DYNAMIQUE DES ESPACES RURAUX
Le cadre naturel du bassin
L’étude du cadre naturel renvoie à l’étude de la structure du bassin de la vallée et du mode de vie traditionnel des populations, de leurs activités économiques et du mode d’organisation sociale; c’est-à-dire l’interaction entre l’homme et le milieu. I.Le cadre physique du bassin de la vallée de la Néma Le climat, le relief et l’hydrographie, les sols et la végétation influencent le mode de vie des sociétés qui s’adaptent ou modifient le milieu. I.1 Le climat Le bassin de la Néma a un climat de type humide caractérisé par deux saisons: Une saison sèche caractérisée par l’harmattan qui est un vent d’Est, chaud et sec, présent de février à mai ; et Une saison humide ou hivernage, caractérisée par des pluies qui durent quatre à cinq mois, de juin à octobre. Selon le calendrier saisonnier des activités agricoles, la population locale divise d’ordinaire l’année en quatre périodes distinctes: « Seek » en sérère, « Loli » en wolof et « sandiado » en socé : C’est le commencement de la saison sèche qui correspond à l’arrêt des pluies, la période des récoltes, de ramassage et de stockage de tous les produits agricoles, de la traite des arachides et des autres produits de rente. Cette période n’est pas totalement sèche car il arrive que des pluies, même de moindre importance, dites de «Heug» soient enregistrées. C’est aussi la période de la brume et du brouillard qui se manifestent par des suspensions de fines particules d’eau qui se déposent au lever du soleil. Ces brumes et brouillards améliorent les rendements des cultures de fin de saison telles que : le pastèque, le haricot, le sorgho, l’oseille qui sont cultivés dans la zone. « Thiid » en sérère, « Nor» en wolof et « tilgado » en socé : C’est la saison sèche proprement dite, qui va de l’après traite des produits agricoles d’hivernage à la période des défrichements et de semis du mil. une période pratiquement sans activités agricoles et donc de repos pour la plupart des paysans de l’intérieur de la région de Fatick. C’est pourquoi ils l’appellent saison morte, qui dure quatre voire cinq mois. Toutefois, dans le bassin de la Néma, cette période est successivement occupée par deux activités : la pratique des activités de maraichage ou de culture de contre saison dans les bas-fonds et la récolte et vente des fruits d’anacardier et de manguier dans les vergers. 18 « Saradam » en sérère, « Thioron» en wolof et « kougnthia maro » en socé : C’est la période des défrichements et du semis du mil, qui précède l’hivernage et sa durée est de deux mois. Ce sont là les trois sous périodes de la saison sèche dont l’une, « Thiid » est qualifiée de saison morte du fait de l’absence totale d’activités agricoles dans le cadre de l’agriculture traditionnelle. Les deux autres sous périodes (« Saradam » et « Seek »), de connotation sèche et qui encadre « Thiid » sont différentes, de par leurs activités agricoles d’hivernage. « Ndiig » en sérère, « Navèt» en wolof et « Samaa » en socé : C’est la saison dite des pluies, qui se caractérise par son humidité et la quantité de ses précipitations. Chaude et humide, elle dure quatre à cinq mois de juin à octobre. C’est durant cette période que la zone reçoit l’essentiel de ses précipitations, c’est la saison pluvieuse. Cependant, depuis 1984, année marquant la fin du cycle de sécheresse dans la localité, la pluviométrie s’est stabilisée autour de 600 mm avec cependant des pics pouvant atteindre des hauteurs de 1000 mm (cf. année 1999 Graphique n°1)
L’hydrographie et le relief
La Néma a un bassin versant de 50 km2 , de forme allongée comme en témoigne son coefficient de compacité de 1,22 (Mendy, 2010). La rivière est creusée dans les bas plateaux du Continental Terminal. Long de 13 km, la Néma reçoit plusieurs affluents dont les deux principaux sont de rive droite. Il s’agit de l’affluent de Saboya long de 2,86 km et celui de Ndoumboudj qui fait 2,36 km. A Néma Ba, la rivière conflue avec le Bandiala. Le cours d’eau présente des profils en long et en travers assez irréguliers, les profils transversaux donnent des pentes dissymétriques et plus fortes en rive gauche. La largeur du lit se modifie considérablement d’amont en aval : la rivière se divise parfois en une série de bras qui se rejoignent avant de former un chenal unique. Les pentes longitudinale et transversale sont faibles dans la partie aval du bassin (< 1%), et la densité de drainage est de 0,45 km/km2 (Mendy, 2010). Le bassin de la Néma possède une faible densité de drainage en rapport avec sa lithologie, le type de relief et les facteurs climatiques. Le relief du bassin de la Néma est monotone. Il est constitué de bas glacis d’altitude dépassant rarement 50m, les altitudes les plus élevées se localisent dans la partie Est où le point culminant se situe à Keur Thiéndou avec 51m. Dans l’ensemble, les altitudes diminuent progressivement de l’Est vers l’Ouest pour atteindre 5m sur le littoral, exutoire du bassin. Les profils réalisés en travers de la vallée mettent en évidence plusieurs ruptures de pente et l’existence de quatre unités géomorphologiques qui se distribuent suivant la toposéquence : le bas-fond, le versant, la terrasse et le plateau (Mendy, 2010). Selon Durant, Gascuel-Odoux, al, (2000), les bas plateaux du Continental Terminal subsistent sous forme de bas glacis recouverts par un manteau superficiel de sables beiges à texture grossière. Le modelé des bas glacis cernent de petites buttes 21 résiduelles qui correspondent aux lignes de crêtes. Il correspond à la partie la plus haute de la toposéquence, d’altitude comprise entre 35 et 51m. Dans les zones de rupture de pente, on observe des structures pédologiques similaires. Entre 6 et 10 m de profondeur se trouve un horizon latéritique induré qui émane de l’érosion hydrique ; Le versant ou le glacis de raccordement entre plateau et terrasse est la zone d’affleurement de la cuirasse ravinée du plateau. C’est sur le glacis de raccordement que se pratique la culture arachidière en association et/ou en rotation avec d’autres variétés culturales comme le mil ; La terrasse se subdivise en deux ensembles étagés : la haute terrasse et la basse terrasse. La haute terrasse succède aussitôt au glacis de raccordement. Elle est composée de sables argileux à texture grossière, d’apport alluvial à drainage déficient pendant la saison des pluies. Ensuite vient la basse terrasse, zone de colluvionnement à inondation semi permanente pendant les mois humides. C’est dans cette unité que se développe la forêt galerie longeant le cours d’eau ; et Le bas-fond représente la partie basse de la toposéquence. C’est la zone de convergence des eaux de ruissellement ; il est inondé toute l’année. Les nappes y sont à faible profondeur ou affleurement. Selon toujours Durant, Gascuel-Odoux, al., (2000), la typologie des bas-fond met en avant les notion de zones humides potentielles, effectives et efficaces. La zone humide potentielle se réfère aux critères topographiques et pédoclimatiques, celle effective est définie par l’évaluation réelle des conditions hydriques dont surtout son évolution saisonnière est la saturation des sols. L’efficacité hydrologique des zones humides peut être définie selon l’importance des fonctions de stockage de l’eau qu’elles exercent (stockage latéral et longitudinal). Le bas-fond a une fonction de transfert hydrique et assure la connectivité et les interactions entre le versant et la rivière. Aussi, les variations temporelles de l’extension de cette zone permettent de rendre compte de l’ensemble des écoulements à la fois de surface et souterrain dans le bassin versant depuis le processus de ruissellement, de genèse des crues, de mise en charge et de décharge de la nappe par infiltration et exfiltration. Selon Mendy, 2010, le bas-fond draine les eaux de ruissellement, alimente les nappe par la fonction d’infiltration pendant la saison pluvieuse, draine les eaux des nappes pendant la saison sèche. Leur situation topographique est favorable à l’érosion régressive et à l’apport de sédiments occasionnant par endroits leur comblement. Le bas-fond abrite les sols hydromorphes argileux-sableux. La submersion quasi permanente en eau et la texture des sols rendent 22 ces formations propices à la pratique des cultures exigeantes en eau (riz), et à l’accès facile à l’eau pour développer les cultures maraîchères de contre-saison. De l’amont à l’aval, la largeur et la profondeur du bas-fond sont variables. La largeur dépasse 500 m par endroits comme à Néma Ba, exutoire du bassin, ou à Diélmo, dans la partie amont. Par moment, la vallée se rétrécit pour ne dépasser qu’une centaine de mètres.
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