Le Programme de Développement des Nations Unies (PNUD), dans son rapport annuel (2012-2013), reconnait que l’investissement dans les infrastructures technologiques contribue à la croissance, au développement humain, à l’augmentation de l’Investissement Direct à l’Etranger (IDE) et à l’accroissement des transferts de technologie . Aussi, l’Organisation pour la Coopération et le Développement Économique (OCDE (2008)), dans son rapport « Infrastructures pour 2030 », reconnait le rôle-clé des infrastructures dans le développement social et économique et appelle à une majeure interaction parmi les différents acteurs publics et privés dans leur promotion (OCDE (2008)). À ce propos et mettant en évidence le rôle des infrastructures technologiques dans la croissance économique et la nouvelle nature de l’innovation, le Global Innovation Index 2013 (GII 2013) fait mention ne les travaux de Florida (2013) en indiquant que : « Great scientific centres not only require eminent universities and laboratories, they also require a broader environment of meritocracy and openness to diversity that can attract top talent from around the world. For this reason, it is unlikely that the world’s leading science cities will change significantly in coming decades. The presence of major scientific centres has itself become a key source of innovation and economic growth. This is likely to lead to more concentrated innovation and economic development in the future, increasing the gaps between the world’s scientific ‘haves’ and ‘have-nots’. ».
Les infrastructures technologiques dont nous allons parler au cours des développements de cette thèse visent à reconstituer sur une base locale les liens scienceindustrie à travers la production, la formation et la recherche afin de valoriser le potentiel d’innovation technologique. En effet, si le marché peut se révéler un mode de coordination efficace lorsque les technologies sont génériques et incorporent des connaissances codifiables par l’intermédiaire de l’importation ou de l’acquisition de licences, de franchises et de brevets, cela n’est plus le cas lorsque les technologies sont spécifiques et incorporent des connaissances tacites comme dans le cas des nouvelles technologies Bio-Nano-TIC. Ainsi, leur transfert s’opère, selon Hagedoorn (1990), à travers des relations non-marchandes entre entreprises ou de partenariats internationaux avec des centres de recherche et des universités, dans lesquelles intervient l’État jouant un rôle de régulateur.
Selon Tassey (1991), depuis les années 1950, ces infrastructures ont une fonction primordiale dans la promotion du changement économique des nouvelles économies industrialisées. Grâce à elles, ces économies ont réussi à avoir une capacité technologique interne, à favoriser le transfert de technologie, et à promouvoir un entrepreneuriat qualifié ; elles ont contribué également à l’émergence de nouvelles startups et spin-offs universitaires à base technologique et elles ont été aussi responsables des révolutions industrielles dans certains pays.
Ces infrastructures sont, selon Heshmati (2007), à la base du développement de la nouvelle économie et la méthode à travers laquelle les pays réalisent leurs révolutions technologiques et industrielles ; de plus, elles promeuvent la croissance économique, un développement social juste, l’augmentation des flux d’IDE et la R&D; elles servent encore à aider les pays à équilibrer leurs balance des paiements et à rester moins dépendants des biens traditionnels.
La plupart des travaux qui se sont attachés à identifier les défaillances des systèmes d’innovation (Alcouffe (1992), Mezouaghi (2002), Aubert et Reiffers (2003)), convergent pour relever cinq types de contraintes pouvant expliquer des situations de blocage des dynamiques d’innovation technologique des pays et évoquent l’importance des infrastructures technologiques pour les dépasser. En plus des contraintes de financement, d’investissement, de marché, les infrastructures technologiques jouent un rôle pour surmonter également les contraintes technologique, scientifique et institutionnelle.
Selon la définition de Tassey (2001), les infrastructures technologiques concernent les composantes suivantes du système technologique : l’infrastructure institutionnelle, le regroupement des ressources sous la forme de réseaux et la compétence économique des différents acteurs.
A son tour, l’infrastructure institutionnelle comporte quatre composantes : l’organisation de la R&D industrielle, les infrastructures universitaires, les « autres institutions » et la politique des pouvoirs publics. En ce qui concerne les infrastructures universitaires et selon Pavitt (1984), le système éducatif et notamment les universités technologiques jouent un rôle essentiel dans le processus de création et de diffusion des connaissances car le nombre et la qualité des ingénieurs diplômés comptent parmi les principaux facteurs qui déterminent la capacité d’innovation et d’absorption d’un pays. Quant aux « autres institutions », il s’agit d’institutions « de liaison », d’institutions constituant un relais parmi les entreprises plus petites, les organismes publics et les universités, ayant un rôle dans la diffusion technologique, ainsi que dans la formulation des politiques technologiques et d’innovation. Elles contribuent à l’accumulation et à l’intégration des résultats des activités d’innovation, qui conserveraient sans cela un caractère hautement spécifique à la firme ou à l’université, et les rendent utiles et accessibles à d’autres entreprises et à la société civile. Ces organisations disséminent des connaissances mais elles compensent aussi la faiblesse d’autres composantes du système technologique. Selon Metcalfe et Gibbons (1991), l’existence des institutions « de liaison » permet de mettre en relation l’industrie, la base scientifique et technologique publique et le volume des investissements publics dans la formation du capital humain, ce qui contribue à renforcer la créativité en général.
Mais, si le rôle des infrastructures technologiques est largement reconnu et important au sein des SNI, les décisions d’investissement par les gouvernements continuent à être prises parmi les pays de l’OCDE sans une évaluation préalable des vrais effets sur l’innovation et donc sur la croissance économique. Aussi, le rapport entre les infrastructures technologiques et les autres acteurs de l’innovation ne reste jamais évident à cause de la faiblesse des données existantes sur ce sujet et à l’inexistence d’un modèle de croissance qui puisse les mettre en rapport.
Mais, si le rôle des infrastructures technologiques est largement reconnu et important au sein des SNI, les décisions d’investissement par les gouvernements continuent à être prises parmi les pays de l’OCDE sans une évaluation préalable des vrais effets sur l’innovation et donc sur la croissance économique. Aussi, le rapport entre les infrastructures technologiques et les autres acteurs de l’innovation ne reste jamais évident à cause de la faiblesse des données existantes sur ce sujet et à l’inexistence d’un modèle de croissance qui puisse les mettre en rapport.
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