PRODUCTION D’ŒUFS
Afin de pouvoir quantifier la production d’œufs et de surveiller correctement le troupeau tout au long de la période productive, on utilise les paramètres suivants : taux de ponte, nombre d’œufs, poids des œufs, persistance de la ponte et qualité des œufs.
Taux de ponte
C’est le nombre d’œufs récoltés quotidiennement ramenés au nombre de poules présentes. Il définit en grande partie la courbe de ponte qui connaît une phase ascendante, le pic de ponte et une phase descendante. Pour pourvoir calculer ce taux de ponte, il est donc nécessaire de comptabiliser le nombre d’œufs pondus ainsi que la mortalité.
Nombre d’œufs
Le nombre d’œufs varie avec la durée d’élevage. Il est de 250 sur une période de 14 mois [20]. D’après MARTHUR et HORST [35], le nombre d’œufs est de 228,7 pour la Leghorn blanche contre 239,2 pour la Rhode Island Red pour une température comprise entre 18°C- 22°C et une humidité relative de 70-80%.
PERFORMANCES ZOOTECHNIQUES
CROISSANCE DES POULETTES
La période d’élevage est d’une importance capitale. Les performances du Selon les mêmes auteurs en milieu tropical, la production est de 201,6 œufs pour la Leghorn blanche contre 197,4 pour la Rhode Island Red. Selon N’DIAYE [38], le nombre d’œufs est de 230 pour l’Isabrown.
Poids des œufs
Les facteurs qui ont le plus d’influence sur le poids des œufs sont le poids à lamaturité sexuelle des poulettes, les facteurs nutritionnels et d’ambiance thermique. En milieu tropical, du fait de la maturité sexuelle précoce des troupeaux, le poids à l’entrée en ponte est relativement faible avec comme conséquence le poids moyen de l’œuf affecté pendant toute la durée de la ponte [25]. MARTHUR et HORST [35] ont obtenu respectivement un poids moyen de 50,8 g et 51,8 g pour la Leghorn blanche et la Rhod Island Red.
Durée et persistance de la ponte
La reforme des pondeuses dépend, en général, de la production de celles-ci. Ellese fait plus tôt en cas de problème sanitaire qui limite la production et plus tard lorsque, malgré l’âge avancé des poules, la production arrive à couvrir les différents frais avec une marge bénéficiaire. Le plus souvent, les poules sont reformées à 72 semaines d’âge environ [4].
Qualité des œufs
Elle conditionne la commercialisation et recouvre la qualité interne des œufs etla qualité de la coquille. La qualité interne des œufs est déterminée par le jaune d’œuf, l’intégrité des membranes et le blanc d’œuf. La qualité des œufs peut être affectée par des causes d’origine nutritionnelle comme le manque de calcium, de phosphore, de vitamines, la qualité de l’eau, les contaminations alimentaires et des apports d’additifs. Les conditions de stockage, le stress et l’âge des poules interviennent également [40]. La productivité des pondeuses évaluée à travers ces différents paramètres présente un certain nombre de facteurs de variation.
FACTEURS DE VARIATION
La valeur que confère le génotype à un individu peut être modifiée dans un sens ou dans un autre par l’environnement.
VARIABILITE ENVIRONNEMENTALE
Température
La température ambiante a une influence considérable sur l’ingestion d’aliment. Chez les pondeuses, on note une diminution de la consommation d’aliment de l’ordre de 1,5% par degré entre 21 et 30°C et de 4,6% par degré entre 32 et 38°C ; une baisse du poids moyen de l’œuf de 0,2 à 0,3 g par degré au-delà de 27°C [4]. A cela s’ajoute un retard sur l’âge à l’entrée en ponte, la détérioration du taux de ponte et de la solidité de la coquille, une proportion plus élevée d’œufs pondus portant des taches de sang, une baisse du poids du jaune d’œuf et une chute du poids des sujets.
Alimentation
L’aliment est un paramètre important intervenant à tous les stades de production.
L’ingestion, la digestion et l’utilisation métabolique des nutriments ont un effet thermogénique. On peut par conséquent s’attendre à ce que les régimes alimentaires qui ont une forte extra-chaleur soient défavorables en climat chaud [20]. Les meilleures performances sont obtenues chez les pondeuses légères et les mi-lourdes avec des taux de matières azotées variant respectivement de 15 à 17% et de 14 à 16% [24]. DIAW [12] propose un taux de calcium de 4% dans l’aliment ponte pour maximiser la production. DALIBARD et al. [9] observent une amélioration significative des performances en ajoutant du bicarbonate ou du chlorure d’ammonium à l’aliment. Selon FRANCIS et al. [18], la distribution d’aliment aux heures les plus chaudes est à déconseiller pour réduire la surcharge thermique due à la thermogenèse alimentaire au niveau des poules.
Lumière
Les poules sont sensibles à l’augmentation de la durée d’éclairement qui induit l’âge à la maturité sexuelle. Par ailleurs, la consommation d’aliment est largement influencée par la durée d’éclairement. Les programmes lumineux ont donc différents objectifs. En élevage, ils permettent de favoriser la consommation, de maintenir la persistance de la ponte et d’éviter l’influence néfaste de la réduction de la durée naturelle d’éclairement. Cependant, le programme lumineux chez les pondeuses n’est pas pratiqué dans 35% des fermes au Sénégal soit par ignorance, soit pour des raisons technicoéconomiques (l’absence d’électricité et coûts élevés du gaz) [4].
VARIABILITE GENETIQUE
Effet des gènes majeurs sur les performances de ponte
Un gène est dit majeur ou mendélien ou factoriel lorsqu’il contrôle un caractère seul ou en association avec un nombre réduit d’autres gènes. Il peut être étudié individuellement et son action facilement mise en évidence [14]. Il code généralement pour des caractères qualitatifs (couleur et forme du plumage, forme de crête…) à importance économique secondaire. Deux principaux gènes majeurs ayant des effets sur la ponte des œufs sont :
• le gène «cou nu» : il augmente le rendement en viande des poulets, amoindrit l’efficacité alimentaire aux températures modérées, mais au dessus de 30°C, il est bénéfique pour la croissance, la viabilité, le poids des œufs et la reproduction. A température élevée, les poules «cou nu» paraissent avoir une intensité de ponte plus élevée que les autres [34].
• le gène du «nanisme» : d’après les travaux de Ricard et al. [41] et MARSH [34], les individus homozygotes pour ce gène sont moins lourds que les normaux. Cette réduction de poids est de l’ordre de 30% chez les femelles et de 40% chez les mâles. L’âge moyen au premier œuf est aussi retardé de quelques jours à deux semaines. Le poids de l’œuf est réduit corrélativement à la diminution du poids corporel mais la production d’œufs est plus marquée aux températures ambiantes élevées.
Effet des gènes mineurs sur les performances de ponte
Les caractères d’intérêt économique en aviculture sont sous le contrôle d’un grand nombre de gènes ; chacun apportant une contribution à la réalisation du phénotype [14]. La plupart des études réalisées dans ce domaine semblent montrer l’existence d’une variabilité génétique.
• Croissance : les différences existent déjà à l’éclosion alors que les potentialités génétiques de croissance de chaque souche ne s’expriment qu’à partir de la première semaine de vie [29].
• Consommation et efficacité alimentaire : des différences de consommation sont décelables à un jour et détermineraient les performances de chaque souche [31]. Si le rationnement des poulettes n’est pas indispensable pour les souches légères blanches (Leghorn), il est nécessaire pour les souches mi-lourdes pour éviter leur engraissement préjudiciable à la production [7].
• Production d’œufs : sur le nombre d’œufs, l’avantage numérique est aux poules blanches de type (Leghorn) par rapport aux poules rousses « Rhode Island Red » [33], [40]. Il existe une relation entre le poids des œufs et celui de la poule. Les poules rousses plus lourdes pondent des œufs de calibre plus gros que les blanches [32].
• Qualité des œufs: sur la qualité des œufs, il n’y a pas d’effet propre à chaque souche [46]. Toutefois, certaines populations de Rhode Island Red produisent des œufs défectueux à odeur «de poisson» lorsque la ration contient plus de 10% de tourteau de Colza [7].
Conclusion partielle et objectif de l’étude
L’élevage des pondeuses prend une ampleur de plus en plus considérable autour des grandes capitales africaines. Cependant, plusieurs facteurs entravent les performances des ces élevages. En Guinée, peu d’études ont été consacrées à la filière avicole raison pour laquelle nous avons choisi de mener cette étude dont l’objectif est d’identifier des fermes avicoles rencontrées dans la zone urbaine et périurbaine de Conakry pour évaluer leur système de fonctionnement et leur productivité.
ETUDE EXPERIMENTALE
MATERIEL ET METHODES
ZONE ET PERIODE D’ETUDE
L’enquête s’est déroulée dans sept (7) Préfectures (Boké, Fria, Boffa, Dubréka, Kindia, Coyah et Forécariah) de la zone urbaine et périurbaine de Conakry (figure 1) d’Octobre 2004 à Février 2005. Cette zone se caractérise par un climat de type guinéen avec une saison pluvieuse (Mai – Novembre) et une saison sèche (Décembre – Avril). La température moyenne varie de 19°C en Janvier à 32°C en Mars.
Enquête proprement dite
Echantillonnage
Les fermes visitées sont celles qui élèvent exclusivement les poules pondeuses. Parmi ces fermes, certaines associent l’aviculture à d’autres activités agricoles. Au total, 90 élevages choisis de façon aléatoire à partir d’une liste de 120 exploitations avicoles fournies par la Direction Nationale de l’Elevage ont fait l’objet de cette étude.
Administration des questionnaires et des fiches de suivi de ponte
Les questionnaires ont été administrés aux gérants des fermes ou à leur représentant. Selon la disponibilité de ceux-ci, ils ont été remplis par nous le jour même à la suite d’un entretien ; dans d’autres cas, les fiches ont été déposées et remplies quelques jours plus tard. Ces questionnaires sont relatifs au statut socio-économique des éleveurs, aux caractéristiques du cheptel, aux infrastructures d’élevage et à l’exploitation des oiseaux. Par ailleurs, la commercialisation des œufs a été suivie dans 200 points de vente.
Suivi de la productivité
Il a duré 5 mois et a consisté en des visites mensuelles dans chacune des exploitations enquêtées. Il a été fait à l’aide de fiches portant sur l’âge à l’entrée en ponte, la mortalité, les coûts de production (intrants zootechniques, vétérinaires et main d’œuvre) et les recettes.
ANALYSES DE LABORATOIRE
Trois échantillons d’aliment prélevés dans une usine de fabrication d’aliment pour volaille basée à Conakry (UFAV) ont fait l’objet de différentes analyses.
Matière sèche
Elle correspond à la partie d’un aliment ne contenant pas d’eau. Deux prises d’essai d’environ 5 g ont été effectuées sur l’aliment et mises à l’étuve à 103°C pendant quatre heures. La perte de poids que subissent les échantillons correspond à l’humidité.
Matières minérales
3,5 g d’aliment ont été pesés, mis à incinérer à 550°C pendant 6 heures et pesés à nouveau pour déterminer le poids des cendres.
Matières azotées totales
Elles ont été déterminées suivant la méthode de Kjeldhal. Environ 1g d’aliment a été pesé et minéralisé en présence d’un catalyseur (sélénium). Le minéralisat a été distillé en présence de la soude (NaOH) 30% et recueilli dans l’acide borique 4% puis titré avec de l’acide sulfurique à 0,1%. La teneur en azote de l’aliment (MAT) a été obtenue suivant la formule : MAT = V x 1,4008 x 6,25 x 100 / PMS où V = volume d’acide sulfurique et PMS = poids de la matière sèche.
Matières grasses
Environ 5 g d’aliment ont été pesés et montés sur l’appareil d’extraction de Soxhelet en présence de 150 ml d’éther diéthylique. Après 6 heures d’extraction, les ballons contenant la matière grasse ont été séchés à l’étuve à 105°C pendant 1 heure puis pesés pour déduire le poids des matières grasses de l’aliment.
Calcium
3 g d’aliment ont été pesés et calcinés à 550°C et les cendres obtenues ont été mélangées avec l’acide acétique à 20% et portées au bain-marie à 70°C puis titrées avec du KMnO4. Le taux de calcium a été calculé à l’aide de la formule : % Ca = Pca x 100 / PMS, où Pca correspond au poids de calcium contenu dans l’aliment.
Phosphore total
Environ 0,5 g d’aliment a été pesé puis minéralisé en présence d’acide nitrique et d’acide perchlorique et la densité optique a été mesurée au spectrophotomètre à 430 mm. La teneur en phosphore total a été déduite à partir d’une courbe d’étalonnage.
TRAITEMENT ET ANALYSE DES DONNEES
Les données recueillies sur le terrain ont été codifiées en variables numériques, saisies sur le tableur Excel et traitées à l’aide du logiciel Statistical Package for The Social Science (SPSS/PC). Le taux de ponte et le taux de mortalité ont été calculés avec les formules suivantes :
• Taux de mortalité = (Nombre de poules mortes / effectif total) x 100
• Taux de ponte = (Nombre d’œufs pondus / effectif des pondeuses) x 100