Migration comme phénomène interculturalitaire Malgache
De même que les migrations internationales, les mouvements de population entre les différentes régions d’un même pays ont en général pour cause l’inégalité des possibilités d’ordre économiques qu’offrent, les régions intéressées. D’autres facteurs jouent parfois un rôle important, notamment l’attrait qu’exerce un climat agréable ou l’existence de ressources culturelles plus abondantes. En outre le fait que les familles se créent et se dispersent, entraîne toujours d’importants mouvements migratoires intérieurs. Ils se font à des régions à des possibilités économiques supérieures; comme les courants migratoires internationaux. Les individus ne savent pas toujours apprécier avec exactitude les possibilités économiques qu’offrent les différentes régions et souvent des raisons diverses, notamment des raisons d’ordre social, réduisant leur mobilité. Mais les risques d’erreurs et les obstacles à la liberté de déplacement sont généralement moindres dans le cas des migrations intérieures que dans celui des migrations internationales.
En ce qui concerne les migrations internes de Madagascar, il n’existe en général ni restriction d’ordre juridique, ni obstacles linguistiques, et ni le climat, ni le milieu culturel des diverses régions ne sont pas fondamentalement différentes. Enfin, ces migrations ne se heurtent pas à des grandes difficultés et n’entraînent d’ordinaire que des frais assez réduits. Dans ces conditions, les migrations intérieures sont plus sensibles aux modifications économiques et sociales que les migrations internationales et, plus souvent qu’elles se traduisent par un changement de résidence, mais simplement temporaire.
Les migrations intérieures présentent des caractères différents selon les époques et les pays, mais certains traits se retrouvent dans tous les cas.
Motifs d’ordre économique et géographico-démographique
Lorsque l’on demande à un immigrant les raisons qui l’ont incité à quitter au village et tout son univers familier et traditionnel, les réponses sont relativement stéréotype, et ne peuvent être correctement interprétées que par référence au milieu socio-économique dans lequel il a vécu auparavant et aux possibilités que lui offre le monde intérieur.
Merina et Betsileo : Pour ces deux peuples, la cause avérée, c’est l’amour du gain. Le sol est constitué de collines latéritiques dénudées. Les cultures se limitent aux fonds des vallées, aux marais transformés en rizières et aux alentours des villages. Les Merina sont une population relativement sédentaire et ne se déplacent que pour des motifs précis. Plus que les Merina, le Betsileo est un paysan sédentaire qui n’émigre que forcé par la nécessité.
Betsirebaka : On désigne souvent par cette entité tous les immigrants originaires du Sud-est (Antaisaka, Antaimoro, Antaifasy, Antanosy, Tanala). Traditionnellement, ces groupes ont acquis une forte répartition d’émigrants. Les auteurs prétendent que leur mobilité est due à une « manie » ou une habitude coutumière. Mais on peut avancer que l’émigration des Betsirebaka est provoquée par une forte densité humaine alors que les superficies cultivables sont restreintes. On peut noter également que l’une des causes de l’émigration Tanala a été l’interdiction des Tavy (culture brulis) par l’administration soucieuse de protéger la forêt et la faune sauvage.
Antandroy : Autrefois, les Antandroy ont été très sédentaire mais ultérieurement ils sont devenus très mobile et ils ont pris l’habitude de se déplacer.
Des grands efforts sont déjà déployés depuis des années pour améliorer les conditions économiques du Sud, mais dans l’ensemble, le problème de l’eau et le climat subdésertique continue de se poser. Alors, les Antandroy et les Mahafaly ont pris l’habitude de se déplacer dès que les aliments commencent à se raréfier pour revenir ensuite dans leur village d’origine lorsque les temps deviennent plus cléments.
Secteur informel comme partie intégrante de l’économie à Mahajanga
Travailler dans l’informel n’est pas satisfaisant, mais c’est mieux que de rester au chômage. A Mahajanga, le secteur informel fournit une multitude d’activité, des sous emplois qui masquent dans une très large mesure le chômage.
Il faut dire qu’une proportion importante de chaque groupe ethnique migrant exerce des métiers informels. Nos enquêtes ont montré que parmi les chefs de ménages travaillent dans le secteur privé, 57% sont dans l’informel, c’est-à-dire la majorité.
Cette véritable prolifération de l’informel à Mahajanga est non seulement due aux gels d’embauche, mais aussi, à l’arrivée continue de migrants majoritairement enquête d’emploi, qui gonfle l’effectif des demandeurs, déjà considérables dans la ville. Ainsi, les activités informelles constituent des réponses aux besoins d’emploi.
En fait, certaines migrantes ont choisi ce secteur des leur arrivée. D’autres, après plusieurs mois de recherches infructueuses d’emploi ont fini par s’y résoudre. En tout cas, l’informel fait vivre de très nombreuses familles à Mahajanga. « Le secteur informel a crée à lui seul 59,3% des emplois à Mahajanga … »
Les activités informelles se manifestent sous différents aspects : petites activités de services, d’artisanat, de manufacture. Mais notons que ce sont les activités liées au commerce qui jouent un rôle prépondérant.
Place des migrants nationaux dans les secteurs de développement
Les migrants qui viennent s’installer à Mahajanga, constituent des potentialités humaines pour la ville. Leur présence est un atout parce qu’ils sont majoritairement jeunes.
Une partie d’entre eux sont aussi venus avec de connaissances et un savoir faire. il est notable que malgré les problèmes d’emploi que connaît la ville, leur majorité arrive à trouver un travail. En fait, même les petits métiers ils sont utiles pour la ville, pour la population. Mais, il faut dire qu’à Mahajanga, les postes de hautes responsabilités sont occupés par les migrants : au sein des entreprises industrielles, des établissements commerciaux, des compagnies de transports, des banques. Ce sont eux également qui dirigent les divers projets internationaux.
Dans la fonction publique, les directions régionales des Ministères sont entre les mains des migrants : Ce sont les Betsileo et surtout les Merina qui détiennent l’essentiel des postes de hautes responsabilités à Mahajanga. Les autochtones, notamment les Sakalava sont rares à ce niveau. Avec les biens mobiliers et immobiliers qu’ils possèdent, les migrants font d’importants apports financiers à la caisse communale par le biais des impôts. Il en est de même par les activités économiques formelles qu’ils exercent. De plus, elles procurent aussi de l’emploi pour la population.
Ainsi, ce sont les migrants qui font marcher le machine administrative et encadre le développement urbain. Pour toutes raisons montrent que si c’est le cas, quelles en sont alors les mésaventures ou impacts négatifs de la migration sur le plan socioculturel ?
Table des matières
INRODUCTION GENERALLE
GENERALITES
MOTIFS DU CHOIX DU THEME ET DETERRAIN
PROBLEMATIQUES
OBJECTIFS
HYPOTHESES
PRESENTATION GENERALE DU TERRAIN
METHODOLOGIE
Recherche bibliographique
Concepts et instruments d’analyse
Définition de concepts
Instruments d’analyse
Approche macrosociologique
Approche microsociologique
Déroulement des enquêtes
Préenquête
Enquête proprement dite
Technique d’enquête
Entretien libre
Observation participante et participation observante
Utilisation de questionnaire
Echantillonnage
Limites du champ d’étude
Annonce globale du plan
INTRODUCTION PARTIELLE
CHAPITRE 1 L’ERE DE CHRISTOPHE COLOMB COMME AMORCE DE LA MIGRATION
1.1 DEBATS ANTHROPOLOGIQUES AUTOUR DU MOUVEMENT DES GRANDS VOYAGEURS
1.1.1 Partage des routes maritimes
1.1.2 Passage du cap de bonne espérance et la route de l’orient
1.1.3 Découverte de l’Amérique
1.1.4 Premier tour du monde
1.2 DE LA MONDIALISATION A LA GLOBALISATION A L’ISSUE DE DEUX GUERRES MONDIALES
2 LA VERSION DANS LES PAYS PAUVRES
2.1 CARACTERISTIQUES DE LA MONDIALISATION
2.1.1 Réalité des disparités Nord-Sud
2.1.2 Obstacles au développement du Sud
2.1.3 Le Sud, un ensemble homogène
2.1.4 Pays émergents du Sud
2.1.5 Situation la plus critique
2.1.6 Brésil, pays emblématique des écarts de développement
2.2 MIGRATION COMME PHENOMENE INTERCULTURALITAIRE MALGACHE
2.2.1 Motifs de migration à Madagascar
2.3 MOTIFS D’ORDRE ECONOMIQUE ET GEOGRAPHICO-DEMOGRAPHIQUE
2.3.1.1 Réaction à la croissance démographique
2.3.1.2 Recherche des revenus additionnels et des ressources supplémentaires
2.3.2 Motifs d’ordre social
2.3.2.1 Cohésion sociale
2.3.2.2 Désir d’émancipation
2.3.3 Les motifs d’ordre politico-religieux
2.3.3.1 Fuite d’une domination politique des révoltes et de persécution
2.3.3.2 Contestation de tout ordre
2.3.3.3 Enthousiasme soulevé par une nouvelle doctrine religieuse
2.3.4 Motifs d’ordre psychologique
2.3.4.1 Besoin de prestige et désir d’indépendance
2.3.4.2 Vertu migratoire
2.3.4.3 L’amour du voyage
2.3.5 Groupes migratoires et la mobilité géographique
2.3.5.1 Migration spontanée et migration planifiée
2.3.5.2 Migration temporaire, semi-définitive, ou définitive
2.4 SPECIFICITE DE LA PROBLEMATIQUE EN PAYS SAKALAVA : CAS DE LA COMMUNE URBAINE DE MAHAJANGAI
2.4.1 processus d’implantation des migrants
2.4.1.1 Chronologie des principaux courants migratoires
2.4.1.2 Mahajanga à l’époque précolonial
2.4.1.2.1 Antalaotse et la découverte de la ville au XVème siècle
2.4.1.2.2 Prospérité du royaume Sakalava au XVIIIème siècle
2.4.1.3 Vagues de migrations vers Mahajanga depuis l’époque coloniale
2.4.1.3.1 Pendant la colonisation, migrations organisées par les colons
2.4.1.3.2 Après l’indépendance, début de l’industrialisation à Mahajanga
2.4.1.4 Mahajanga au début du XXIème siècle : jeune et en croissance rapide
2.4.1.4.1 Mahajanga accroissement naturelle élevé et une jeunesse remarquable
2.5 DIVERSITE ETHNIQUE ET CAUSES DES MIGRATIONS VERS MAHAJANGA
2.5.1 Diversité des origines spatiales des migrants
2.5.1.1 Diversité des migrants
2.5.2 Causes des migrations en direction de Mahajanga
2.5.2.1 Nette prédominance des migrants définitifs
3 STRUCTURE ENVIRONNEMENTALE DE L’HABITAT PAR LES MOUVEMENTS
MIGRATOIRES
3.1 RAPPORTS DE L’HABITAT A L’ETHNICITE
3.1.1 Deux sites urbains : les Fokontany mixtes du centre et les périphériques
3.1.2 Tendance au regroupement ethnique dans les Fokontany
3.1.3 Fokontany à dominance ethnique à Mahajanga
3.1.4 Quatre Fokontany Témoins des caractéristiques de Mahajanga
3.2 LOGIQUE DE COHABITATION SPATIALE DES MIGRANTS ET DES AUTOCHTONES
3.2.1 Accueil des novices
3.2.1.1 Solidarité dans les « Trano gao » des originaires du Sud-Est
3.2.1.2 « Tranom-bahiny » Sakalava à Tsararano Ambony
3.2.2 Associations ethniques cercle de retrouvaille des migrants et de tradition
3.2.2.1 Dynamisme des associations à caractère ethniques
3.2.2.2 Des coutumes vivaces à Mahajanga
3.2.3 Relation sociales des migrants
3.2.3.1 Relations des migrants entre eux
3.2.3.2 Relations harmonieuses des migrants avec les autochtones
3.2.3.3 Absence des relations avec les étrangers et les autorités locales
4 APPORTS ET MESAVENTURE DE LA MIGRATION
4.1 APPORTS POSITIFS DE LA MIGRATION SUR L’ECONOMIE DE MAHAJANGA
4.1.1 Importance des migrations travaillant dans le privé
4.1.2 Secteur informel comme partie intégrante de l’économie à Mahajanga
4.1.3 Une spécialisation par groupe ethnique
4.2 ETRANGERS A MAHAJANGA
4.2.1 Exemple des Indopakistanais
4.2.2 Place des migrants nationaux dans les secteurs de développement
5 DANS LES REGIONS EMIGREES
5.1 VOLONTE D’ENRACINEMENT ET ATTACHEMENT AU TANINDRAZANA
5.1.1 Permanence des liens avec le village d’origine
5.1.2 Apport monétaire et flux des biens
5.1.3 Exutoire de la surpopulation et acquisition des techniques nouvelles
5.1.3.1 Equilibre entre ressources locales et accroissement démographique
5.1.3.2 Acquisition des techniques nouvelles
5.1.4 Révolution des mentalités et propagation de nouvelles habituelles
5.2 EFFETS PERVERS DE LA MIGRATION SUR LE PLAN SOCIO-ECONOMIQUE ET CULTUREL
5.2.1 Région d’immigration à Mahajanga ville
5.2.1.1 Déséquilibre dans la distribution spatiale de la population
5.2.1.2 Problèmes de logements
5.2.2 Précarité de la santé et les problèmes de scolarisation
5.2.3 Sur le plan culturel
5.3 FAITS ET RISQUES D’IMPLOSION/EXPLOSION SOCIAL
5.3.1 Rivalités intra ethniques (intra lignagères)
5.3.1.1 Situation conflictuelle
5.3.1.2 Apparition récente de tensions interethniques
6 RECONSTRUCTION DU SOCIAL POUR LE DEVELOPPEMENTHUMAIN ET DURABLE
6.1 CONSTATS PROSPECTIFS
6.2 STRATEGIE ET PRATIQUE DE LA MIGRATION
6.2.1.1 Efforts réussis sur la vulgarisation dès règles d’appropriation des terrains
6.2.1.2 Autres mesures dont bénéficient les migrants
6.2.1.3 Projets de développement à Mahajanga ville
6.2.2 Régénération et innovation des infrastructures au niveau de secteur I,II
6.2.2.1 Extension et intensification de la productivité
6.2.2.2 Opération de décongestion et de peuplement
6.2.2.3 Recherche de l’équilibre régional en matière de développement et de la population
6.3 REALISATION A MADAGASCAR EN MATIERE DE POLITIQUE DE MIGRATION
6.3.1 Bref historique de la politique de migration à Madagascar
6.3.2 Envergures de la politique de migration
6.3.3 Conditions de mise en œuvre d’une politique de migration
6.3.3.1 Définition des régions de départ et des régions d’accueil
6.3.3.2 Aménagement des structures d’accueil
6.3.3.3 Critères et conditions de recrutement des migrants
6.3.3.4 Moyens financiers et matériels
7 STRATEGIE DE PARTAGE FONCTIONNEL DE RESPONSABILITE
7.1 RESPONSABILITE DE L’ETAT
7.2 LES NOUVEAUX ROLES DES CITOYENS
7.3 PROMOUVOIR LA PARTICIPATION POPULAIRE ET LA DECENTRALISATION
7.3.1 Démocratisation
7.3.2 Décentralisation
7.3.3 Poumouvoir la diversification des activités agricoles et non agricoles
7.4 MISE EN PLACE D’ORGANE DE CREDIT AGRICOLE ET PROMOTION DE L’AGRIBUSINESS
7.4.1 Accès au financement rural
7.4.2 Perspectives agro-business
8 CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE