Ecologie de reproduction de cinq espèces d’Adansonia

Le Genre Adansonia

Description du genre  : Arbre de tailles très diverses hermaphrodites; tronc renflé s’effilant du bas vers le haut ou en forme de bouteille; bois mou; feuillage caduque. Stipules minces, étroites et très caduques. Feuilles alternes, composées palmées avec 5 – 11 folioles entières ou dentées, penninerves. Fleurs axillaires, solitaires, rarement pendantes et à pédoncule long, plus souvent dressées; bouton floral clos, arrondi, obovale et très long, se divisant à l’anthèse en 5 lobes étroitement ligulés – linéaires, réfléchis et plus ou moins tordus en spirale à l’anthèse, velus ou tomenteux sur la face externe, avec, vers la base, quelques poils étoilés. Pétales libres, insérés à la base du tube staminal, blancs, jaunes ou rouges parfois largement obovales, plus souvent étroitement oblong-ligulé et aussi long que les sépales, à face externe plus ou moins piliforme et à face interne glabre. Sépales soudés enfermant la fleur dans le bouton. Etamines nombreuses, soudées en tube cylindrique sur une partie de leur longueur; filets libres au dessus, anthères uniloculaires, à déhiscence longitudinale; ovaire supère, 2- 5 – loculaire avec des ovules nombreux; style commun terminal, filiforme, stigmate terminal, 5-lobé. Le fruit est une grande baie sèche, indéhiscente, à multiples graines, la baie sphérique à ovale, à surface pubescente, les graines sont enfouies dans une pulpe spongieuse blanche et sans albumen.

Caractères morphologiques de la fleur

La longueur du tube staminal et le nombre des étamines diffèrent selon les deux sections : Section BREVITUBAE: un tube staminal de 0,7 – 2 cm et 800 à 900 étamines (A. grandidieri et A. suarezensis);
Section LONGITUBAE: un tube staminal de 3,5 – 9 cm et 175 à 200 étamines (A. rubrostipa, A. za, A. madagascariensis).
A l’intérieur des LONGITUBAE, les caractères floraux présentent une grande diversité. Une nuance de la couleur des pétales, a été remarquée : A. za présente des pétales jaune ; A. rubrostipa a des pétales jaunes orangées et A. madagascariensis présente des individus à pétales rouge, rouges orangées et jaunes .
L’ACP a permis de comparer les cinq espèces considérées. Les descripteurs utilisés sont les données biométriques (figure 23). Ces données obtenues à partir de mesures de l’appareil reproducteur sont représentées sur le plan factoriel 1-2 .
Au sein des LONGITUBAE deux groupes, formés par des individus d’A. rubrostipa d’une part et d’A. madagascariensis et d’A. za d’autre part, ont été observés suivant l’axe 2 en abscisse positive par la longueur du stigmate, la longueur du tube staminal, la longueur du pétale, du sépale, et de l’étamine.

Mécanismes floraux

Anthèse : Les fleurs des baobabs s’ouvrent généralement à partir de 17h. Cette ouverture commence par une déchirure des sépales (1 cm) suivie de leur détachement. Les sépales s’enroulent finalement vers le pédoncule et libèrent les autres pièces périanthaires . Cette ouverture est en général brève de 2 à 15 mn au maximum.
Le climat joue un rôle essentiel sur la durée de l’anthèse. En effet, la fleur de Baobab reste ouverte pendant 5 à 6 jours. Par contre, chez A. suarezensis, localisée sur la Montagne des Français, exposé au vent violent, l’anthèse n’est que deux jours. De même pour A. za, dont la période de floraison se trouve en pleine saison des pluies, elle ne dure que de 2 à 3 jours. En effet, les fortes pluies accélèrent les chutes des fleurs.
Différentes phases sexuelles : Le test effectué montre que la maturité du stigmate et la production de pollen se passent simultanément. Ces phénomènes sont détectés juste après l’ouverture de la fleur. Pour les BREVITUBAE, le stigmate est poilu, humide, collant, de couleur jaune et la production de pollen est très abondante. Chez les LONGITUBAE, il est de couleur rouge foncé, poilu et les grains de pollen produit sont moins nombreux. Le stigmate est à 3 – 4 cm de l’étamine et aucune barrière ne se pose entre eux.
Production de parfum : Seules les fleurs récemment ouvertes émettent du parfum. Ce dernier est faible chez les BREVITUBAE et moins agréable que ceux des LONGITUBAE. La fragrance de la fleur des LONGITUBAE rappelle celle de l’Ylang Ylang.
Le parfum est émis et s’intensifie à partir de 19h jusqu’à 20h du soir, relativement faible à partir de 22h à 04h du matin et redevient forte à partir de 5h du matin. Aucune odeur n’est sentie à partir de 7h du matin. La figure 26 résume l’intensité moyenne du parfum émise par une fleur de BREVITUBAE et de LONGITUBAE en une nuit.

Taux de régénération naturelle

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Le processus de régénération naturelle des espèces d’Adansonia est faible. Le taux de la régénération naturelle d’A. grandidieri est de l’ordre de 4 à 15%; la présence des individus régénérés sur les lieux étudiés est quasiment nulle. Sur la montagne des Français, milieu anthropisé, la régénération d’A. suarezensis est nulle.
A. za présente 5 plantules de 25 à 30 cm de hauteur dans les PPS avec un taux de régénération de 14,71%. Dans la formation forestière de Kirindy, près de la parcelle installée, une population de 52 individus de jeunes arbres de 1 à 5cm de diamètre et de 1 à 3 m de haut a été observée juste près d’un puits. D’après les enquêtes, elle est issue des graines de fruits qui ont été consommés par les forestiers qui ont bâti ce puits en 1993.
Trois plantules d’A.rubrostipa de 15 cm ont été observées pendant la mission effectuée en période sèche dans les PPS. Le taux de régénération est très faible : 5,65%, un vieillissement de la population est constaté. Dans les parcelles à A. madagascariensis, il est de 10,71%.

Recommandations pour la conservation

Le statut UICN révèle que A. za est vulnérable selon Andriantsaralaza (2009) et en danger pour A. grandidieri, A. suarezensis et quasi menacé pour A. rubrostipa, A. madagascariensis. La conservation du genre Adansonia n’est pas mise en valeur mais seules les espèces qui sont localisées dans les aires protégées dotées d’une réglementation beaucoup plus stricte sont bien protégées. Par contre, le nombre de la population des Baobabs qui y est localisé est insuffisant. Le tableau 12 présente les aires protégées où sont localisées une population de quelques espèces d’Adansonia. De ce fait, une attention spéciale doit être accordée aux autres habitats en dehors des aires protégées. En complément de la conservation des Baobabs, entrepris par l’UICN, d’autres lois ou règlements locaux devraient être établis et mis en vigueur contre les exploitations massives des fibres et pour des utilisations médicinales. La germination ex situ et la restauration écologique de l’espèce devraient être effectuée pour assurer leur conservation.

Table des matières

INTRODUCTION 
PREMIERE PARTIE: MILIEU D’ETUDE
I. GENERALITES ET HISTORIQUE 
I.1.Les Baobabs dans le Monde
I.2. Les Baobabs à Madagascar
II. PRESENTATION DU MILIEU D’ETUDE
II.1. Localisation
II.2. Milieu physique
II.3. Milieu biotique
II.4. Activités de la population
DEUXIEME PARTIE : MATERIELS ET METHODES
I. MATERIELS
I.1. Position systématique
I.2. Description de la famille des MALVACEAE (Schatz, 2001)
II. METHODES D’ETUDE ECOLOGIQUE
II.1. Montage de Parcelle Permanente de Suivi (P.P.S.)
II.2. Etude des caractères édaphiques.
II.3. Etude de la flore et de la végétation.
II.3.1. Zones en forêt
II.3.1.1. Inventaire floristique
II.3.1.2. Etude de la structure de la végétation
Structure verticale de la végétation
Structure horizontale
II.3.1.3. Etude de la flore associée aux espèces cibles
II.3.2. Zones hors forêt : Méthode de double mètre
III. METHODES D’ETUDE DE L’ECOLOGIE DE LA REPRODUCTION
III.1. Etude phénologique
III.2. Etude morphologique de la fleur
III.3. Etude des mécanismes floraux
III.3.1. Etude de l’anthèse
III.3.2. Etude d’émission de parfum
III.3.3. Etude de nectar
III.4. Etude des visiteurs
III.5. Pollinisation et mode de reproduction des Baobabs
III.6. Etude de la production des graines et des fruit
IV. TAUX DE REGENERATION NATURELLE
Essai de germination ex situ
V. STRUCTURE DE LA POPULATION d’Adansonia za et d’Adansonia rubrostipa DANS LA FORMATION FORESTIERE DE KIRINDY
TROISIEME PARTIE : RESULTATS ET INTERPRETATIONS
I. Le GENRE Adansonia
I. 1 Description du genre
I.2. Clés de détermination
II. CARACTERISTIQUES DES HABITATS DES BAOBABS DANS LA REGION DU MENABE CENTRAL
II.1. Localisation des PPS et caractéristiques
II.2. Caractères édaphiques
II.3. Formations végétales
II.3.1. Formations forestières
Formation forestière d’Ampataka habitat d’A. rubrostipa
Formation forestière d’Andranomena habitat d’A. grandidieri
Formation forestière de Kirindy habitat d’A. za
II.3.2. Zones de culture
Zone de culture à Beroboka habitat d’A. rubrostipa
Zone de culture à Bekonazy habitat d’A. grandidieri
Zone de culture à Mahabo habitat d’A. za
III. ECOLOGIE DE LA REPRODUCTION
III.1. Cycle phénologique
III.2. Caractères morphologiques de la fleur
III.3. Mécanismes floraux
III.3.1. Anthèse
III.3.2. Différentes phases sexuelles
III.3.3. Production de parfum
III.3.4. Nectar
III.3.5. Quantité de sucre dans le nectar
III.4.Visiteurs et pollinisateurs potentiels
III.5. Pollinisation et modalités de la reproduction
III.6. Fructification et dissémination des graines
IV. POTENTIEL DE REGENERATION
V. STRUCTURE DE LA POPULATION d’Adansonia za et Adansonia rubrostipa dans la
formation forestière de Kirindy
QUATRIEME PARTIE: DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
CONCLUSION GENERALE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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