Effet des pratiques culturales sur les ravageurs du chou et leurs auxiliaires en « agriculture conventionnelle »
Le Chou pommé
Importance du Chou pommé
Les Brassicaceae présentent une importance économique non négligeable et sont cultivées à des fins diverses. Les productions de crucifères sont en expansion par rapport au début des années 1990 (Francis, 2003). Au cours des dernières décennies, le chou pommé a pris de plus en plus d’importance dans les régions tropicales et subtropicales, en particulier le chou blanc précoce à pomme ferme et de forme ronde à plate (1–2,5 kg)(Vossen and Seif, 2004). Au Sénégal, le chou fait partie des spéculations les plus importantes surtout au niveau de la zone des Niayes. Les cultivateurs sénégalais produisent des choux presque toute l’année pour répondre à la demande nationale, mais aussi pour l’exportation dans la Sousrégion. Les consommateurs de la zone des Niayes préfèrent les petites pommes de choux, alors que les consommateurs des zones du Fouta et de la Mauritanie achètent plutôt les grosses pommes de choux (Sakho, 2013). 2. Caractéristiques Botaniques Plante herbacée bisannuelle, érigée, glabre, atteignant 60 cm de haut lors de sa maturité végétative, et 200 cm au moment de la floraison, à tige non ramifiée atteignant 30 cm de long, s’épaississant progressivement vers le haut ; système racinaire fortement ramifié. -Feuilles alternes mais serrées les unes contre les autres, sessiles, -Fleurs bisexuées, régulières, 4-mères ; pédicelle atteignant 2 cm de long, ascendant ; -Fruit : silique linéaire de 5–10 cm × 5 mm environ, pourvue d’un bec effilé de 5–15 mm de long, -Plantule à germination épigée, développant une racine pivotante et des racines latérales (Vossen and Seif, 2004). 3. Exigences écologiques Les besoins hydriques/cycle du chou se situent entre 300 et 400 mm pour des cycles de culture variant de 90 à 120 jours (Taimourya et al., 2015). Les besoins en eau sont faibles dans les premiers mois de culture, ils augmentent régulièrement. Il est important de saturer en eau le sol en début de culture pour favoriser l’enracinement (Ble and Bouchy, 2011)(Période critique: départ de culture- grossissement des pommes). Le chou pommé présente une grande capacité d’adaptation au climat, mais son aire de prédilection reste les régions côtières à humidité atmosphérique élevée. La température minimale pour l’élevage des plants en pépinière se situe aux environs de 8°C (Verolet et al., 2001). Le chou préfère les températures assez fraîches : la température optimum pour la pommaison se situe entre 15° et 20°C (MPAE, 2014). Les choux 11 sont des plantes exigeantes en lumière (Hallouin, 2013) ; il est bien adapté à la période de jours courts. Les choux apprécient les sols profonds, limono-argileux et les fumures organiques importantes, les pH entre 6,5 et 7,5 et une bonne teneur en calcium soluble (moindre sensibilité à la hernie et aux carences minérales) (Berry, 2013).
Les ravageurs du chou
Les principaux ravageurs Plutella xylostella
L’espèce Plutella xylostella (L.), communément appelée la « Teigne des Brassicacées » est un Lepidoptera de la famille des Plutellidae. Originaire de la région méditerranéenne de l’Europe Occidentale, l’espèce est devenu cosmopolite suite au développement des Brassicaceae dans le monde entier (Sow, 2013). C’est le ravageur le plus important de la culture du chou et son incidence est plus forte en contre saison chaude (Labou et al., 2016). Les adultes de P. xylostella sont de petits papillons de 10 mm d’envergure environ (Bordat et Arvanitakis, 2004) ou de 15 mm d’envergure (Mazollier et al., 2001), ils varient de brun clair à brun noir avec une zone de plus claire sur la partie dorsale. La femelle pond ses œufs sur les feuilles ou les tiges, isolément ou par petits groupes, le plus souvent le long des nervures. Le développement des chenilles passe par quatre stades larvaires qui varient en fonction de la température (Sow, 2013). À l’éclosion des œufs, les jeunes chenilles pénètrent dans le feuillage faisant apparaitre des « virgules » sur les feuilles. Dès le deuxième stade et à la moindre alerte, elles tombent de la plante et restent suspendues à un fil de soie. Les jeunes chenilles rampent sur la face inférieure des feuilles, traversent l’épiderme et minent le parenchyme foliaire (Ndiaye, 2013). Les chenilles consomment le feuillage ; elles sont très dangereuses quand elles s’attaquent aux pépinières car dans un temps très court, elles peuvent détruire tous les plants. Photo 1: Plutella xylostella : (1) Œufs pondus en groupe sur feuille de chou, (2) Chenille stade L2, (3) Chenille stade L3, (4) Nymphe début, (5) nymphe en approche émergence, (6) Adultes (Labou, 2016) Hellula undalis Le « Borer du chou » Hellula undalis (F.), Lepidoptera de la famille des Pyralidae, est un redoutable ravageur du chou, davantage présent en début de saison sèche, et dans la zone nord des Niayes (Labou et al., 2016). C’est un petit papillon de 23 mm d’envergure, de couleur blanc cassé, aux ailes antérieures maculées de taches brunâtres. Les femelles pondent des œufs isolés sous la surface des feuilles ; dès l’éclosion les chenilles pénètrent à l’intérieur de la plante en se concentrant dans les nervures principales des feuilles (Diarra et Brévault, 2013). Les chenilles de couleur blanchâtre, rose-grisâtre ou jaunâtre (12 à 15 cm de long) présentent des bandes brunâtres longitudinales avec une tête de couleur brun foncé à noirâtre. Elles pénètrent dans les nervures principales et le bourgeon axial de la plante, entrainant le départ des bourgeons axillaires et provoquant ainsi la formation d’un chou à plusieurs têtes (Bordat et Arvanitakis, 2004). Photo 2 : A gauche Chenille de H. undalis au cœur d’un plant de chou (k.Dia), A droite cycle de vie de H. undalis (Bordat). Les pucerons Les pucerons sont de petits insectes (1,0 à 2,5 mm de long) qui se développent en général en colonie sur la face inférieure des feuilles. Les larves et la plupart des adultes sont aptères. Parfois on trouve quelques adultes ailés (Bijlmakers and Verhoek, 1995). Le puceron du chou , ravageur le plus important après les chenilles, s’attaque aux feuilles de la plante de chou en suçant la sève (Walangululu and Mushagalusa, 2000). Il est aussi considéré comme un vecteur de virus tel que la mosaïque des fleurs (Kerlan and Huon, 1992). Les dégâts observés résultent des piqûres faites sur les plantes et au miellat qui s’en écoule. Ils peuvent causer la destruction de la plante au stade rosette bien développé ou provoquer un retard de croissance. L’abondance des pucerons est liée aux températures douces ; des pluies fréquentes et une forte humidité relative lui sont très défavorables. 13 Photo 3 : Colonie de pucerons sur feuille de chou (K. Dia).
Autres ravageurs
Spodoptera littoralis Spodoptera litorallis (Boisduval) est un Lepidoptera de la famille des Noctuidae. Les adultes sont brun noirâtre avec des lignes et des dessins sur les ailes antérieurs (Bordat and Arvanitakis, 2004). Appelé aussi « chenille légionnaire » ou « ver du cotonnier », les adultes de S. litorallis mesurent 35 à 45 cm d’envergure (Ndiaye, 2013). La femelle pond en masse (100 à 300 œufs) sur la face inférieure des feuilles et les recouvre d’écailles beiges afin de les protéger (Bijlmakers and Verhoek, 1995). Dès l’éclosion, les chenilles restent groupées et dévorent le parenchyme des feuilles par la face inférieure (Bordat and Arvanitakis, 2004). Ces chenilles tout en restant groupées, dévorent par endroits la face inférieure des feuilles ne laissant que l’épiderme supérieure, et les plus âgées consomment des feuilles en n’épargnant que les nervures (Ndiaye, 2013). Les chenilles sont très polyphages et reconnaissables par deux triangles noirs situés à l’avant et à l’extrémité, de chaque côté du corps. Elles se nourrissent des feuilles pendant la nuit et très tôt le matin (Bijlmakers and Verhoek, 1995). Photo 4 : Spodoptera littoralis : à gauche chenille, à droite adulte (Labou). Chrysodeixis chalcites L’espèce C. chalcites (Esper, 1789), de la famille des Noctuidae est un papillon migrateur à vaste répartition géographique, présent en Europe, en Asie, en Afrique. Les adultes, 14 nocturnes, sont brunâtres et possèdent une tache blanche caractéristique sur chaque aile antérieure. Les chenilles, aux déplacements typiques, sont vertes et peuvent atteindre 30mm de long. Elles ont une action défoliatrice et la nymphose a lieu sur la plante (Bordat and Arvanitakis, 2004). Les chenilles consomment les feuilles du chou et de la tomate, elles se déplacent d’une façon caractéristique, comme celle des arpenteuses (Bijlmakers and Verhoek, 1995). Photo 5 : Chrysodeixis chalcites ; A gauche chenille et à droite adulte (Labou). Mouche blanche (Aleurode) Les Aleyrodidés sont l’unique famille des Aleyrodoidea. C’est un groupe assez mal connu, proche des Psylloidea (psylles), bien caractérisé : pièces buccales (piqueuses suceuses) chez les deux sexes, antennes à 7 articles, deux paires d’ailes semblables recouvertes d’une poussière cireuse blanche qui recouvre également le corps, des pattes longues et grêles terminées par un tarse bi-articulé avec un empodium – dit paronychium – entre les deux griffes (Fraval, 2009). Les mouches blanches sont des insectes homoptères avec un développement néo-métabole. Les femelles pondent leurs œufs sur la face inférieure des feuilles. Le premier stade larvaire est mobile et peut se déplacer de quelques centimètres. Par contre, les trois autres stades larvaires sont fixes. Le quatrième stade larvaire ne se nourrit plus et sert de puparium dans lequel l’adulte se métamorphose. Cela est reconnaissable par les yeux rouges qui sont très visibles. L’adulte sort du puparium par une ouverture en forme de T (Helden and Halder, 1985). Photo 6 : Mouche blanche (Bemisia tabaci) sur feuilles de chou (Labou).
Les auxiliaires
Les parasitoïdes
Les parasitoïdes comprennent les insectes et les nématodes dont toutes ou une partie du développement larvaire, et parfois nymphal, se déroule à l’intérieur du corps ou de l’œuf d’un ravageur appelé hôte. Contrairement aux parasites, ils provoquent en général la mort de l’hôte, le plus souvent en quelques jours. On distingue plusieurs types de parasitoïdes en fonction du stade parasité : oophages, stade œuf ; larvaires, stade larve ; ovo-larvaires, c’est-à-dire dont le développement commence dans l’œuf et se termine au stade larvaire ; nymphaux, stade nymphe (ou chrysalide pour les lepidoptera) ; larvo-nymphaux, c’est-à-dire dont le développement commence dans la larve et se termine au stade nymphal de l’hôte ; d’adultes. Les œufs des parasites peuvent être déposés à proximité de l’hôte, sur son tégument ou à l’intérieur de celui-ci suivant les espèces. Contrairement aux prédateurs, ils sont capables d’atteindre des individus enfouis dans le sol ou logés dans la plante, en particulier grâce à un organe de ponte, l’ovipositeur, qui peut être enfoncé à l’intérieur du substrat pour déposer l’œuf directement dans l’hôte. Chez certaines espèces le développement larvaire se déroule sur le corps de l’hôte, on parle alors d’ectoparasitoïdes. Chez d’autre, la larve croît à l’intérieur de l’hôte, il s’agit dans ce cas d’endoparasitoïdes
Parasitoïdes de P. xylostella Cotesia vestalis (Haliday)
L’especeCotesia vestalis est un endoparasitoïde solitaire probablement originaire de la région Méditerranéenne (Arvanitakis, 2013), qui attaque les chenilles de Plutella xylostella, l’un des ravageurs les plus importants des cultures crucifères. Embranchement Arthropoda Famille Braconidae Classe Insecta Sous famille Microgastrinae Ordre Hymenoptera Genre Cotesia Super-famille Ichneumonoidea Espèce vestalis 16 La femelle pond ses oeufs sans préférence de localisation dans la chenille hôte.L’oeuf est en forme de croissant, de couleur blanchâtre et mesure 0.3 mm de long. Le premier stade larvaire est caractérisé par une larve à grosse tête, munie d’un prolongement caudiforme avec une vésicule caudale(Arvanitakis, 2013).Au second stade, la larve est vermiforme et possède une petite tête chitinisée avec des mandibules légèrement dentées. La nymphose se réalise à l’extérieur de l’hôte. L’adulte émerge en découpant l’extrémité de son cocon. Il mesure entre 3 et 5 mm, son abdomen n’est pas pétiolé et son corps est de couleur marron-noir. Ses ailes sont transparentes et la paire antérieure porte une tache le long de la nervure costale. Cette espèce présente un dimorphisme sexuel. Le mâle, qui est haploïde, a une morphologie plus élancée et des antennes plus longues que le corps. La femelle qui est diploïde, est plus massive avec des antennes plus courtes ou égales à son corps, et son abdomen est terminé par un ovipositeur (ou tarière)(Arvanitakis, 2013).
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