DYNAMIQUE DES ECOSYSTEMES FORESTIERS
EN CONTACT AVEC LES SAVANES
Milieu biotique
Le corridor forestier de l’Est de Madagascar est une forêt naturelle de moyenne altitude dont le couvert boisé est très hétérogène à l’Ouest (Serpantié et al., 2007). Ce couloir forestier est formé d’une mosaïque de forêts primaires riches en espèces dont la plupart sont endémiques. Des forêts secondaires issues de défriches ainsi que des forêts artificielles issues de reboisement se rencontrent également dans ce corridor forestier. III.1. Flore et végétation Phytogéographiquement, le corridor forestier de Fianarantsoa se trouve à cheval entre le domaine de l’Est et celui du Centre. La formation du corridor forestier est une forêt dense ombrophile de moyenne altitude appartenant à la série de Weinmannia (CUNONIACEAE) et Tambourissa (MONIMIACEAE) (Humbert & Cours Darnes, 1965). Dans la commune d’Ambohimahamasina, différents types de formation végétale s’observent. Les savanes herbeuses qui sont dominées par Aristida similis en mosaïque avec les reboisements d’Eucalyptus prédominent la partie occidentale. A l’Est de cette grande savane, se trouve la forêt dense humide d’une superficie de 17 500ha (en 2001) (Rajaonarivelo, 2001) conservée à l’état primaire (végétation mature) ou secondaire formant un long corridor forestier. La flore est représentée essentiellement par les familles de CUNONIACEAE (Weinmannia sp), LAURACEAE, MONIMIACEAE, MYRTACEAE, RUBIACEAE et STERCULIACEAE (Schatz & Malcomber, 1993). Milieu d’étude 8 III.2. Faune La forêt malgache est riche faunistiquement. Cette richesse se rencontre surtout dans les forêts humides de l’Est. Le corridor forestier Est malgache renferme des espèces rares et menacées d’oiseaux comme Philepitta souimanga, Mesitornis unicolor (OPISTHOCOMIDAE), Brachypteracias squamiger (BRACHYPTERACIDAE), Neodrepanis hypoxanthus (PHILEPITTIDAE) et Xenopirostris polleni (VANGIDAE) (Langrand, 1995). Le corridor forestier est connu surtout par ses 3 espèces de primates, Hapalemur aureus, Prolemur simus et Eulemur albocollaris, des Amphibiens tel que Mantella bernhardii, et des reptiles (Matoatoa spanrinngi), pouvant constituer l’emblème de ce corridor forestier [Web 01, 2008]. Selon la monographie de la commune rurale d’Ambohimahamasina (PCD de la commune rurale d’Ambohimahamasina, 2006), parmi les animaux communs avec le parc de Ranomafana, on peut noter dans la zone d’étude l’existence de Propithecus diadema edwardsi, Varecia variegata editorum, Eulemur rubriventer, le carnivore Cryptoprocta ferox, les reptiles tels que Furcifer campani, Furcifer minor et les amphibiens Mantella cowanii, Mantella madagascariensis. IV. Milieu humain La commune rurale d’Ambohimahamasina est majoritairement peuplée de Betsileo mais aussi de Tanala et une minorité d’Antaisaka, d’Antandroy et de Bara. La plupart du temps, les habitants ont un double résidence, un domicile dans un village et un campement dans la forêt. Ainsi, ils passent les saisons culturales en forêt pour s’assurer une conquête foncière, et la période entre les cultures au village. La commune rurale d’Ambohimahamasina, avec une population de 20 579 habitants, présente une densité de 39,3 habitants au km² [Web 02, 2004]. La commune est la plus peuplée des communes du corridor forestier. En effet, la taille des ménages est d’environ 7 personnes mais seulement deux enfants en moyenne sont scolarisés par famille (Andriamahazo et al., 2004). Milieu d’étude 9 Les principales activités de la population sont la riziculture et l’élevage de zébus. En effet, selon Moreau (2002), « les Betsileo sont à la fois des pasteurs et des cultivateurs (…) un Betsileo sans rizière n’est rien : on ne sait d’où il vient, ni qui sont ses ancêtres. Tout comme un Betsileo sans bœufs d’ailleurs, qui ne peut participer aux échanges sociaux ». La riziculture constitue l’activité principale de la population. La riziculture irriguée sur les bas fonds et sur les gradins aménagés depuis la base des collines et à l’intérieur même de la forêt est la plus pratiquée. D’autres cultures comme la culture de manioc, de brèdes, de maïs se pratiquent sur les tanety. La production, et particulièrement celle des rizières étant insuffisante pour l’ensemble de la population, il s’avère de plus en plus nécessaire de cultiver d’autres produits sur d’autres terrains. La période de soudure dure 3 – 6 mois. Elle commence à la fin du mois de juin (26 juin) pour les plus pauvres et le mois d’octobre pour tous (Moreau, 2002). Pour remédier à ces manques de production, les paysans choisissent d’agrandir leur parcelle cultivée en pratiquant des tevy. L’élevage de bovidés occupe une place importante dans l’économie et dans la vie socioculturelle locale. Le troupeau joue un rôle non seulement économique (capital, monnaie d’échange dans de nombreuses transactions) mais aussi social et culturel (un grand troupeau est source de prestige). DEUXIEME PARTIE METHODES 10 METHODES I. ETUDES PRELIMINAIRES I.1. Recueil bibliographique Pour bien cerner le sujet de l’étude et mieux préparer les missions pour les relevés de données sur le terrain, des documents relatifs au thème et au milieu d’étude ont été réunis et analysés. Cette étape a permis d’obtenir les informations nécessaires sur la zone d’étude et pour la réalisation de ce présent mémoire.
Photo interprétation
Cette étape est indispensable pour avoir une vue d’ensemble sur la zone d’étude. Une photo-interprétation a été réalisée sur une photo aérienne de 1991 à l’échelle de 1/50 000. La photo-interprétation a été utilisée pour repérer les zones forestières et les clairières, et caractériser les unités à travers la distinction de la teinte, la structure et la texture de l’objet. La texture est définie par la forme des points élémentaires de l’objet nu. On distinguera les textures visibles à l’œil nu des textures non visibles à une distance normale de lecture. La structure représente le mode de répartition et l’orientation de ces éléments. La teinte est la couleur des différents éléments de la photo aérienne. Pour distinguer et caractériser les unités sur les photos, des lunettes stéréoscopiques ont été utilisées pour permettre une observation en 3 dimensions. La démarche exige de placer avec une zone de recouvrement un couple de photos aériennes représentant la même zone pour avoir une interprétation en 3D du milieu.
Prospection et choix des sites
Les unités définies par la photo interprétation, rapportées sur une précarte, sont vérifiées sur le terrain. Une mission de vérité terrain vise surtout à localiser les sites potentiels pour les problématiques abordées dans cette étude. Le choix des emplacements des sites de relevés a été fait en tenant compte de la géomorphologie et de l’homogénéité physionomique, floristique et des substrats. A l’issue de cette mission, 2 sites ont été choisis : forêts en contact avec les savanes et forêts de référence pour déterminer le niveau de dégradation des forêts en contact par comparaison avec des forêts supposées non dégradées.
Méthodes
Dans les forêts en contact, deux stations sont distinguées, selon les savanes : forêts en contact avec des savanes continues de versants et forêts en contact avec des savanes incluses. On suppose en effet que les premières sont plus dégradées que les secondes. Deux stations de forêts de référence selon la perception paysanne ont été distinguées : Alamainty et Alamena. Les Alamainty sont des forêts dites « naturelle » caractérisées par des arbres de gros diamètres et hautes et les Alamena sont des forêts à végétation plus dense et moins haute. Ainsi quatre stations sont retenues et cinq relevés écologiques par station sont effectués, donc 20 relevés au total (carte 3)
ETUDE SUR TERRAIN
METHODE D’APPROCHE
Selon le type de sol et le degré de l’intensité des différents types de perturbations, il peut y avoir une reconstitution forestière ou un processus de savanisation. Ainsi pour comprendre cette dynamique, la démarche adoptée se subdivise en trois parties bien distinctes (figure 2).
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