Ecologie des Anatidés et de la Foulque Macroule
Fulica Atra dans les Zones Humides
Dénombrement des Anatidés et des Rallidés (Foulque macroule)
Plusieurs techniques et méthodes sont employées pour permettre de suivre au mieux les dénombrements des oiseaux, mais ces dernières se heurtent toujours à de nombreux facteurs liés à la biologie des oiseaux et aux transformations physionomiques que subissent les milieux aux rythmes des saisons et des années (BLONDEL, 1969). A l’échelle internationale et suite aux grandes concentrations des oiseaux dans certains sites privilégiés, des dénombrements sont réalisés chaque année afin de mieux évaluer la taille totale des populations aviennes et d’obtenir des indices sur leur évolution temporelle afin de déterminer des renseignements sur ses milieux (LACK 1954 in NILSON 1970). Les Anatidés et les Rallidés peuvent se définir quantitativement par un ensemble de descripteurs qui prennent en considération l’importance numérique des espèces qu’ils comportent. En dénombrant à l’intérieur du peuplement le nombre total d’espèces qui le compose et les effectifs des populations de chaque espèce, il sera possible de décrire la structure de tout le peuplement à travers des paramètres telles ; la richesse spécifique, l’abondance, la diversité spécifique, l’indice de l’équitabilité et la répartition spatiale (RAMADE, 1984). Donc afin de connaitre la dynamique et la structure des canards et des foulques macroules dans l’éco-complexe des zones humides de la wilaya de Souk-Ahras, des dénombrements réguliers bimensuels ont été réalisés du début du mois de septembre à la fin du mois d’août couvrant ainsi la quasi-totalité de la période d’hivernage et celle de la reproduction et ceci durant quatre (04) années consécutives de l’année 2011 à l’année 2015. 1
Méthode utilisée lors de notre travail
Pour évaluer le nombre des Anatidés et de la Foulque macroule, nous avons procédé à un comptage individuel lorsque la bande des oiseaux est proche de notre point d’observation et de taille inférieure à 200 individus. Dans le cas contraire nous avons procédé de la manière suivante : nous dénombrons le plus exactement possible à l’une des extrémités de la bande d’oiseaux un lot selon la taille du groupe (10, 50, 100) puis nous reportons autant de fois que nécessaire sur le reste de la bande la surface que représente notre groupe de référence (BLONDEL, 1969 in SCHRICKE, 1985) (ANSON WILLES, 1963 in BLONDEL, 1969). La marge d’erreur de cette méthode est de l’ordre de 5 à 10 % (LAMOTTE et BOURLIERE, 1969).
Matériel utilisé
Pour le dénombrement des oiseaux d’eau au niveau de notre site d’étude nous avons utilisé : – Un télescope monté sur trépied de marque ELITE BUSHNELL (20 x 60 x 80). – Une paire de jumelles (12 x 50) de marque KONUS – Un carnet (pour prendre des notes). – Un guide d’identification des oiseaux. – Une carte du terrain. – Un appareil photo numérique. 2- Paramètres écologiques : Des indices écologiques liés directement à l’équilibre des peuplements ont été calculés tels : l’abondance totale, la richesse spécifique, l’indice de diversité de Shannon et Weaver (H’) ainsi que l’indice d’équitabilité (E) (CHESSEL et al., 2004).
l’abondance
L’abondance spécifique d’une espèce est le nombre d’individus de cette espèce considérée dans un milieu donné. L’abondance totale est le nombre d’individus de toutes les espèces réunies du peuplement (RAMADE, 1984).
La richesse spécifique « S »
La richesse spécifique décrite par BLONDEL(1975), est le nombre total d’espèces rencontrées d’un peuplement. Ce paramètre renseigne sur la qualité du milieu, plus le peuplement est riche plus le milieu est complexe et stable. Ce paramètre donne une place très importante aux espèces rares (FAURIE et al., 2003).
L’indice de diversité de Shannon (H’)
Il mesure le degré et le niveau de complexité d’un peuplement. Plus il est élevé, plus il correspond à un peuplement composé d’un grand nombre d’espèces avec une faible représentativité. A l’inverse, une valeur faible traduit un peuplement dominé par une espèce ou un peuplement à petit nombre d’espèces avec une grande représentativité (BLONDEL, 1975). Chapitre II Matériel et Méthodes 19 *L’indice de Shannon peut être calculé par la formule suivante: ni: Effectif de l’espèce n N: Effectif total du peuplement Pi : L’abondance relative du peuplement 2-4 Indice d’Equitabilité (E) : L’indice d’équitabilité (E) permet d’apprécier les déséquilibres que l’indice de diversité de Shannon ne peut pas estimer (DAGET, 1979). Cet indice s’exprime par la formule suivante : où H’ max = log 2 ( S ) H’ = Indice de diversité. S = Richesse spécifique. Plus sa valeur a tendance à se rapprocher de un, plus il traduit un peuplement équilibré (LEGENDRE et LEGENDRE, 1979). De ce fait l’évolution de la structure du peuplement peut être exprimée de façon plus intéressante par l’évolution temporelle de son indice d’équitabilité.
Classification des espèces et statut de protection
Pour chacune des espèces aviaires recensées, nous avons rapporté sa classification complète (ordre, famille et espèce) selon SIBLEY & MONROE (1990) et MONROE & SIBLEY (1997) ; sa dénomination (nom scientifique et nom en français) d’après ISENMANN & MOALI (2000). Quant à son statut de protection, nous nous sommes basés sur la liste des espèces protégées selon le décret n° 83-509 relatif aux espèces animales non domestiques protégées, l’arrêté du 17 janvier 1995 complétant cette même liste et le décret exécutif n° 12-235 du 24 mai 2012 fixant la liste des espèces animales non domestiques protégées en Algérie pour la E = H’ / H’ max N i n i p s i i p i H p 1 ( ) 2 ‘ protection à l’échelle nationale, alors qu’au niveau international, nous nous sommes référés à la liste rouge de l’UICN (VIE et al., 2008) 4– Analyse statistique : Les dénombrements hebdomadaires des quatre années d’études sont traités à l’aide d’une analyse multivariée par le biais de l’analyse factorielle des correspondances (AFC), en utilisant le logiciel ADE 4 (CHESSEL et al., 2004 ; DRAY et al., 2007). Pour le but de décrire (en particulier sous forme de graphique) le maximum de l’information et de procéder à une interprétation d’observations ne comportant a priori aucune distinction, ni entre variables ni entre individus (DAGNELIE 1975, FALISSARD 1998). Afin de mieux analyser les fluctuations de l’abondance et de la richesse du peuplement et après vérification des critères de normalité des observations par le test de Shapiro-Wilk (in HOUHAMDI 2002) et d’homogénéité des variances par le test de Levene (LEVENE, 1960), nous avons comparé les variables suivantes entre les cinq sites et les quatre années en utilisant le test de l’Analyse de la Variance (ANOVA) à un seul facteur : – la richesse ~ années (pour chaque site) ; – l’abondance ~ années (pour chaque site) ; – la richesse ~ saisons (pour chaque année et dans chaque site) ; – l’abondance ~ saisons (pour chaque année et dans chaque site). Les variables qui ne répondaient pas aux exigences des tests paramétriques ont été transformées dans la mesure du possible en log. Nous avons ensuite appliqué le test de Kruskal-Wallis (alternative non paramétrique à l’ANOVA) lorsque la normalité et l’homoscédasticité n’étaient pas respectées. Lorsqu’il existe une différence significative, le test de comparaison deux à deux HSD Tukey test (Honstly Significant Difference) a été appliqué pour déterminer la différence entre les moyennes (KESELMAN & ROGAN, 1977). Le test HSD Tukey (Test de différence significative) est équivalent au divers test t de Student individuel entre toutes les paires de groupes. Toutes ces analyses statistiques ont été effectuées avec le logiciel R (R CORE TEAM, 2013) avec l’analyse multivariée sur le package ADE-4 disponible dans R (CHESSEL et al., 2004 ; DRAY et al., 2007).
Chapitre I Description des sites d’étude |