvent aussi empêcher la femme de devenir enceinte bien que l’ovulation soit normale (Lindsay et Vitrikas, 2015). Toutefois, dans certains cas, l’ infertilité reste inexpliquée. L’évaluation de l’ infertilité est indiquée pour toute femme âgée de 35 ans et moins qui essaie sans succès depuis plus de 12 mois d’avoir un enfant. Si la femme est âgée de plus de 35 ans, l’ évaluation de l’ infertilité est recommandée après trois ou six mois d’ essais de conception selon si le cycle menstruel de la femme est régulier ou pas. Chez un couple dont la femme a plus de 40 ans ou si elle présente une condition médicale particulière (aménorrhée, syndrome des ovarres polykystiques, endométriose, etc.), l’évaluation de l’ infertilité est entreprise immédiatement (Collège des médecins du Québec, 2015). Le tableau 1 présente les principaux examens médicaux qui sont effectués en clinique de fertilité chez la femme.
Les causes d’infertilité masculine
Chez l’homme, les problèmes de fertilité sont associés à une ou plusieurs anomalies du sperme (Leaver, 2016). Une asthénozoospermie fait référence à des spermatozoïdes ayant une faible mobilité. Dans certains cas, les spermatozoïdes sont peu nombreux dans le sperme (oligozoospermie) ou totalement absents (azoospermie). Une autre affection, la tératozoospermie, signifie une altération du sperme dans laquelle la morphologie des spermatozoïdes est anormale (Leaver, 2016). Les causes de ces anomalies se situent soit au niveau de l’hypophyse, dans les testicules ou sur les canaux conducteurs des spermatozoïdes. Les troubles hormonaux causés par une dysfonction hypophysaire anlènent une réduction de la testostérone, ce qui affecte la production et la maturation des spermatozoïdes (spermatogénèse) (Jungwirth et al., 2012). Sur le plan anatomique, des anomalies au niveau des testicules, notamment la varicocèle qui se défmit par une réduction de la circulation sanguine au niveal.! des testicules, et des canaux déférents, qui peuvent être endommagés ou obstrués, peuvent empêcher le transport des spermatozoïdes vers l’extérieur (Lindsay et Vitrikas, 2015).
L’analyse du sperme, soit le spermogramme, est l’examen le plus important dans l’évaluation de la fertilité masculine. JI permet d’examiner la qualité et la quantité de spermatozoïdes. Le recueil du sperme est obtenu par masturbation après une période d’abstinence qui peut varier selon le protocole utilisé (entre deux à huit jours) (WHO, 2010). Le spermogramme permet d’analyser le nombre de spermatozoïdes contenus dans le sperme, la proportion d’ entre eux qui bouge (motilité), leur capacité à se déplacer vers l’avant (progression) et leur morphologie. Ces critères sont utilisés pour déterminer si le spermogramme est normal ou pas selon les valeurs établies par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) (Tableau 2). Un bilan hormonal peut être exigé pour évaluer le taux sanguin des hormones FSH et LH ainsi que l’hormone testostérone. À cela peut s’ajouter un examen physique pour vérifier les anomalies anatomiques.
Les traitements de fertilité
La stimulation de l’ovulation par la prise de médicaments oraux ou injectables est proposée à toutes les femmes ayant des troubles ovulatoires. La stimulation de l’ovulation par la prise d’ hormones (gonadotrophines) est utilisée pour stimuler la croissance des follicules et la production d’un ou plusieurs ovules matures. Dans le cas d’une anomalie des spermatozoïdes, les femmes ont habituellement recours à l’ insémination. Cette technique consiste à prélever les spermatozoïdes du conjoint ou d’un autre donneur afin de les déposer dans le système reproducteur de la femme. Lorsque ces deux techniques échouent, la FIV est généralement envisagée. Tout comme son nom l’ indique, la FIV est une technique de fécondation en laboratoire où des ovules sont prélevés des ovaires et mis en contact in vitro avec des spermatozoïdes pour créer des embryons qui sont ensuite transférés dans l’utérus de la femme. Dans le cas où le nombre et la qualité des spermatozoïdes seraient trop faibles, la FIV se fait par l’injection intra cytoplasmique d’un spermatozoïde (lCSl). Cette technique consiste à injecter un seul spermatozoïde dans un ovule dans le but de le féconder (Lindsay et Vitrikas, 2015; Miyamoto, Minase, Okabe, Ueda, et Sengoku, 2015).
Chez l’homme, il existe également certains traitements selon la cause de l’ infertilité. Les causes d’origine endocrinienne ou infectieuse peuvent être traitées par l’administration de médicaments spécifiques, alors que des interventions urologiques chirurgicales sont nécessaires pour la correction des cas de varicocèles, d’azoospermies de source obstructive ou pour le renversement de la vasectomie. Des médicaments utilisés pour la stimulation de l’ovulation chez la femme (letrozole, serophène) sont également utilisés chez certains hommes pour améliorer la qualité du sperme (Lindsay et Vitrikas, 2015). Bien que l’ infertilité puisse être d’origine médicale, la littérature scientifique démontre que des facteurs liés à l’environnement et aux habitudes de vie peuvent avoir un impact sur la santé reproductive, autant féminine que masculine. Le chapitre suivant porte donc sur les facteurs reliés aux habitudes de vie qui contribuent à l’infertilité féminine et masculine.
Effet de l’obésité sur le système reproducteur féminin
Le tissu adipeux Le tissu adipeux est un organe endocrinien très actif qui sécrète des adipokines, facteurs impliqués dans divers processus biologiques (Fontana, Eagon, Trujillo, Scherer, et Klein, 2007). En situation d’excès de tissu adipeux, les remaniements des cellules adipeuses (hypertrophie et augmentation du nombre d’adipocytes) modifient la sécrétion des adipokines qui sera, dans la plupart des cas, augmentée ou parfois diminuée. Ces changements perturberont les fonctions biologiques que ces adipokines régissent, incluant la fonction reproductive. Parmi les adipokines secrétées par le tissu adipeux, la leptine tient une place centrale dans la régulation du système reproducteur féminin. Les diverses études menées chez les animaux montrent que la leptine agit à tous les niveaux de l’axe HHG, depuis la sécrétion des gonadotrophines jusqu’aux gonades (Bruneau, Vaisse, Carat y, et Monget, 1999). Les concentrations de leptine seraient corrélées à l’IMC et plus fortement à la masse graisseuse (Saad et al., 1997). Les personnes obèses présenteraient donc des concentrations de leptine supérieures à la normale. Chez des souris soumises à un régime hyper lipidique, il a été démontré qu ‘à mesure de leur prise de poids, elles développaient une résistance à la leptine.
À court terme, cet état d’hyperleptinémie se manifeste seulement en périphérie, mais va progressivement atteindre le système nerveux central. À long terme, on voit apparaître chez ces animaux un état d’hypogonadisme caractérisé par un cycle menstruel prolongé, des ovaires atrophiés et une diminution de la sécrétion pulsatile des hormones GnRH et LH (Yura et al., 2000). Le développement d’une hyper leptinémie chez une femme obèse est donc susceptible de contribuer à une dérégulation de l’axe HHG et de porter atteinte à sa fertilité. Le tissu adipeux sécrète également d’autres adipokines qui ont une activité dite proinflammatoire, notamment le facteur de nécrose tumorale alpha (TNF-a) et l’interleukine 6 (IL-6). L’excès de tissu adipeux entraînera une augmentation de la sécrétion de ces adipokines dont la principale conséquence sera un état inflammatoire chronique. Cet état inflammatoire général va provoquer un stress cellulaire qui induira une augmentation d’espèces réactives de l’oxygène (ROS). La présence des radicaux libres causera des dommages aux cellules reproductrices ainsi qu ‘aux organes du système reproducteur féminin (Ruder, Hartman, Blumberg, et Goldman, 2008). Toutefois, le rôle complexe des radicaux libres sur le développement des ovules demeure contradictoire, car chez l’animal ils seraient nécessaires durant les stades de développement des follicules (Dunning et al., 2010). Cependant, s’ ils sont présents en trop grande quantité, ils peuvent avoir un effet néfaste sur les ovaires et le maintien de la folliculogenèse (Ruder et al., 2008). Les radicaux libres peuvent également nuire au processus d’ implantation de l’embryon. Brièvement, lors de l’ implantation, il se fonne une couche de trophoblastes nécessaire aux échanges maternels et foetaux. Une augmentation du stress oxydatif altèrerait la formation de ces trophoblastes et perturberait ces échanges nécessaires au développement du foetus (Pavan et al., 2004). On comprend qu ‘une diminution des échanges maternels et foeta~x mènera à des avortements spontanés ainsi qu ‘à des anomalies foetales.
RÉSUMÉ |