ECOTOURISME ET ECOSYSTEME LIGNAGER

ECOTOURISME ET ECOSYSTEME LIGNAGER

Valorisation des ressources humaines locales

Certaines personnes ont pu bénéficier des avantages des activités de l’ANGAP. Les activités contribuent réellement à l’amélioration de leur bien-être car les femmes ne sont plus obligées d’attendre le retour de leur mari, ni de rester à la maison à s’ennuyer mais elles peuvent faire, par exemple, des cultures de carottes, de pommes de terre, de petits pois, de brèdes… Elles peuvent ainsi se procurer de l’argent pour elles-mêmes en cas de besoin personnel, mais elles peuvent également aider leurs maris en faisant intervenir d’autres ressources financières au foyer. 82 Les personnes bénéficiaires des avantages de ces activités les trouvent très utiles, car vu la difficulté de trouver du travail en ce moment, ces activités procurent aux femmes des occupations plus intéressantes et plus rémunératrices que le travail ménager. La nourriture et l’éducation des enfants se sont améliorées. Si avant l’existence des activités, un ménage ne dépense que Ar 2 000 par jour pour les repas, n’achète des vêtements que tous les trois mois, et a eu des problèmes quant à la scolarisation des enfants ; actuellement, il peut faire mieux en ayant des nourritures plus variées, en achetant des vêtements tous les mois (avec les friperies en plus) et en envoyant les enfants à l’école sans plus trop de problèmes financiers. Ces activités sont très avantageuses car on leur donne également des matériels agricoles comme la bêche, le râteau, l’arrosoir… Aussi, des techniciens agronomes expérimentés leur apprennent les techniques de culture fiables pour obtenir une bonne qualité et une grande quantité de production. 37% des personnes enquêtées (de la classe moyenne) et 35% de celles de la classe défavorisée ont eu des opinions positives quant à ces activités. Cependant, il y a aussi des personnes qui n’ont pas eu le privilège de bénéficier de ces avantages. Les activités génératrices de revenu ne leur sont pas utiles car elles n’ont même pas obtenu des financements, et pourtant, elles ont crée des groupements villageois et ont proposé un projet répondant au critère demandé. Ce qui fait qu’il n’y a eu aucune amélioration de leur cadre de vie. D’autres n’ont pas voulu faire ces types d’activités du fait du manque d’enthousiasme à travailler avec d’autres personnes pour un même projet par la simple raison qu’elles ne veulent pas partager les bénéfices en plusieurs nombres. Il y a aussi des personnes qui ont essayé de fournir les papiers nécessaires pour l’obtention du financement, mais par l’analphabétisme elles n’ont pas pu les fournir toutes ; et pourtant, elles ont eu beaucoup de volonté pour ces activités. Toutefois, les activités communautaires ont été utiles et bénéfiques à toute la population sans exception, comme l’adduction d’eau potable dans quelques villages, la construction d’un nouveau marché, la construction de plusieurs écoles… 17% des personnes enquêtées (de la classe moyenne) et 11% de celles de la classe défavorisée on eu des opinions négatives. 83 Tableau 10 : Récapitulation des points de vue de la population locale concernant les activités de développement (selon l’âge, le sexe et la classe sociale) CLASSE SOCIALE AGE POINT DE VUE NEGATIF POINT DE VUE POSITIF Classe moyenne 25 à 50 ans 30 65 Classe défavorisée 25 à 50 ans 20 60 TOTAL 50 125 POURCENTAGE 28% 72% Source : Enquête personnelle Malgré le nombre élevé des points de vue positifs, on ne peut pas dire que la totalité de la population participe aux activités. Certaines personnes ne veulent pas y participer car elles ne veulent pas s ‘associer avec d’autres gens de peur de partager les bénéfices en plusieurs parts. D’autres n’y participent pas à cause de la paresse et du manque de volonté. Habitués à la pratique du tavy, les villageois ne sont plus sensibles à d’autres types de travail même si cela peuvent leur apporter gros et peuvent changer leur vie. A la différence des activités proposées par l’ANGAP qui nécessitent beaucoup de travail, la culture sur brûlis n’a besoin d’aucun entretien, ni de suivi. 

Conceptions locales des retombées positives 

Améliorations de la vie quotidienne des villageois

A première vue, il n’y a pas beaucoup de changements aperçus dans la région ; ni de l’état de la région ni du niveau de vie de la population. C’est surtout depuis l’arrêt du transport ferroviaire que les habitants ont connu une dégradation de leur niveau de vie. En voyant cette dégradation, l’ANGAP a concilié les recettes de l’écotourisme au développement de la communauté locale. Néanmoins, 37% des individus enquêtés (de la classe moyenne) ont pu remarquer une certaine amélioration de leur condition de vie. Ceci est dû à leur participation aux activités de développement de l’ANGAP. 84 Avant, une famille de quatre personnes devait limiter ses dépenses quotidiennes pour les nourritures à Ar 3 000 et l’achat des vêtements ne se fait qu’une fois tous les quatre ou cinq mois. Et maintenant, avec les produits issus des projets financés par l’ANGAP, elle arrive à vendre ses produits, à réserver des semences pour la nouvelle production et à mettre des produits à part pour la nourriture. Par conséquent, elles peuvent faire des économies (plus d’endettement) et ne sont plus obligées de trop limiter les dépenses ( surtout en nourriture). Pour un ménage de huit personnes, dont trois jeunes sont en âge de travailler, les ressources financières pour la famille sont meilleures qu’avant car les cinq personnes sont toutes membres d’un seul ou de différents groupements villageois, et de ce fait, bénéficient les avantages du groupement. Si avant la création du parc où il n’y avait pas encore les « activités d’appui au développement », seul le père de famille travaille, maintenant il y a trois ou quatre autres personnes qui peuvent l’aider à nourrir la famille avec les différents projets de chaque groupement. La première personne est, par exemple, membre d’un groupement ayant un projet d’élevage porcin, la seconde est membre d’un groupement ayant un projet d’élevage de poules pondeuses et la troisième est membre d’un groupement ayant un projet de culture de carottes, de haricots et de pommes de terre. Lorsque arrive le jour de la récolte, ces trois personnes bénéficient des avantages des membres du groupement à savoir de l’argent ou des produits consommables, et peuvent ainsi changer les conditions de vie de leur famille.

L’état de la région après la création du parc

Parlant d’une région touristique, la région d’Andasibe n’a pas connu une grande amélioration depuis la création du parc jusqu’à aujourd’hui. Cela dit, il n’y a pas eu de grands changements dans la région. Néanmoins, il y a eu l’installation de l’antenne parabolique dans la Commune d’Andasibe et don de matériels audio-visuels, l’adduction d’eau potable dans quelques villages de la Commune d’Andasibe et d’Ambatovola, plusieurs écoles ont été construites dans les zones périphériques depuis la création du parc, construction d’un nouveau marché pour Andasibe. La route menant au PNAM a été aménagée et bitumée lors de la réhabilitation de la RN2 en 1985. 85 IV.43- Les impacts des activités de développement de l’ANGAP 71% de la population d’enquête issue des deux classes sociales ont apprécié et bénéficié de l’aide de l’ANGAP. Elles sont réparties dans différents groupements. Les activités de développement sont bénéfiques aux membres des associations villageoises mais aussi à toute la population sans exception. Avec les activités génératrices de revenu, les femmes pourront s’occuper physiquement et moralement ; et à la fin du processus de production, elles récolteront les fruits de leurs efforts. Si le projet marche et se développe bien, les membres de groupement peuvent créer des projets individuels à partir des bénéfices qu’ils ont obtenus du projet commun. Pour les femmes qui ont des maris ayant des emplois stables (salariés mensuels), ces activités ne font que compléter leurs ressources financières. Si avant, une famille de huit personnes ne mangeait que deux fois par jour (2fois/j), maintenant, elle peut manger trois fois par jour (3fois/j) comme toutes les personnes de la classe moyenne et de la classe des riches. Quant aux activités communautaires (barrage rizicole, écoles, antenne parabolique, bibliothèque, grenier communautaire…), tout le monde, sans exception est bénéficiaire, même ceux qui ne sont pas membres d’un groupement. Depuis le projet de construction d’écoles dans la région, tous les enfants vont à l’école. D’ailleurs, une amende sera appliquée aux parents qui n’envoient pas leurs enfants à l’école. Depuis l’installation de l’antenne parabolique, environ 250 toits sur 2 000 possèdent actuellement des postes téléviseurs dans la Commune d’Andasibe. La population d’Andasibe est très intéressée par l’émission diffusée à partir de l’antenne parabolique. Les parents et les enfants peuvent ainsi élargir leurs connaissances. Pour ceux qui n’ont pas de poste téléviseur à la maison, ils peuvent venir à la Commune jusqu’à une heure assez tardive la nuit. L’adduction d’eau potable dans cette région est encore une activité de développement très appréciée par la population. Non seulement l’eau potable touche l’hygiène et la santé, mais encore, elle facilite la vie de la population quant à la préparation des repas car elle n’a plus besoin d’être bouillie. Le projet de construction de barrage rizicole est avantageux pour ceux qui pratiquent la riziculture car ils n’auront plus de problèmes d’irrigation. Le projet de construction de grenier communautaire est avantageux pour toute la population car pendant la période de soudure, il sert à ravitailler la population en riz à des prix normaux. Les activités communautaires sont nécessaires et utiles à toute la communauté locale.

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE L’ECOTOURISME : UN CORROLAIRE DE LA MONDIALISATION / GLOBALISATION
Chapitre premier : Ecotourisme et logique
I.1- Place de l’écotourisme dans les rapports Nord-Sud
I.2- Les spécificités de l’écotourisme
I.3- Les attributs de l’écotourisme
Chapitre II : Ecotourisme et structures à Madagascar
II.1- Structure et logique d’intervention : cas de l’ANGAP
II.2- L’écotourisme à Madagascar
II.3- Fonction et l’intérêt du site d’Andasibe dans cette stratégie globale de l’écotourisme mondial
II.31- Présentation et description géographique des deux aires protégées d’Andasibe
Conclusion partielle
DEUXIEME PARTIE : INTEGRATION ECOTOURISTIQUE ET ECOSYSTEME
LIGNAGER A ANDASIBE
Chapitre III : Structure sociale et dynamique villageoise
III.1- Organisation sociale lignagère
III.11- La parenté lignagère
III.12- Les rapports sociaux en général
III.13- Logique de culture et écosystème
III.2- Activités économiques et potentiel villageois
Chapitre IV : Structures, modes et impacts d’intervention
IV.1- Logique de motivation
IV.2- Les différentes interventions menées à travers le PNAM
IV.21- Le PAE
IV.22- Les interventions à travers le fonds DEAP
IV.23- Les types d’activités menées
IV.3- Valorisation des ressources humaines locales
IV.4- Conceptions locales des retombées positives
IV.5- Ecotourisme, activités écotouristiques et collaboration de l’ANGAP
IV.51- Ecotourisme
IV.52- Les activités écotouristiques menées
IV.53- Les collaborateurs de l’ANGAP
Chapitre V : Psychologie paysanne et logique de déliaison sociale
V.1- Problématique politique et problématique de motivation
V.2- Psychosociologie de la politique et culture paysanne
V.3- Déséquilibre écosystemique et écotourisme
V.4- Illusion populaire et logique d’exclusion sociale
Conclusion partielle
TROISIEME PARTIE : LOGIQUE PROSPECTIVE
Chapitre VI : Réflexions critiques
VI.1- Ecotourisme et développement
VI.2- Les entraves au développement
VI.3- Conception du développement
Chapitre VII : Réflexions prospectives
VII.1- Suggestions
VII.2- Réflexions pour mieux lier l’écotourisme et le développement
VII.3- Structures proposées
VII.4- Unité, rationalité économique, pratiques cérémonielles et écosystème

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