Richesses faunistiques
La forêt de Kirindy héberge la plus grande diversité en petits mammifères endémiques : au nombre de 23 espèces de mammifères autres que les lémuriens. Les espèces caractéristiques sont Cryptoprocta ferox (fossa), le plus grand carnivore de Madagascar, Mungotictis decemlineata (Bokiboky) et le plus gros rongeur de l’île, le rat géant Hypogeomys antimena (Vositse). Plusieurs espèces sont menacées d’extinction et n’existent qu’exclusivement dans le centre-ouest de Madagascar comme le rat géant et le Bokiboky.
Environ 70 espèces d’oiseaux peuvent être trouvées à Kirindy. Beaucoup d’entre elles sont en danger comme le cas d’Aviceda madagascariensis, le vanga bleu (Cyanolanius madagascariensis) et l’espèce Alcedo vintsioides.
En ce qui concerne l’herpetofaune, la forêt est plus riche en espèces de reptiles qu’en amphibiens, la concession forestière abrite une cinquantaine d’espèces de reptiles avec quelques espèces d’amphibiens (Raselimanana, 2008). Pyxis planicauda est connue longuement comme espèce endémique de la région.
La zone tient aussi une composition intéressante de communautés de primates. En effet, Propithecus verreauxi, une espèce diurne vit en sympatrique avec d’autre Primates : l’espèce cathémérale Eulemur rufus et des espèces nocturnes : Lepilemur ruficaudatus, Phaner furcifer, Cheirogalus medius, Mirza coquereli, Microcebus murinus, Microcebus berthae (Ganzhorn et al., 1996 ; Mittermeier et al., 2010). La présente étude se focalise tout particulièrement sur l’espèce Propithecus verreauxi.
Description de l’espèce
Propithecus verreauxi avec un pelage long et épais avec prédominance de la couleur blanche, se retrouve dans les forêts tropicales sèches de basse altitude du Sud et du Sud-ouest de Madagascar, principalement dans les forêts tropicales sèches à feuilles caduques .Cette espèce appartenant à la Famille des Indriidae est l’une des plus petites espèces de Propithèques (Mittermeier et al., 2010). La taille des adultes varie de 40 à 48 cm (tête+corps), la longueur de la queue est d’environ 50-60 cm de longueur et le poids variant généralement entre 3 et 3,5 kg où les deux sexes présentent une taille plutôt similaire. Rarement terricoles, les Sifakas sont principalement arboricoles et se déplacent à travers la forêt en sautant et verticalement. Ils sont strictement diurnes avec un modèle d’activité bimodale prononcée (Erkert & Kappeler, 2004) et vivent généralement dans les forêts tropicales sèches où ils se nourrissent principalement de feuilles (folivores) mais également de fruits, de fleurs et d’écorces selon la saison. Habituellement, les femelles donnent naissance à un bébé au milieu de la saison sèche qui s’accroche à leur ventre et plus tard sur leur dos (Richard, 1978) durant le soin parental.
Ils vivent en groupe dont la taille est relativement stable le plus souvent avec une taille moyenne de 6 (± 1,8) d’individus ou les mâles dominent en nombre c’est-à-dire 2 à 12 par groupe (Kappeler & Fichtel, 2012). Pour les Sifakas, les femelles sont philopatriques, par conséquent les mâles devenant mâtures se dispersent d’un groupe à l’autre (Richard et al.,2002). Etant territoriaux, les groupes occupent normalement des domaines vitaux de tailles variables à cause de la saisonnalité, de la qualité d’habitat ou encore selon la taille du groupe (Carrai & Lunardini, 1996). Dans une étude réalisée par Benadi et al., 2008, les domaines vitaux des Sifakas ont varié de 5,7 à 10,41 hectares pour cinq groupes de CS7, tandis que pour les groupes en bordure, aucune donnée précise n’est disponible.
Propithecus verreauxi se rencontre dans les forêts sèches et les fourrés épineux du Sud-Ouest et du Sud malgache depuis le fleuve de Tsiribihina jusqu’à une petite portion à l’Ouest de Fort-Dauphin. La limite orientale de son aire de répartition est située dans le Parc National d’Andohahela. Propithecus verreauxi est actuellement classé comme vulnérable (VU) dans la Liste Rouge de l’UICN de sorte qu’il n’est pas encore fortement en danger. Toutefois, le terme «vulnérable» se réfère à l’une de leurs principales limitations. Il ne peut pas fréquenter le milieu ouvert et est donc confiné et dépend des zones forestières restantes (Jolly 1966).
Etude des comportements
L’étude du comportement de cette espèce permet de voir si l’effet de bordure influe le budget d’activités des Sifakas. Les individus sont observés selon la méthode de «continuous focal sampling» (Altman, 1974). Cette méthode consiste à observer un individu durant un intervalle de temps bien déterminé, pendant une heure dans le cas de cette étude. Et à chaque session d’échantillonnage, la durée et la fréquence des modèles comportementaux sont notées. Les principales activités comportementales sont classées selon les catégories suivantes (Martin & Bateson, 1986) : l’alimentation, le repos, la locomotion, l’interaction sociale et autres.
L’observation commence à 7 : 00 h du matin ou les individus commencent souvent leurs activités et se termine à 16 : 00 h quand ils parviennent parfois déjà à atteindre leur arbre de repos. Grâce à la grande habituation des groupes, les individus focaux sont rarement perdus et ont été suivis durant toute la journée. Mais au cas où l’individu observé est perdu et n’a été pas trouvé après 10 minutes de temps d’observation, le second animal devient alors le nouveau focal ; mais ceci ne se produit que pendant de rares occasions. Le suivi des groupes se fait donc toujours durant les deux semaines et sont interrompus soit par une pause soit pour l’observation par ligne de transect.
SITE D’ETUDE
La concession forestière de Kirindy est constituée de quatre zones d’études dont N5, CS5, CS7 et le CS8 (savane). Afin de permettre l’orientation et l’identification de chaque carré à l’intérieur du système de grille, chaque intersection est marquée avec des étiquettes en plastique codée par des lettres-nombres par exemple A 1 (Kappeler & Fichtel, 2012). La collecte des données s’est déroulée dans deux zones dont l’une nommée CS7 représentant la forêt intacte et l’autre le CS8 qui est utilisée pour cette étude comme la lisière. La collecte des données s’est faite aussi sur des lieux en dehors des sentiers mais ceci ne se présente que rarement . La recherche a eu lieu pendant trois mois à partir de la mi-avril jusqu’à mi-juillet 2012. Cette période coïncide avec la fin de la saison humide et la moitié de la saison sèche mais aussi aux périodes de gestation de l’espèce en question.
Site CS7 : Le site se trouve au Sud de la piste CONOCO et environ à 2 km à l’Est du camp. En effet, le site d’étude est traversé par une route (Conoco) bâtie durant l’exploitation pétrolière dans cette région en 1970. De même une deuxième route parallèle à la piste précédente (Piste Lémurien) y passe et va vers le sud. Ce site est divisé en quadrats de 25 x 25 m. Tous ceux-ci facilitent l’accès dans la station d’étude. Au total, il couvre environ 100 ha de forêt. Il est traversé par la rivière Kirindy qui est saisonnière car elle manque d’eau pendant la saison sèche.
Site en bordure : Située à l’est du campement, ce site est placé dans le bloc CS8. Dans sa partie Est, la forêt est en contact avec une savane boisée ; elle présente une zone de transition dans laquelle des grands arbres typiques des forêts se rencontrent par endroit, immergés au milieu d’essences caractéristiques des savanes de l’Ouest. Comme pour le premier site, elle est traversée par la rivière Kirindy et quadrillée par des petites pistes praticables tous les 50 m.
Table des matières
INTRODUCTION
I- MILIEU D’ETUDE
I.1. Situation géographique
I.2.Climat
I.3. Richesses faunistiques
I.4. Flore
II- SITE D’ETUDE
II.1 Site CS7
II.2 Site en bordure
III- ESPECE ETUDIEE
III.1 Classification systématique
III.2. Description de l’espèce
III.3. Groupes étudiés
METHODOLOGIE
I-COLLECTE DES DONNEES
I.1 Mesure de la température de l’air
I.2 Estimation du domaine vital
I.3 Etudes des comportements
I.4 Régime alimentaire
I.5 Densité de la population
I.6 Evaluation du niveau de stress
a- Collecte des crottes
II- TESTS STATISQUES
II.1 Analyse de la normalité des données par le test de Kolmogorov-Smirnov
II.2 Analyse de la variance
II.3. Test-U de Mann-Whitney
II.4 Corrélation de Spearman
RESULTATS
I-Evaluation de la variation de la température
II-Domaines vitaux
III-Budget d’activités
III.1.Répartition journalière des activités
III.2.Corrélation domaine vital-activités
IV. Différences diététiques
IV.1 Détermination des espèces consommées
IV.2 Types d’alimentations
VI. Densité de la population
VII. Evaluation du niveau de stress
DISCUSSION
I. Résultats de l’analyse de la température de l’air
II. Domaines vitaux
III- Budgets d’activités
IV. Différence de régime alimentaire
V. Densité de l’espèce
VI. Niveau de stress
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Références bibliographiques
LISTE DES ANNEXES