Contexte
Dans la première moitié du XXe siècle, les féministes américaines ont commencé à se battre pour démontrer que la place qui était donnée aux femmes en Occident n’était pas fonction des compétences qu’elles pouvaient montrer, mais plutôt du rôle que leur laissaient les hommes. C’est dans les années 1970 que des anthropologues féministes américaines ont intronisé le mot « genre », faisant référence au rôle social des uns et des autres par opposition au sexe biologique, pour montrer que la place des femmes et des hommes dans une société est avant tout le produit d’une culture, selon l’expression « On ne naît pas femme, on le devient » .
Les situations rencontrées par les femmes sont fort diverses. Les mutations socio-économiques et culturelles des sociétés ont marqué les conditions de vie féminines. Elles ont aussi influencé les modes de conscience des femmes et la manière dont elles se représentent leur rôle social. Même si le terme (qui est d’origine occidentale) fait problème, il est sans doute légitime de parler de l’émergence d’un féminisme « à la malgache ».
La recherche d’égalité dans un espace engendre fréquemment l’inégalité dans d’autres espaces. De ce fait, le succès de toute stratégie de développement visant à réduire la pauvreté est étroitement dépendante du mode d’appréhension des institutions des marchés du travail, en particulier les groupes entre lesquels les disparités sont les plus prononcées. Ainsi, l’option analytique en termes de genre revêt une importance spécifique, dans la mesure où le différentiel de libertés qui prévaut entre les hommes et les femmes n’est pas, la plupart du temps, réductible à un écart de revenus ou de ressources.
Femmes et dynamique sociale de genre
Le genre, en tant que construction sociale et rapport de pouvoir, n’est « jamais fixe, mais continuellement constitué et reconstitué » selon GLENN . C’est pour souligner cette dimension processuelle et relationnelle que nous pouvons parler des «dynamiques du genre ».
Définition autour du thème et du sujet d’étude
Notre étude se base sur une entité bien précise, celle que nous nous amusons la plupart du temps à définir très simplement comme étant le contraire de l’homme c’est-à-dire la femme.
Femme
1. Etre humain du sexe féminin, qui peut mettre au monde des enfants. La femme dans ce qu’elle a de spécifique, qui l’oppose à l’homme.
2. Epouse.
Cette première définition nous renvoie directement à l’image typique que nous avons de la femme. Schématiquement, voici la formule que la société nous a donnée lorsqu’il est question de la femme.
EPOUSE + MERE = FEMME
Mais une question se pose également, qu’est ce que la femme pour le Malgache ?
Le Malgache lui a donné une toute autre définition à la femme, pour grand nombre, la femme est jusqu’à aujourd’hui un « fanaka malemy » qui littéralement signifie meuble mou, fragile. La femme est alors considérée comme un objet et non plus un être vivant doté des mêmes capacités que l’homme, elle n’est plus l’humain mais cet autre que l’homme s’approprie comme son bien. Cette définition que nous avons citée précédemment est également valable dans la société malgache, qui en plus de ces deux caractéristiques y a ajouté un troisième point : la femme est avant tout une ménagère. Ménagère dans le sens où elle se doit de s’occuper de son foyer, de son mari et surtout de ses enfants, c’est son premier rôle et la maison est son premier lieu de « travail ». Pour les Malgaches, la femme est la « gardienne des traditions », celle qui veille à l’éducation des enfants dans les règles des coutumes malgaches. Si l’enfant dérive du « droit chemin » la femme en est l’unique responsable et elle porte alors la sentence imposée par le « tribunal social».
La participation de la femme à la vie sociale est également très restreinte bien qu’elle ait connu des évolutions. Celles qui ont le courage et l’audace de se lancer dans la vie publique doivent faire face aux nombreuses répressions sociales, liées aux stéréotypes.
Puisque notre sujet traite des conditions de vie de la femme, il est utile de voir les paramètres qui constituent ces conditions de vie. Nous avons alors classé ces facteurs en partant de la famille jusqu’au cadre de la vie publique. Il est donc nécessaire de les définir afin de garder une certaine homogénéité lexicale tout au long de ce travail d’autant plus que cela sera plus facile pour nous d’appréhender l’univers sociologique.
Mariage
1. Anthropologie : institution qui constitue à la fois une alliance dans l’ordre naturel et une soumission aux règles sociales de la parenté, propre à une culture. Indépendammenent de la part plus ou moins grande de la liberté laissée aux individus, le groupe prescrit certaines règles suivant les clans, les groupes, etc. Réciproquement, des échanges de femmes et de dots, continuité des alliances.
2. Sociologie : l’évolution du mariage est liée à celle de la famille, qui est en relation avec l’évolution économique et culturelle.
Conventionnellement dans chaque société, le mariage précède la fondation d’une famille. Il est vrai cependant que certaines personnes vivent ensemble et donnent naissance sans pour autant passer par cette institution, d’où la notion de « concubinage ». Ainsi donc, chaque société a sa forme et sa définition du mariage. Par exemple, dans la société malgache lorsque deux personnes décident de s’unir, ils passent généralement par trois étapes :
➤ Le « Vodiondry » ou le mariage traditionnel malgache
➤ Le mariage civil
➤ Le mariage religieux .
La première étape qui est le Vodiondry est une étape non formelle, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de document écrit qui stipule officiellement l’union des deux personnes. Il s’agit d’une cérémonie familiale au cours de laquelle le jeune homme demande la main de la jeune fille et cela en présence des deux familles. La famille du jeune homme offre alors le Vodiondry, littéralement l’arrière d’un mouton, aux parents de la jeune fille. Actuellement, le vodiondry est représenté symboliquement par une somme d’argent, pour montrer combien la famille du futur marié respecte les parents de la jeune fille, ainsi que toute sa famille.
La deuxième étape, le mariage civil, est l’union légalement reconnue par les autorités publiques. Elle se déroule au niveau de la Mairie et est officiée par le Maire ou son adjoint.
Enfin, le mariage religieux qui consiste à bénir l’union au niveau de l’institution religieuse qui est l’Eglise. Etant donné que la population malgache est à majorité chrétienne, cette étape est très importante et très respectée par beaucoup de Malgaches.
De nos jours, il est important de passer tout au moins l’étape du mariage civil pour avoir l’aval de la société. Le « tokatrano maso », littéralement le concubinage est très mal vu et encore mal toléré par la majorité des Malgaches.
Profession
1. Définie comme une action de déclarer hautement ses opinions ou ses croyances, profession est de l’ordre du langagier, du déclaratif. Dans ce sens, il rejoint le terme anglais calling qui signifie vocation ou le terme allemand beruf (métier et vocation) ;
2. Occupation par laquelle on gagne sa vie, la profession de quelqu’un est son activité rémunérée ;
3. Ensemble des personnes exerçant le même métier (groupe professionnel).
Nous pouvons considérer la profession en trois réalités. D’abord autour d’un axe identitaire et donc subjectif en conférant un statut social à l’individu, autour d’un axe économique, objectif, celle de l’activité génératrice de revenus et enfin autour d’un axe social, collectif, celle de l’appartenance à un groupe défini par un savoir faire commun. En sociologie, les professions représentent des formes historiques d’organisation sociale, de catégorisation des activités de travail qui constituent des enjeux politiques, inséparables de la question des rapports entre l’Etat et les individus. Les professions sont aussi des formes historiques d’accomplissement de soi, des cadres d’identification subjective et d’expression, des valeurs d’ordre éthique ayant des significations culturelles.
Ce que les individus ne perçoivent pas ce sont toutes ces significations que renferme le terme de profession, ils oublient qu’au-delà du caractère économique, la profession est un véritable phénomène social.
Le cadre socio professionnel est un paramètre à ne pas négliger dans cette étude car la profession n’est pas simplement une activité génératrice de revenu, elle est également ce qui confère un statut social, qui fait de l’individu un être social. Avoir une profession signifie également être indépendant, elle confère à l’individu une certaine liberté d’action.
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