Dynamiques de la couverture forestière dans le District de Tuléar II

Démarches méthodologiques

Démarches méthodologiques générales

La vérification des hypothèses émises se basait sur des analyses cartographiques et des analyses statistiques. D‟abord, une évaluation de la déforestation dans le District de Toliara II a été faite. Elle a été réalisée à partir de l‟étude des dynamiques spatio-temporelles de la couverture forestière, par le biais de traitements d‟images satéllitaires (classification et détection de changement). Ensuite, l‟identification et une hierarchisation des variables pouvant affecter les causes directes de la déforestation par des analyses statistiques appropriées, a été effectuée.

La zone d’étude

La zone d‟étude est le District de Toliara II dans la région Atsimo Andrefana (Cf. carte 1). Il s‟étend sur une superficie d‟environ 900 000 ha.

Contexte physique

Pluviométrie

Le climat de la zone d‟étude est du type semi-aride. La partie sud est plus aride avec une précipitation moyenne annuelle de moins de 500 mm (Rabeniala et al., 2009) et la partie nord, plus humide, reçoit une précipitation annuelle de 600 à 1000 mm (Leprun et al., 2009). Un gradient d‟ouest en est est également constaté en ce qu concerne la précipittion (Cf. carte 2) : les zones côtières de la partie ouest du site d‟étude sont plus secs que les parties est, autrement dit, la précipitation augmente à mesure que l‟on séloigne de la mer.

Hydrographie

Trois catégories de le plan d‟eau caractérisent le District de Tuléar II (Cf. carte 3):
– Deux réseaux hydrographiques, ayant un sens d‟écoulement de direction générale est-ouest, à
savoir: (i) Le cour d‟eau à bassin versant mixte qui comprend l‟Onilahy d‟une longueur de plus de 400km, traversant à la fois le socle cristallin des Hautes Terres et le bassin sédimentaire de l‟Ouest. Et (ii) Les cours d‟eau qui coulent uniquement sur les terrains sédimentaires et ne dépassant pas les 300km. Ce sont le Manombo, et le Fiherenana. La plupart des affluents de ces trois fleuves sont asséchées en saison sèche
– Un lac salé : le Tsimanampetsotsa

Contexte biotique

Végétation

Les formations ligneuses naturelles du District de Tuléar II sont de deux types : (i) les fourrés xérophiles à Didiereae et à Euphorbia spp. qui occupent surtout sa partie sud (Raoliarivelo et al., 2010 ; Radosy, 2013) et les forêts denses sèches à Commiphora spp. et à Euphorbia spp. (Raherison, 2006) (Cf. carte 4). Les savanes, dont une partie provient de la dégradation de ces deux formations occupent la majeure partie du site d‟étude. Les savanes de Sud-Ouest sont des « speudo climax » résultant d‟un équilibre entre les interventions humaines et le milieu naturel. Elle est formée par des espèces issues d‟une sélection sévère du feu (Paul, 1973).

Population

En 2005, le District de Tuléar II comptait environ 224 248 habitants. Elle est répartie inéquitablement dans 20 communes rurales (Masezamana et al., 2013). La population de la zone se concentre principalement autour des zones productives et fertiles ainsi qu‟aux abords de la Route Nationale : (i) dans le moyen Fiherenana, le long de la RN7 qui relie Toliara et Sakaraha en direction d‟Ihosy ; (ii) dans le couloir naturel de Manombo, le long de la RN9, qui relie Toliara à Morombe ; et (iii) dans les basses vallées de Fiherenana et de l‟Onilahy (région de Saint Augustin) (Rasolofoarivony, 2010). Les habitants de la zone appartiennent aux ethnies tanalana, bara, masikoro et vezo (Masezamana et al., 2013). Leurs activités sont principalement constituées de (1) l‟agriculture. Pour cela, (i) il y a les cultures irriguées localisées dans des espaces limités. En effet, elles se concentrent essentiellement autour de quelques cours d‟eau : Manombo, Fiherenana, Onilahy. (ii) Ensuite, les cultures de décrue dites de « baiboho ». Elles sont plus anciennes. Elles sont limitées aux seules vallées des fleuves et rivières permanents. (iii) Puis, les cultures pluviales traditionnelles qui sont rependues qui exploitent au maximum les précipitations de la saison de pluie. (2) L‟élevage extensif est une composante importante de la zone d‟étude surtout les troupeaux de bœufs, moutons, chèvres.(3) exceptionnellement pour les habitants aux abords du canal de Mozambique il y a la pêche.

Etude des dynamiques spatio-temporelles de la couverture forestière et détection de changements

Trois images satellitaires multi-dates couvrant le District de Toliara II : 161-076 au nord ; 160-076 au centre et 160-077 au sud sur 20 ans (1989-2010) ont été utilisées pour l‟analyse de la couverture végétale et de ses dynamiques. Ce sont des images Landsat de 30 m de résolution (tableau 1).
Les images qui ont déjà été orthorectifiées, ont d‟abord été géo référencées en UTM 38 Sud. Pour améliorer leur visibilité, des corrections radiométriques et atmosphériques avec la méthode QUAC (QUick Atmospheric Correction ; Bernstein et al. 2005) ont été apportées (Erdas 9.1). La classification adoptée était du type supervisée avec un algorithme utilisant le principe du maximum de vraisemblance (Erdas9.1). Les zones d‟entrainements et de validations ont été tracées grâce à la connaissance du terrain et des images Google Earth. Les zones d‟entrainement des années ultérieures c‟est à dire 1990 et 2000 ont été retenues à partir de celle de 2010.
Et enfin, une matrice de confusion et un coefficient kappa ont été calculés pour l‟image 2010 afin d‟évaluer la précision de la classification. Le coefficient kappa mesure l‟intensité de la concordance entre deux jugements catégoriels. Il est proche de 0 lorsque la concordance est faible et de 1 lorsqu‟elle est très forte (Girard et Girard, 1999 ; Pontius, 2000). Il est mesuré par la formule (1) Formule 1 : le coefficient kappa
Kappa = [(N*Xii)-XiXj] / N2-∑ XiXj
source : (Belay, 2013)
Avec N : somme des pixels (ligne, colonne) ; Xii somme des diagonales de la matrice obtenue ; Xi pixels des classes des zones d‟entrainements (ligne); Xj pixels des classes des zones de validations (colonne)
Les classes prédéfinies pour la classification sont : (1) Forêts denses sèches (FDS), (2) Fourré xérophile, (3) Eau, (4) Non forêt, (5) Mangrove. Voici les définitions de ces classes :
– Forêts denses sèches (FDS) :“Peuplement fermé pluri strate, de stature moins élevée que la forêt dense humide; la plupart des arbres des étages supérieurs perdent leurs feuilles; le sous-bois arbustif est soit sempervirent, soit décidu et le tapis graminéen généralement discontinu”. Elle constitue le climax de tout le domaine phytogéographique de l‟ouest. Elle est marquée par l‟absence presque totale des épiphytes, la rareté des fougères et palmiers en particulier. (Guillaumet et Koechlin, 1971). Il s‟agit d‟une formation ligneuse dont la strate supérieure est de 8 à 15 m (Raherison, 2006). Le nombre de pixels associés à cette classe est de 250 495 ;
– Fourré xérophile : Végétation arbustif, fermé sempervirent ou décidu, généralement peu pénétrable, souvent morcelé, à tapis graminéen absent ou discontinu”, Le fourré xérophile du sud-ouest se trouve très souvent en contact avec la forêt dense sèche, et la limite entre les deux formations ne sera pas aussi nettement tranchée qu‟un contact forêt-savane, dû à l‟action du feu. Elle est au contraire progressive, du moins lorsque des conditions édaphiques n‟interviennent pas (Guillaumet et Koechlin, 1971). Ce qui différencie nettement les fourrés des forêts denses sèches est la hauteur variable des espèces ligneuses qui s‟échelonne entre les buissons bas de 1 à 2 m de haut et les petits arbres, de 3 à 4 m de haut (Op. cit.) mais ne dépassant pas les 8m (Raoliarivelo et al., 2010 ; Radosy, 2013). Le nombre de pixels associés à cette classe est de 195 082 ;
– Eau : regroupe tous les plans d‟eau terrestre. Le nombre de pixels associés à cette classe est de 5006 ;
– Non foret : Classe formée par les savanes, les terrains de culture et les recrus post-agricoles, et les zones d‟habitation. Le nombre de pixels associés à cette classe est de 157 421;
– Mangrove : écosystème se trouvant le long des côtes protégées des zones tropicales et subtropicales (ONF, 2014), en outre, ce sont des formations arborescentes ou arbustives qui développent sur les littoraux vaseux et lagunaires de la zone tropicale, et l’espèce dominante est le palétuvier. Le nombre de pixels associés à cette classe est de 91.

Identification des facteurs de déforestation

Mise en place de grilles de collecte de données

Quatre cent soixante onze (471) grilles de (5×5) km2 ont été tracées sur la carte de la zone d‟étude. Ensuite, toutes les mailles tronquées c‟est-à-dire moins de 25 km² de surface ont été éliminées et, il restait au final deux cent quatre vingt un (281) gilles (carte 5). Les surfaces des forêts pour les 3 dates (1990 ; 2000 ; 2010) dans chaque maille ont également été calculées (Erdas 9.1 ; ArcGis 9.0).

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