DU CADRE THÉORIQUE GÉNÉRAL DE LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE

DU CADRE THÉORIQUE GÉNÉRAL DE LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE

Le présent article introductif comporte quatre sections. La première rappelle brièvement les fondements théoriques de la politique économique et de la politique budgétaire en particulier, ainsi que de leur analyse, en traçant à grands traits l’évolution de la macroéconomie keynésienne. Dans la deuxième, il sera question de l’évolution des méthodes économétriques qui se sont assigné comme tâche de traduire cette macroéconomie keynésienne en plus ou moins vastes modèles de plusieurs équations stochastiques simultanées et de résoudre les problèmes statistico-mathématiques d’estimation et d’inférence qu’ils posent. Dans la troisième section, nous exposerons les grandes caractéristiques de la macro- économétrie des trois dernières décennies qui a été construite, dans un premier temps, sur la base des idées apportées par la contre-révolution des nouveaux classiques et monétaristes, pour intégrer par la suite les éléments apportés par des néokeynésiens et postkeynésiens et constituer ainsi une nouvelle synthèse (des nouveaux classiques et des nouveaux keynésiens) matérialisée par le modèle DSGE devenu populaire depuis le tournant du siècle. Dans la quatrième et dernière section, nous nous tournerons vers le Maroc pour voir rapidement l’évolution de son économie et de sa politique budgétaire, depuis les années 1970.Avant J. M. Keynes (1883-1946) et sa célèbre « théorie générale de l’emploi, de la monnaie et de l’intérêt », publié en 1936, on peut dire qu’il n’y avait pas de politique économique au sens où on l’entend aujourd’hui, c’est-à-dire au sens d’une action des pouvoirs publics sur des variables macroéconomiques considérées comme instruments dans le but de faire varier le niveau général des prix, le taux de croissance économique ou le niveau de l’emploi.

Cette offensive néoclassique a été renforcée par la crise économique mondiale aigüe du milieu des années 1970, laquelle crise a mis à mal les modèles économétriques à plusieurs équations simultanées (modèles Klein), devenus inefficaces en matière de prévisions dans la nouvelle situation économique caractérisée par une forte instabilité. Cela conduit à une critique radicale des méthodes macro-économétriques d’alors par Robert Lucas (né en 1937, prix Nobel en 1995) en 1976 et par Christopher Albert Sims (né en 1942, prix Nobel en 2011) en 1980. Cette critique monétariste conduite par Milton Friedman (1912-2006, prix Nobel d’économie de 1976) et par Robert Lucas, visait tant la macroéconomie incarnée par le modèle IS-LM doublement augmenté (de la courbe de Phillips et de la courbe BP) que la modélisation à la Klein qui lui correspondait alors. Elle conduit à un renversement au niveau de l’ingénierie économétrique, en faveur de l’empirisme longtemps prôné par les chercheurs du NBER, comme au niveau de la recherche universitaire au bénéfice des idées des nouveaux classiques.Toutefois, à partir des années 1980, il était devenu de plus en plus difficile de distinguer la macroéconomie théorique des scientifiques de la macro-économétrie empirique des ingénieurs. Cette fusion s’est accentuée avec le développement du modèle DGSE (dynamic general stochastic equilibrium) qui constitue depuis les années 1990 (comme extension du modèle du cycle réel des affaires, RBC) et le tournant du siècle (avec l’intégration des apports néokeynésiens), une nouvelle synthèse des nouveaux classiques et des nouveaux keynésiens.

LIRE AUSSI :  La politisation de la fonction de ministre des Affaires étrangères à l’épreuve des pratiques diplomatiques constitutionnelles et internationales du XIXème siècle

Le modèle de Keynes ou le principe de la demande effective

Dans cette section consacrée à l’évolution des la macroéconomie keynésienne qui a régné sans partage sur la macroéconomie statique ou de court terme et donc, sur l’analyse de la politique économique conjoncturelle et les outils économétriques construits pour, durant près de quatre décennies (1940-1980), nous présenterons d’abord « la théorie générale » de Keynes, ensuite le modèle IS-LM, puis ses extensions pour intégrer l’équilibre la balance des paiements dans le modèle IS-LM-BP de L’apport principal de la Théorie Générale (TG) de Keynes est le principe de la demande effective exposé dans le chapitre 3 de TG. Ce principe, présenté macro- économiquement en termes de circuit, rejette la théorie néoclassique de l’emploi qui considère que le niveau de l’emploi se détermine sur le marché du travail au niveau de salaire égalisant l’offre et la demande de travail et qu’il ne peut donc y avoir de chômage involontaire, si le taux de salaire se fixe au niveau de la productivité marginale du travail. Il rejette aussi la loi de Say qui affirme que l’offre crée sa propre demande et qu’il ne peut y avoir de crise de débouchés sur le marché des biens et services.

 

Cours gratuitTélécharger le document complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *